2 - Analyse de quelques méthodes de FLE/S 2 Analyse de quelques méthodes de FLE

2 - Analyse de quelques méthodes de FLE/S 2 Analyse de quelques méthodes de FLE/S 15 2.1. Analyse de quelques méthodes de FLE/S Je vous rappelle que l'on avait vu que le mot « méthode » peut avoir plusieurs acceptions. Pour l'une d'elle celle qui nous intéresse ici, la méthode est le résultat de la méthodologie, le matériel didactique c'est-à-dire le manuel et les éventuels compléments tels que livre du maitre, cahiers d'exercices, enregistrements sonores, cassettes vidéos, etc. Le manuel est très important parce que quand vous serez embauchés ou quand vous serez stagiaire on vous présentera le manuel/la méthode avec lequel vous devrez travailler. Il se peut que le manuel soit imposé, comme c'est le cas par exemple de Forum qui est imposée pour des raisons purement commerciales dans les AF du Brésil. En effet, chaque chapitre comporte une section préparation au DELF et l'inscription au DELF en elle- même rapporte de l'argent. 2 cas de figure peuvent se présenter à vous : - le manuel est peu communicatif. En général dans ce type de manuel, les auteurs revendiquent une approche « claire » et/ou « structurée ». Cela veut dire que la communication y est réduite au minimum. Ce qui est clair et structuré c'est la grammaire dont on expose les règles. On est face à des dialogues anti-communicatifs du type : Salut Michel, ça va ? – non pas du tout et toi ? Il faut préférer des situations plausibles de communication qu'on peut trouver dans d'autres manuels ou improviser des mini-situations de présentation variée mettant en jeu des personnages. On peut aussi décider de passer directement à une unité plus avancée pour en extraire les dialogues qui ont un certain volume communicatif. - le manuel est trop « grammatical » c'est-à-dire qu'il comporte des exercices sur un point grammatical et insérés dans des mini-dialogues peu probables : « Pierre arrive à la gare ? non il arrive à l'aéroport ». Là on peut travailler sur la question et la transformer pour qu'elle soit plausible. En tout cas, on part de la grammaire et on la transforme pour qu'elle soit liée à une situation de communication cohérente. Mais si vous avez le choix de la méthode, il est important de pouvoir travailler de manière systématique c'est-à-dire de pouvoir faire une analyse comparée de ces méthodes étant donné l'offre foisonnante qui existe. Le choix d'un bon manuel est difficile d'autant plus en FLE où on a une prolifération de « nouvelles » méthodes. Il se peut aussi que votre employeur vous demande de tester une méthode en l'utilisant en classe. Il faut savoir aussi que les maisons d'éditions spécialisées renouvellent très souvent leurs collections, donc il y 15 a beaucoup de manuels sur le marché. => Il ne faut pas perdre de vue que c'est à l'enseignant de le compléter, de l'adapter, de le remplacer par d'autres supports si nécessaire. Les manuels ont de grandes qualités1 : ils fournissent à l'enseignant et à l'apprenant un référent commun, un cadre, un outil, mais aussi une méthode et une logistique pédagogiques clé-en-main. A l'époque des moyens techniques de plus en plus sophistiqués (bandes-sons, supports visuels...), et de l'urgence dans laquelle la croissance rapide de la demande de formation met les enseignants, c'est là un atout non négligeable. Mais, du coup, les manuels ont de gros défauts. Ils empêchent de travailler. Ils font des enseignants, et souvent des apprenants aussi, de simples exécutants, répétiteurs dépendants d'un outil, et non concepteurs d'un enseignement ou d'un apprentissage appropriés. Faute de bien connaitre les principes méthodologiques de fond du manuel, qui sont très rarement bien explicités, les enseignants de F.L.E. ne se les approprient pas toujours réellement. Alors, ils appliquent, dans l'ordre, et sans autre support, ni sans modifier quoi que ce soit au travail proposé. En passant exhaustivement par toutes les activités une après l'autre, ou pire en en piochant au hasard, parce qu'on n'a pas le temps de tout faire, quitte à ruiner complètement la progression méthodique de l'ouvrage. Ne parlons plus de différenciation pédagogique, ni de choix didactique... Il y a là pour les éditeurs, il faut bien le dire, un marché juteux. La concurrence est vive, les manuels édités sont nombreux. Et l'on sait bien vous séduire pour vous vendre des produits... dont l'attrait commercial n'est souvent pas fondé sur des critères didactico- pédagogiques pertinents, mais sur des apparences prosaïques (couleurs, format, qualité du papier, originalité, modernité technologique, cout...). A y regarder d'un peu près, et quand on sait comment cela se passe dans nombre de maisons d'édition, on se rend compte que les auteurs eux-mêmes ne sont hélas pas toujours particulièrement qualifiés. Et pourtant, un enseignant (a fortiori un auteur de manuel) doit être un double spécialiste : Un spécialiste didacticien, c'est-à-dire spécialiste des contenus de son champ d'intervention. Ici, de linguistique, de sémiotique, de socio-pragmatique, d'ethnosociologie, de critique littéraire, de français... Spécialiste de sciences de l'éducation, et donc de psychologie, de pédagogie, de communication, d'épistémologie... Et pourtant, un outil n'est efficace que lorsque l'on se l'est approprié, c'est-à-dire qu'on lui a imprimé sa marque personnelle. Enseigner, c'est choisir, c'est sélectionner, c'est trier. C'est poser soi-même ses objectifs, en fonction des apprenants. C'est déterminer avec eux les moyens les plus adaptés pour les atteindre. C'est évaluer avec eux cette atteinte et les perspectives de progression. De ce fait, on voit mal comment un manuel et un seul pourrait satisfaire tous les besoins, tous les publics, toutes les situations. Concrètement, un manuel ne peut être qu'une base dans laquelle on sélectionne des supports essentiels et cohérents, et dont on adopte éventuellement les principes méthodologiques. Il faut savoir en sortir, ajouter d'autres supports sélectionnés ailleurs, transférer des activités ou des contenus vers d'autres objectifs, réorganiser la démarche 1 - Ces propos et ceux qui suivent sont ceux de Philippe Blanchet. Analyse de quelques méthodes de FLE/S 16 pédagogique en fonction des besoins spécifiques du groupe, en fonction d'options didactiques particulières. Un manuel est un outil au service de l'enseignement et de l'apprentissage. Il ne doit pas en être le maitre. Enfin, tous les manuels ne se valent pas. « Grille d'analyse » de manuels Quels sont les points à observer face à un manuel ? une méthode ? Remarque préliminaire : Tous les outils d'observation reflètent les préoccupations de l'époque de leur conception : il est donc légitime que certaines rubriques soient plus développées que d'autres. Ce qui suit n'est qu'une présentation parmi d'autres. 1. Fiche signalétique : titre, auteur(s), ses (leurs) qualifications, maison d'édition, date (s), connotations suggérées par le titre, présentation matérielle Un des critères qui jouent dans le choix des enseignants, est celui de l'intérêt et du plaisir et donc ce choix passe par les qualités esthétiques de l'ouvrage (couleurs, mise en page aérée). Or ce peut être important pour de jeunes enfants mais aussi pour des débutants en français. Le livre doit aussi être adapté au programme qui émane du MEN. 2. Descriptif du matériel didactique, pour l'enseignant, pour l'apprenant. a. La présentation générale : - préface du manuel ou du livre du professeur, - relevé des indications diverses et des prises de position méthodologique (voir si la déclaration d'intention correspond ou pas au contenu il y a toujours des critères éditorialistes), théories de référence - table des matières et autre plan, - introduction et commentaire pédagogiques - présence d'index thématiques, de tableaux de grammaire / conjugaison, de glossaire, d'annexes... - contenu iconographique (illustrations, photos, documents authentiques...), son rôle Remarques : En ce qui concerne l'image, elle occupe une place importante en didactique des langues. Les images fixes notamment, présentes dans les manuels peuvent servir divers objectifs. Par exemple, elle peut illustrer un référent du signe linguistique et permettre ainsi la présentation et la compréhension directement sans recours à la métalangue (exemple dans certains dictionnaires pour enfants). Des dessins plus riches ou des photos servent à faciliter l'accès à une situation de communication et à la compréhension des échanges. Rôle de l'image : types d'images, rapport texte/image (aide à la compréhension, commentaire, point de départ d'exercices, illustrations en complément à un texte, etc.), caractéristique authentique ou non des documents ? notez que les éditeurs évitent souvent les documents authentiques parce que les droits d'auteur coutent cher. Actuellement on utilise beaucoup le document authentique qui a une valeur Analyse de quelques méthodes de FLE/S 17 documentaire et pédagogique certaine si on l'utilise bien. Pour les plus petits par contre il est indiqué de choisir un manuel adapté à l'environnement social et culturel dans lequel ils vivent. Par exemple pour l'Afrique francophone il existe la collection Tam-Tam qui reflète les réalités africaines. On peut en effet postuler que les petits comprendront mieux si leur vie est exposée dans un livre. On peut élargir ce principe au FLE : vaut-il mieux utiliser un manuel de FLE à vocation « internationale » importé de France ou un manuel local ? Un argument pour est que les cours sont adaptés aux mentalités du pays, aux difficultés des apprenants en fonction de leur uploads/Management/ 02-methode-fle-s.pdf

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  • Publié le Jui 16, 2021
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