1 LE FACTEUR HUMAIN AU COEUR DE L’INTELLIGENCE COLLECTIVE Catherine Monnin, Cha

1 LE FACTEUR HUMAIN AU COEUR DE L’INTELLIGENCE COLLECTIVE Catherine Monnin, Chargée de cours en communication Institut de logistique, économie et management de technologie Chaire de logistique, économie et management catherine.monnin@epfl.ch +41 21 693 00 27 Francis-Luc Perret, Professeur ordinaire francis-luc.perret@epfl.ch +41 21 693 25 26 Adresse professionnelle EPFL – Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne Collège du Management- LEM Bât. Odyssea 4-16 Station 5 CH - 1015 Lausanne Résumé : Pour que l’Intelligence collective soit pleinement efficiente, la reconnaissance individuelle dans le groupe doit être privilégiée. En effet, l’Intelligence collective qui a pour fin ultime, la performance, dépend étroitement de la bonne coopération de l’homme. Ainsi les paramètres de la communication doivent aider à mieux appréhender l’homme pour qu’il se sente pleinement reconnu et par conséquent motivé à œuvrer pour une véritable coopération et plus encore pour une co construction avec autrui d’un savoir. Abstract: For collective intelligence to be effective, individual recognition within the group must be privileged. Indeed, collective intelligence has as its ultimate objective performance, and this depends on good cooperation between humans.So the criterion for communication must help humans to understand each other better so that they feel recognized and thus motivated to work in full cooperation and to create knowledge with others. Mots clés : facteur humain, intelligence collective, communication, reconnaissance, performance. 2 LE FACTEUR HUMAIN AU COEUR DE L’INTELLIGENCE COLLECTIVE D’après Le Petit Robert, l’intelligence vient du latin « intelligentia » et du verbe intellegere « comprendre ». Il s’agit précisément de « la faculté de connaître, de comprendre ». Le terme collectif quant à lui signifie « qui comprend ou concerne un ensemble de personnes. Travail collectif, en équipe en collaboration. » L’intelligence collective va révéler la communication entre des personnes qui se comprennent et plus précisément elle correspond à la mise en commun de capacités cognitives résultant d’une dynamique de communication interpersonnelle. Ainsi cette coopération provenant des interactions interpersonnelles du groupe reflète la construction collective d’un savoir, une co- construction du savoir parce que cette collaboration, cette co-participation fait émerger des facultés de représentation, de création bien supérieures à celle des personnes isolées. Une illustration de cette intelligence collective pourrait être le management de projet puisque cet exemple illustre bien l’organisation communautaire, la mutualisation des facultés de tous les individus regroupés et ainsi nécessairement l’ajustement mutuel dynamique des interactants. Aussi la question de l’Intelligence collective met – elle pleinement en exergue la question du travail en équipe, la dynamique de groupe et la communication interpersonnelle et finalement le rôle du facteur humain au sein de l’organisation communautaire. 1- CORRELATION ENTRE INTELLIGENCE COLLECTIVE ET EXPRESSION INDIVIDUELLE Les différents travaux sur l’Intelligence collective comme ceux de Christian Morel, Les Décisions absurdes. Sociologie des erreurs radicales et persistantes, Gallimard, 2002 montrent en effet que l’expression propre à chaque individu dans le groupe doit être favorisée pour créer cette créativité supérieure. Cette expression personnelle se définit par l’intime conviction ou bien encore par le sentiment, la spontanéité et l’émotion; il ne s’agit donc pas de se tenir stricto sensu aux faits, il faut laisser libre cours à cette forme de connaissance immédiate qui ne recourt pas au raisonnement autrement dit il faut laisser s’exprimer pleinement cette intuition propre à la nature humaine. C’est précisément cela, le fait qu’il n’y ait pas de barrière affichée, qui permettra une libération de la pensée individuelle et par là même une pleine participation réflexive de tous les membres du groupe. Sans cela un sentiment de gêne pourrait survenir et entraîner au silence et par conséquent être contre-productif. C’est d’ailleurs souvent une des limites qui peuvent être évoquées par rapport à la notion d’Intelligence collective puisque le silence serait un frein à la pleine réalisation de l’Intelligence collective. Ainsi cette notion d’Intelligence Collective met elle en relation au moins trois niveaux : Le niveau psychologique impliqué dans la communication, le niveau interactionnel de la structure relationnelle et le niveau social. Comme nous l’avons dit ci-dessus, la notion d’Intelligence Collective rappelle en fait que le l’homme dans sa pleine expressivité est important dans la productivité du travail en groupe. 3 2- EXPRESSION INDIVIDUELLE DANS L’INTERACTION HUMAINE IL faut comprendre que l’homme ne peut être opérationnel que s’il a pleinement confiance en lui. Et cette confiance en soi met en lumière la question de la perception de soi-même au sein d’un collectif. En effet c’est l’impact produit sur autrui qui renvoie à la personne l’image qu’elle va avoir d’elle-même. Ainsi une part importante dans la communication interpersonnelle est animée par le désir de produire une certaine image de soi et de la faire confirmer par autrui. C’est ce qu’Erwing Goffman, dans La mise en scène de la vie quotidienne, traduit par la notion de « face » c’est-à-dire la valeur sociale positive qu’une personne revendique dans toute interaction. Il s’agit en fait de la quête incessante de reconnaissance que nous développerons par la suite, de valorisation de son être, de son individualité qui implique donc toujours le risque de ne point être effectif. Et c’est précisément pour éviter ce risque que certaines personnes préfèrent garder le silence…à moins que la volonté d’accepter toutes les idées provenant de chacun dans le groupe soient clairement affichée et permettrait ainsi une libéralisation de la parole du fait d’un certain confort, un certain bien-être offert au groupe. La créativité et de ce fait la productivité issues de la dynamique de groupe sont à ce prix. Comment dès lors créer ce confort individuel qui permettra de libérer cette créativité collective ? Les paramètres de la communication La communication interpersonnelle fait apparaître deux facettes de la communication à savoir la communication verbale et la communication non verbale qui demandent d’être pleinement prises en compte pour favoriser ce bien – être individuel à la base de toute co-construction efficace de savoir. Le langage, le paralangage (prosodie, intonation…), la gestuelle, la posture, le contact physique, le regard, la distance, constituent des indicateurs verbaux et non verbaux très précieux de modes de communication. Ils permettent en effet de rendre compte de la nature réelle de la communication entre les interlocuteurs. Ces différents indicateurs peuvent également être répertoriés en différents registres comme l’a montré le GRC, Groupe de Recherche sur les Communications de l’Université de Nancy. Il s’agit des registres langagier, para langagier et extra langagier. Tous réunis, ils permettent de prendre vraiment en considération le mode de communication qu’ils révèlent lors d’un échange interpersonnel. Le langage avec un nombre restreint de mots utilisés peut transmettre une information beaucoup plus complète qu’il n’y paraît ; la simple indication d’un lieu dans un message par exemple l’hôpital transmet beaucoup plus d’informations qu’il ne l’indique explicitement. L’analyse de conversation étudiée notamment par C.Kerbrat- Orecchioni, La Conversation, Seuil, 1996, les conversations en situation réelle. Il est alors possible d’observer une différence de langage suivant le milieu social, la culture et le contexte donné. Le registre para langagier révèle les marqueurs voco-prosodiques qui accompagnent la parole. En effet, la langue parlée n’est jamais neutre ; elle est toujours affectée par le timbre, le volume de la voix, les pauses entre certains mots ou encore l’intonation cherchant à mettre l’accent sur tel ou tel mot. Grosjean et Goodwin ont montré dès 1992, que ces marqueurs avaient différentes fonctions sur le plan linguistique, conversationnel, interactionnel. Grosjean et Lacoste (1999) ont mis en évidence la variation prosodique d’une infirmière suivant la personne à laquelle elle s’adressait, s’il s’agissait d’un médecin ou bien d’un malade, la variation prosodique est totalement différente. Elle intervient donc dans le changement des rôles à l’intérieur d’une relation. Selon M.R. Chartier dans son article « Clarity of expression in interpersonal communication », cité dans N.Côté, H.Abravanel, J. Jacques et L.Belanger, Individu, groupe et organisation, Gaëtan Morin, 1986, il y a sept principes nécessaires à la bonne compréhension d’un message oral. 4 Ces principes sont, le principe de pertinence, le principe de simplicité, le principe de définition, le principe de structure, le principe de répétition, le principe de comparaison et le principe de l’appui sélectif. Mais cette communication orale est indissociable de la présence du corps, de la communication non linguistique ou bien encore du registre extra langagier qui renvoie aux postures, aux mimiques, aux expressions du visage. Parole et corps font blocs pour transmettre un message. C’est précisément ce qu’a souhaité montrer R. Birdwhistell dans son ouvrage Introduction to kinesics, 1952. Les langages gestuel, tactile, olfactif, parlé contextualisés dans un espace donné et dans un temps donné participent différemment à la compréhension complète d’une situation de communication donnée. Dans une situation conversationnelle, le verbal informe et le gestuel établit le contact et parfois même se substitue à la parole. Le langage des gestes, les expressions du visage, les mimiques accompagnent donc pleinement la communication verbale. Notre corps trahit ainsi nos pensées puisqu’à l’inverse de la communication verbale, il est inconscient donc plus authentique. L’action est ainsi plus parlante que les mots. C’est C. Darwin, qui a étudié le premier le code des gestes dans son ouvrage, L’Expression des émotions chez les hommes et les animaux (1872). uploads/Management/le-facteur-humain-au-coeur-de-l-x27-intelligence-collective.pdf

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  • Publié le Sep 22, 2022
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