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Christine Blanchard, Anne-Laure Foucher et Damien Chabanal 1 Capsule 1 Les publics-cibles dans l’enseignement du FLE Scénario On croit souvent que le FLE, en tant que langue étrangère, est apprise par des publics d’âge scolaire, c’est-à-dire des adolescents au collège ou au lycée. C’est sans doute parce qu’en France notamment, on commence à apprendre les langues étrangères lorsqu’on entre au collège. Il existe pourtant une variété de publics apprenant le FLE en France et dans le monde. Tous n’apprennent pas pour les mêmes objectifs, dans les mêmes contextes avec les mêmes motivations. De même, ces publics présentent des spécificités très différentes, selon leur âge, leur langue et culture maternelle, leur culture et leur profil d’apprentissage et leur niveau de compétences en langue française et dans leur langue maternelle. Nous allons explorer cette variété en nous intéressant d’abord aux caractéristiques des publics puis en précisant quels objectifs généraux peuvent être ceux de ces publics pour l’apprentissage du français. 1 Profils du public Si l’on se réfère aux matériaux pédagogiques que l’on peut trouver chez les éditeurs de FLE, les catégories de classement des publics sont au nombre de 3 ou 4 maximum : en tant qu’enseignant de FLE, on peut être amené à enseigner à des enfants et pré-adolescents, des adolescents et des grands- adolescents et adultes. Dans la réalité, il est difficile de classer un public-cible dans des catégories aussi strictes mais il est évident que faire de l’éveil aux langues pour des petits de 4 ans ne peut pas être équivalent à des cours prodigués à des pré-adolescents de 10-11 ans : la maturité cognitive et les connaissances de la langue maternelle par exemple ne seront pas les mêmes pour les deux publics et cela aura un impact sur l’apprentissage. Il est donc important de connaître les grandes spécificités générales de chacun de ces publics tout en gardant à l’esprit que l’observation de son propre public d’apprenants dans une institution donnée apportera également des éléments pour l’appréhender au mieux. Les enfants, tout d’abord, sont des apprenants dont le développement langagier, psychomoteur, cognitif et social est encore en cours. Selon l’âge qu’ils ont, ils sont plus ou moins avancés dans l’acquisition de leur propre langue maternelle et notamment dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Il pourra donc être difficile pour l’enseignant de langue étrangère, de s’appuyer sur les connaissances linguistiques qu’ont ces jeunes apprenants de leur système maternel à l’écrit ou à l’oral. Sur le plan psychomoteur, les enfants ont besoin de mouvement et d’activité physique et apprennent de manière active. Il faudra donc essayer de tenir compte de ces besoins en mettant en place des activités d’apprentissage de la langue étrangère alliant jeux, réactions et langue orale par exemple. De même, il faudra être attentif à proposer des activités courtes, la capacité d’attention des enfants sur une même tâche étant limitée. Sur le plan cognitif, les enfants disposent de grandes capacités à percevoir et reproduire les sons et les schémas intonatifs d’une langue étrangère. Cet atout doit conduire l’enseignant à privilégier les activités orales -a fortiori quand son public n’a pas encore appris à écrire. Ils sont également capables d’un certain nombre d’opérations mentales qu’il s’agit de solliciter dans les tâches qu’on leur proposera : observer, manipuler, classer, par exemple. On sait également que les centres d’intérêt et les modes de pensée des enfants sont différents de ceux des publics plus âgés : il s’agira donc de susciter l’intérêt des enfants en choisissant des thèmes concrets ou des univers qui les touchent, qui font sens pour eux et qui attisent leur curiosité naturelle tout en les mettant en situation de jouer, d’imiter et d’agir en groupe, à plusieurs. En effet, sur le plan social, l’interaction avec les autres joue un rôle important dans les apprentissages des plus jeunes et cela vaut pour l’apprentissage d’une langue étrangère. Les adolescents, quant à eux, sont dans une période de transition importante, entre la dépendance enfantine aux adultes et l’autonomie, où ils sont capables d’abstraction, de réflexion et de mémorisation, ce qui est un atout pour l’apprentissage d’une langue mais où l’anxiété et l’inhibition Christine Blanchard, Anne-Laure Foucher et Damien Chabanal 2 peuvent entraver ce même apprentissage. La prise de parole en langue étrangère devant le regard d’un groupe par exemple peut constituer une réelle difficulté pour certains. La connaissance qu’ils ont de leur langue maternelle, des caractéristiques générales des langues sont en revanche précieuses pour apprendre une autre langue. Ils sont capables d’une attention plus soutenue que celles des enfants et ont le plus souvent un désir d’ouverture sur le monde extérieur mais sont aussi très sélectifs dans leurs centres d’intérêt et assez radicaux dans leurs attitudes. Ils accordent le plus souvent une grande importance à la qualité de la relation avec leur enseignant et leur sentiment d’appartenance ou non à un groupe-classe peut être décisive dans la réussite de leur parcours d’apprentissage. Leur motivation pour l’apprentissage d’une langue étrangère est très liée à ces deux facteurs contextuels. Les adultes, contrairement à l’idée reçue évoquée au début, représentent le gros des effectifs des cours de langue à l’étranger, dans les Alliances françaises, les Instituts français ou les centres culturels. Leurs motivations peuvent être personnelles, comme celui qui apprendra le FLE pour approfondir sa culture générale, pour sa satisfaction personnelle, ou liées à des objectifs de développement professionnel mais en général, ils ont fait le choix d’apprendre une langue étrangère. Leur motivation est donc le plus souvent forte et cette caractéristique les distingue des enfants ou des adolescents, qui eux apprennent les langues étrangères dans le cadre scolaire, contraints en quelque sorte. L’autonomie cognitive des adultes, alliée à leur expérience humaine, leur vécu personnel, de même que leurs connaissances approfondies de leur langue maternelle et d’autres langues étrangères constituent des atouts pour apprendre le FLE. En revanche, les adultes connaîtront très vraisemblablement des difficultés liées à leurs habitudes d’apprentissage et à leurs représentations sur la langue-culture cible, qui peuvent être bien ancrées et entrer en contradiction avec les options méthodologiques prises par leur enseignant de FLE. Ainsi, un adulte ayant appris une autre langue étrangère avec une méthodologie très traditionnelle pourra être dérouté par des démarches de travail inductives et réticent à entrer dans des activités très communicatives comme les jeux de rôle. Par ailleurs, avec l’âge, la perception des sons étrangers et donc leur production est plus difficile et devra faire l’objet d’un travail approfondi en classe. Prendre en compte l’âge est donc essentiel dans l’enseignement du FLE. A cela s’ajoute aussi la prise en compte du style d’apprentissage. En effet, chaque apprenant a des habitudes d’apprentissage. Jean- Marc Defay donne par exemple trois types classiques d’apprenants. Selon le premier type, l’apprenant sera analytique ou synthétique. Il est analytique s’il appréhende chacun des éléments d’une situation, avant de les replacer dans un contexte général, il est au contraire synthétique s’il s’intéresse d’abord à un ensemble, avant de le distinguer en éléments Dans le deuxième type, l’apprenant est théoricien ou praticien : il est théoricien s’il préfère commencer un apprentissage de la langue avec des ouvrages, il est praticien s’il préfère d’abord être exposé à la langue, avant de passer à l’étude grâce aux livres Suivant le troisième type enfin, l’apprenant est visuel, lorsqu’il retient mieux l’information en la voyant et en la notant, ou auditif, lorsqu’il préfère entendre et répéter l'information. Il ne s’agit évidemment pas pour l’enseignant de s’adapter à chaque personne présente dans son cours, mais de varier sa manière de faire, les contenus, les activités, afin de s’accorder à son public. 2 Le niveau de compétences des publics Nous venons de voir que le paramètre de l’âge était important à prendre en compte pour caractériser le public auquel on aura à enseigner et adapter son enseignement. C’est en effet un des paramètres qui influence l’apprentissage d’une langue étrangère. Ca n’est pas le seul. Le niveau de compétences en langue étrangère en est aussi un. Même si un débutant complet dans une langue étrangère ne part pas de rien, a fortiori si sa langue maternelle est proche du français, il est utile de connaître les acquis des apprenants de son groupe. Cela peut passer par une évaluation diagnostique ou simplement être Christine Blanchard, Anne-Laure Foucher et Damien Chabanal 3 reconnu via une certification. Le niveau de compétences en langue étrangère des apprenants est un indicateur important pour organiser son enseignement. Depuis 2001, dans le contexte européen, on utilise l’échelle du Cadre Européen de Référence pour les Langues qui classe les compétences langagières - Comprendre, Ecrire et Parler - sur une échelle à 6 niveaux. Le Niveau introductif ou découverte, dit A1, correspond au niveau de plus élémentaire de production en langue étrangère. L’utilisateur de langue étrangère peut, avec des moyens linguistiques limités, se débrouiller dans des situations authentiques de la vie quotidienne : saluer de manière simple, faire un achat ou demander l’heure. Le Niveau intermédiaire ou de survie, dit A2, correspond à un niveau de compétence où l’utilisateur de la langue étrangère peut entrer en interaction avec uploads/Management/ variete-des-publics-cibles-dans-l-x27-enseignement-du-fle.pdf

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  • Publié le Jui 29, 2021
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