BIBLIOTHEOUE DE PHILOSOPHIE CONTEMPORAJNE FONDEE PAR f'LIX ALCAN PHYSIQUE ET ME

BIBLIOTHEOUE DE PHILOSOPHIE CONTEMPORAJNE FONDEE PAR f'LIX ALCAN PHYSIQUE ET METAPHY. SIOUE KANTIENNES PAR JlJles VUILLEMIN PRESSES UNIVERSITAIRES - DE FRANCE Jules Vuillemin Physique et métaphysique kantiennes PRBSSBS UNIVBRSITAIRES DE FRANCE Dialectical_books Ce livre est dédié à la mémoire de Jean Cavaillès et de François Cuzin, fusillés par les nazis. L'idée d'étudier la philosophie de Kant dans ses rapports avec la physique m'a été suggérée par un Cours, que Cavaillès professa en Sorbonne sur Causalité, Nécessité et Probabilité. A la même époque, Cuzin rédigeait son Diplôme d'études supérieures sur La Chose en soi chez Kant et, à l'Ecole normale, m'initiait à l'étude de ce philosophe. OUVRAGES DU M1':ME AUTEUR Aux Presses Universitaires de France : Essai sur la signification de la mort, 1948. L'être et le travail; les conditions dialectiques de la psychologie et de la sociologie, 1949. L'héritage kantien et la révolution copernicienne, 1954. Physique et métaphysique kantiennes, 1955 ; 2• éd. 1987. Mathématiques et métaphysique chez Descartes, 1960; 2• éd. 1987. La philosophie de l'algèbre, t. 1, 1962. Autres éditions· Le sens du destin, en collaboration avec Louis Guillermit, Neuchâtel, Ed. de La Baconnière, 1948. Le Miroir de Venise, Paris, Julliard, 1965. De la logique à la théologie. Cinq études sur Aristote, Paris, Flammarion, 1967. Leçons sur la première philosophie de Russell, Paris, A. Colin, 1968. Rebâtir /'Université, Paris, Fayard, 1968. La logique et le monde sensible. Etude sur les théories contemporaines de /'abstraction, Paris, Flammarion, 1971. Le Dieu d'Anselme el les apparences de la raison, Paris, Aubier, 1973. Nécessité ou contingence. L'aporie de Diodore et les systèmes philosophiques, Paris, Ed. de Minuit, 1984. What are Philosophical Systems ?, Cambridge, Cambridge University Press, 1986. ISBN 2 13 040141 4 ISSN 0763-9538 Dépôt légal - I'° édition : 1955 2• édition : 1987, novembre © Presses Universitaires de France, 1955 Collection c Bibliothèque de philosophie contemporaine • 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris PRÉFACE Je me propose d'étudier ici la philosophie kantienne de la connaissance en fonction de la théorie kantienne de la physique. La Déduction des Principes est, de l'avis unanime, la pièce maîtresse de la Critique de la raison pure. On dit aussi ce texte difficile, et les commentateurs ont souvent renchéri sur la difficulté. Toutes les obscurités m'ont semblé disparaître, dès qu'on les éclairait par le livre où Kant a exprimé ses idées sur la physique : les Principes métaphysiques de la science de la nature. Ma méthode ne consiste qu'à rapprocher ces deux écrits. J'ai emprunté mon plan aux Principes, mais la progression des Principes n'est pas différente de celle qu'on trouve dans la Critique. J'ai préféré cet exposé systématique à un exposé historique de la formation des idées kantiennes. Néanmoins, chaque fois que j'ai rencontré une notion qui avait fait l'objet d'une étude avant la rédaction des écrits « critiques », je me suis reporté à cette étude. J'ai dû, par conséquent, consacrer des développe- ments assez longs aux opuscules pré-critiques. Ces digressions rompent sans doute l'unité linéaire de l'exposé systématique, mais j'ai préféré la clarté à l'élégance. Certains d'entre eux donnent de Kant une image peu flatteuse par leur confusion et leur prolixité, mais j'ai préféré la vérité à l'apologie. Une grande pensée ne saurait d'ailleurs pâtir de la médiocrité de ses tâton- nements. Au contraire, j'ai réduit autant que j'ai pu l'étude des rapports de la pensée kantienne avec la philosophie et les sciences de son époque. Je n'ai évoqué Huyghens, Leibniz ou Newton que lorsque les allusions des textes kantiens m'y contraignaient, et j'ai réservé pour un autre ouvrage l'analyse des idées que Kant a empruntées à Euler, à Lambert et, plus généralement, aux membres des Académies du xvme siècle. Je n'ai pas cité d'études critiques à propos de Kant. J'ai montré ailleurs leur intérêt. Elles se servent de la philosophie 2 PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE KANTIENNES critique pour exposer à son propos leur propre idée de la vérité (1 ). Elles interprètent Kant. Je n'ai voulu que le comprendre. Sur le philosophe, l'historien de la philosophie a deux avantages. Il peut éclairer l'exposé du système, en faisant mieux apparaître les raisons de son architec- tonique. Il dispose surtout du recul, en particulier dans l'histoire des sciences : il aperçoit plus distinctement que l'auteur les problèmes que celui-ci cherchait à poser. Mais rien, dans ces deux avantages, n'introduit quoi que ce soit de subjectif dans l'explication historique. Mon livre a l'ambition d'être objectif, au sens le plus rigoureux, le plus scien- tifique du terme. Je n'aperçois rien dans ma « situation » qui m'empêche de la réaliser. Il y a un paradoxe des sciences humaines, surtout du rapport entre la philosophie et son passé. L'historien de la philosophie croit souvent que, pour rester philosophe, il doit apprêter la réalité. Il conçoit alors sa tâche à la façon d'un Dialogue des morts. Il donne beaucoup pour recevoir un peu. L'intérêt de l'histoire est à ce prix que les Modernes ne peuvent gagner qu'autant que perdent les Anciens. J'ai cherché au contraire à reconstituer la pensée kantienne sans rien lui ajouter de mon cru, tout en croyant cependant que l'histoire de la philosophie ne vaudrait pas une minute de peine si elle ne nous conduisait à réfléchir sur notre monde actuel. A la condition d'offrir de la philosophie passée une représentation rigoureuse et objective, il nous est en effet possible d'apercevoir les problèmes qu'elle a posés et les solutions qu'elle leur a données. Si les problèmes changent, ces changements eux-mêmes ne sont pas arbitraires et la lecture de Kant est une leçon de philosophie. On voit que ma méthode ne suppose que deux postulats, qui m'ont semblé d'abord étranges, mais sans lesquels l'histoire de la philosophie deviendrait doublement vaine, par sa méthode et son objet : 1) Une connaissance historique de la philosophie kantienne peut être absolument rigoureuse et objective; l'histoire de la philosophie peut être une science ; 2) La philosophie est elle-même une science. Lorsqu'on comprend quels problèmes sollicitaient Kant, il est impossible, de bonne foi, d'attendre une solution différente de celle qu'il avance. Il faut seulement ajouter que la théorie kantienne n'est scientifiquement vraie qu'eu égard aux problèmes limités dont (1) J'ai cherché à le montrer dans mon livre sur L'héritage kantien et la révolution copernicienne, P. U. F., 1954. PRÉFACE 3 elle rend compte. Ces problèmes, pour la partie théorique de la philosophie critique, peuvent être définis sous le titre général d'une science : la Mécanique rationnelle. L'idéalisme transcen- dantal apparaîtra comme la science des actes intellectuels par lesquels l'homme pense la Mécanique rationnelle. Sans doute, on apercevra des incertitudes de la pensée kantienne au regard des notions mêmes de la Mécanique. On verra surtout comment la liaison, qui paraît c< naturelle » des problèmes de la Mécanique et de ceux de l'expérience vulgaire - en particulier de la per- ception - pose à la philosophie transcendantale des questions qu'elle ne pouvait pas résoudre. Mais ces limites de l'horizon kantien sembleront une raison de plus pour considérer avec attention les connaissances que cette philosophie a acquises et les analyses transcendantales qui les ont rendues possibles. C'est à cette condition que la connaissance philosophique elle-même peut progresser. L'histoire du kantisme nous fait connaître, pour un type de questions, les réponses qui leur sont faites dans un horizon limité. Le recul de l'histoire permet d'élargir notre horizon, de poser des questions nouvelles et de leur trouver les réponses appropriées. C'est donc une seule et même chose de dire que l'étude de Kant doit être scientifique et objective, que la philosophie kantienne est elle-même une connaissance scientifique, et que son étude est une propédeutique à la philosophie actuelle dont elle prépare l'idée. Cette nouvelle impression reproduit l'original, aux correc- tions typographiques près. Je ne maintiendrais plus, aujourd'hui, le second postulat de la page 2. LISTE DES OUVRAGES UTILISÉS ET DES SIGNES ABRÉGÉS PAR LESQUELS ON LES DÉSIGNE 1. - Ouvrages de KANT édition des Œuvres complètes par G. HARTENSTEIN, Leipzig, Voss, 1867 Gedanken von der wahren Schatzung der lebendigen Kra/te und Beur- theilung der Beweise, deren sich Herr von Leibniz und andere Mecha- niker in dieser Streitsache bedient haben, nebst einigen vorhergehenden Betrachtungen, welche die Kraft der Korper überhaupt betreffen, 1747 (Pensées sur la véritable estimation des forces vives et appréciation des preuves, dont se sont servis M. de Leibniz et d'autres mécaniciens, avec quelques considérations préalables qui concernent la force des corps en général), Hartenstein, I, 1-178, cité: G. Allgemeine Naturgeschichte und Theorie des Himmels, oder Versuch von der Verfassung und dem mechanischen Ursprunge des ganzen Weltge- btiudes nach Newton' schen Grundsatzen abgehandelt, 1755 (Histoire naturelle générale et théorie du ciel, ou recherche concernant la consti- tution et l'origine mécanique du système du monde conduite d'après les principes newtoniens), Hartenstein, I, 207-346, cité : A. M editationum quarundam de igne succincta delineatio, 17 55 (Bref exposé de quelques méditations sur le feu), Hartenstein, I, 347-364, cité: Me. Principiorum primorum cognitionis metaphysicae nova dilucidatio, 1755 (Élucidation nouvelle des premiers principes de la connaissance métaphysique), Hartenstein, I, 365-400, cité : P. Metaphysicae cum geometria junctae uploads/Philosophie/ jules-vuillemin-physique-et-metaphysique-kantiennes-1955.pdf

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