PART TWO THE TRANSMISSION OF TEXTS AND THE CREATION OF THE PHILOSOPHICAL CORPUS
PART TWO THE TRANSMISSION OF TEXTS AND THE CREATION OF THE PHILOSOPHICAL CORPUS IN ARMENIAN, SYRIAC, ARABIC AND HEBREW Valentina Calzolari - 9789047419471 Downloaded from PubFactory at 03/12/2021 06:42:20PM via Bodleian Libraries of the University of Oxford AUX ORIGINES DE LA FORMATION DU CORPUS PHILOSOPHIQUE EN ARMÉNIE : QUELQUES REMARQUES SUR LES VERSIONS ARMÉNIENNES DES COMMENTAIRES GRECS DE DAVID Valentina Calzolari Paroles du philosophe David qui connaît pleinement la (phi- losophie) théorique et pratique avec ses douze subdivisions. (Originaire) du canton de Hark’, du village de Heret’; disciple de Sahak et de Mesrop. On dit qu’il était ls de la sœur de Moïse, le Père des rhéteurs, et l’un des soixante qui, parés de toute vertu, furent choisis pour leur intelligence, leur voix suave et leur endurance et qui, cent onze ans après saint Gré- goire, furent désignés pour découvrir l’écriture de cette nation et partirent pour étudier la philosophie et la rhétorique, ainsi que pour faire des traductions à Alexandrie, à Athènes et dans d’autres provinces (. . .).1 1. David, le “philosophe invincible” Les détails de la biographie de David sont entourés de mystère. Au silence des sources grecques2 s’oppose en effet une riche tradition arménienne, à l’intérieur de laquelle les contradictions sont multiples.3 Cet article re ète, en partie, les résultats des recherches effectuées dans le cadre d’un projet international soutenu par le Fonds National Suisse de la Recherche Scienti que et coordonné par le Centre de recherches arménologiques de l’Université de Genève de 2001 à 2004. Ce projet a pu compter sur la collaboration ef cace de cinq chercheurs d’Arménie – Prof. Sen Arevshatyan, Dr. Gohar Muradyan, Prof. Erna M. Shirinian, Prof. Albert Stepanyan, Dr. Aram Topchyan – ainsi que du Prof. Jonathan Barnes (Université de Paris IV-Sorbonne), co-promoteur du projet et conseiller toujours pré- cieux à qui j’exprime ici toute ma gratitude. 1 Cf. Dawt’i Anyat’ p’ilisop’ayi matenagrut’iwnk’ ew t’ut’ Giwtay kat’oikosi a Dawit’, Éd. Mékhitaristes, Venise 19322, p. 5. 2 C’est grâce à des allusions contenues dans les commentaires grecs qui lui sont attribués ou à des parallélismes intertextuels que nous pouvons supposer que David fut élève d’Olympiodore, à Alexandrie, dans la deuxième moitié du VIe siècle. 3 La question de l’origine et de l’identi cation de David reste controversée; pour un état de la question tenant compte aussi des travaux récents publiés en Arménie, cf. J.-P . Mahé, « David l’Invincible dans la tradition arménienne », in I. Hadot (éd.), Valentina Calzolari - 9789047419471 Downloaded from PubFactory at 03/12/2021 06:42:20PM via Bodleian Libraries of the University of Oxford 260 valentina calzolari L’extrait de l’exergue, tiré de la préface du Panégyrique à la Croix armé- nien,4 résume à lui seul les principaux éléments de cette tradition. Après avoir explicitement af rmé l’origine arménienne de David, il associe le philosophe aux gures fondatrices de l’identité culturelle et religieuse de l’Arménie. D’un côté, il établit un lien de parenté entre David et le pater historiae Moïse de Khorène. De l’autre côté, il le compte au nom- bre des traducteurs du cercle de Sahak et Mesrop (Machtots) qui, au début du Ve siècle, donnèrent tous deux le départ à une littérature en langue arménienne qui allait comprendre tout d’abord la traduction de la Bible et des écrits des Pères de l’Église. En même temps, le texte rappelle bien que le bagage culturel par lequel David se distingua était représenté par la connaissance de la rhétorique et de la philosophie apprises dans les écoles d’Athènes et d’Alexandrie.5 Selon la tradition arménienne, c’est grâce aux armes de la philosophie dont il s’était équipé en milieu grec que David aurait pu défendre les positions dog- matiques de l’Église arménienne.6 L’excellente maîtrise de la langue grecque ainsi que la science que David aurait acquises à Athènes sont célébrées dans une deuxième source arménienne, le Livre des étants,7 par une anecdote qui relate com- ment, devant une ancienne stèle grecque au texte incompréhensible, « David … commença à répandre la lumière de sa doctrine » et livra un long commentaire du texte gravé sur la colonne. Après cette époustou- ante prestation fut « prononcé, à son propos, le nom d’“invincible” Simplicius. Commentaire sur les Catégories, Brill, Leiden – New York – København – Köln 1990 (Philosophia Antiqua, 50), p. 189–95; cf. aussi B. Kendall – R. W. Thomson, De nitions and Divisions of Philosophy by David the Invincible Philosopher, Scholars Press, Chico, CA 1983 (University of Pennsylvania, Armenian Texts and Studies, 5), p. xv–xviii; A. K. Sanjian (ed.), David Anhaght’. The ‘Invincible’ Philosopher, Scholars Press, Atlanta 1986 (Studies in Near Eastern Culture and Society, 7), p. 1–25; A. Ouzounian, « David l’Invincible », in R. Goulet (éd.), Dictionnaire des Philosophes Antiques, II, Éd. du CNRS, Paris 1994, p. 614–15. 4 Cf. Dawt’i Anyat’, cit. (supra, n. 1), p. 9–25 (trad. anglaise par H. Nersoyan in Sanjian, David Anhaght’ [cit. supra, n. 3], p. 81–100, précédée par une étude aux p. 65–79). 5 Rappelons d’ailleurs que les missions des premiers traducteurs eurent lieu plutôt en milieu syriaque. 6 La préface du Panégyrique à la Croix et la Lettre qui l’accompagne nous informent que David aurait écrit ce discours sur demande du catholicos arménien Giwt Arahezac’i (461–468) dans le but de contrecarrer, grâce à la philosophie, l’in ltration de nouvelles vagues d’hérésie en Arménie. 7 Parmi les travaux récents sur cette œuvre, cf. M. van Esbroeck, « Movss Xorenac’i et le Girk’ akac’ », Revue des Études Arméniennes 25 (1994–1995), p. 109–24; Id., « Les méta- morphoses du Girk’ akac’ », Revue des Études Arméniennes 26 (1996–1997), p. 235–48. Valentina Calzolari - 9789047419471 Downloaded from PubFactory at 03/12/2021 06:42:20PM via Bodleian Libraries of the University of Oxford aux origines de la formation du corpus philosophique 261 par lequel il est (précisément) appelé “philosophe invincible” ».8 Selon la tradition arménienne, après une longue permanence en milieu grec, David serait rentré dans sa patrie et l’aurait enrichie ainsi de son savoir à travers la traduction arménienne d’un nombre important de textes grecs, y compris les œuvres qu’il avait lui-même rédigées lors de son séjour à l’étranger. Le résultat de cette accumulation de traditions différentes est la formation d’un dossier des plus complexes, à l’intérieur duquel il est dif cile de distinguer les écrits authentiques des écrits pseudépigraphes. La comparaison des informations que l’on peut tirer des manuscrits grecs et arméniens a cependant permis d’attribuer à David, non sans quelques incertitudes (voir infra), la paternité de quatre œuvres. D’après les manuscrits grecs, David est l’auteur de trois œuvres % 1# : Prolégomènes à la philosophie (Proleg.), Commentaire à l’Isagoge de Porphyre (Comm. in Isag.) et Commentaire aux Catégories d’Aristote (Comm. in Cat.).9 Ces trois œuvres ont été traduites en arménien.10 La tradition armé- nienne conserve également le texte d’un Commentaire aux Analytiques Premiers (Comm. in An. Pr.), incomplet, qui présuppose un original grec peut-être perdu.11 2. L’École hellénisante et la constitution du premier corpus d’œuvres philosophiques en arménien La réalisation des versions arméniennes des œuvres grecques de David appartient à une période de la littérature arménienne, appelée “École hellénisante” (VIe–VIIIe s.), qui fut caractérisée par une importante entreprise de traduction d’œuvres profanes grecques.12 C’est grâce à 8 Cf. N. Akinian, « M. Xorenac’woy patmut’ean amanakin masin », Handes Amsorya 17/5 (1903), p. 153b, l. 49–51 et 54–55. 9 Davidis Prolegomena et in Porphyrii Isagogen commentarium, ed. A. Busse, Reimer, Berlin 1904 (CAG XVIII 2); Eliae In Porphyrii Isagogen et Aristotelis Categorias Commentaria, ed. A. Busse, Reimer, Berlin 1900 (CAG XVIII 1). Sur la question de la paternité du Comm. in Cat., voir infra, § 4.1. 10 Dawit’ Anyat’. Erkasirut’iwnk’ p’ilisop’ayakank’, éd. S. S. Arevshatyan, Académie des Sciences, Erevan 1980 (réimpression sans apparat critique des éditions de 1960, 1967 et 1976, respectivement des Proleg., du Comm. in An. Pr. et du Comm. in Isag., avec une édition inédite du Comm. in Cat.). 11 Voir infra, n. 44 et 45. 12 Sur l’École hellénisante, cf. V . Calzolari, L’école hellénisante, in M. Nichanian, Âges et usages de la langue arménienne, Entente, Paris 1989, p. 110–30; H. Manandian, Yunaban Valentina Calzolari - 9789047419471 Downloaded from PubFactory at 03/12/2021 06:42:20PM via Bodleian Libraries of the University of Oxford 262 valentina calzolari l’activité des traducteurs de cette “École” que l’Arménie put s’enrichir des textes fondamentaux du trivium et jeter les premiers jalons en vue de la formation d’un cursus studiorum propre. Le corpus philosophique arménien issu de l’École hellénisante, en particulier, révèle plusieurs coïncidences frappantes avec les program- mes en usage dans les Écoles néoplatoniciennes de l’Antiquité tardive, surtout avec le cursus aristotélicien.13 Les Arméniens ont traduit en effet les Catégories, le De Interpretatione ; le De Mundo et le De Virtutibus du ps.- Aristote; l’Isagoge de Porphyre; les commentaires de David. Le même corpus comprend encore deux Commentaires arméniens anonymes sur les Catégories et sur le De Interpretatione jadis attribués à David,14 ainsi qu’un troisième Commentaire sur les Catégories, fragmentaire et anonyme. Le corpus platonicien arménien (Euthyphron, Apologie de Socrate, Minos, Timée, Lois)15 est en revanche plus uploads/Philosophie/ aux-origines-de-la-formation-du-corpus-p.pdf
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- Publié le Mai 01, 2021
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