1 Substrat du cours sur le Dialogue interculturel 0. Introduction 0.1. Précauti
1 Substrat du cours sur le Dialogue interculturel 0. Introduction 0.1. Précautions définitionnelles - Dialogue Le dialogue est un échange entre deux partenaires de communication dans le but de faire converger le plus possible leurs points de vue respectifs. - Interculturel Le mot « interculturel » est un adjectif composé du préfixe « inter » qui signifie « entre » et de « culturel » qui signifie «relatif à la culture ». Le dialogue interculturel est donc un échange entre cultures. Mais qu’est-ce que c’est que la culture ? Prise au niveau d’un individu, la culture est ce que cet individu a retenu et conservé de toute sa formation formelle et informelle et dont Françoise SAGAN disait : « c’est ce qui reste après avoir tout perdu ». Ce qui reste à un individu après avoir tout perdu, c’est soi-même, c’est ce qui, dans son bagage intellectuel et toutes ses expériences de la vie, se confond avec son être, et qui, désormais constitue la force qui le guide dans tout son agir. 0.2. Peut-on, dans le contexte mondial de nos jours, parler de dialogue de cultures ? 1. Conditions de naissance du dialogue interculturel Le dialogue interculturel est un produit de l’histoire de l’humanité. En effet, la vie des êtres humains a connu, dans son évolution, des transformations dues aux efforts qu’ils ont faits, en vue de mieux vivre. Ces transformations ont pour nom : - Une mobilité de plus en plus grande, facile et agréable ; - Des techniques de communications de plus en plus perfectionnées ; - La victoire sur la peur de l’inconnu. 2 1.1. La facilité de plus en plus grande dans la circulation des hommes Si l’on remonte dans l’histoire des hommes, surtout dans celle du mode de déplacement d’un point à un autre plus ou moins éloigné, on ne peut s’empêcher de penser: - À l’usage des jambes, le moyen naturel primaire de déplacement ; - À l’utilisation d’une monture animale (le cheval, l’âne, le chameau, le dromadaire, etc.) ; - À l’utilisation de véhicules primaires (la pirogue, la barque, le traineau, la charrette, la bicyclette, etc.) - À l’automobile, au bateau, au train, à l’avion, à la fusée, engins dont la vitesse de déplacement et le confort se sont de plus en plus accrus. 1.2. Le progrès prodigieux des techniques de communication Aux très grandes facilités dont bénéficie l’homme d’aujourd’hui dans ses déplacements physiques s’ajoute le progrès prodigieux que connaissent les techniques de communication. L’homme étant un être foncièrement sociable, la communication avec autrui est indispensable à sa vie. Au cours de son histoire, cette communication s’est énormément perfectionnée. Aussi loin que remonte la mémoire, on constate que le chemin parcouru en ce domaine est prodigieux, tant au plan présentiel qu’à celui de la communication à distance. a. Sur le plan de la communication présentielle La communication présentielle s’est considérablement améliorée. Réduit autrefois à ne communiquer que verbalement avec des personnes ayant avec lui la même langue et ceci à travers un échange direct s’opérant de visu ou à une distance permettant de s’entendre réciproquement, l’homme est passé à la communication qui ne connaît presque plus d’obstacle. - Le handicap linguistique n’existe presque plus pour une bonne proportion du genre humain. Il s’agit de ceux qui savent lire et écrire. Après s’être 3 longtemps contentés du service d’interprètes, ils peuvent aujourd’hui s’en passer grâce à des logiciels d’interprétariat aux performances stupéfiantes. - Le téléphone, le SMS, le facebook et le skype ont presque annihilé la distance et le temps qui, autrefois constituaient des facteurs de ralentissement plus ou moins considérables dans la communication. b. Sur le plan de la communication à distance La nécessité de communication entre les hommes les a amenés à des inventions qui permettent aujourd’hui de ne même plus se souvenir du temps où l’homme, pour ses communications à distance, en était réduit : - À recourir à la transmission de main à main de messages codés dont le perfectionnement progressif a fini par donner naissance à l’écriture ; - À utiliser des instruments de percussion (le tam-tam ou le tambour parleur) et des instruments à vent (le cor) transmettant les messages grâce à un langage codé. La barrière de la distance était certes ainsi réduite à travers ces modes de communication. Mais le cercle des partenaires de communication sous ces formes demeurait forcément restreint aux initiés aux différents langages codés qui y étaient attachés. Aujourd’hui : - Le téléphone permet à deux partenaires de communication de s’entendre instantanément quelle que soit la distance qui les sépare ; - La radio en fait autant que le téléphone, sauf qu’il n’y a pas d’échange entre les partenaires de communication ; - Avec la télévision, le handicap est le même qu’avec la radio, puisque l’émetteur du message, bien qu’il soit vu en temps réel par le récepteur, ne peut échanger avec lui et vice-versa ; - Au niveau actuel du développement des techniques de communication, les handicaps ci-dessus signalés ont été presque tous levés. Aujourd’hui, grâce au facebook et au skype, deux partenaires de communication, quelle que soit la distance qui les sépare, peuvent se voir en se parlant. Les échanges d’informations et les transferts d’argent, grâce à l’internet, ne connaissent presque plus le facteur-temps. Ils se font instantanément. Ni 4 la distance, ni le temps, ne constituent aujourd’hui quelque handicap à la communication des hommes. 1.3. Un monde presque sans préjugés Les préjugés, on le sait, sont les conséquences de l’ignorance, de la méconnaissance. Leur existence s’expliquait autrefois par le fait que l’horizon des connaissances des hommes d’alors était encore très limité. Ainsi, pour les Européens de cette époque, les habitants de contrées mal connues tel l’Afrique noire étaient chargés de préjugés allant des plus fantaisistes aux plus malveillants à dessein. Les Africains, surtout ceux de race noire, étaient, pour les Européens d’autrefois : - Des êtres existant avant la création par Dieu du premier homme, Adam (la thèse des pré-adamistes) ; - Des êtres qui, s’ils font partie de la descendance d’Adam et Ève, seraient surtout les descendants de Cham, le mauvais fils de Noé maudit par son père pour sa conduite indécente et irrévérencieuse envers ce dernier, et qui seraient ainsi condamnés à être les esclaves des autres ; - Des êtres qui, à cause de la couleur noire de leur peau, ne pouvaient qu’être l’incarnation du diable, selon l’imaginaire des Occidentaux, et qui pour cela étaient chargés de tous les défauts (cannibalisme, vol, paresse, incontinence sexuelle, puanteur, etc…) ; - des êtres qui, par leur aspect physique, sont proches du singe, et chez qui il serait vain de vouloir détecter une quelconque trace de ce qui rend l’homme différent de l’animal : l’intelligence. Les Négro-Africains de cette époque, de leur côté, ne manquaient pas de préjugés à l’égard des hommes de race blanche. La couleur blanche de la peau rendait les Blancs effrayants aux hommes noirs. On en a trace dans l’appellation du Blanc chez certains peuples noirs. Ainsi : - chez les Baoulé, peuple de Côte d’Ivoire, le Blanc s’appelle Bloffouè, ce qui est une contraction de Blolo-fouè (= l’habitant de l’au-delà, c-à-d. le revenant) ; 5 - d’autres peuples de Côte d’Ivoire (les Bété et les Dida de l’ouest) ont la même attitude que les Guéré à l’égard de l’homme de race blanche. Pour eux, l’être humain en général s’appelle Gnonkpa ou Gnipka (= l’homme noir). Cela veut dire que pour les Bété et les Dida de l’ouest, l’être humain ne peut être que de couleur noire, les autres de couleur différente - tels les Blancs - ne font pas partie du genre humain. Heureusement, le temps a travaillé, beaucoup travaillé. La distance a été vaincue et le manque ou la rareté des informations ne sont plus aujourd’hui que de mauvais souvenirs. Grâce à la télévision et à l’internet, les informations sont accessibles à tout moment. Les films-documentaires télévisés instruisent sur toutes les parties du monde et leurs habitants. L’Ecole et l’instruction ont guéri les uns et les autres de leurs préjugés sur autrui. Aujourd’hui, les Européens savent que : - Les Noirs ne manquent pas d’intelligence ; - Ils ont des cultures ; - Ils ne sont pas des paresseux, des voleurs, des incontinents sexuels, des personnes forcément puantes, etc… La peur de l’inconnu, qui était la source de toutes sortes de préjugés, a disparu. Ainsi, les Blancs, bien que leur appellation dévalorisante demeure toujours chez certains peuples noirs, n’inspirent plus la peur. Ce sont tout simplement des êtres humains extérieurement différents des Noirs. 2. Manifestations du dialogue interculturel 2.1. La tentative d’assimilation culturelle La tentative d’assimilation culturelle est en général l’objectif de toute colonisation. Estimant sa culture supérieure à celle d’autrui, un peuple peut entreprendre d’y assimiler celle de l’autre. C’est cette attitude qui, selon Oswald Spengler dans son ouvrage intitulé Le déclin de l’Occident (1918), caractérise l’Occidental qu’il appelle l’homme faustien, un homme qui se croit au-dessus de tous les autres humains, qui estime sa culture au-dessus de toutes les autres de la uploads/Management/cours-sur-le-dialogue-interculturel.pdf
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- Publié le Mai 08, 2021
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