CHAPITRE 1 : L’évolution du concept de risque L’entreprise vit aujourd’hui dans
CHAPITRE 1 : L’évolution du concept de risque L’entreprise vit aujourd’hui dans ce qu’on appelle « l’ère du risque ». En effet, dans cet environnement peu prévisible et de plus en plus agressif, elle se trouve confrontée à l’apparition de risques de plus en plus variés et nombreux pouvant entraver l’atteinte de ses objectifs, voire même mener à sa disparition. La mise en place d’un système de management des risques, lui permettant de les identifier, de les évaluer et de les traiter, apparait donc comme un impératif. I- Le risque 1- Définition du risque La norme ISO/IEC Guide 73 (2002) le définit comme la combinaison de la probabilité d’un événement et des conséquences de celui-ci1. La nouvelle définition (norme ISO Guide 73 : 2010 ; révision de la norme précédente) couple le risque aux objectifs de l’organisation comme suit : « Le risque est l’effet de l’incertitude sur l'atteinte des objectifs ». Un risque représente alors toute situation dont l’occurrence est incertaine et dont la réalisation affecte les objectifs de l’entreprise qui le subit. Les conséquences de tout évènement peuvent être préjudiciables (aléa négatif) ou bénéfiques (aléa positif). Donc certains risques auront des effets défavorables (on les appelle « menaces ») tandis que d’autres auront des effets favorables (on les appelle « opportunités »). Dans la vision moderne du management des risques, on s’intéresse au risque sous ses deux aspects (positif et négatif) même si dans certains domaines (ex. l’hygiène, la sécurité, la sûreté), les conséquences ne sont généralement que négatives et la gestion des risques est principalement axée sur leur prévention et leur atténuation. 2- Origine du risque Allant du client volant des articles en magasin au collaborateur qui vend un secret de fabrication à un concurrent, les risques peuvent provenir de parties aussi diverses que variées. Ces parties peuvent être internes ou externes à l’entreprise. De ce fait, le risque peut être : -D’origine interne : Il s’agit des risques pouvant provenir d’un des trois partenaires internes à l’entreprise : - ses dirigeants, de par leurs responsabilité élevée et étendue, les dirigeants peuvent mettre en péril l’activité et le patrimoine de l’entreprise s’ils ne respectent pas la législation, les normes, les règlements,… ou s’ils commettent des fautes de gestion. Ils peuvent de ce fait, être mis en cause en matière civile, pénale, fiscale ou sociale. - ses salariés, lorsqu’ils commettent des fraudes ou des fautes dans l’exécution de leur travail, ou lorsqu’ils ne respectent pas les consignes en matière de sécurité ou tout autre règlement établi par l’entreprise qui les emploie, les salariés peuvent être à l’origine de risques divers. - ses actionnaires, principalement à travers les décisions qu’ils peuvent prendre lors des conseils d’administration et qui peuvent avoir des conséquences sur l’entreprise dans son ensemble. 1 C’est-à-dire que lorsqu’on s’intéresse aux risques on s’intéresse à leur probabilité d’occurrence et aux conséquences s’ils venaient à se réaliser réellement -D’origine externe : Il s’agit principalement des risques provenant des : - Consommateurs : tels que des clients qui ne paient pas leurs marchandises, qui volent des articles ou qui, insatisfaits s’acharnent sur elle sur Internet (critiques, avis négatifs, …) - Médias : qui relaient un scandale ou une mauvaise information la concernant - Administrations : tels que les redressements qu’elle peut avoir de la part de l’administration fiscale ou de l’inspection du travail. - Citoyens : des citoyens peuvent pour une raison ou une autre, appeler à boycotter une entreprise et ses produits ou à interpeller les pouvoirs publics pour lui faire cesser son activité (pour un problème sanitaire ou environnementale par exemple) ou à délocaliser sa production (zone urbaine par exemple) - Concurrence : arrivée d’un nouveau concurrent avec une technologie plus avancée, pratiques déloyales d’un autre… - Fournisseurs : dépendance vis-à-vis d’un seul fournisseur, non-respect par un fournisseur de ses engagements en matières de délais de livraison, de qualité, … - Sous-traitants : non-respect des engagements. - Distributeurs : Changement des canaux de distribution par exemple. - Agences de notation : ce sont des entreprises privées qui apprécient le risque de solvabilité financière d’une entreprise, d’un État, d’une collectivité locale, …ainsi si leur notation pour l’entreprise est mauvaise cela peut entrainer des difficultés à obtenir des crédits. 3-Typologie des risques Les risques varient d’une entreprise à une autre et il existe différentes façons de les classer. Ils peuvent en effet, être classés : Selon leur nature, on aura par exemple : - Risques économiques, liés à un changement brusque dans l’environnement économique de l’entreprise. - Risques techniques, liés à un dysfonctionnement dans le processus industriel ou de production. - Risques naturels, liés à des facteurs naturels incontrôlables par l’homme tels que les tempêtes, tremblements de terre, éboulements, sécheresse, inondations, neige … pouvant impacter les activités de l’entreprise et ses résultats. -Risques humains, causés par une action volontaire ou non de l’homme tels que les fraudes et arnaques, grèves, procès, … - …. Selon leur origine, les risques peuvent provenir, comme nous l’avons déjà dit, soit de l’entreprise elle-même soit de son environnement externe. Nous pouvons alors classer les risques selon leur origine en : risque internes et risques externes. Selon les objectifs affectés, quelle que soit leur nature ou leur origine, les risques peuvent impacter différents objectifs de l’entreprise. Selon les objectifs qu’ils affectent, ils seront classés en : - Risques stratégiques : ils sont liés à la stratégie générale de l’entreprise et concernent donc les choix stratégiques qu’elle établit pour se positionner sur le marché et s'adapter à son environnement concurrentiel ; choix qui auront un impact sur ses revenus futurs. Les objectifs stratégiques (à long terme) de l’entreprise peuvent être affectés par différents facteurs. Selon ces facteurs nous aurons principalement 3 risques : - Risques macroéconomiques, issus des grands agrégats de l’économie tels que les dépenses des consommateurs, l’inflation, la situation de l’emploi, le niveau d’imposition,... - Risques liés à l’expansion, issus de la diversification de l’entreprise de ses activités et leur développement. - Risques liés à l’activité concurrentielle, liés aux décisions de la concurrence en matière de prix, d’investissement, de communication,... - Risques opérationnels : Ils concernent les objectifs opérationnels que l’entreprise vise à atteindre à travers ses activités quotidiennes en poursuivant ses objectifs stratégiques et sont liés à des dysfonctionnements tels que : -risques portant sur le matériel de production (machines, véhicules…) comme les pannes. - risques portant sur le matériel et les réseaux informatiques tels que les pannes, vol de données, bugs. - risques portant sur la chaine d’approvisionnement et de livraison (fournisseurs, sous-traitants) tels que les retards de livraison, rupture de stock, retard de transport. - risques portant sur l’organisation interne (désorganisation et modification des plannings dus à divers facteurs). Nous nous intéresserons plus en détail aux risques opérationnels dans le chapitre dédié. - Risques financiers : ils sont liés à l’atteinte des objectifs de rentabilité et de trésorerie de l’entreprise et concernent la gestion et la maîtrise efficace de ses finances en s’intéressant aux effets des facteurs externes qui peuvent les affecter tels que la variation des cours de matières premières, défaut de paiement d’un client important, fluctuation des taux de change ou d’intérêt, … Nous aborderons ces différents types plus en détail dans le chapitre dédié. - Risques de gestion des connaissances : ils concernent la maîtrise et la gestion efficace des connaissances et des savoirs de l’entreprise, leur production ainsi que leur protection, et leur communication. En effet, plusieurs facteurs externes peuvent affecter la gestion des connaissances, tels que la violation ou l’utilisation non autorisée de la propriété intellectuelle, les pannes de réseaux électriques ainsi que des facteurs internes tels que les pannes informatique ou le départ de personnes clés. - Risques de conformité : Il s’agit des risques liés aux aspects légaux et règlementaires (lois et leurs évolutions) en matières d’hygiène, de sécurité, d’environnement, de la publicité et protection des consommateurs, de protection des données, de pratiques sur l’emploi …aux sanctions administrative, judiciaire et disciplinaire encourues ou à la perte de réputation de l’entreprise qui peut en découler. Par exemple l’évolution des normes comptables pouvant générer un redressement fiscal, apparition d’une nouvelle loi qui règlemente un marché ou une profession (réglementation sur la profession libérale), évolution du droit du travail, … C’est cette typologie (selon les objectifs affectés) que l’on retrouve le plus souvent dans la littérature liée au management des risques. Dans notre module, nous nous intéresserons principalement aux risques opérationnels et financiers. Autres types de risques Dans la littérature, nous pouvons rencontrer d’autres concepts à savoir : - Risque inhérent (intrinsèque ou brut) : c’est le risque tel qu’il a été identifié sans aucune mesure de contrôle ou de prise en charge. La gestion des risques passe par l’identification de ce risque, son évaluation, et le choix d'une stratégie pour le maîtriser et le contrôler. - Risque résiduel : c’est le risque subsistant après que des mesures de prévention ont été prises, c'est- à-dire ce qui reste du risque après l’analyse des dispositifs de contrôle disponibles pour le maitriser ou après uploads/Management/management-des-risques-chapitre-1.pdf
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- Publié le Dec 10, 2021
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