H é r i t a g e S p i r i t u e l 1 Émir 'Abd Al-Qâdir Al-Jazâ'irî L e L ivre d
H é r i t a g e S p i r i t u e l 1 Émir 'Abd Al-Qâdir Al-Jazâ'irî L e L ivre des H altes Tome II de 20 à 66 Kitâb al-M awâqif Traduction, introduction et annotation Max GIRAUD ALBOURAQ H é r i t a g e S p i r i t u e l Émir 'A bd Al-Qâdir Al-Jazâ'irî Le Livre des H altes Kitâb al-Mawâaif Tome II X J de 20 à 66 Traduction, introduction et annotation par Max GIRAUD Avec ce tome II du Livre des Haltes nous poursuivons la traduction intégrale de l’ouvrage de l’Emîr ‘Abd-al-Qâdîr al-Jazâ’irî, dont l’autorité ^impose naturellement à tous ceux qui s’intéressent à la métaphysique et à l’initiation sous sâ forme islamique, mais aussi sous d’autres expressions traditionnelles. La clarté intellectuelle de l’enseignement de l’Émîr, essentiellement tourné vers la connaissance de la seule Réalité permet, èn effet, de constater combien la synthèse ultime de la Révélation islamique, comprend les doctrines des métaphysiciens considérés comme les plus hautes autorités dans d’autres traditions orthodoxes. i JÈ jël présent tomet^üÜeïit la traduction des Haltësi20 précédée d’une introduction Concernant particulièrement la doctrine de la Wahdah al-W ujûd établissant la Non-Dualité de la Réalité. *6€ www.albouraq.com ïAIhxnq INTRODUCTION Wahdah al- Wujûd La lecture de l’ensemble des Mawâqif peut donner l’impression que l’Émir se répète et revient toujours sur le même sujet. Ce n’est pas faux, si l’on considère que le but de ses écrits est de ramener sans cesse la conscience du lecteur à la reconnaissance de l’“Unicité” (Unité) ou “Non-Dualité de la Réalité”, si l’on peut tenter de traduire ainsi la notion de Wahdah al-Wujûd qui s’est imposée dans l’école akba- rienne pour définir la métaphysique de l’Un et de l’Identité Suprême (Tawhîd)*. L’expression Wahdah al-Wujûd, telle quelle, n’est d’ail leurs pas employée dans les écrits d’Ibn ‘ Arabî, ainsi que le fait ob server Michel Chodkiewicz1 2. Toutefois, on trouve celle de Wahdah 1 - Selon Michel Vâlsan, d’une part le Tawhîd « est attestation de l’Identité Suprême sur le plan métaphysique et initiatique » (Ibn ‘Arabî, Le Livre de l’ extinction dans la contemplation, p. 11, Éd. de l’Œuvre, Paris* 1984) ; d’ 'autre part, « la doctrine de l’Identité Suprême est celle de la Wahdah al-Wujûd » (L ’ Islam et la fonction de René Guénon, p. 19, Éd. de l’Œuvre, Paris, 1984). 2 - Les Illuminations de La Mecque, p. 495, n. 81, Éd. Sindbad, Paris, 1988. Rappelons que lorsque nous sommes àmetié à citer les Futûhât al-Makkiyyah dans leur forme arabe, nous renvoyons, pour des raisons pratiques, à l’édition Dâr Çâdir en quatre volumes. Il n’est pas inutile de rappeler à ce sujet quelques éléments indispensables. On accède au texte des Futûhât al-Makkiyyah par deux moyens : des éditions et des manuscrits, les premières étant tributaires des seconds. L’affaire est» de plus, compliquée par le fait qu’il y a eu, selon Mi chel Chodkiewicz, deux rédactions des Futûhât du vivant d’ Ibn 'Arabî. Le Shaykh al-Akbar, en effet, écrivit une première version entre 598 H. et 629 H., puis la version révisée défini tive, terminée en 636 fi„ deux ans avant sa mort. Les différentes éditions ou manuscrits se réfèrent à l’une ou l’autre de ces deux rédactions. La première édition du Caire de 1269 H. est introuvable aujourd’hui. Elle semble avoir été très fautive au point que l’Émîr ‘Abd al- Qâdir envoya deux de ses compagnons à Konya pour faire la comparaison avec les manus crits originaux ou très anciens, dont l’un est de la main d’fbn ‘Arabî et constitue la version définitive des Futûhât. C’est sur la base de cette collation qu’a été constituée l’édition de 1329 H. dont celle de Dâr Çâdir est la reprise à l’identique. Cependant, entre 1269 H. et 8 LE LIVRE DES HALTES Wujûdi-Ka, « l’Unité de Ta Réalité », dans certaines versions des orai sons quotidiennes (awrâd), celle du vendredi soir3. Cette mention unique, à notre connaissance, de Wahdah Wujûdi-Ka, qu’avait déjà signalée Maurice Gloton4, ne remet évidemment pas en cause l’ob servation générale de Michel Chodkiewicz. L’Émîr, lorsqu’il emploie l’expression de Wahdah al-Wujûd, ainsi qu’on a pu le constater dans le Mawqif 3, s’en sert pour indiquer la doctrine métaphysique5. Cette dernière peut se résumer ainsi : il n’y a qu’une seule Réalité inconditionnée et infinie en Soi, qui S’autodé termine, ou S’autoconditionne, en des états multiples relatifs com prenant une indéfinité de degrés, d’aspects et modalités limités. Chez les maîtres qui la professent, dans toutes les traditions d’ailleurs6, elle n’est jamais le résultat d’une recherche philosophique, théologique, 1329 H. une autre édition est parue au Caire, en 1293 H., à partir d’un manuscrit de la première rédaction des Futûhât corrigé de la main d’An-Nâbulusî (1641-1731). Toutes ces éditions comportent des fautes, celle de Dâr Çâdir étant peut-être plus défectueuse sous ce rapport* mais il ne faut pas oublier quelle est basée sur la rédaction définitive de l’ouvrage, ce qui n’est pas le cas de l’édition de 1269 H. du Caire. L’édition qui doit faire référence est celle, malheureusement inachevée, d’Osman Yahya basée sur le manuscrit autographe d’ Ibn Arabi donnant sa dernière version de l’ ouvrage, et sur d’ autres manuscrits très anciens, dont l’un (le ms. de Beyazid) serait une copie de la première version des Futûhât. Si l’on considère la totalité de l’ouvrage, le manuscrit autographe EvkafMusesi de Konya fait autoritépuisqu ’ il "abroge ” la première version par la main même de l’ auteur. 3 - D’autres versions donnent : wahdah uiujûdî, « l’unité de ma réalité ». Sur ces oraisons, voir : Osman Yahya, Histoire et classification de l’ oeuvre d’ Ibn Arabi, vol. I, pp. 173-175, Damas, 1964 ; Michel Chodkiewicz, Studia Islamica, n° 94, 2002, pp. 203-205, compte rendu de la traduction anglaise de cet ouvrage, parue sous le titre The seven Days ofthe Heart (par Fablo Beneito et Stephen Hirtenstein, Anqâ Publishing, Oxford, 2000). En 1949, Michel Vâlsan a présenté et traduit deux « Oraisons de jour » : celles du dimanche et du jeudi (Etudes Traditionnelles, pp. 251-266). Il précisait alors que ces Oraisons méta physiques sont « consacrées exclusivement au Tawhîd le plus transcendant, c’est-à-dire à la doctrine de l’Identité Suprême ». Il poursuivait : « Leur valeur est accrue par le fait qu’elles constituent en même temps un précieux exemple d'adab spirituel, de “bonnes manières” dans les rapports avec la Divinité » (p. 252). AbdAllah Penot a traduit ces oraisons sous le titre Par-delà le miroir, Éd. Entrelacs, Paris, 2012. 4 - Ibn ‘Arabi, La Production des Cercles, p. XXIII, Éd. de L’Éclat, Paris, 1996. 5 • Cf. notre traduction du Livre des Haltes, tome I, Albouraq, 2011. 6 - Dans leurs enseignements, c’est le fond de la doctrine, dans son aspect métaphysique ul time, qui est identique. Dès que l’on sort de ce point de vue, la description et l’explication des aspects non suprêmes sont “teintées” par les dispositions générales propres à chaque tradition, sans pour autant que ces différences soient irréductibles, puisque les aspects mé taphysiques de l’Unité se reflètent dans tous les degrés et toutes les modalités de la Réalité. INTRODUCTION 9 OU d’un quelconque raisonnement mental, mais bien l’expression d'une réalisation spirituelle directe. Une telle “actualisation” n’est en ftlt que la prise de conscience7 qui autorise certains à rendre compte de la structure de la Réalité sous les divers aspects quelle peut pré senter ; elle est aussi la seule qui puisse résoudre les contradictions Inhérentes aux autres points de vue plus limités. m ijû d Aucun terme français n’est satisfaisant, selon nous, pour traduire le mot wujûd : tiré de la racine W.J.D., ü désigne tout d’abord f“acte de trouver”, de “ressentir”, le “fait de faire l’expérience de quelque chose”. Il est rendu habituellement par “existence” ou “Existence”, "être” ou “Être** toutes traductions possibles selon le degré de réa lité auquel on veut l’appliquer, mais qui ne sont pas sans soulever quelques difficultés lorsqu’il s’agit de réserver cette notion à la doc trine purement métaphysique8. Ainsi, la traduction du mot wujûd, par "être” ou “Être”, bien que coïncidant dans son sens étymologique àvec la racine arabe, peut sembler inappropriée eu égard aux limita tions que peut recevoir la notion d’“être”, ou d’“Être”, au point de Vue métaphysique pur9. Le terme “réalité”, que nous utilisons pour rendre wujûd, n’est pas non plus indemne de risques de confusions, comme l’a fait remar quer encore René Guénon10, sauf quand on le conçoit métaphysi quement, au-delà de toutes les limites dans lesquelles l’enferment nos moyens de connaissance conditionnés. C’est d’ailleurs ainsi qu’il s’en 7 ■ Cf. la Halte 46 dans ce volume. « C’est la prise de conscience effective des états supra- Intllvlduels qui est l’objet réel de la métaphysique, ou, mieux encore, qui est la connaissance métaphysique elle-même » (René Guénon, La métaphysique orientale, pp. 11-12). Il s’agit M « la prise de conscience de ce qui est, d’une façon permanente et immuable, en dehors ov toute succession temporelle ou autre, car uploads/Philosophie/ abd-al-qadir-al-jaza-x27-iri-livre-des-haltes-tome-2-trad-max-giraud.pdf
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- Publié le Jul 15, 2022
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