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00000 PROPOSITION DE SUJET DE THESE Impact des stratégies de renouvellement du cheptel sur la durabilité des exploitations apicoles Mots clés: apiculture, durabilité, système d’exploitation, renouvellement du cheptel Contexte général Les apiculteurs font face depuis plusieurs années à des pertes importantes de colonies d’abeilles domestiques (en hiver comme en saison) représentant une menace sur la filière et sur le maintien d’un service de pollinisation. Ces pertes sont documentées dans de nombreux pays occidentaux (USA : Van der Engelsdrop et al., 2008 ; Europe : Potts et al.. 2010). Récemment, Chauzat et al. (2014) ont enregistré un taux de mortalité des colonies européennes pouvant dépasser 35 % par an. En France, le taux de pertes hivernales a été estimé entre 17% et 30% selon les années, de 2008 à 2012 (Holzmann et al., 2012 ; Basso, 2013). Ainsi, les apiculteurs doivent renouveler régulièrement leur cheptel pour disposer de colonies en état d’assurer les productions visées (Chauzat et al., 2013). L’optimisation de la gestion du renouvellement du cheptel est donc un trait commun à toutes exploitations, même si elles diffèrent par ailleurs selon leurs types de productions, leur main d’œuvre, l’investissement en matériel, les circuits de commercialisation choisis, etc. Au-delà du nombre de colonies disponibles, on suppose que les pratiques de gestion du renouvellement peuvent influencer les performances des colonies et leurs états sanitaires. Les apiculteurs peuvent laisser les colonies renouveler leurs reines de façon naturelle (supersédure ou essaimage), ou maîtriser ce renouvellement. Dans ce dernier cas, ils élèvent dans leur exploitation de nouvelles reines, ou ils les achètent grâce à un marché commercial national et international (Audit Proteis, 2012). Kostarelou-Damianidouet al. (1995) ont montré que des colonies ayant remplacé leur reine par supersédure présentent un retard dans le développement qui entraine une réduction de la production en miel. Cependant, le renouvellement du cheptel est complexe à maîtriser chez les abeilles, notamment en raison du mode de reproduction d’Apis mellifera : naturellement, une reine est fécondée dans les premières semaines de sa vie par 10 à 20 mâles lors de vols de fécondation. Les spermatozoïdes sont conservés dans la spermathèque de la reine pour permettre la fécondation de tous les œufs pondus pendant 1 à 5 ans (Ruttner, 1956 ; Tarpy et Nielsen, 2002). Or, la diversité génétique intra-colonie, et particulièrement le nombre de mâles ayant fécondés une reine, est importante pour la qualité de sa colonie. Ainsi, des colonies menées par des reines fécondées par moins de 7 mâles apparaissent plus sensibles et avec une durée de vie plus faible (Tarpy et al. 2013). La diversité intra-colonie favorise l’homéostasie des colonies (Oldroyd et Fewell, 2007). Comme souvent observé dans d’autres systèmes biologiques, la diversité d’une colonie va augmenter sa résistance à des pathogènes (Palmer et Oldroyd, 2003). L’introduction de reines exogènes au système d’exploitation apicole est associé à un risque de transfert de bioagresseurs (Munoz et al., 2014), plus particulièrement prégnant pour des parasites exotiques comme Aethina tumida en Europe (Chauzat et al., 2014) ou pour les virus, ce qui motive certains apiculteurs à être autonomes en termes de production de reines et à maîtriser leur renouvellement. Mais les stratégies de renouvellement mises en place par les apiculteurs restent très variables : fréquence de renouvellement des reines, origine des produits d’élevage, pratiques d’élevage (Audit Protéis+ – FranceAgriMer, 2012) et leurs impacts sur la durabilité des exploitations font l’objet de peu de références objectives. Ces stratégies et les techniques appliquées par les apiculteurs pour conserver un cheptel productif représentent un point critique dans la capacité de l’exploitation à faire face aux multiples pressions qui s’exercent sur elle et sur le cheptel (varroa : Le Conte et al., 2010 ; pesticides : Lambert et al., 2013 ; virus. : Olivier et Ribière, 2006). L’ITSAP-Institut de l’abeille coordonne depuis 2011 un observatoire d’exploitations apicoles pour recueillir des références technico-économiques (ITSAP, 2015) des exploitations apicoles, et il est aujourd’hui nécessaire d’aborder la description et la compréhension du fonctionnement des exploitations apicoles. Pour cela, nous passerons d’une description technico- économique à une évaluation multicritères de la durabilité en considérant les stratégies suivies et les techniques appliquées par les apiculteurs pour conserver un cheptel productif. Aucun modèle n’existe aujourd’hui pour simuler les règles de décision d’un apiculteur et estimer des critères de durabilité de son système. Le projet DURAPI (DURabilité des exploitations APIcoles : méthode d’évaluation multicritères, impact des stratégies de renouvellement du cheptel et accompagnement technique des professionnels), propose donc de travailler sur les indicateurs pertinents d’évaluation de la durabilité des systèmes d’exploitation apicoles prenant en compte leurs performances économiques, environnementales et sociales qui sont les 3 piliers du développement durable (Lamothe, 2011 ; Vilain, et al., 2008). De nombreux travaux ont été réalisés sur l’évaluation de la durabilité, à différentes échelles (parcelle, atelier d’élevage, exploitation, filière, territoire) mais aucune n’est spécifique à l’apiculture. Il s’agira ici de définir des indicateurs propres aux spécificités de l’apiculture en s’inspirant des différentes méthodes d’évaluation de la durabilité existantes, comme par exemple : la méthode IDEA1 (Vilain et al., 2008), le Manuel de l’Agriculture paysanne (FADEAR, 2013) ou encore le dictionnaire des indicateurs de l’OTPA2 (Guillaumin et al., 2007). Le projet DURAPI s’articule autour des 3 actions suivantes :  Action 1 : Développement d’une méthode d’évaluation systémique et multicritères de la durabilité des exploitations apicoles ;  Action 2 : Acquisition de données pour évaluer l’impact des stratégies de renouvellement du cheptel sur la durabilité des systèmes apicoles ;  Action 3 : Création d’outils de conseil et de formation sur la durabilité et sur les stratégies de renouvellement du cheptel. Le projet DURAPI a pour vocation finale d’évaluer, par des expérimentations et des suivis d’exploitations, les conséquences, en termes de durabilité, des différentes stratégies de renouvellement du cheptel. Objectifs La thèse proposée s’intègre entièrement dans le projet DURAPI. Son objectif scientifique principal sera la mise au point d’un modèle d’évaluation de la durabilité des exploitations apicoles intégrant explicitement l’effet des stratégies de renouvellement du cheptel. La transition vers des trajectoires plus durables supposera dans un premier temps de mieux comprendre les processus d’évolution des systèmes et des pratiques d’élevage et de renouvellement grâce à une approche zootechnique (analyse factorielle des pratiques), avec des approches empruntées aux sciences sociales (enquêtes, représentation mentale) pour comprendre les déterminants des comportements des acteurs (apiculteurs, grossistes, conditionneurs, etc.). Le doctorant devra également évaluer les performances recherchées (rentabilité économique, performances environnementales ou sanitaires…) par des déterminants socio-économiques qui seront à identifier. Un travail de développement méthodologique permettra d’identifier les critères de durabilité les plus pertinents pour discriminer les exploitations apicoles avant de construire un arbre décisionnel d’évaluation de la durabilité. Le volet expérimental associera une approche système via des enquêtes auprès des exploitants pour identifier leurs objectifs, leurs stratégies et leurs pratiques, et une approche factorielle via des tests en station expérimentale objectivant les performances sur la productivité et la santé des colonies des principales pratiques en cours chez les apiculteurs. Les critères de durabilité seront estimés à partir de ces résultats. L’étude sera sous-tendue par l’hypothèse selon laquelle les meilleures performances de durabilité seront obtenues chez des apiculteurs qui sont autonomes dans l’élevage de leur cheptel, en limitant l’introduction de matériel biologique extérieur, et qui réalisent un renouvellement fréquent des reines. De telles pratiques peuvent entrainer une meilleure productivité, mais également des contraintes (parcours de transhumance particulier, intensification des pratiques, acquisition d’un savoir-faire…) qui pourraient pénaliser d’autres critères de durabilité. Objectifs spécifiques Action 1 :  Travail méthodologique sur l’évaluation de la durabilité, associant différents acteurs pour identifier les enjeux et les objectifs de la durabilité des exploitations apicoles (entretiens individuels et ateliers collectifs). 1 Indicateurs de durabilité des exploitations agricoles 2 Observatoire territorial des pratiques agricoles  Définition des indicateurs de la durabilité (économique, environnemental et social) des exploitations apicoles et construction du prototype de l’arbre décisionnel d’évaluation de la durabilité. Action 2 :  Réalisation et analyse des enquêtes menées dans des exploitations apicoles afin de les caractériser globalement, d’une part, et au niveau de leurs stratégies de renouvellement du cheptel, d’autre part. Description des stratégies de renouvellement du cheptel et établissement d’une première typologie des stratégies existantes. Définition des protocoles, mise en place et suivi des expérimentations en station (fréquence de renouvellement des reines, origine locale ou allochtone des reines, pratiques d’élevage), Participation aux analyses de laboratoire puis traitement des données.  Suivis fins sur les caractéristiques techniques et socio-économiques des stratégies de renouvellement du cheptel dans les exploitations (coûts, temps de travail et organisation du travail dans le calendrier apicole) : définition de la méthodologie, participation aux suivis réalisés par les ADA3, analyse des données. Analyses statistiques des suivis techniques et socio-économiques de la gestion du renouvellement et finalisation de la typologie des stratégies de renouvellement du cheptel existantes. Objectifs transversaux aux actions 1 et 2 :  Transfert des résultats des expérimentations et des suivis en exploitations (action 2) pour le paramétrage des indicateurs de durabilité liés au renouvellement. De manière plus générale, paramétrage des indicateurs de durabilité à l’aide de données bibliographiques et à dire d’experts. uploads/Management/ sujet-de-these-durapi-vf.pdf