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Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org Compte rendu Ouvrage recensé : Vers la compétence de communication. Dell H. Hymes, 1984, Collection « Langues et apprentissage des langues », Paris, Hatier-Crédif, 219 p. par Madeleine Saint-Pierre Revue québécoise de linguistique, vol. 16, n° 2, 1987, p. 319-323. Pour citer ce compte rendu, utiliser l'adresse suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/602605ar DOI: 10.7202/602605ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Document téléchargé le 2 January 2016 05:41 VERS LA COMPÉTENCE DE COMMUNICATION Dell H. Hymes, 1984, Collection « L a n g u e s et apprentissage des langues», Paris, Hatier-Crédif, 219 pages. Madeleine Saint-Pierre Le compte-rendu de cet ouvrage doit commencer par l'histoire de son édition. Dans une note liminaire, Cos te explique le projet de la collection LAL de traduire un texte de Hymes sur la c o m p é t e n c e de communication à l'intention des enseignants en didactique des langues. C'est le manuscrit de 1973, «Toward Linguistic C o m p é - tence», soit le numéro 16 des Texas Working Papers in Linguistics qui fut proposé par Hymes pour la traduction française. À ce texte, l'auteur devait préparer « u n e pré- sentation lui permettant de se situer par rapport aux développements intervenus depuis 1973, dans les champs linguistique et didactique, à propos et à partir de la notion de c o m p é t e n c e de communication» (p.8). Cet ajout, fait en 1982, devint finalement une postface au texte de 1973. Le volume présente donc deux inédits, c'est-à-dire le texte principal de 19731 et la postface de 1982 e n c a d r é s d'une préface et d'une bibliographie. 1. Seul le chapitre 8 de ce texte a été édité sous le titre « W a y s of s p e a k i n g » dans Bauman (1974). 320 MADELEINE SAINT-PIERRE Le texte initial de 1973, «Vers la compétence linguistique» comporte une centaine de pages dont huit chapitres et un préambule. Dans cette première partie, l'essentiel de l'argumentation de Hymes se développe autour des notions de compé- tence, performance, créativité, etc. proposées par Chomsky et offre une réplique à ce dernier. En effet, la notion de c o m p é t e n c e de communication constitue une réaction à la notion de c o m p é t e n c e proposée l'année précédente par Chomsky, dans Aspects. L'ambition de Hymes était et demeure de faire une linguistique socialement constituée. Depuis plus de vingt ans, sa thèse centrale est «qu'il ne saurait suffire d'étendre le domaine de la linguistique à la pragmatique, au discours, au texte, etc. aussi longtemps que les orientations et les bases de la linguistique elle-même demeurent inchangées» (p. 12). Hymes propose donc à la linguistique, qu'il identifie comme une des disciplines qui contribue à ce que l'on appelle l'analyse du «discours», d'approfondir et d'étendre les bases sur lesquelles elle repose afin «d'admettre des bases qui incluent les sciences sociales et la vie sociale» (p. 13). L'important pour Hymes semble donc la description de tout trait de parole pertinent pour la mise en relation entre eux des éléments linguistiques «en termes de rapports de rôles, de statuts, de tâches, etc.» (p. 14). Ce qui semble sinon paradoxal du moins assez peu clair, c'est le modèle de description proposé par Hymes. L'on sait qu'il reconnaît que certains linguistes se soucient de la portée sociale de la linguistique en étudiant la variation linguistique. À son avis, le résultat donne une «linguistique socialement réaliste» et non une «lin- guistique socialement constituée», cette dernière «prend en compte les styles de parole, la façon de parler des personnes et des c o m m u n a u t é s » (p.20). Pourtant plu- sieurs études sociolinguistiques variationnistes dont certaines même de Labov, Sankoff, Cedergren pour ne nommer que ces auteurs, offrent une description de la variation stylistique. Ce qui étonne c'est la persistance de Hymes à affirmer que ces études «comportent des limitations analogues à celles qui affectent des travaux de C h o m s k y » (p.146). En d'autres termes, Hymes semble déplorer le fait que ces études utilisent des modèles statistiques afin de construire une analyse de la variation en termes de compétence, mais ne parle-t-il pas lui-même de c o m p é t e n c e dans l'étude des f a ç o n s de parler des individus membres d'une c o m m u n a u t é ? VERS LA C O M P É T E N C E DE COMMUNICATION 321 Les chapitres un à huit présentent une définition conceptuelle des termes qui sont devenus la nomenclature de la sociolinguistique actuelle : c o m m u n a u t é linguis- tique, f a ç o n s de parler et styles de parole, répertoire verbal, variété linguistique, etc. L'ouvrage peut être considéré comme un essai théorique contenant un ensemble important de références aux travaux ethnolinguistiques permettant de répondre à l'un des objectifs que s'était fixé Hymes, soit la construction heuristique permettant de parvenir à une théorie adéquate sur la base même de ces travaux empiriques et analytiques. Pour Hymes, la notion de c o m p é t e n c e va au delà de la grammaire : «Un membre normal d'une c o m m u n a u t é possède un savoir touchant à tous les aspects du système de communication dont il dispose. Il manifeste ce savoir dans la f a ç o n dont il interprète et é v a l u e la conduite des autres, tout comme la sienne p r o p r e . » (p.89) La postface présente une analyse plus approfondie de la notion de « c o m p é t e n c e de communication» d'un point de vue historique et également «un examen des diffé- rentes récusations, acceptations et extensions qu'a connues le terme ...» (p.120). Ce qui est important par contre, c'est l'étude que Hymes présente des répercussions que la notion de c o m p é t e n c e de communication a dans plusieurs domaines et pour diverses orientations de travail. Dans ce sens, notons l'importance de ce concept dans le do- maine de l'apprentissage et de l'enseignement des langues (Paulston 1974). L'impact que la notion de c o m p é t e n c e de communication a eu sur les études en acquisition du langage et en enseignement des langues constitue le thème du point 6 de la postface. Malheureusement, ce thème est traité de façon assez sommaire et plutôt factuelle. En effet, Hymes consacre la majeure partie de cette section d'une dizaine de pages, à une revue de la littérature traitant de la notion de compétence de communication dans les situations d'apprentissage et d'enseignement des langues. Il déplore, le peu de des- criptions des langues et d'analyses linguistiques précises de leur utilisation. Ces modèles d'utilisation pourraient servir en pédagogie et seraient une contribution à la linguistique appliquée. D'ailleurs, seule une étude fonctionnelle du langage peut, selon Hymes, mener à l'option communicative et donc à la compétence. 322 MADELEINE SAINT-PIERRE Hymes ne propose pas de conclusion à son ouvrage. Ceci peut s'expliquer par l'historique même de l'édition des textes qui le composent. Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un livre très recommandable non seulement à cause de l'élaboration con- ceptuelle de la notion de c o m p é t e n c e de communication offerte au lecteur mais égale- ment pour l'impressionnante synthèse critique d'un ensemble de références bibliogra- phiques des plus pertinentes qui permettent de saisir la complexité de ce que Hymes nomme la «linguistique socialement constituée». Madeleine Saint-Pierre Université du Québec à Montr VERS LA C O M P É T E N C E DE COMMUNICATION 323 Références BAUMAN, R. et J. Sherzer (1974) Explorations in the Ethnography of Speaking, New York, Cambridge University Press. CEDERGREN, H. et D. Sankoff (1974) «Variable Rules : Performance as a Statistical Reflection of C o m p é t e n c e » , Language, Volume 50, pp. 333-355. CHOMSKY, N. (1965) Aspects of the Theory of Syntax, MIT Press, Cambridge, trad, f r a n ç a i s e , 1971, Paris, Seuil. LABOV, W. A. (1969) «Contraction, Deletion and Inherent Variability of the English C o p uploads/Management/ vers-la-competence-de-communication.pdf

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  • Publié le Jan 17, 2021
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