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ARTICLE IN PRESS G Model L’´ evolution psychiatrique xxx (xxxx) xxx–xxx Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect et également disponible sur www.em-consulte.com Article original Le « soi territorial » : propositions théoriques à partir d’une compréhension phénoménologique de la schizophrénie The “Territorial self”: Theoretical proposals from a phenomenological understanding of schizophrenia Jérôme Englebert (PhD) (Chargé de cours, Centre de recherches pénalité, sécurité et déviances (Université Libre de Bruxelles), Centre de recherche interdisciplinaire sur la déviance et la pénalité (Université Catholique de Louvain) et Centre de recherches phénoménologiques (Université de Liège), Belgique) ∗ École de criminologie (ULB), avenue Franklin-Roosevelt, 50 (campus du Solbosch – bâtiment H – 5e niveau), 1050 Bruxelles, Belgique i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Rec ¸ u le 26 janvier 2021 Accepté le 15 mars 2021 Mots clés : Soi Soi minimal Soi narratif Soi territorial Territorialité Phénoménologie r é s u m é Objectifs. – Cette contribution théorique discute de l’intégration d’un « soi territorial » aux côtés des soi minimal et narratif classi- quement décrits par la phénoménologie contemporaine et utilisés par la psychopathologie phénoménologique. Méthode. – Nous partons de l’expérience schizophrénique et des outils de compréhension de celle-ci pour mettre en évidence cer- taines limitations s’inscrivant autour du recours au discours dans le dispositif clinique pour évoquer des phénomènes a priori pré- langagiers.  Toute référence à cet article doit porter mention. Englebert J. Le « soi territorial » : propositions théoriques à partir d’une compréhension phénoménologique de la schizophrénie. Evol Psychiatr 2021 ;86(4) : pages (pour la version imprimée) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique). ∗Auteur correspondant. Adresse e-mail : jerome.englebert@uliege.be https://doi.org/10.1016/j.evopsy.2021.03.011 0014-3855/© 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. EVOPSY-1331; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS G Model J. Englebert L’´ evolution psychiatrique xxx (xxxx) xxx–xxx Psychopathologie Schizophrénie Résultats. – Ce cheminement théorique, qui a pour incidence de rendre nécessaire une ouverture à l’observation clinique et à l’intersubjectivité, conduit à des implications nosographiques et thérapeutiques qui nous semblent utiles à la perspective phéno- ménologique. Discussion. – D’un point de vue nosographique, nous discutons des recouvrements (non systématiques) entre expérience schizo- phrénique et expérience psychotique alors que, d’un point de vue thérapeutique, la proposition du soi territorial permet d’insister sur le fait que la relation clinique se caractérise, tant par une analyse de l’expérience et un discours à son propos, que par une pratique et un vécu expérientiel conjoints nécessitant le partage d’un espace commun. Conclusions. – La proposition théorique du « soi territorial » se révèle féconde et heuristique pour approfondir les débats nosographiques dans le domaine de la psychose, et pour contribuer à une réflexion sur la pratique de la psychothérapie. © 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Keywords: Self Minimal self Narrative self Territorial self Territoriality Phenomenology Psychopathology Schizophrenia a b s t r a c t Objectives. – This theoretical paper discusses the integration of a “territorial self” alongside the minimal and narrative selves most commonly described by contemporary phenomenology and used by phenomenological psychopathology. Methods. – We start from the schizophrenic experience and the tools for understanding it, in order to highlight some limitations in the use of vocal communication within the clinical system to evoke phenomena that are a priori pre-linguistic. Results. – This theoretical path, which requires an openness to cli- nical observation and intersubjectivity, leads to nosographic and therapeutic implications that seem useful to us from a phenome- nological perspective. Discussion. – From a nosographic standpoint, we discuss the (non- systematic) crossovers between the schizophrenic experience and the psychotic experience; whereas, from a therapeutic standpoint, the proposal of the territorial self allows us to insist on the fact that the clinical relationship is characterized as much by an analysis of experience and a discussion about it as it is by a joint practice and an experiential experience requiring a common ground. Conclusions. – The “territorial self” proves to be a fruitful and heu- ristic theoretical proposal, enriching nosographic debates in the field of psychosis, and contributing to a reflection on the practice of psychotherapy. © 2021 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction L’objectif de cette contribution est, en partant des connaissances sur la compréhension phénoméno- logique de la schizophrénie, de discuter, d’un point de vue théorique, de l’articulation soi minimal/soi narratif et de proposer l’intégration d’un « soi territorial », à propos duquel nous proposerons une défi- nition et montrerons en quoi ce dernier ne peut être dissout dans ces deux dimensions extrêmes de l’ego. Enfin, nous évoquerons les implications nosographiques et thérapeutiques de ces propositions en prenant, comme question centrale, le fait de savoir si la relation clinique se caractérise par une 2 ARTICLE IN PRESS G Model J. Englebert L’´ evolution psychiatrique xxx (xxxx) xxx–xxx analyse de l’expérience et un discours à son propos et/ou par une pratique et un vécu expérientiel conjoints nécessitant le partage d’un espace commun. 2. Apports et limites des échelles EASE et EAWE Une manière féconde et aujourd’hui reconnue de pratiquer la clinique schizophrénique, dans une perspective phénoménologique, est d’utiliser les échelles EASE ou Évaluation des anomalies de l’expérience de soi [1] et EAWE ou Évaluation des anomalies de l’expérience du monde [2]. Centrés sur la perspective en première personne, EASE et EAWE sont des outils basés sur le récit que produit le sujet à propos de son expérience (nous ne détaillons pas ces deux outils bien connus et renvoyons, outre les articles originaux, à [3,4]). La cotation et l’interprétation des différents items (répartis et organisés en domaines) se basent sur les descriptions de l’expérience du sujet. Si cette démarche est précieuse, et que la dimension narrative occupe une place fondamentale dans la compréhension du fonctionnement du sujet, il est évident qu’il ne s’agit pas de l’unique source d’informations concernant les manières concrètes qu’a une personne d’entrer en contact avec son interlocuteur et son environne- ment. La dimension non verbale, les interactions corporelles, les modalités d’échanges relationnels – ce que nous avons appelé dans d’autres travaux [5,6], en nous référant à la philosophie de Deleuze, la territorialisation – sont autant d’indices décisifs de la subjectivité et de l’expérience. La démarche cli- nique est, en effet, généralement enrichie par une analyse minutieuse de cette dimension essentielle de l’expérience du sujet révélant des informations qui ont au moins autant de valeur (mais a priori de degré différent) que le discours porté en première personne. L’apport décisif des échelles EASE et EAWE signe précisément leur difficulté méthodologique en rai- son du fait que toutes deux ciblent leur intervention au niveau de la dimension narrative et du discours du sujet. Ces deux échelles reposent sur l’hypothèse implicite qu’il y a une corrélation suffisamment élevée, entre ce que vit la personne et ce qu’elle pense, et exprime à propos de ce vécu–ces deux dimensions n’étant d’ailleurs pas, elles-mêmes, superposables. Il est raisonnable de penser qu’une personne ne verbalise jamais de fac ¸ on parfaitement fidèle, ce qui résulte de son activité idéationnelle, tout comme son activité réflexive, n’est pas strictement superposable à la complexité de l’expérience vécue. Par ailleurs, et nous y reviendrons, ces échelles reposent également sur l’hypothèse convain- cante que cette verbalisation présente un effet bénéfique pour le patient ou, du moins, que l’échange qui émane de l’interaction entre ce dernier et le clinicien est susceptible de favoriser sa prise en charge (ne fût-ce que parce qu’un discours commun sur le vécu est amorcé avec des patients qui sont souvent en rupture à ce sujet). Dans une recherche récente [7], nous avons mis en lumière et discuté les apports des échelles EASE et EAWE, mais aussi les limitations inhérentes à la perspective en première personne. Nous suggérions, dans ce travail, que l’ajout d’une dimension « observée » concernant les items de ces échelles, permettrait d’améliorer la compréhension globale de la personne en fournissant un aperc ¸ u, non seulement du récit expérientiel du patient, mais aussi de l’expérience vécue de l’espace et de l’interaction sociale ou encore comportementale. Dans ce contexte, il apparaît raisonnable de penser que l’un des défis futurs de la psychopathologie phénoménologique consiste à intégrer l’observation clinique (éthologique) dans les études focalisées sur la perspective en première personne [5,8–10]. Le vécu de « perte de sens commun » (qui est un item central de l’échelle EASE) se prête particulièrement à cette réflexion. Il est fréquent (pour ne pas dire systématique) de souligner la place centrale qu’occupe une telle expérience dans la vie des sujets schizophrènes. Celle-ci peut être verbalisée et décrite par le patient (« J’ai du mal à comprendre les autres, à savoir comment me comporter en leur présence », « Les règles sociales sont un problème pour moi car, si elles ne sont pas clairement verbalisées, je ne les devine pas », « Je ne sais jamais comment me positionner adéquatement quand je suis face à quelqu’un, j’ai du mal avec les distances attendues »), mais la perte de sens commun est souvent vécue de fac ¸ on prioritaire dans uploads/Philosophie/ le-soi-territorial-propositions-theoriqu.pdf

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