Communication en Question CERCOM n°8 Juin / Juillet 2017 ISSN : 2306 - 5184 Pie

Communication en Question CERCOM n°8 Juin / Juillet 2017 ISSN : 2306 - 5184 Pierre Kouakou TANO 46 Communication en Question www.comenquestion.com nº 8, Juin / Juillet 2017 ISSN : 2306 - 5184 La fête traditionnelle populaire Abissa chez les N’Zima Kotoko de Côte d’Ivoire : analyse et perspective Pierre Kouakou TANO Assistant Département des arts Université Félix Houphouët-Boigny tanopierretano@yahoo.fr La fête traditionnelle populaire Abissa chez les N’Zima Kotoko de Côte d’Ivoire : analyse et perspective Communication en Question, nº8, Juin / Juillet 2017 - ISSN : 2306 - 5184 47 47 47 Résumé Cette étude s’inscrit dans le champ de l’animation socioculturelle mais principalement elle se focalise sur l’animation rurale. L’élément qui a retenu notre attention est l’Abissa qui est une fête populaire chez le peuple N’zima Kôtôkô de Côte d’Ivoire. En effet, l’on a bâti la méthodologie autour des questionnaires, des entretiens, de la recherche documentaire et aussi de l’observation. Cette démarche a permis de connaître le peuple N’zima Kôtôkô de Côte d’Ivoire mais surtout de saisir l’Abissa dans toutes ses formes afin de pouvoir dégager son impact sur le peuple de Grand-Bassam. L’Abissa marque le nouvel an chez ce peuple. Mais au-delà de la réjouissance que véhicule toute fête, l’Abissa particulièrement est le moment de faire le bilan de l’année précédente chez le peuple N’zima Kôtôkô de Côte d’Ivoire. Cette fête est donc l’occasion de faire des critiques à l’endroit des gouvernants et entre les gouvernés pour pallier les tares qui rongent la société N’zima. Cette manière de faire permet à la communauté N’zima de cultiver des valeurs démocratiques indispensables à son développement et à la dynamique socio-économique. Mots clés : Abissa, critique sociale, développement culturel, identité culturelle, peuple N’zima Abstract This study is part of the field of socio-cultural animation but mainly focuses on rural animation. The element that caught our attention is the Abissa, which is a popular feast among the N'zima Kôtôkô people of Ivory Cost. Indeed, the methodology was built around questionnaires, interviews, documentary research and also observation. This approach allowed to know the N'zima Kôtôkô people of Ivory Cost but especially to seize the Abissa in all its forms in order to be able to release its impact on the people of Grand- Bassam. The Abissa marks the New Year among this people. But beyond the celebration of festivities, the Abissa particularly is the time to take stock of the previous year among the people N'zima Kôtôkô of Ivory Cost. This holiday is therefore an opportunity to make criticisms of the rulers and between the governed to overcome the flaws that eat away at the N'zima society. This way of doing things allows the N'zima community to cultivate the democratic values essential for its development and socio-economic dynamic. Keywords: Abissa, social criticism, cultural development, cultural identity, N'zima people Pierre Kouakou TANO 48 Introduction La Côte d’Ivoire est un pays de l’Afrique occidentale. Selon J-N. Loukou (1984, p142), son peuplement s’est fait par vagues successives. L’installation totale des différents groupes sur le sol ivoirien a pris fin aux alentours du 18ème siècle. Toujours selon l’auteur, on détermine quatre (04) grands groupes ethniques composés de plus de soixante (60) ethnies. La déclinaison de ces groupes donne les Mandé, les Krou, les Gour et les Akan. Ces peuples n’ont jamais constitué une unité politique d’ensemble. Certains pratiquent le système des classes d’âge. D’autres sont organisés autour des masques. D’autres encore sont dirigés par des rois et chefs. Bref chaque peuple est fier de son indépendance ancestrale. Chaque peuple regorge des activités socioculturelles traditionnelles qui font sa spécificité. En effet, H. Memel Fotêh (1988, p.76) fait remarquer que les manifestations culturelles à caractère anthropologique restituent la dignité des peuples africains car s’outrepasser de sa culture, est synonyme de non maîtrise du présent et la défiance du futur. Selon l’auteur, pour éviter toute aliénation voire toute autodestruction de son être tant sur le plan physique que psychologique, les peuples africains doivent s’approprier de leurs valeurs culturelles pour mieux affronter leur avenir et lui réserver une assise idoine. Toujours dans l’environnement ivoirien, les auteurs comme Z. Zadi (2007, p39) et G. Niangoran (1994, p56) relèvent que les danses traditionnelles ont une valeur esthétique en ce sens qu’elles mettent en relief le génie de la créativité et le plaisir de la contemplation d’un art qui s’exerce librement et soigneusement ordonné. Des études menées en Amérique Latine notamment au Brésil aboutissent aux mêmes résultats que celle de H. Memel Fotêh. En effet, B. Caceres (1964, p91) soupçonnait déjà le développement économique, politique et social du Brésil à l’horizon 2000. L’auteur fait remarquer que si le Brésil est aujourd’hui La fête traditionnelle populaire Abissa chez les N’Zima Kotoko de Côte d’Ivoire : analyse et perspective Communication en Question, nº8, Juin / Juillet 2017 - ISSN : 2306 - 5184 49 49 49 un pays émergeant et occupe la huitième économie mondiale, c’est parce qu’il a su pérenniser sa culture à travers le carnaval de Rio. En clair, le Brésil par le truchement de sa culture a su maintenir la cohésion sociale pour bâtir une économie forte. Pour l’auteur, le modèle brésilien est un exemple à suivre. Toujours dans le souci de démontrer que les valeurs culturelles représentent un allié objectif pour le développement, P. Moulinier (1995, p47) mentionne que le développement de la plupart des pays européens est dû au fait que ces pays ont accordé une place de choix à leur culture et surtout ont su élaborer une politique culturelle. Mais contrairement aux autres auteurs, P. Moulinier met en exergue la proportion ou la marge qu’occupe la culture dans la politique générale des pays. L’auteur part sur le principe selon lequel la politique culturelle est axée sur les ressources dont dispose chaque peuple. Ces ressources culturelles selon l’auteur, les peuples doivent se réapproprier pour consolider les acquis et renforcer les liens. Partant de ce principe, l’Etat devrait élaborer sa politique culturelle en tenant compte des pratiques culturelles de chaque peuple. Si tous les auteurs précédents se focalisent sur la culture de façon générale d’une part, et spécifiquement sur la capacité de l’Etat à concevoir sa politique culturelle en fonction de ses administrés d’autre part, M. Poyraz (2003, p69) quant à lui s’inquiète de la performance des agents culturels (animateurs, archivistes, documentaliste, muséologues…) chargés de promouvoir la culture. On constate avec cet auteur que ces agents culturels dans la plupart des pays sous-développés, ne bénéficient pas d’une formation de qualité. C’est pourquoi il propose que les pays sous-développés, pour relever le défi culturel, offrent régulièrement des stages et séminaires de formation à leurs agents culturels. De toute évidence, la culture si elle est gérée par les peuples eux-mêmes ou par l’Etat présente toujours des insuffisances. Au regard de toutes ces préoccupations qui mettent la culture au centre de tout développement, l’on a choisi de travailler sur l’Abissa qui est une fête Pierre Kouakou TANO 50 traditionnelle populaire du peuple N’zima Kôtôkô1 de Côte d’Ivoire. Le peuple N’zima Kôtôkô fait partie du grand groupe Akan dont sa zone d’occupation territoriale en Côte d’Ivoire est l’Est, le Centre et le Sud-Est. Ce terme Akan désigne un ensemble humain caractérisé par une langue commune: l’Ashanti et un espace d’origine commun le Gold Cost, actuel Ghana. Ce peuple N’zima Kôtôkô à l’égard de tous les autres peuples regorge des manifestations socioculturelles dont la plus importante reste l’Abissa. Pour C. Porquet (2011, p13), le peuple N’zima Kôtôkô de Côte d’Ivoire doit se féliciter de l’institution de l’Abissa qui, non seulement est une marque déposée par les N’zima mais encore vient allonger le chapelet trop court du patrimoine culturel ivoirien en souffrance perpétuel. Quand à R. Gnoan (2013, p213), il estime que l’unanimité est faite en Côte d’Ivoire sur la popularité et la particularité de l’Abissa. Poursuivant son argumentation, il soutient que l’Abissa fait la fierté de Grand-Bassam en général et du N’zima Kôtôkô en particulier. Alors qu’est-ce que l’Abissa ? Quels messages véhicule l’Abissa chez le peuple N’zima Kôtôkô? Quels sont les impacts de l’Abissa sur la population de Grand-Bassam? Cette étude a pour objectif de décrire l’Abissa, d’expliquer ses manifestations pour en dégager ses sens et de montrer son impact économique, politique et culturel sur le peuple N’zima Kôtôkô. L’hypothèse de ce travail de recherche est formulée de manière suivante: L’Abissa participe au renforcement des liens sociaux du peuple N’zima Kôtôkô et à son développement. Pour répondre à la problématique, l’on va présenter dans un premier temps la démarche méthodologique et dans les résultats présenter, l’historique du peuple N’zima Kôtôkô et l’Abissa, la perception et l’impact de l’Abissa sur le peuple N’zima Kôtôkô dans un deuxième temps. 1 Kôtôkô est le porc-épic en ashanti. Ce nom fait référence à l’armée du roi ashanti, qui, vu le nombre pléthorique de son effectif, était comparable aux épines du porc-épic. Chez les Ashanti vous tuez cent soldats, cent autres viendront combattre La fête traditionnelle populaire Abissa chez les N’Zima Kotoko de Côte d’Ivoire : analyse et perspective Communication en Question, nº8, Juin / Juillet 2017 - ISSN : uploads/Management/la-fete-abissa-analyse-et-perspective.pdf

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  • Publié le Dec 11, 2021
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