Le management des organisations peut être défini comme : « Le pilotage global d

Le management des organisations peut être défini comme : « Le pilotage global de l’organisation à travers un ensemble de politiques de production de biens ou de services, communication, marketing, ressources humaines, politique de financement, contrôle budgétaire [...] cohérentes entre elles et qui convergent dans le sens du projet stratégique et se traduisent dans la culture organisationnelle » (Evrard, 1993). 2Le management est ainsi, avant tout, un processus qui permet, en tenant compte des ressources disponibles, d’éclairer les choix possibles, de prendre les décisions, d’engager les actions nécessaires afin de contrôler et d’évaluer leurs réalisations. Plusieurs auteurs (Thiétart 1980 ; Hermel, 1988) ont également présenté le management comme la manière de piloter une organisation. Cette vision permet d’identifier clairement des caractéristiques essentielles du management communes à toute organisation publique, commerciale ou associative : des principes, des méthodes et des instruments. Cela signifie qu’à la limite, dans une organisation où il n’y aurait pas de système formel de management (pas d’organigramme, pas de contrat de travail, pas de professionnel rémunéré, pas de comptabilité analytique…), on pourrait parler d’un « bon » management à partir du moment où les responsables feraient partager une très forte orientation vers l’action, où ils auraient des objectifs clairs et mobiliseraient les personnes vers l’atteinte de ces objectifs. Le management est donc fondamentalement dans sa conception un acte, un art diront certains (Crozier, 1988 ; Rochet, 1991), dont les outils ne sont et ne restent que les supports. 3C’est pourquoi, « les méthodes ou les outils du management n’ont pas de finalité en eux- mêmes. Ils peuvent plus ou moins s’adapter à des objectifs opposés » (Orange, 2002). Cette conception du management en tant que processus voire « art pratique » (Padioleau, 2004, 12) apparaît essentielle. 4Au cours des années 1980, les secteurs public et associatif ont parfois « succombé » à la fascination du modèle entrepreneurial. Les concepts, discutables (Le Goff, 1992), d’« hôpital- entreprise », de « maire-entrepreneur », d’« entreprise associative » sont là pour le rappeler. L’idéologie managériale s’est présentée comme l’expression de la modernité. Ce constat explique la confusion parfois persistante pour certains dirigeants associatifs entre management et logique commerciale (recherche de bénéfices, de rentabilité…). Cette confusion a pour effet que la modernisation des secteurs public et associatif est parfois assimilée à la « marchandisation » des activités non marchandes : « la transformation d’activités sociales, politiques, bénévoles, récréatives, en activités de type commercial » (Dubruille, 1992, 160). C’est là, semble-t-il, une erreur de perception tout à fait dommageable que les consultants auprès d’organisations associatives et publiques ont parfois contribué à véhiculer dans la mesure où ils font souvent référence au modèle entrepreneurial et au mythe d’efficacité qu’il incarne pour justifier les efforts de « rationalisation » de ces organisations pouvant parfois conduire à la perte de leur finalité. 5Depuis, les années 1990, un certain nombre de travaux revendiquent une appartenance au champ du management du sport et des organisations sportives. L’origine des chercheurs est souvent extérieure à la discipline des sciences de gestion (SG) et du management [1] [1]Ces deux termes sont employés de manière synonyme dans cet…. En effet, ce champ a été le plus souvent investi, en France, par des enseignants-chercheurs en sciences du sport qui disposent d’un corpus originel de connaissances provenant le plus souvent de l’histoire, de la sociologie, de l’économie voire de la psychologie ou de plusieurs de ces disciplines. La diversité de ces approches a permis de produire des connaissances originales sur le management des organisations sportives dans le champ des STAPS. Néanmoins, cette production scientifique hétérogène a favorisé l’éclatement du champ de recherche et rendu difficile l’identification de ses spécificités. C’est pourquoi dans la perspective d’une unification des recherches, cet article propose un essai de définition de l’objet, du champ et des niveaux d’analyse en management des organisations sportives (OS). Il questionne les spécificités ou non des principes et des pratiques managériales qui doivent être appliqués aux OS. 6Dans un premier temps, nous proposons une synthèse de la littérature dans le champ du management du sport et des OS. Dans un second, nous délimitons l’objet et le champ d’analyse. Dans un troisième, nous questionnons les frontières des organisations sportives et les niveaux d’analyse. Nous interrogeons enfin les spécificités des principes et des pratiques de management dans les OS. 1 – Essai de synthèse de la littérature des recherches en management du sport et des OS 7Les premiers travaux d’analyse des organisations sportives en sciences sociales ont essentiellement porté sur le cadre, la nature juridique, les logiques sociologiques ou sociohistoriques, politiques et économiques de fonctionnement des systèmes sportifs et des organisations les composant. L’entrée dans le management des OS s’est ainsi majoritairement réalisée à partir des cadres théoriques de la sociologie et des théories des organisations. Il faut attendre les années 1990 pour associer des recherches au management du sport et voir apparaître de nouvelles approches sectorielles (industrie et distribution des articles de sport, loisirs et tourisme sportifs…). C’est pourquoi la diversité de ces travaux nous incite à proposer une première classification des travaux dans le champ étudié. 1.1 – De l’analyse des systèmes sportifs au management des organisations sportives 8L’analyse du fonctionnement des systèmes et des organisations du mouvement sportif a fait l’objet, en France, de nombreux travaux disciplinaires en sciences humaines et sociales (SHS) spécialisés sur le sport [2] [2]Les auteurs principaux sont cités pour mémoire mais de manière… : droit (Simon, 1990 ; Karaquillo, 1993 ; Gerschel, 1994 ; Collomb, 1989 ; Alaphilippe, 2001 ; Miège, 2001 ; Lapouble, 2003 ; Auneau, 2004…), histoire (Wahl, 1989 ; Terret, 1993 ; Arnaud, 1995 ; Callède, 2000 ; Clément, 2000 ; Defrance, 2000…), économie (Minquet, 1997 ; Bourg & Gouguet, 1998, 2005 ; Andreff, 2002 ; Nys, 2002…) et sociologie (Brohm, 1976 ; Defrance, 1994 ; Loirand, 1995 ; Pociello, 1995 ; Waser, 1996 ; Michon, 1998 ; Faure et Suaud, 1999 ; Gasparini, 2000 ; s’appuyant souvent sur le cadre d’analyse de P. Bourdieu). Ces différents auteurs ont tenté avec leurs « outils » (cadres d’analyses « théoriques » et méthodologies) respectifs de répondre directement ou indirectement à l’analyse du fonctionnement et aux conditions de développement des organisations sportives. 9Si les travaux relatifs aux organisations sportives apparaissent dès les années 1960 et 1970 (Magnane, 1964 ; Taupier, 1970 ; Brohm 1976, par exemple), il faut attendre, en France, la fin des années 1980 pour voir émerger les premières recherches relatives au management des organisations du mouvement sportif sous l’impulsion de quelques chercheurs, spécialistes en sociologie des organisations, Chifflet (1987), mais surtout Ramanantsoa et Thierry-Baslé (1989) et de Loret (1989, 1993, 1995 et travaux suivants). Dans le domaine anglo-saxon, si les travaux en économie du sport sont déjà anciens (Rottenberg, 1956), les recherches en management du sport en général et concernant le management des OS en particulier n’émergent réellement que dans les années 1980 et surtout dans les années 1990 au niveau inernational sous l’impulsion en Allemagne de Horch (1996), aux États-Unis de Chelladurai (1999), en Finlande de Koski (1995) mais surtout du chercheur canadien Slack (1997), spécialiste des théories des organisations et auteur, depuis 1985, d’une vingtaine de publications dans des revues de management sur ces questions (cf. la synthèse de Pigeassou et al., 1999). Des revues scientifiques spécifiques dédiées au management du sport ont été également créées au cours des années 1980 (Journal of sport management) et 1990 (European sport management quarterly créé par l’association européenne de management du sport – EASM –, la Revue européenne de management du sport créée en France en 1999), et en 2005 (International Journal of Sport Marketing and Sponsorship et International Journal of Sport Marketing and Management). De même, un grand nombre de lettres ou de revues professionnelles en relation avec le droit, l’économie et le management du sport apparaissent également dans les années 1990 et 2000. 10La légitimité grandissante du sport comme objet de recherche en sciences sociales (poids social, économique et politique ainsi qu’une professionnalisation croissants…), de même que la création et le développement des filières de formation en management du sport au sein des Universités françaises depuis les années 1980 expliquent le fort développement des travaux en management du sport à partir du milieu des années 1990. Ainsi, par exemple, l’intérêt des recherches sur le sponsoring ou parrainage sportif et l’efficacité de cette technique de communication pour les entreprises a donné lieu, au cours des vingt dernières années, pour les chercheurs français et étrangers en sciences de gestion et sciences du sport, à plusieurs milliers d’articles scientifiques et d’ouvrages (Tribou, 2003 pour une synthèse et Chanavat, 2005 qui recense 3 384 articles sur ce sujet). 1.2 – Essai de classification des travaux en management du sport et des OS 11Les travaux en management du sport, ou à la frontière de cette discipline, peuvent être classés selon cinq « logiques » :  disciplinaire : stratégie (par ex. Pigeassou & Fergusson, 1997 ; Desbordes, 2001 et 2004 ; Bayle & Chappelet, 2004), marketing et communication (Desbordes, Ohl & Tribou, 2004 ; Tribou et al., uploads/Management/le-management-des-organisations-peut-etre-defini-comme.pdf

  • 29
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jui 28, 2021
  • Catégorie Management
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.2673MB