Céreq Formation - Travail - Emploi www.cereq.fr Numéro 10 • mai 2017 CÉREQ ÉTUD
Céreq Formation - Travail - Emploi www.cereq.fr Numéro 10 • mai 2017 CÉREQ ÉTUDES Félicie DROUILLEAU, département Travail, emploi et professionnalisation (DTEP), Céreq. avec la collaboration de Anne Delanoë, Michèle Menabreaz et Mickaële Molinari. Ce rapport est issu d’une étude réalisée avec l’appui financier du ministère en charge de l’écologie, dans le cadre d’une convention pluriannuelle de partenariat Céreq-CGDD pour la mise en œuvre du Plan national d’adaptation des métiers et des emplois de la transition vers l’économie verte. LES MÉTIERS DE LA MESURE De la métrologie à l'instrumentation TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET ÉNERGÉTIQUE Les métiers de la mesure : de la métrologie à l’instrumentation 1 Synthèse Cette étude, élaborée pour le compte du Commissariat général au développement durable (CGDD), présente et défend les spécificités des métiers de la mesure. Ils regroupent ici la « métrologie », l’« instrumentation »1 et l’« analyse/métiers de laboratoire». Ces métiers ne s’articulent pas autour d’une branche spécifique ou d’un ou plusieurs syndicats professionnels. Ils trouvent leur cohérence dans une culture de métier qui s’incarne dans un réseau (salons, associations, etc.), des filières de formation (instrumentation, métrologie, analyse), et des valeurs (telles que la rigueur métrologique et scientifique, l’importance de l’incertitude, ainsi qu’un lien très fort à l’expérimentation physique). Les métiers de la mesure sont analysés à partir de leur spécificité emploi‐formation : missions des professionnels ; place en entreprise ; rôle professionnel ; internalisation ou externalisation de l’activité ; évolutions récentes (qu’elles soient technologiques ou organisationnelles) ; appareil de formation existant. Une partie est par ailleurs spécifiquement consacrée à l’analyse de l’impact de la transition écologique sur ces métiers. Très peu de données sont disponibles sur les métiers de la mesure. Une approximation du nombre d’emplois concernés par l’industrie de l’instrumentation (conception et fabrication) est fournie par les portraits statistiques de branche (PSB) du Céreq, sur la base du code NAF rev.2 « 2651B » (Fabrication d’instrumentation scientifique et technique). Ce sous‐secteur représente, en 2009, 23 300 salariés, pour un total de 180 400 salariés dans l’ensemble de la branche « Produits informatiques, électroniques et optiques ». Le nombre d’emplois a stagné entre 1994 et 2010, il aurait augmenté entre 2009 et 2014. Le métier de métrologue La métrologie est une activité très pointue et peu connue. Les métrologues peuvent travailler en interne dans une entreprise ou chez un prestataire de service spécialisé sur la gestion externalisée des instruments de mesure. Si l’activité métrologique est bien définie et délimitée, elle peut cependant, notamment dans les petites et moyennes entreprises, être associée pour un même professionnel à d’autres activités : qualité, maintenance, voire parfois QSE. Les métrologues sont, de l’avis des professionnels rencontrés, numériquement peu nombreux en entreprise. Ils peuvent travailler dans de nombreux domaines industriels : depuis l’usinage jusqu’à la mécanique ou encore la maintenance. Ils sont bien représentés chez les constructeurs. Les entreprises spécialisées en essais et mesure n’embauchent pas nécessairement beaucoup de métrologues en interne. Les centres de recherche sont des lieux importants pour l’emploi de métrologues, même si numériquement là encore cette source d’emploi reste modeste. Enfin, la métrologie légale représente un autre secteur d’emplois pour les métrologues. Dans les industries manufacturières, chimiques et agro‐alimentaires, l’intégration des métrologues dans la démarche qualité semble émerger et leur rôle transverse mis en valeur, notamment pour les techniciens expérimentés ou les ingénieurs. On leur demande d’être « force de proposition », d’« avoir un excellent relationnel ». Cette évolution correspond aux évolutions récentes de la place de la métrologie dans les entreprises. Sensibilisés aux questions énergétiques, environnementales et écologiques et à l’amélioration continue des produits, les métrologues pourraient utiliser leur 1 L’instrumentation peut désigner un ensemble industriel, notamment celui de la « fabrication d’instrumentation scientifique et technique ». Le terme « instrumentation » regroupe également l’« ensemble des instruments et appareils permettant d’assurer [la commande et le contrôle] » d’une machine ou d’un process. La vérification de la justesse de la mesure (à travers la qualification de l’instrument de mesure) relève quant à elle de la métrologie. Les métiers de la mesure : de la métrologie à l’instrumentation 2 nouveau rôle de conseil et d’interlocuteur des services qualité pour être les relais de la mise en œuvre d’une « usine responsable ». Le métier d’instrumentiste L’instrumentiste est « capable de concevoir, installer, programmer, régler, mettre en service, optimiser et maintenir » des boucles de régulation. Il peut travailler dans des « entreprises de toutes tailles concevant, réalisant ou exploitant des procédés de transformations physico‐chimiques ». L’appellation « instrumentiste » est une dénomination générique qui désigne plusieurs niveaux hiérarchiques voire plusieurs fonctions : « en bureau d’études, le terme instrumentiste est précédé des qualificatifs qui suivent : dessinateur, projeteur, chef de groupe, chef de projet, etc. ; sur chantier, (en phase de construction ou rénovation d’une boucle de régulation) le nom est associé à technicien, chef d’équipe, chef de chantier, superviseur, superintendant, etc. ; sur un site de production, il peut être précédé des mots : technicien, chef d’équipe ou de service ». Enfin, l’instrumentiste peut travailler dans les entreprises utilisatrices de systèmes d’instrumentation‐régulation (industriel), les entreprises réalisatrices de systèmes d’instrumentation‐ régulation (constructeur), les sociétés de services en instrumentation et les sociétés d’ingénierie, et les entreprises de réalisation et de maintenance. L’instrumentiste exerce, contrairement au métrologue, un métier alimenté essentiellement par une formation : le BTS Contrôle industriel et régulation automatique (CIRA). La relation formation‐emploi dans cette activité professionnelle est donc relativement nette. Elle entraîne une forme d’esprit corporatiste, qui permet de conserver une certaine qualité de prestation et une réactivité du monde professionnel pour faire évoluer les formations. Ces professionnels, notamment la société CIRA, se sont fortement mobilisés pour conserver la forme du BTS lors de la dernière rénovation en 2015 et ses orientations en y intégrant en filigrane les enjeux de performance énergétique. A ce propos, des doutes se font cependant jour sur la faisabilité de l’application de certains modules (en particulier QHSSE) dans les stages des étudiants. En effet, si les instrumentistes sont depuis toujours impliqués dans la performance écologique et énergétique des process, cette dimension leur est méconnue. Il importera donc de sensibiliser en formation initiale à cette mise à jour de leur potentiel rôle dans la performance énergétique et écologique, tout en développant des formations continues du même type permettant de sensibiliser également les générations plus âgées, ancrées dans une vision différente de leur activité. Les métiers de l’analyse Les métiers de l’analyse recouvrent dans cette étude essentiellement les métiers de laboratoire chimique et biochimique (environnement, santé, agroalimentaire). L’exemple analysé est celui de la mesure environnementale. Les métiers de laboratoires environnementaux ont été exposés à une forte déstructuration du secteur, liée à la libéralisation du marché des laboratoires. Les entreprises sont essentiellement des prestataires de service. On observe en outre une spécialisation des tâches des professionnels : chacun est de plus en plus dédié à une phase précise de la chaîne de l’analyse, ce qui empêche une vue d’ensemble du processus de mesure. Par ailleurs, des innovations technologiques récentes vont, dans un futur proche, impacter les métiers. Un besoin de formation sur le segment de l’échantillonnage a été signalé, en particulier pour les échantillons liés à l’eau. En effet, alors qu’il était considéré comme une tâche élémentaire ne nécessitant pas de compétence particulière, on se rend compte aujourd’hui de la centralité d’un prélèvement de qualité pour une bonne analyse. Des formations sont donc nécessaires pour améliorer les compétences des préleveurs (autre manière de désigner les échantillonneurs). Des Les métiers de la mesure : de la métrologie à l’instrumentation 3 formations continues ont d’ailleurs été mises en place récemment sur ce segment de la chaîne de l’analyse (l’échantillonnage). Les équipementiers Les professionnels travaillant chez les équipementiers (des technologies de mesure) au niveau de la vente, des métiers de la qualité, de la supervision de la fabrication et du marketing ont généralement une formation technique de type bac +2 (souvent le BTS CIRA), de la même manière que les professionnels de la mesure. Les métiers des équipementiers sont en interaction constante avec les instrumentistes et les métrologues. Ils doivent prendre en compte leurs besoins en matière d’instrumentation, tant dans la conception des instruments que dans leur amélioration. Ils participent ainsi de la même logique professionnelle. Or, ces équipementiers se sensibilisent aux enjeux d’écoconception, de performance énergétique de leurs produits, d’intégration dès la conception des enjeux de recyclage, etc. Ils fournissent aux professionnels de la mesure (métrologues en particulier) des indications (fiches techniques) sur la manière d’utiliser au mieux les technologies de mesure pour prendre en compte leur impact environnemental et écologique. L’étude a montré que c’est un des biais de sensibilisation possible des métrologues à la notion de performance écologique de leur activité. L’étude conclut sur un certain nombre de recommandations concernant : l’engagement d’actions de formation des formateurs, l’évolution de la formation continue des professionnels de la mesure, la participation des associations des professionnels de la mesure, la mise en place d’actions de communication, ainsi que la sensibilisation/formation des techniciens de laboratoire et des préleveurs aux évolutions méthodologiques et technologiques de uploads/Management/cetudes10-mes 1 .pdf
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- Publié le Dec 24, 2021
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