Rapport d’activités 2005-2006 Conseil de presse du Québec /3 Avant-propos a mis
Rapport d’activités 2005-2006 Conseil de presse du Québec /3 Avant-propos a mission du Conseil de presse paraît simple : protéger la liberté de presse et le droit du public à une information de qualité. C’est en effet, une mission simple qui évolue dans un monde complexe, celui des médias et de la perception que le public en a. Les moyens que nous déployons pour la remplir sont efficaces, mais limités en fonction des ressources financières et matérielles dont nous disposons. À la lecture de ce rapport d’activités pour l’année 2005-2006, nous dressons un bilan de nos activités, de nos projets de développement et de notre situation financière. Pour mettre ces objectifs en œuvre, le Conseil agit comme tribunal d’honneur de la presse québécoise tant écrite qu’électronique, il émet des avis sur diverses questions ou pratiques en lien avec sa mission. L’essentiel de ses activités se concentre sur le processus de gestion de dossiers de plaintes. Notre but : offrir un mécanisme simple, rigoureux, efficace aux plaignants, aux journalistes et entreprises mis en cause. Aux yeux du Conseil de presse, seule une information de haute qualité, balisée par des normes déontologiques reconnues, assurera aux journalistes et aux médias le respect, la crédibilité et l’adhésion du public. L Rapport d’activités 2005-2006 Conseil de presse du Québec /4 LE CITOYEN AU CŒUR DE NOS PRÉOCCUPATIONS Rapport d’activités 2005-2006 Conseil de presse du Québec /5 Le message du président lusieurs événements ont marqué l’activité des médias au cours de l’année. Curieusement, un des aspects qui a retenu le plus notre attention n’est pas directement généré par les médias, mais bien par la réaction que certaines institutions publiques ont eue à l’égard de la presse. Le rôle de l’État et son obligation d’informer la population ont suscité de nombreux échanges autour de la table du Conseil. Si le rattachement des agents de communication au Conseil exécutif, fut rapidement expliqué lors d’une rencontre avec le Secrétaire général du gouvernement du Québec, l’attitude du Premier ministre du Canada face aux journalistes de la presse parlementaire laisse plusieurs questions sans réponses. La décision de la mairesse de Québec de ne plus accorder un temps d’examen à la presse, lors de la présentation du budget, illustre un autre aspect de la problématique qui nous préoccupe. Certaines décisions du gouvernement Harper, par exemple, sont-elles compatibles avec le principe généralement reconnu du devoir d’informer? De façon plus précise, devons-nous aborder le rapport entre l’État et les médias sous l’angle d’une activité fondamentale, exempte de contraintes comme le souhaite la Banque mondialei? Serait-il plus pertinent d’aborder cette affaire selon la notion de responsabilitéii? Doit-on s’inscrire dans une perspective historique et interroger ce que Bernier identifie comme la perspective de marketing gouvernemental et l’ambiguïté qu’elle véhicule entre le politique et la gouvernance de l’Étatiii? La solution pourrait- elle se trouver dans la dimension juridique; existe-t-il un principe de droit qui donne les balises au rôle de l’État dans son obligation d’informeriv? La loi sur l’accès à l’information, à elle seule, peut- elle offrir les garanties nécessaires pour préserver le principe fondamental du droit du public à l’information? On le voit bien, le questionnement de l’information entre l’État et le citoyen soulève des points très pertinents, mais le Conseil de presse n’est pas un organisme qui prétend avoir toutes les réponses. En fait, c’est le Conseil lui-même qui se trouve ici questionné sur l’exercice de son propre champ d’activités. Pouvons-nous juger toutes les actions de communication à l’aide de nos seules références déontologiques? Poser cette question c’est aussi en poser une autre, comment se fait-il que nous ne possédions pas un outil intégré à notre mission pour examiner une activité publique, qui n’est pas journalistique, mais qui porte conséquence en regard du droit à l’information? Pour éclaircir le débat, rappelons d’abord le caractère général de la mission du Conseil qui est de veiller à ce que le public reçoive une information libre, juste et de qualité. Dès notre fondation, nous avons institué un « tribunal d’honneur » qui étudie les plaintes concernant l’activité des médias d’information. Ces plaintes nous parviennent de tous les horizons de la société québécoise. La référence pour juger de telles plaintes est le guide déontologique Droits et responsabilités de la presse (DERP). Il est important de noter que notre jugement est ici balisé, ni plus ni moins, par un guide de bonnes pratiques dédié à l’activité spécialisée que constitue le travail des journalistes et des médias d’information. Mais, depuis sa création, le Conseil s’est aussi donné comme mission de conseiller la société civile sur des questions qui interpellent le droit du public à une information juste et de qualité. Si dans le cas de l’activité journalistique et médiatique nous avons une balise solide, en l’occurrence le DERP, qu’en est-il de ce second mandat? Sur quels critères ou sur quelles procédures pouvons-nous nous appuyer pour juger toutes les formes d’actions, qui débordent du cadre médiatique, mais qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur notre champ d’action, sur cet aspect essentiel que constitue l’information des citoyens? Sommes-nous devant le constat qu’une « brique » manque à l’édifice du Conseil pour mieux exercer son mandat? Je crois que oui. P Rapport d’activités 2005-2006 Conseil de presse du Québec /6 Tous auront bien compris que, dans un tel édifice, les « briques » ne peuvent pas être semblables. Il ne peut y avoir un guide unique de référence pour toutes les actions en société comme c’est le cas du DERP, puisque l’action étudiée n’est pas restreinte à un groupe d’individus ou à un métier comme celui de journaliste. Nous devons donc nous doter d’une procédure nouvelle capable de juger l’action de quiconque dont les actes peuvent avoir des conséquences sur le droit du public à l’information. C’est bien là une difficulté majeure dans la conceptualisation d’une éthique appliquée. Fort heureusement, d’autres avant nous ont été confrontés à ce problème et l’éthique de la communication publique a été balisée. Gilles Gauthierv a fait de ce domaine son objet de recherche. Dans un article publié dans Communication publique et société, il effectue une rétrospective très articulée de l’éthique publique. Il offre une piste intéressante au problème que nous rencontrons : la boîte de Potter. Ralph B. Pottervi est professeur émérite à Harvard. Bien que son corpus de publications demeure relativement restreint, il est cité dans pratiquement tous les ouvrages consacrés à l’éthique de la communicationvii. Cadre de raisonnement éthique, la boîte de Potter se veut un outil où la théorie se rend aux services des préoccupations pratiquesviii. Dans un cheminement relativement simple, cet outil permet de mesurer presque toutes les activités aux conséquences communicationnelles. Instrument d’une grande souplesse, qui admet la divergence des points de vue, la boîte de Potter s’attarde donc d’abord à préciser les faits sans y apporter un jugement d’aucune sorte. Il identifie ensuite les valeurs en cause, valeurs qu’il faut interpréter ici comme les préoccupations chères à un groupe, à une profession par exemple. Le mode de raisonnement doit par la suite prendre en considération six grands principes éthiques qui vont d’Aristote à Rawls. Finalement, les étapes de raisonnement doivent prendre en compte une dernière considération qu’il identifie comme la loyauté. Ce dernier élément est particulièrement intéressant, car il commande l’identification et la prise en considération de l’allégeance du décideur. Pour le Conseil, un tel outil ou n’importe quel autre que nous déciderions d’adopter permettrait de consolider les jugements ou les recommandations que nous pourrions faire à l’intention ou sur des actions de la sphère publique. La meilleure manière de rendre justice à cet instrument, tout en permettant de bien faire comprendre qu’il ne s’agit en rien d’un mécanisme automatisé, téléguidé et sans nuance, la meilleure façon d’éliminer ces ambiguïtés est de prendre notre question de départ et d’y appliquer le cadre éthique proposé. Voyons les étapes, les unes après les autres de façon sommaireix. 1) La description des faits Cette première étape s’avère plus difficile qu’elle n’y paraît. Devons-nous établir le début du conflit entre journalistes et le gouvernement Harper à l’annonce du resserrement des règles régissant les relations avec la presse parlementaire par le Premier ministre ou lors du départ massif des journalistes de l’une de ses conférences de presse? D’autres voudront établir l’origine du processus à l’annonce de la restriction d’accès de la presse aux principaux ministres du Cabinet, certains voudront même prendre comme point de départ l’avant-dernière campagne électorale. On le constate, la délimitation des faits nécessite beaucoup de débats et d’attention. La mise en période de la réalité pour la transformer en objet de réflexion mérite une bonne justification et une solide argumentation. 2) L’identification des valeurs À cette étape, Potter admet la pluralité des perspectives, il admet que plusieurs personnes peuvent avoir un point de vue différent sur un même sujet. Si l’équipe politique est légitimée dans sa volonté d’éviter les erreurs et de favoriser sa réélection, on doit aussi concéder aux journalistes Rapport d’activités 2005-2006 Conseil de presse du Québec /7 la permission de questionner toute personne politique susceptible de posséder de l’information pertinente à uploads/Philosophie/ 2007-01-15-rapport-activites-2005-2006.pdf
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- Publié le Sep 22, 2022
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