Sollo e Aldi aémictious béqioti es M Antes Phénoméno-technique ou sémio-techn

Sollo e Aldi aémictious béqioti es M Antes Phénoméno-technique ou sémio-technique Francesco GALOF ARO Collection Actes Formes de vie et modes d’existence ‘durables’ sous la direction de Alessandro Zinna & Ivan Darrault-Harris Editeur : CAMS/O Direction : Alessandro Zinna Collection Actes : Formes de vie et modes d’existence durables 1re édition électronique : mars 2017 ISBN 979-10-96436-00-2 Résumé. En 1934, Gaston Bachelard publie Le nouvel esprit scientifique. L'auteur déclare que « la véritable phénoménologie scientifique est (…) bien essentiellement une phénoméno-technique », parce-que « il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments, produit sur le plan des instruments ». Les formules mathématiques orga- nisent les phénomènes et produisent l'expérience. En 1936 Husserl publie Die Krisis der europäischen Wissenschaften, une oeuvre qui apparaît très loin, parfois opposée, à la visée bachelar- dienne: selon Husserl la science accorde un privilège à la pure observa- tion des faits (corps matériels visibles, microparticules, psychismes, langues, sociétés) en oubliant l'instance subjective qui observe. La cause de la crise des sciences peut être repérée dans la mathématisation gali- léenne de la Nature et dans le positivisme. « L'intentionnalité phénoméno- logique transcendantale, qui fonde la structure de l'intersubjectivité (Marsciani 2013) », est la condition de possibilité d'une véritable science au sens d'Husserl. La sémiotique ne peut oublier cette instance. L'opposition entre observation et production du phénomène est très curieuse: peut-elle être la base de deux sémiotiques distinctes, l'une inté- ressée à l'expérience d'un sujet passif, et l'autre aux pratiques d'un sujet actif ? La question sur l'opposition entre observation et production du phénomène est liée à la production de sens par une sémio-technique en vue d'un observateur. Il y a un plan de la manifestation qui produit la durée comme un effet de sens. Il faut reconnaitre un temps opérationnel propre à cette sémio-technique, un temps d'application qui affecte le mode d'existence de l'objet acoustique produit (Zinna 2014). La sémio- technique agit sur l'observateur, en produisant sa subjectivité sur les deux niveaux du faire et de l'être : l'opposition entre observation et pro- duction du phénomène ne fonde pas deux sémiotiques distinctes. La sub- jectivité des énonciataires est construite par la machine-destinateur dans une formation sémiotique complexe (Zinna 2012). PHÉNOMÉNO-TECHNIQUE, SÉMIO-TECHNIQUE, DURÉE, FORMATION DISCURSIVE, RÉGIMES DE LA TEMPORALITÉ Pour citer cet article : Galofaro, Francesco, « Phénoméno-technique ou sémio-technique », in Zinna A. et Darrault-Harris I. (éds), Formes de vie et modes d’existence ‘durables’, Collection Actes, Toulouse, Éditions CAMS/O, p. 285-295, [En ligne] : <http://mediationsemiotiques.com/ca_9492>. Francesco Galofaro (1976) est professeur de sémiotique à l’Université Politecnico de Milan et à l’Université Libre de Bolzano. Il est membre du CUBE (Centre Universitaire Bolonais de Ethnosémiotique). Ses recherches portent plus particulièrement sur les rapports entre technique et sémiotique. Ses activités de recherche, menées sur des terrains assez divers, visent à modéliser une gram- maire générative des structures narratives, une sémantique structurale pour l’in- formation quantique, une sémiotique des automates. Il a travaillé également sur l’ethno-sémiotique en dialogue avec la psychologie phénoménologique. Parmi une cinquantaine d’articles, essais et contributions diverses, il a notamment publié : « Dei Genitrix: A Generative Grammar for Traditional Litanies », OASIcs, n° 53 (2016) ; avec Doan, B. L. et Toffano, Z. , « Linguistics and Quantum Theory: Epistemological Perspectives », in 2016 IEEE International Conference on Computational Science and Engineering, IEEE International Conference on Embedded and Ubiquitous Computing, and International Symposium on Distributed Computing and Applications to Business, Engineering and Science, p. 600-607 (2016) ; « A generative grammar for modal syntax », in Liu, K. , Nakata, K. , Li, W. et Galarreta, D. (éds) Information and Knowledge Management in Complex Systems, IFIP Advances in Information and Communication Technology, n° 449, p. 1-9, Springer, 2015 ; avec Sarti A. et Montanari F. , Morphogenesis and Individuation, Springer (2014). Introduction 1 L’aspect sémiotique de la technique est un problème intéressant. Dans cette intervention, nous allons voir que la durabilité peut être vue comme un effet de sens, instauré par une technique. Il s’agit seulement d’une des façons d’aborder le durable, mais j’espère pouvoir vous intéresser à cette perspective. Comme référence principale, nous allons consulter l’enquête de Bruno Latour (2013) sur les modes d’existence, car elle pose un lien entre la durée et la technique. Nous mettrons également en question la composante technique de la durabilité d’un point de vue épistémologique, ce qui nous permettra de penser la technique comme une sémiotechnique qui peut être utilisée pour la construction et la production du durable en tant qu’effet de sens. Enfin, nous analyserons les composantes de la tech- nique à travers la notion de formation sémiotique, notion très utile que propose Alessandro Zinna (2012). La technique est très présente dans la réflexion philosophique et poli- tique du dernier siècle. Nous pouvons penser à l’œuvre d’Ernst Jünger (1932), où la technique est à la base de la mobilisation totale de la société entre les deux guerres mondiales, ou encore à la condamnation de la technique par des philosophes opposés comme Martin Heidegger et Theodor Adorno, ou à sa réhabilitation par Emanuele Severino (cf. Volpi 2009). D’un point de vue écologique, la technique peut être considérée comme un risque, à la fois contre-nature et contradictoire à la nature, Phénoméno-technique ou sémio-technique Francesco GALOF ARO (Polytechnique de Milan) Phénoméno-technique ou sémio-technique 286 soit comme quelque chose qui est contre et la nature et la culture. Mais on peut également considérer la technique autrement: elle peut être pen- sée comme un niveau qui permet l’instauration des politiques orientées vers la durabilité et la préservation du monde. Une technique est néces- saire pour mettre en place une énergie verte, pour lutter contre la pollu- tion ou pour créer des cités plus intelligentes. Mais cette technique n’est pas seulement une question de technologie. Une technique de la gouver- nance et de la loi apparaît alors comme nécessaire, et plus précisément une technique articulée du durable, une sorte de terme complexe entre nature et culture, ou bien une relation de participation telle qu’Alessandro Zinna l’a décrite. 1. Durée et durable selon Latour Pour comprendre comment la technique peut produire la durabilité en tant qu’effet de sens, nous allons considérer la réflexion de Bruno Latour. A notre avis, sa classification des modes d’existence est un peu probléma- tique, parce que, avec Hjelmslev, il faut toujours prouver la pertinence de nos segmentations. Or, Latour écrit qu’il n’y a pas de raison précise pour justifier douze modes d’existence et trois méta-modes. Mais, ce nombre s’est révélé stable pendant sa recherche, un peu comme le nombre des passions selon Fourier que Paolo Fabbri a citées pendant son interven- tion. La première formulation des modes d’existence par Bruno Latour a été proposée en termes de régimes d’énonciation en 1989. Par la suite, chaque régime d’énonciation devient un mode d’exploration des entités qui sont nécessaires à l’existence d’un autre. Mais, peut-être que si nous pensons les modes d’existence en terme d’énonciation, cela peut révéler des pertinences sémiotiques. La technique est un mode d’existence très particulier, parce qu’elle donne sa forme aux autres modes. Dans son enquête, Bruno Latour insiste sur la relation entre être et autre: Le même se paie, si l’on peut dire, en altérations. Mais, dès qu’on passe sous silence l’hiatus de la persistance dans l’être on introduit subreptice- ment sous la subsistance une substance. On se met alors à imaginer qu’il y aurait, « par dessous » les êtres de la reproduction, un support, un sup- pôt, une console, une assise qui serait plus durable qu’eux et qui assurerait leur continuité sans qu’ils aient à se mettre en peine, eux-mêmes, de sauter par dessus les discontinuités nécessaires à l’existence. (Latour 2013) Latour critique l’ontologisation de la substance. D’ailleurs, dans une perspective sémiotique, nous pouvons voir ici non pas une fausse ontolo- 287 F. Galofaro gie, mais un véritable effet de sens, qui se laisse décrire comme un faire- être présupposé par le projet du durable. Ce faire-être peut être considéré aussi comme un laisser-être par l’acteur-monde qui a été évoqué par Denis Bertrand dans sa relation (dans ce volume). Ainsi, si le durable est lié, dans le système de Latour, aux modes d’existence de la [REP]roduction et de la [MET]amorphose, l’instance res- ponsable du faire-être est la technique. Comme l’a écrit Latour: [...] Ma table, les murs de ma maison, mon vase de cristal persistent après leur transformation. […] La technique apparaît en première approximation comme un mode mixte: la rapidité protéiforme d’un côté, la persistance de l’autre. Pas étonnant qu’on ait vu dans le feu de Prométhée ce qui fluidifie toutes choses et, en même temps, ce qui leur procure une durée, une dure- té, une consistance nouvelles. (Idem) Je voudrais retracer ici une petite généalogie du concept de mode d’exis- tence. Simondon (1958) en est la source, que Latour généralise de l’objet technique à l’univers social. A son tour, Simondon l’a hérité par la tradi- tion phénoménologique, et en particulier le philosophe polonais Roman Ingarden (cf. Ingarden 1986). Tommaso Guariento (dans ce volume) est arrivé à Leibniz avec uploads/Philosophie/ albi-semiotechnique.pdf

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