1 « L’approche par les ressources et les compétences en tant que théorie de la
1 « L’approche par les ressources et les compétences en tant que théorie de la firme : Apports, limites et aménagements nécessaires » Houda Ghozzi Doctorante Université Paris Dauphine UMR CNRS n°7088 CREPA : Centre de recherche en Management et Organisation. houdaghozzi@yahoo.fr 29 B rue de Poissy, 75005 Paris. 06 68 68 80 17 Résumé Alors que l’approche par les ressources et les compétences est apparue au départ en tant que théorie de l’avantage concurrentiel, elle a rapidement étendu son champ de compétences à la question des frontières de la firme. Prenant essentiellement ancrage dans les faiblesses de la théorie des coûts de transaction, elle apparaît désormais comme un rival de taille. Toutefois, les apports de l’approche par les ressources et les compétences à la problématique du choix entre « produire ou acheter » sont multiples et une revue de ces apports semble encore manquante. Cet article a donc pour principale ambition de proposer une synthèse des apports tant conceptuels qu’empiriques. Cette revue de la littérature permettra de déterminer dans quelle mesure cette approche parvient à mettre en place un paramétrage abouti du choix entre « produire ou acheter », et de souligner certaines limites la freinant encore dans une pareille entreprise. Mots clés : théorie des ressources et des compétences, théorie de la firme conceptualisation, intégration verticale. 2 « L’approche par les ressources et les compétences en tant que théorie de la firme : Apports, limites et aménagements nécessaires? » Résumé Alors que l’approche par les ressources et les compétences est apparue au départ en tant que théorie de l’avantage concurrentiel, elle a rapidement étendu son champ de compétences à la question des frontières de la firme. Prenant essentiellement ancrage dans les faiblesses de la théorie des coûts de transaction, elle apparaît désormais comme un rival de taille. Toutefois, les apports de l’approche par les ressources et les compétences à la problématique du choix entre « produire ou acheter » sont multiples et une revue de ces apports semble encore manquante. Cet article a donc pour principale ambition de proposer une synthèse des apports tant conceptuels qu’empiriques. Cette revue de la littérature permettra de déterminer dans quelle mesure cette approche parvient à mettre en place un paramétrage abouti du choix entre « produire ou acheter », et de souligner certaines limites la freinant encore dans une pareille entreprise. Mots clés : théorie des ressources et des compétences, théorie de la firme conceptualisation, intégration verticale. 3 INTRODUCTION La théorie des ressources et des compétences (désormais notée TRC) regroupe un ensemble de branches, principalement la « Resource Based Vue » (Wernerfelt, 1984, Barney, 1986), la « théorie des compétences centrales » (Hamel et Prahalad, 1990), « la théorie des capacités dynamiques » (Teece Pisano et Shuen, 1997), « la théorie évolutionniste» (Nelson et Winter, 1982), ou encore, la « théorie de la connaissance », également connue sous l’appellation anglophone de « Knowledge Based View » (Grant, 1996, Conner et Prahalad, 1996). Ces divers courants de pensée ont tous pour particularité de déplacer l’attention vers l’analyse de la firme, ses ressources, son savoir et savoir-faire, ses capacités dynamiques, ses routines ainsi que sa capacité à apprendre. En effet, ces approches, et notamment la branche la plus ancienne, la « Resource Based View » apparaissent pour compléter l’analyse « industrielle » (Wernerfelt, 1984) avec la conviction profonde que la profitabilité des firmes émane également de ressources intrinsèques et non pas seulement du secteur. Un effort d’opérationnalisation de la théorie des ressources et des compétences a ainsi été progressivement déployé dans plusieurs champs de recherches en stratégie1, dont celui relatif aux frontières de la firme. Et, alors que la décennie des années 80 a été nettement marquée par une vague de recherches testant le paramétrage de la théorie des coûts de transaction ; au cours des années 90, des travaux visant à tester, voir à découvrir les différents concepts constituant la théorie des ressources ainsi que les relations causales qui l’animent2 ont vu le jour. L’extension de la TRC à cette problématique s’est ainsi largement matérialisée à travers la remise en cause des principaux fondements de la théorie des coûts de transaction. Elle s’oppose ainsi à son unité d’analyse qu’est la transaction, à la logique d’Economizing mise en avant par Williamson (1991), ainsi qu’à l’importance du rôle qu’y tient l’opportunisme. Ainsi, alors que la TCT prône un raisonnement d’efficience, en termes de minimisation sur des coûts 1 Pour évaluer la validité de la Resource based view, Priem et Butler (1991) ont listé les 18 thèmes les plus étudiés dans les programmes de recherche en stratégie. Il en ressort que depuis 1991, 13 de ces 18 thèmes ont été abordés par la TRC (notamment la Resource Based View). 2 La « Resource-Based-Vue » est antérieure aux années 90, et date plutôt du milieu des années 80 et son inspiration (Penrose) est encore plus ancienne. Mais c’est véritablement au cours des années 90 que les études empiriques se multiplient. 4 de transaction, la TRC propose plutôt une focalisation sur les ressources et les aptitudes différentielles conférant à la firme une meilleure efficacité. En réponse à ces critiques, Williamson (1999 :1094) ne peut s’empêcher de souligner le manque de paramétrage de la TRC. Il explique à ce propos qu’entre l’article fondateur de Coase, datant de 1937 et le début du paramétrage de la TCT, datant des années 70, il s’est écoulé environ 35 ans. Appliquant ces mêmes délais, et considérant que le premier article qui évoque le concept de compétences est de celui de Richardson (1972), il stipule que la théorie basée sur les compétences devrait alors voir aboutir son paramétrage en 20073. La question que nous posons prend alors tout son sens. En effet, en 2008, dans quelle mesure la TRC est- elle parvenue à la construction d’un tel paramétrage? Tandis que les travaux de synthèse faisant état des apports relatifs à la TRC en tant que théorie de l’avantage concurrentiel existent (Barney et Arikan 2001, Haddida, 2002, Newbert, 2007), une synthèse de ses apports à la question des frontières de la firme nous semble encore manquante. C’est pourquoi, cet article aura pour ambition de présenter un état de l’art de cette approche en tant que théorie de la firme. Cette démarche s’articulera autour de deux sections. La première présentera les principaux apports conceptuels de la TRC à la question des frontières de la firme ; tandis que la seconde classera les principaux travaux empiriques selon la méthodologie de recherche sur laquelle ils se basent. Cette section introduira également les limites de ces démarches ainsi que certains aménagements permettant de les contourner. 1. DE LA THEORIE DE L’AVANTAGE CONCURRENTIEL A UNE THEORIE DE LA FIRME : APPORTS CONCEPTUELS DE LA TRC. Les apports de la TRC à la question des frontières de la firme sont attribuables à des travaux découlant de la forme première prise par la TRC, ceux-ci y faisant référence de manière indirecte ; mais aussi à des travaux de chercheurs ayant exclusivement abordé cette question de recherche. La première section relèvera ainsi les premiers travaux conceptuels de la TRC 3 Il ajoute tout de même que si nous considérons que l’article fondateur est celui de Penrose (1959), alors le paramétrage aurait dû voir le jour en 1997 ». 5 en tentant de décliner leurs apports à la problématique des frontières de la firme, tandis que la seconde mettra en lumière les prédictions y faisant explicitement référence. 1.1 DES APPORTS CONCEPTUELS S’INSCRIVANT DANS LA FORME PREMIERE DE LA TRC. La RBV s’oppose à l’idée selon laquelle les seules propriétés de l’industrie déterminent la performance des firmes4, et souligne que les ressources et les compétences spécifiques à la firme sont plus importantes que les effets des caractéristiques de l’industrie elles-mêmes. C’est précisément autour de l’article de Wernerfelt (1984) que la « Resource Based View » s’est formée5, comprenant des études telles que celles de Barney (1986), de Peteraf (1993) ainsi que de Dierickx et Cool (1989). Ces auteurs ont en effet largement contribué à la consolidation de ce qui est désormais connu comme l’approche basée sur la quête de ressources et de compétences créatrices de l’avantage concurrentiel soutenable. La TRC était ainsi dans sa forme première une théorie de « l’avantage concurrentiel6 », ou encore une théorie dite « de la performance de la firme » au sens d’Argyres et Zenger (2007). Et, les questions abordées ont d’abord été les suivantes : - Comment mettre en place les ressources et les compétences créatrices d’un avantage concurrentiel soutenable ? - Quel type de ressources crée le plus de valeur ? - Quels sont les effets des capacités sur la performance ? La forme première de la TRC n’est pas constituée par les seules apports de la RBV, puisque celle-ci regroupent l’ensemble des cadres théoriques plaçant les ressources et les compétences de la firme au cœur du raisonnement stratégique. Comme le montre le tableau de synthèse suivant, l’appellation « théorie des ressources et des compétences » couvre en réalité plusieurs 4 Comme le montre Rumelt (1991), la uploads/Philosophie/ aims-02.pdf
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- Publié le Apv 15, 2022
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