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Recuperado de: http://philippesabot.over-blog.com/article-penser-la-critique-foucault- 103354284.html Penser la "critique" | Foucault Philippe Sabot 13 Avril 2012 0 Quelques articles Avec Foucault, penser la « critique » PUBLICIDAD Je voudrais préciser pour commencer quels sont les enjeux limités de mon investigation en ce qui concerne l’élaboration de la notion de « critique » chez Foucault. Il ne s’agit pas, à travers ce thème de la « critique », d’interroger dans le détail le rapport de Foucault à la pensée kantienne. La relation de Foucault à Kant est sans doute décisive pour rendre compte non seulement de l’impulsion de sa démarche (à travers notamment le questionnement sur l’anthropologie dans la Thèse complémentaire et jusque dans Les Mots et les choses) mais aussi de ses développements continus sur des questions comme celles du savoir, de la modernité, du sujet, etc., ou même de ses rapports implicites ou explicites à d’autres philosophies comme celles de Heidegger, de Marx, de la phénoménologie, ou de Nietzsche. Cette question de la relation de Foucault à Kant a déjà été abondamment traitée, que ce soit (pour ne donner que quelques repères dans la vaste littérature secondaire foucaldienne de langue française) dans les premiers travaux de Frédéric Gros (dont la thèse portait sur Théorie de la connaissance et histoire des savoirs dans les écrits de Michel Foucault – 1995), dans l’ouvrage de Béatrice Han sur L’ontologie manquée de Michel Foucault (Millon, 1998) ou encore, pour passer directement à l’actualité la plus récente, dans la thèse de Thomas Bolmain, consacrée aux « kantismes » de Foucault (et dont le titre principal est : Une expérience critique de la pensée – thèse soutenue à Liège en décembre 2011). Je ne parle évidemment pas des innombrables articles consacrés à Foucault et Kant ou au kantisme de Foucault… Difficile donc de prétendre dire quelque chose de neuf dans ce domaine. Néanmoins, comme il est clair que la question de la critique se pose bien chez Foucault en référence avec la question critique, il n’est pas possible de faire tout à fait l’impasse sur le kantisme ou un certain usage du kantisme chez Foucault. Ce qui implique également de s’interroger sur le point de croisement de ces deux questions, lesquelles, on va le voir, ne se recoupent pas complètement ou du moins méritent d’être traitées dans leur développement parallèle. C’est précisément dans ce sens que j’envisage de travailler en me limitant toutefois à l’étude de quelques textes, et d’un texte en particulier, qui tournent autour du rapport entre critique et Aufklärung. On sait que Foucault a consacré à l’Aufklärung et, plus précisément même à la réponse de Kant à la question « Was ist Aufklärung ? » un texte important, paru en 1984 sous ce même titre mais en anglais (« What is Enlightment ? ») dans l’anthologie américaine éditée par Paul Rabinow, The Foucault Reader. On trouve dans les Dits et écrits, sous le titre « Qu’est-ce les Lumières ? » la traduction française de ce texte (Dits et écrits, Gallimard, 1994, IV, n°339). Ce n’est pourtant pas de ce texte-là que je voudrais partir, mais d’un autre texte – au statut et au contenu plus problématiques : je veux parler du texte de la conférence que Foucault a prononcée devant la Société française de philosophie le 27 mai 1978 et qui a été édité de manière posthume (en 1990) dans le Bulletin de ladite Société sous le titre : « Qu’est-ce que la critique ? » avec, à la suite, et entre parenthèses, « Critique et Aufklärung ». Je note pour commencer que ce texte n’est pas repris dans les Dits et écrits (à la différence du texte de 1984), dans la mesure où Foucault ne l’aurait pas révisé et, peut-être, n’en souhaitait pas la publication... Il est probable en tout cas qu’aucun des deux titres qui figurent en tête du Bulletin de la Société française de Philosophie n’aient été donnés directement par Foucault qui, sans s’expliquer directement sur ce redoublement du titre, en fournit tout de même une curieuse justification[1]. En effet, dès le début de sa conférence, il s’excuse auprès de l’assemblée de ne pas avoir donné de titre (ni par conséquent de présentation d’ensemble) à son intervention, faute d’en avoir trouvé un ou, ajoute-t-il, faute d’avoir osé intituler sa conférence avec cette question qui n’est dévoilée qu’à la toute fin de son propos : « Qu’est-ce que l’Aufklärung ? ». A défaut de proposer d’emblée ce titre ou de consacrer à cette question l’ensemble de sa conférence (ce qui sera donc fait 6 ans plus tard), Foucault retient donc une autre question, proche dans sa signification et dans ses enjeux, mais différente et en un sens plus large dans sa formulation : « Qu’est-ce que la critique ? ». On pourrait penser qu’en passant, dans cette conférence de 1978, de la question de la critique à celle de l’Aufklärung (dans son rapport avec l’entreprise de la critique – kantienne), Foucault propose en un sens ici seulement l’esquisse, le rapport d’étape, de ce qui deviendra le texte publié en 1984 dans The Foucault Reader. Or, il me semble qu’une telle lecture récurrente conduit à manquer en grande partie ce qui fait l’intérêt spécifique de la conférence de 1978 par rapport aux thèmes développés en 1984 et qui sont relatifs à ce que Foucault nomme l’êthos philosophique de la modernité ou encore l’ « ontologie critique de nous-mêmes », solidaire d’un diagnostic du présent. Sans m’interdire par principe une analyse des déplacements qui s’opèrent d’un texte à l’autre – et qui concernent le développement et la reformulation de la question de la critique, je voudrais revenir sur quelques-uns des enjeux majeurs de la conférence de 1978 qui éclairent en quelque sorte la conjoncture philosophique et historique dans laquelle se situe l’entreprise de Foucault. Je privilégierai dans cette perspective trois pistes de lecture qui s’ordonnent chacune autour d’un axe thématique fort : l’axe de la gouvernementalité d’abord (qui permet de définir de manière générale l’« attitude critique ») ; l’axe de la rationalité ensuite (qui conduit à proposer une interprétation des rapports entre critique et Lumières, critique et Aufklärung, et qui conduit Foucault à situer sa propre entreprise critique par rapport au projet critique d’une part, et au projet de la théorie critique d’autre part, dans un dialogue avec l’Ecole de Francfort) ; l’axe de la subjectivité enfin (qui pose le problème du « désassujettissement » - c’est ce problème qui a particulièrement retenu l’attention de Judith Butler dans la lecture qu’elle a proposée de la conférence de Foucault : « Qu’est-ce que la critique ? Essai sur la vertu selon Foucault »[2]). Gouvernementalité : pouvoir, vérité, sujet Le texte sur les Lumières publié en 1984 tire une partie de sa signification des enjeux éthiques et politiques développés par Foucault au même moment dans ce qui devaient être ses derniers cours au Collège de France. C’est d’ailleurs dans la première leçon du cours sur le Gouvernement de soi et des autres (leçon du 5 janvier 1983) que Foucault propose une analyse détaillée de la réponse kantienne à la question « Was ist Aufklärung ?», - analyse qui fournira la matrice de « What is Enlightment ? ». Tout se passe comme si le philosophe ressentait le besoin d’inscrire les développements ultérieurs sur la parrêsia grecque, sur le dire-vrai et le courage de la vérité, sous l’horizon de cette posture ou de cette attitude critiques à l’égard de l’actualité et de « ce que nous sommes » dont la formule est donnée par Kant. Ce raccourci chronologique et même anachronique (on passe de Kant à Platon d’un cours à l’autre), peut paraître étonnant mais il définit en réalité assez bien le type de travail historico-philosophique ou philosophico-historique de Foucault. C’est en tout cas quelque chose du même ordre, quelque chose de l’ordre d’une « attitude critique » que Foucault entendait caractériser déjà au début de sa conférence de 1978. Pourtant, comme nous allons le voir, il en définit alors la portée de manière assez différente, ou du moins en rapport avec d’autres enjeux, relevant d’un autre champ d’étude historique que celui ouvert dans les années 1983-1984. Ces enjeux sont liés précisément au thème de la gouvernementalité, plus spécifiquement même de la gouvernementalité pastorale, tel qu’il en vient à être étudié dans le cours consacré à Sécurité, territoire, population, à partir des leçons du printemps 1978. La conférence « Qu’est-ce que la critique ? » offre ainsi d’abord un prolongement aussi immédiat qu’inattendu à cette problématique nouvelle apparue au fil des investigations de Foucault dans ce cours. D’une certaine manière, on peut dire que pour Foucault, l’histoire de la gouvernementalité et l’histoire de l’attitude critique se recouvrent partiellement, et qu’il s’agit même pour lui d’inscrire son analyse (nouvelle) de la gouvernementalité sous l’horizon d’une refonte du projet critique. Qu’est-ce que cela signifie ? Pour le comprendre, on peut repartir de quelques traits caractéristiques de la gouvernementalité pastorale, telle que Foucault la définit justement au Collège de France à partir de mars 1978. Cette gouvernementalité se définit uploads/Philosophie/ avec-foucault-penser-la-critique 1 .pdf
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- Publié le Jui 15, 2021
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