Les cahiers techniques Cogépêche Les circuits de commercialisation des produits

Les cahiers techniques Cogépêche Les circuits de commercialisation des produits de la mer en Bretagne Un autre objectif de ce livret est d’identifier quels sont les leviers et les axes sur lesquels il est possible d’agir pour que cette commercialisation participe au mieux à une valorisation optimale des produits débarqués en Bretagne et à la répartition de la valeur ajoutée tout au long de la filière. La Bretagne est caractérisée par une très forte richesse et diversité de production. Plus de 60 espèces de poissons, crustacés, coquillages et céphalopodes sont débarqués dans les ports du territoire, et aucune n’est majoritaire dans les débarquements, que ce soit en volume ou en valeur. Tous les types et métiers de pêche contribuent à cette richesse : pêche dite côtière et pêche hauturière, chalutiers, fileyeurs, caseyeurs, ligneurs, bolincheurs, etc. Il existe dans la région des « pôles » de production plus ou moins spécialisés sur certains métiers et certaines espèces : la coquille Saint-Jacques dans les Côtes d’Armor, la sardine et autres poissons bleus à Douarnenez et Saint-Guénolé, la lotte dans les ports bigoudens, le congre à Quiberon, etc. Ce livret s’attache à analyser comment sont actuellement commercialisés les produits de la mer en Bretagne, du débarquement jusqu’à l’assiette du consommateur et ainsi de mettre en avant les différents circuits de commercialisation qui existent pour la filière du frais. Tout au long de ce cahier, il s’agira également d’apporter des éléments de réponses à la question suivante : La contractualisation est-elle un des moyens de valorisation des produits de la mer bretons ? Question qui a été une des questions abordées lors des entretiens menés dans la cadre du projet Cogépêche au niveau de tous les maillons de la filière. Organisation de la filière des produits de la mer frais et relations commerciales entre les acteurs en Bretagne Halles à marée Pêcheurs Mareyeurs Centrales d’achat Grandes et moyennes surfaces Consommateurs Restauration hors-domicile Poissonniers indépendants Vente directe Pour les enseignes décentralisées Contractualisation Contractualisation ou vente informelle « directe » Contractualisation ou vente informelle « directe » Principale source d’approvisionnement Vente aux enchères Principaux acheteurs en halles à marée Principale source d’approvisionnement Restauration collective et restaurants Dans les poissonneries et sur les marchés principalement Dans les rayons marée traditionnels et les rayons libre-service LA PREMIÈRE VENTE : QUELS SONT LES CHOIX POUR LE PRODUCTEUR ? 4 La vente directe ����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������4 La vente aux enchères en halle à marée����������������������������������������������������������������������������������������������������������4 La vente de gré à gré sous mandat d’une halle à marée����������������������������������������������������������������������������������7 La vente de gré à gré sans passage des produits en halle à marée������������������������������������������������������������������8 LE COMMERCE B TO B : QUELS CIRCUITS DE COMMERCIALISATION POUR LES PRODUITS BRETONS ? 9 UNE FILIÈRE EN PHASE DE STRUCTURATION 13 Sommaire La première vente : quels sont les choix pour le producteur ? La vente directe de produits de la mer correspond à la commercia­ lisation sans intermédiaire entre le producteur et le consommateur final des produits. Pour le pêcheur, cette vente directe est réglemen­ tée et doit s’effectuer dans un cadre précis : elle doit avoir lieu direc­ tement à certains endroits, ne doit pas excéder un certain volume, être réalisée dans certaines conditions d’hygiène, et le poisson ne doit pas être transformé… Selon les façades maritimes, le type de pêche pratiquée, ou encore la saison, la vente directe concerne plus ou moins de producteurs et des volumes plus ou moins importants. Le choix pour un producteur de se lancer dans l’activité de vente directe peut correspondre à plusieurs stratégies. Ce peut être une activité régulière, permettant d’écouler tout ou partie des volumes pêchés, comme c’est le cas sur la façade méditerranéenne ou en­ core sur certaines îles bretonnes, où le réseau de halles à marée est très distendu. En général, c’est plutôt une activité de diversifi­ cation pratiquée car elle apporte un revenu complémentaire. Enfin, ce peut être une activité saisonnière comme sur certaines zones en Bretagne où elle est plus pratiquée en saisons touristiques ou aux moments des fêtes de fin d’année (comme pour la Coquille Saint- Jacques), même si certains producteurs la pratiquent toute l’année. Dans tous les cas, cette activité demande un investissement per­ sonnel en temps et en énergie important de la part du producteur. LA VENTE DIRECTE 4 Une fois ses produits débarqués, le pêcheur a à sa disposition plusieurs choix pour assurer leur première commerciali­ sation. C’est à ce niveau que les produits s’engagent dans des circuits plus ou moins longs, faisant intervenir différents acteurs de la filière des produits de la mer. Les différentes stratégies de vente directe (Hénichart et Lesueur, 2011) LA VENTE AUX ENCHÈRES EN HALLE À MARÉE En Bretagne, le circuit classique de commercialisation des produits de la mer frais est la mise aux enchères par l’intermédiaire d’une halle à marée. La halle à marée est l’interface entre l’amont de la filière - la pêche - et l’aval - la commercialisation et la transfor­ mation du poisson. C’est un organe essentiel dans la structuration et dans l’organisation actuelle de la filière des produits de la mer frais. Le littoral français compte une quarantaine de halles à marée qui drainent les produits de plusieurs points de débarquements alentours. Dans les quinze halles à marée bretonnes, ce sont en moyenne 70 % des produits débarqués qui sont vendus aux en­ chères (de 30 % à la totalité des débarquements selon les halles à marée, données issues des enquêtes menées au cours du pro­ gramme Cogépêche). Les halles à marée prennent en charge les produits de leur dé­ barquement à leur remise aux acheteurs, voire même parfois à leur expédition aux clients, en passant par la pesée, le tri, l’allo­ tissement, la déclaration des volumes, la vente. Selon les types de pêche pratiqués par les navires qui vendent dans la halle à marée, il peut y avoir une ou plusieurs ventes par jour. En effet, les produits côtiers, hauturiers et de bolinche font souvent l’objet de ventes dif­ férentes, à des moments distincts de la journée, qui dépendent de l’organisation des sorties de pêche, des marées, du moment d’arrivée des navires au port. En général, les ventes ont lieu tôt le matin, entre trois et six heures. Les produits hauturiers se vendent presque systématiquement tôt le matin. Certaines halles à marée choisissent de vendre les produits côtiers dans l’après-midi, entre quinze et seize heures (c’est le cas de quelques ports bigoudens ou Rôle des halles à marée et organisation des ventes Activité régulière Activité de vente ponctuelle Stratégie de diversification des activités Activité saisonnière ou en période de fête Stratégie opportuniste Activité en réaction aux problèmes de commercialisation Stratégie de gestion de crise 5 PRÉVISION DES APPORTS ET PRÉVENTE AUX ENCHÈRES La vente à distance a ouvert la voie à une unification des places de marché au niveau régional, voire national. C’est une façon de répondre au besoin de praticité des acheteurs, en leur donnant accès à plusieurs places de vente simultanément et en forçant la normalisation des lots nécessaire à l’achat de marchandise sans la voir au préalable. Dans un objectif d’amélioration de l’efficacité de la première vente des produits de la mer, une prévision fiable et régulière des apports dans les halles à marée françaises, 48 heures à 72h pour la pêche hauturière, serait nécessaire. Elle pourrait aussi ouvrir la voie à un autre mode de commercialisation : la prévente de produits de la mer frais. C’est un système qui permet de rendre « visible » et prévisible un stock dit flottant, c’est-à-dire des volumes encore non débarqués, voire non pêchés, et de les vendre aux enchères. L’objectif serait de lisser les volumes vendus et les prix des produits débarqués dans une halle à marée. Pour qu’un système comme la prévente aux enchères fonctionne, un prérequis est nécessaire : l’augmentation de la visibilité des opérateurs sur les apports disponibles. Peu d’opérateurs enquêtés ont mis en place leurs propres systèmes individuels de prévision des apports, mais une grande majorité utilise les services de prévision des apports plus ou moins développés proposés par les halles à marée (comme par exemple la plate-forme w-fish mise à disposition par la Chambre de commerce et d’Industrie de Cornouaille pour tous les ports de Douarnenez à Concarneau) ou le système développé par l’organisation de producteurs d’Yeu, fusionnée avec l’organisation de producteurs de Vendée depuis janvier 2013. La prévision des apports est, en effet, un aspect crucial pour les opérateurs aval de la filière dans l’exercice de leur métier qui en ont besoin et expriment le manque à l’heure actuelle de systèmes de prévision des débarquements fiables, efficaces et généralisés pour l’ensemble des halles à marée. encore de Saint-Malo par exemple). Le nombre de navires vendeurs dans une halle peut, en effet, varier d’une vingtaine à Quiberon ou Saint-Malo, jusqu’à 300 à Lorient. Des halles à marée spécialisées La Bretagne se caractérise par des pôles leaders sur certaines es­ pèces. Certaines halles à marée sont en quelque sorte spécialisées, même si ces espèces se retrouvent dans d’autres halles à marée et de très bonne qualité uploads/Marketing/ les-circuits-de-commercialisation-des-produits-de-la-mer-en-bretagne.pdf

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  • Publié le Nov 24, 2021
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