Cours de philosophie/ TL1/ M. Mohandi 1 Analyse et problématisation de sujets d
Cours de philosophie/ TL1/ M. Mohandi 1 Analyse et problématisation de sujets de philosophie Au menu 1) Faut-il se méfier de son inconscient ? 2) Peut-on triompher de la mort ? 3) Est-ce que le bonheur se construit ? 4) Autrui est-il un obstacle à ma liberté ? 5) Accomplir tous ses désirs est-ce une bonne règle de vie ? 6) Faut-il chercher la vérité à tout prix ? 7) Suis-je dans le même temps qu'autrui ? ---------------------------------------- 1) Faut-il se méfier de son inconscient ? Analyse L'intitulé a la forme d'un conseil de prudence: "prenez garde à votre inconscient !". Comme s'il s'agissait d'une chose ou d'un être dont il faut craindre les coups tordus et l'esprit fourbe. On se méfie d'une personne dont le comportement apparent dissimule une intention vicieuse et peu claire. De plus, en appeler à la méfiance c'est signifier un défaut de garantie, un manque d'assurance vis-à-vis de ce que peut faire ou penser quelqu'un relativement à qui il faudra savoir garder ses distances. Tant est si bien que s'il nous faut nous méfier de notre propre inconscient, c'est à une véritable division intérieure qu'il faudra opérer entre notre conscience observatrice et sur ses gardes et notre inconscient inquiétant. L'inconscient peut représenter soit ce qui n'est pas conscient à un instant donné ( l'adjectif "inconscient" ), soit cette force dynamique qui exerce des effets sur notre comportement sans que nous nous en rendions compte ( inconscient psychique de la psychanalyse). En quoi y'a t-il lieu de faire attention à ce que peut exprimer ou vouloir faire notre propre inconscient ? Pour quelles raisons la prudence conseille t-elle de ne pas faire pleinement confiance à cette force en nous mais échappant à notre conscience ? La question se pose du fait que par moment nous faisons des choses dont le sens nous échappe et dépasse notre intention ( les actes manqués). Il nous arrive également d'exprimer des propos qui s'écartent de ce que nous voulions dire en pleine conscience ( les lapsus). Enfin, il nous arrive de ressentir des désirs inavouables pour la morale et pour nos proches ( les pulsions). Ces situations révèlent la présence de tendances non voulues, non réfléchies et non assumées par la conscience. A tel point que celle-ci éprouve une forme de répulsion, de dégoût, d'étrangeté ou d'inquiétude vis-à-vis de ces processus inconscient. Cela justifie qu'il faille se méfier de son inconscient. Problématisation S'il convient de ne pas faire confiance en son propre inconscient c'est que ce dernier est doué d'une intention, d'une volonté et d'une force qui sont autonomes et détachés de la conscience. Comme si l'inconscient avait Cours de philosophie/ TL1/ M. Mohandi 2 lui-même sa conscience propre. Or un telle croyance n'est-elle pas fausse? De plus, s'il faut se méfier de son inconscient, cela nous met dans une situation de suspicion vis-à-vis d'une part de nous-mêmes. Cette attitude renforce la division intérieure et les tensions entre soi et soi-même. Se méfier d'une part de soi serait comme croire en la présence d'un esprit malin en soi, qui voudrait notre mal ou tout du moins autre chose que ce que notre conscience nous propose de bon à suivre. Enfin, si notre inconscient est fourbe et capricieux au point qu'il faut s'en méfier, de quoi faut-il se méfier concrètement ? Plus précisément, s'il faut se méfier des cambrioleurs je veille à ma maison; s'il faut faire attention à la foule je m'en écarte; si je dois m'écarter de mauvais aliments je ne les consommerai plus, etc. mais si je dois me méfier de mon inconscient comment vais-je, concrètement, faire ? Plan I. Pour quelles raisons l'inconscient trahit notre confiance au point qu'il faut garder distance ? 1. Nous aimons parler, penser, agir et désirer en pleine conscience. C'est le sens d'une existence selon la philosophie. 2. L'existence de l'inconscient jette un doute sur la signification réelle de nos comportements. Elle témoigne de la présence d'un autre que moi en moi. 3. Je ne suis pas sûr de savoir ce que je désire si une pulsion inconsciente commande mon affectivité et ma sexualité. Il en est de même pour mes paroles et mes pensées. II. La prudence commande de prendre du recul vis-à-vis de nos actions spontanées mais, concrètement, de quoi nous faut-il nous méfier ? 1. Comment prendre en compte son inconscient avant de parler et d'agir? Où se loge t-il pour que je le vois clairement ? 2. Je découvre toujours mon inconscient après coup, une fois qu'il a frappé. Je ne peux anticiper ce qu'il va me faire faire. 3. N'est-ce pas avoir une étrange croyance que penser à l'existence d'une force intérieure douée d'intention et de conscience distinctes des miennes? III. Se méfier de son propre inconscient, n'est-ce pas nourrir inutilement et dangereusement une schizophrénie ? 1. Se méfier de son inconscient c'est redouter une part de soi, c'est vivre dans la division intérieure alors que la philosophie apprend à vivre en pleine lumière, dans l'unité et la cohérence avec soi-même. 2. N'est-ce pas donner trop d'importance et de poids à ses désirs enfouis que craindre leur apparition ? Il vaut mieux apprendre à les connaître et les assumer que les refuser et en avoir peur. La tension du rejet risque de produire des souffrances psychiques. 3. La parole libérée permet d'éviter les tabous et les non-dits, pour oser reconnaître, dire et discuter de ce qui est enfoui dans nos souvenirs et nos désirs. Cours de philosophie/ TL1/ M. Mohandi 3 ---------------------------------------- 2) Peut-on triompher de la mort ? Analyse Quelle étrange question en apparence - digne d'une fiction peu crédible !? Si triompher de la mort c'est être plus forte qu'elle, une telle posture relève de l'illusion délirante puisqu'il est un fait si banal et si évident qu'aucune forme de vie n'échappe à sa propre mort. L'immortalité physique et matérielle n'est pas de ce jour, malgré toutes les avancées de la médecine et de la biologie. La mort a sans cesse le dernier mot et à la fin c'est toujours elle qui gagne. Le sujet, pour avoir un intérêt philosophique, doit recéler un autre sens et un autre enjeu. C'est le cas si on l'interprète comme voulant dire: l'homme peut-il viser une forme d'immortalité autre que corporelle et matérielle ? Par quels biais peut-on se donner à croire que nous pouvons toucher à l'éternité ou à la sempiternité ? Ne dit-on pas d'un artiste que son oeuvre est immortelle, d'un grand homme que son action lui survit par-delà les siècles, que faire des enfants c'est perpétuer le nom et la famille par-delà la mort d'une génération ? Ne seraient-ce pas autant de formes de lutte contre la mort et l'oubli ? Et que penser de ces pratiques chirurgicales souvent risquées et mal contrôlées, permettant d'effacer des rides, de redonner fermeté, fraîcheur et jeunesse apparente à la peau ? Demeurer jeune est parfois un impératif de vie tant la jeunesse est saluée comme la fleur de l'âge et la vieillesse comme une maladie un peu honteuse. Par ailleurs, que penser de ces tentatives de survie symbolique à la mort matérielle ? Sont-elles réelles ou vaines et illusoires ? Il peut en effet sembler insensé et délirant de vouloir refuser la plus solide des fatalités, celle de notre mort. A contrario il serait bien plus sage de s'y résigner comme au terme inéluctable de toute existence - comme à ce qui la termine et lui donne sa signification d'ensemble. Bien vivre c'est aussi apprendre à bien mourir. Problématisation Triompher de la mort c'est refuser un fait inéluctable auquel aucun être vivant n'échappe, alors en quoi ce projet a t-il un sens pour l'homme ? Par quels moyens et dans quel but l'homme cherche t-il à repousser le terme de sa propre disparition - jusqu'à espérer l'immortalité ? Ce désir, par-delà son apparente folie, n'induit-il pas des comportements créatifs et courageux ? N'est-il pas possible de stopper le processus du vieillissement cellulaire et permettre ainsi de repousser l'échéance de la mort biologique ? Et si l'on retient ce fait que de tous les animaux seul l'homme se représente qu'il va mourir, est-ce que cela ne lui confère pas la force de dépasser sa propre condition de mortel ? Plan I. Nous vivons comme si nous étions immortels 1. La mort est toujours celle des autres, celle que l'on voit dans les fictions ou dont on parle autour de soi. "On" meurt. Cours de philosophie/ TL1/ M. Mohandi 4 2. L'idée de notre propre mort nous angoisse et nous paralyse au point que nous préférons avancer sans penser au terme du parcours. L'idée de la mort triomphe de notre conscience. 3. En évitant de penser à la mort nous croyons être libres de faire ce que nous voulons et d'être heureux. En l'éludant nous défions sa pensée. II. Pourtant la sagesse consiste à accepter ce terme inéluctable 1. Le sage refuse de refouler l'idée de sa mort ou de fuir sa réalité car ce serait vivre dans l'ignorance et la uploads/Philosophie/ analyse-sujets-2012-pdf 1 .pdf
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- Publié le Oct 14, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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