Les excuses (« A Plea for excuses ») Author(s): Robert Franck and J.-L. Austin
Les excuses (« A Plea for excuses ») Author(s): Robert Franck and J.-L. Austin Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 72e Année, No. 4 (Octobre-Décembre 1967), pp. 414-445 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40901028 . Accessed: 06/08/2013 14:40 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Métaphysique et de Morale. http://www.jstor.org This content downloaded from 131.211.208.19 on Tue, 6 Aug 2013 14:40:38 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions Les excuses (« A Plea for excuses »)* Les philosophes de V « École » d'Oxford ne se soucient guère de défendre ou de justifier la méthode qu'ils pratiquent. Cest placer, estiment-ils, la charrue avant les bœufs. L'analyse du langage ordinaire comme toute autre méthode, doit faire ses preuves, il ne faut pas lui chercher d'autre justifi- cation. Mais on ne peut pas non plus pratiquer cette analyse en aveugle : ü y a les impasses, il y a les bons chemins, il est des choses qu'il importe de ne pas faire et d autres qu'il importe de faire. Pour ce qui est des choses qu'il importe de ne pas faire, le PT Gilbert Ryle en fit un rélevé dans son article, Ordinary Language K II entendait ainsi et du même coup mettre fin à nombre de malentendus : les analystes du langage ordinaire, disait- il, ont soin de ne pas faire tout ce qu'on s'est plu à leur reprocher. Quant aux choses qu'il importe de faire, on en trouve une esquisse dans V article de J. L. Austin que voici. Pour qui veut s'informer sur la méthode d'analyse d'Oxford, il paraît donc indispensable de rapprocher ces deux articles et de faire valoir leur complémentarité. Aussi convient-il de rappeler ici brièvement l'essentiel de ce qu'on pouvait lire dans Ordinary Lan- guage : 1. L'analyse du langage ordinaire, en dépit de son nom, ne doit pas por- ter exclusivement sur le langage ordinaire (mais aussi sur les langages scien- tifiques ou techniques, sur le langage philosophique, juridique, etc.). * J. L. Austin, A Plea for Excuses, « The Presidential Address to the Aristotelian Society, 1956 ». Proceedings of the Aristotelian Society. 1956-1957. vol. LVIL 1. Gilbert Ryle, t Ordinary Language », The Philosophical Review, vol. LXII, 1953. Nous en avons proposé une traduction française dans le numéro 3, 1966, de la Revue de Métaphysique et de Morale, sous le titre La philosophie et l'Analyse du langage ordinaire. 414 This content downloaded from 131.211.208.19 on Tue, 6 Aug 2013 14:40:38 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions Les excuses 2. La détermination de V usage ordinaire ou régulier d'un mot (ou d'une expression), qu'il appartienne ou non au langage ordinaire, est en elle- même une opération dénuée de toute portée philosophique, (II s'agit donc de rompre avec le « second » Wittgenstein et V orientation de Cambridge, pour qui l'usage ordinaire est le Dernier Mot.) 3. Il ne s'agit pas d'analyser le mot (ou V expression), mais son usage. Ce qui veut dire en premier lieu qu'il n'est pas question de procéder à une analyse linguistique des propriétés du mot. Et ce qui veut dire en second lieu qu'on ne peut prétendre restreindre les résultats de V analyse à une langue donnée, ou au langage de tel ou tel groupe social. Ce n'est pas le mot qui importe, mais la fonction qu'il occupe dans le discours, fonction que tout autre mot pourrait venir occuper à sa place. 4. L'usage d'un mot (ou dune expression), ce n'est pas son utilité, mais la façon dont on Vutilise. Ce qui veut dire qu'il ne s'agit pas de répondre à la question : à quoi ce mot peut-ü nous servir, ou que sert-il à exprimer ? On se garde ainsi du dualisme entre Vexpression, et une quelconque idée ou entité qu'elle serait chargée d'exprimer ; et on évite, d autre part, une concep- tion instrumentale du langage, que certains ont cru précisément devoir repro- cher aux analystes d'Oxford. 5. L'usage n'est pas la coutume. Il ne s'agit donc pas de s'en remettre à ce qui se dit (autre reproche que Von fit à cette méthode), car, en effet, ce qui se dit peut être inexact, mais de se reporter à ce qu'il est permis de dire. Et par conséquent il ne peut être question, comme certains l'ont fait, de réclamer ou de souhaiter des enquêtes statistiques en vue de garantir plus d'objectivité. 6. Les philosophes ne sont nullement obligés a priori de s'abstenir de tout langage spécialisé - de tout langage philosophique. On prend une fois encore ses distances à l'égard de Wittgenstein : la philosophie n'est pas toujours une maladie du langage.... Voilà donc, parmi d'autres, les choses qu'il importe de ne pas oublier lors- qu'on pratique la méthode d'analyse dite d'Oxford, ou lorsqu'on veut por- ter sur elle un jugement. Et il reste bien sûr des points obscurs, d'autres questions peuvent se poser, d'autres objections survenir, sur lesquelles nous reviendrons dans un prochain article oh nous tenterons de faire le point sur cette méthode philosophique 1. A Plea for Excuses, l'article de John L. Austin que nous présentons aujourd'hui, rejoint celui du PT Ryle sur les points essentiels qu'on vient dénumérer. Mais on notera que l'importance du langage ordinaire pour 1. A paraître dans la Revue de Métaphysique et de Morale. 415 This content downloaded from 131.211.208.19 on Tue, 6 Aug 2013 14:40:38 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions /.-L. Austin Vanalyse philosophique s'y trouve plus vigoureusement affirmée, et que la frontière entre la philosophie analytique et la linguistique y est moins tran- chée. Le but aussi est différent II s'agit cette fois de choses qu'il importe de faire - et aussi de suggestions, de conseils, d'exemples divers, de remarques ingénieuses ou étonnantes. Cet article est célèbre. Son titre, intraduisible 1, demande un mot d'explication. Il indique tout d'abord que le sujet traité, comme on peut s'y attendre, ce seront les excuses ; mais aussi que l'auteur plaidera la cause des excuses : il faut qu'elles deviennent un sujet privilégié de la philosophie ; enfin l'auteur s'excuse d'agir comme il le fait *.... Le ton est celui de la conversation, l'accent désinvolte, le travail minutieux et austère. On peut prévoir un cer- tain malaise chez le lecteur français, qui risque de se demander parfois (ou souvent) où Von va, et où l'on est. C'est qu'on a l'habitude d'aborder direc- tement et de front les problèmes philosophiques : les philosophes d'Oxford ont choisi quant à eux de faire un détour - celui précisément du langage. Et ce qui est plus grave, ils n'entendent pas se borner à simuler ce détour, ce n'est pas l'idée d'un tel détour qu'il leur importe d'expliciter et de brandir comme argument philosophique, ce détour ils le font réellement, méticuleu- sement, Austin plus que tout autre. Et s'il est vrai que ce détour n'est pas un simulacre, on comprendra qu'il n'est pas toujours possible d'en prévoir les résultats philosophiques. Il ne s'agit pas ici de tirer du langage des argu- ments qui viendraient confirmer une thèse philosophique déjà posée, mais de découvrir par l'analyse du langage ce qu'il en est des choses. Et c'est pour- quoi on ne sait pas toujours (ou souvent) où l'on va. Quant à demander si une telle démarche est bien philosophique, la ques- tion paraît vaine : on serait bien en peine de définir la nature de la démarche philosophique. Mais ce qui est certain, c'est que les questions auxquelles les philosophes de V « École » d'Oxford cherchent à répondre par le détour du langage, sont des questions philosophiques. Tout est de savoir s'ils peuvent y réussir, si le langage vraiment peut nous apprendre quoi que ce soit sur ce qu'il en est des choses, et comment il peut nous l'apprendre. Or s'ils ne peuvent prévoir, sinon vaguement, les résultats de leur démarche, ces philo- sophes par contre croient avoir de très bonnes raisons de l'entreprendre. Quelques-unes de ces raisons sont mentionnées dans l'article qu'on va lire ; il en est d'autres encore. Quoi qu'il faille en penser », nous voudrions rap- peler, en guise de préambule à la lecture de A Plea for Excuses, quelques mots prononcés par Austin à Royaumont, qui résument avec éloquence le fond de sa pensée. 1. Un plaidoyer, une défense, et aussi des excuses pour les excuses.... 2. Austin déclarait! a ttoyaumont, en îyoi : cex amcie esx € ion justement mu nue ; Excuses ; puisque mon credo se ramène en gros à m'excuser de ne pas faire uploads/Philosophie/ austin-les-excuses-a-plea-for-excuses-trad-r-franck.pdf
Documents similaires










-
29
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 24, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 2.4724MB