10 Du nomadisme sachions etre exigeants dans l'acte de penser, un tel drame n'a

10 Du nomadisme sachions etre exigeants dans l'acte de penser, un tel drame n'a rien d'inéluetable. En effet s'ílest une vocation du penseur c'est bien celle de faire participer a la •réalité. d'un monde meil- leur. Non pas a la réalité philistine (économique, mar- chande) des évídences, mais a celle, bien ti plus globale, de ce qui est évident. Dis- 1'évidence, se " -. . da soumettTe el ce tlnetíon necessltant une ngueur ns qui est évident. l'analyse et, des lors, méritant une ascese de la part de celui qui s'y prete. Ne l'oublions pas, un livre est écrit par celui qui le lit. Ce qui n'est pas sans lui demander quelque effort. Peut-etre 'est-il temps de rappeler qu'écrirellire est d'ordre sacra- mentel et nécessite un état d'esprit en conséquence. En particulier, dans un double mouvement (pour reprendre les deux faux freres dont je viens de parler) celui de la •résistance et de la soumission., résistance a l'évidence, spumissioo a ce estévident. ---- Résistance donc a une culture •marchandisée., que celle-ci soit scientifique, journalistique ou encore a visée professionnelle. Résistance, également, aune culture de boos sentiments véhiculée par une kyrielle d'essais lar- moyants, tous plus bien-pensants les uns que les autres. Dans tous ces cas on a affaire a une sorte de •fast food. vite consornmé. Mais, peut-on --au:e-vite digéré, quand on sait les lourdeurs d'estomac et la mau- vaise graisse qu'il génere? Il faut savoir résister a ce qui apparait superficiellement c1air, irnmédiatement compréhensible parce que tout a fait Résíster aux rationnel. Résister, également, au prurit .oplnions. dogmattques des opinions. Hier le dogmatisme de la ou lune des classes, aujourd'hui les gesticu- bumanitaires. lations humanitaires, sans oublier les convictioos pour réduire telle fracture sociale, ou pour soula¡er le soudain et insupportable du mon?e. QUO! de lassant les suc- ceSSlves, et touJo. peremptOtres,.Op1010ns • que l'on nous serine a 1 ngueur d'artic1es journalistiques. 1 ! 0,j \ f'" e" N..ll.....yv Prologue Opinions vite reprises, d'ailleurs, dans des livres et sans lendemain dont les journaux, justement, ne man- quent pas de célébrer en quoi elles représentent la pensée du siecIe. Pauvre siecIe en vérité! Hermann Hesse le désignait cornme étant celui de de la page de variété •. Pauvre siecIe que celui OU le mot intellectuel désigne tout et n'importe quoi, c'est-a-dire pas grand-ehose. Pauvre siecIe que celui qui s'est donné cornme modele d'analyse ce qu'en font certains jow:na- Résíster aux listes pressés, dont Georg Lukács rappelait 1: qu'ils étaient • objectivité ni subjeeti- . page de .r- 'tité· Des girouettes en quelque sorte, ou varlété.. [ deS mouches du coche qui, dans leurs v opinions changeantes, sont toujours a la recherche d'une générale et stable opinion publique. Saos etre grand prophete, on peut prédire que la décon- sidération frappant, d'une maniere évidente, la classe politique va bientot se tourner vers cette intelligentsia qui ne respecte plus la longue patience de la pensée. Et c'est la qu'intervient la soumission a ce Écrlreau qui est évident. Soumission générant une vitrlol avec pensée aristocratique, peu préoccupée de déstnvolture. frapper une masse avide de notions siiÍ:lples, rapidement acquises, mais avant tout soucieuse de nuances, voire de complications. Ce qui est bien le moins pour faire état d'une société complexe. C'est cela meme qui pousse aécrire au vitriol avec désinvolture. A rassembler ce qui est épars, sans vouloir violenter ce sur quoi se porte l'anaIyse. Pour reprendre un theme qui m'est cher, il ne s'agit pas de convaincre, decreprésenter mais de les présenf!!!. Un pointc'est tout. Dans une telle mise en perspective, un probleme bien posé dévoile. to.ujours des . abimes. On prend, ainsi, un risque, car la . société, en ce qu'elle a d'établie, n'aime pas qu'on lui rappelle qu'a coté de laJlÍlL- regia dS; la wisgn existe le monde 8B8air --' ...--- \ \' " l. " . &, l'JIIJoJ- 12 Du nomad1sme de la passion. Ainsi, tout cornme la découverte de l'inconscient ou la psychologie des profondeurs souli- . gnent l'existence d'un monde inexpliqué, peu clairalui- ,. meme, il est certainement possible de mener a bien l'étude de l'ame collective, c'est-a-díre de rendre compte du cosmos intérieur de toute socialité. (Í) C' st cene résistance et soumission qui en appellent a 1ooIr.!!1e sorte de •reve- ensé mettant en jeu la vision intuitive u savant. A la maniere du Zohar cela revient a ... considérer le reve cornme •petite pr<>.Qhétie2 ". Sensibilité théorique sachant que chaque cfiOSe est toujours, plus ou moins, autre chose que ce qu'elle parait etre, ou ce que l'on voudrait qu'elle soit. D'ou la mise en place d'une attitude apoRhatique, telle qu'on la retrouve dans une certaine théologie, qu'elle soit chrétienne, musul- mane ou shivai1e, et qui considere que de Dieu l'on ne peut parler que par évitement. Ainsi, de ce qui est important, dans la vie sociale, on ne pourrait y faire référence qu'indiceetement. Ce qui entrame une relati- ... visation des livres par l'existence. Relativi- Relat1viser les sation disant bien ce que cela veut dire : c'est en s'affrontant l'un l'autre, en se sou- tenant l'un l'autre, que le livre et la vie donnent le meilleur d'eux-memes, liberent, au mieux, leurs richesses respectives. Pour reprendre une expression qui fut appliquée par Evans-Pritchard a Marcel Mauss3, c'est une sorte de e •métaphysique sociologique" que j'entends mettre en a::ovre"'ét qui peui permettre ae montrer, contre les évi- dences de l'opinion scientifique, que et.k! sous leurs diverses modulations, devien- nent un fait de plus en plus évident. L'on peut, ce qui est la plupart du temps le cas, entonner l'antienne de l'individualisme ambiant. On peut également se lamenter sur l'hédonisme égoi'ste des jeunes générations, ou, au contraire, se réjouir de leur souci professionnel et autres valeurs positives propres au productivisme dominant. L'on peut, a partir de la ) Prologue 13 de principe modeme faisam du Contre les évidences du vail la valeur esse.ntietle de la réalisa- nwmenl: 'on de l'individu et du sodal, voir dans individua- du momento Voila 1_ chómage la Usme, cbómage, des evtaéñces, ou idées convenues qui produch'visme, ne font surtout état que des opinions ou des projections de ceux qui sont au pouvoir de dice ou de faire. Tout autre est la capacité de voir le resur- Resurgissemenl gissement de struetures immuables, de structures toujours et a nouveau nouvelles, des arebafques, choses archivieilles, archétypales, émer- geant, sous nos yeux. C'est cela l'aete créatif de la pensée : pouvoir estimer dans sa fraí'cheur virginale une strueture intemporelle, s'aetualisant, avec force, ici et la, au travers de manifestations minuscules. Strueture se révélant de maniere infinitésimale dans la vie de tous les jours, jusqu'a en devenir une .forme· matricielledans le,.. sens que j'ai donné a ce terme, ou une .figure emblé- matlqup » .(Durkheim) en laquelle tout un CñaCüh peot s[';ecortnaitre4• L'errance est du nombre qui, outre son L'errance fondateur de tout ensemble social, fondatrice de tra \lit bien la pluralité de la personne, et lout ensemble social, la duplicité de l'existence. Elle exprime, également, la révolte, violente ou discrete, contre l'ordre établi, et donne une bonne clef pour comprendre l'état de rébellion latente dans les jeunes générations dont on cornmence, a peine, a entrevoir l'ampleur, et dont on n'a pas fmi de mesurer les effets. Le •mal de l'infmi. dont parlait Durkheim taraude, de plus en plus, l'esprit de tout un chacun et le corps social en son ensemble. n est bon de le dice. Il n'est pas, non plus, inutile de rappeler que l'anomique d'aujourd'hui, en sa force libertaire, est cela meme qui, souvent, fonde le canonique de demain. En effet, sous des dehors avenants, voire sous des formes apparernment faites d'indifférence, le feu brole sous la marmite du social. / ,.rt u {, .,.r-t\. I '}..J..; \ '--,. 'L'jrLV-: Le paradoxe est la marque ( d'errance oments cruciaux, ou ce qui est a \ comme ,s?if l'état naissant a bien du mal a s'affmner l'inftm.. . ' face aux valeurs etablies. Notre époque n'échappe pas a une telle situation. Tout a la fois le bien-etre, sous ses diverses expressions, tend ase géné- raliser, et pourtant la difficulté avivre n'en est pas moins réelle. On s'accommode de la richesse exhibée et de la misere affichée. La sécurisation croissante a pour envers un sentiment d'insécurité diffus. Le théatre du monde, a coté des . que et autres divertissements de la meme eau, égre , quotidiennement, les diverses cruautés, épide s, catastrophes et autres tragédies qui sont le lot de I'humaine nature. En bref, lorsque ce n'est pas de faim, c'est d'ennui ou de désespoir dont on meurt. n est commun de se lamenter devant un Nécessité du tel état de fait. Le chreur des veuves creux, de la éplorées ne cesse, d'aiUeurs, de s'élargir. pene. Toutes tendances confondues, le mora- lisme est bien porté. Et 1'0n peut supposer que ce que Nietzsche appelait la «moraline. a de beaux jours devant elle. Mais outre le fait que cela ne porte pas a consé- quence, sinon a donner bonne conscience a ceux qui, en général, sont des nantis, un tel uploads/Philosophie/ du-nomadisme.pdf

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