L’ANTIPHILOSOPHIE DE WITTGENSTEIN PAR ALAIN BADIOU (1993-1994) (Notes d’Aimé Th
L’ANTIPHILOSOPHIE DE WITTGENSTEIN PAR ALAIN BADIOU (1993-1994) (Notes d’Aimé Thiault et transcription de François Duvert) 1er cours Error! Bookmark not defined. 1) l’antiphilosophie 9 a) définition 9 b) 3 dimensions de l’anti-philosophie 9 2) l’anti-philosophie de Wittgenstein 11 a) 1er trait 11 b) 2ème trait 12 c) 3ème trait 12 3) analogie avec Pessoa 14 4) récapitulation 16 5) anti-philosophie et religion 17 a) introduction 17 b) le christianisme de Wittgenstein 18 c) précisions 19 c) le statut de Dieu 20 2nd cours 23 Livres 26 - J.L. Nancy, le sens du Monde, chez Galilée. 26 L’Éthique 28 1) rappels 29 a) 1er point : croisement Nietzsche / Wittgenstein 29 b) 2nd point : ontologie (monde et sens du monde) 30 2) la question du christianisme 33 a) Wittgenstein et la tentation 33 b) la tentation dans l’anti-philosophie 34 c) la tentation du suicide 34 3ème cours 38 1) l’acte archi-esthétique 38 2) l’ontologie 39 a) 1er énoncé : 39 b) 2ème énoncé 39 c) 3ème énoncé 40 d) 4ème énoncé 40 e) 5ème énoncé 41 f) 6ème énoncé 41 g) 7ème énoncé 42 h) 8ème énoncé 43 i) la négation 44 3) l’éthique 46 4) Rorty et Lacan 46 4ème cours 50 1) définitions 50 a) sophistique 50 b) anti-philosophie 52 2) interprétation de Wittgenstein par Rorty 55 a) introduction 56 b) 1ère thèse : Wittgenstein est le Kant contemporain 57 c) 2ème thèse : Wittgenstein n’est pas la fin de la philosophie 60 d) 3ème thèse : Wittgenstein est un écrivain satiriste 61 3) Wittgenstein comme emblème de la modernité européenne 62 5ème cours 66 1) rappels 66 2) l’interprétation de Wittgenstein par Lacan 68 a) la férocité psychotique 68 b) ce que Lacan valide de Wittgenstein 69 3) sur la disjonction radicale du sens et de la vérité 69 4) 4) 2nd thème : la subjectivité antiphilosophique 71 5) 3ème élément : la théorie du sujet 74 a) la construction du Tractatus 75 b) théorie du sujet 76 6ème cours 78 Rappels 78 Théorie du sujet 78 L’existence 79 Le solipsisme 80 La monstration du sujet 82 7ème cours 85 1) rappels 85 2) la doctrine de la proposition : remarque préliminaire 86 Préliminaires 86 3) la doctrine de la proposition : remarque préliminaire (suite) 89 a) le montrer et la description 89 b) le 2nd Wittgenstein 91 4) théorie de la proposition : remarque préliminaire (fin) 93 5) conclusion des remarques préliminaires 94 8ème cours 96 1) rappels 96 2) la théorie de la proposition 96 a) l’objet 97 b) les états de choses 98 c) le tableau et le nom 99 3) critique : 2 remarques sur poésie et nomination 101 a) 1ère remarque 101 b) 2ème remarque 102 c) l’enjeu du débat 103 4) retour à la théorie de la proposition 105 a) l’indépendance des états de choses 105 b) 1ère raison 106 c) 2nde raison 106 d) proposition atomique 107 9ème cours 108 1) Rappel : substance et objets simples 108 a) 2 régimes de l’existence 108 b) l’atomisme 111 c) ontologie des objets indiscernables, 1er et 2nd Wittgenstein 115 2) rappel :les noms 118 3) rappel : les états de choses 118 4) la proposition atomique 119 10ème cours 122 1) rappel : 3 instances de la non pensée 122 a) la nomination 123 b) l’impossible 123 c) le non sens 125 2) controverse avec la philosophie 125 a) 4.112 125 b) 4.113 126 3) le non-sens 127 4) la négation 129 5) la théorie de la proposition complexe 132 11ème cours 136 1) rappels 136 2) la proposition complexe 140 12ème cours 150 a) l’existence mondaine 150 b) l’existence générique 151 13ème cours 160 Nous nous retrouvons, ou nous nous trouvons, pour une nouvelle année qui va commencer de manière un peu particulière, puisque je n’ai pas été en état de faire de ce cours la semaine dernière pour des raisons personnelles et intimes. Mais après tout, puisque je m’expose à vous, je voudrais au moins exposer un emblème ou un symbole de cette douleur. Il s’agit de la mort d’un jeune homme ou d’un homme jeune, dans des circonstances accidentelles atroces. Je voudrais d’abord que ce nom soit prononcé, ici, pour ceux qui le connaissaient comme pour ceux qui ne le connaissaient pas. Il s’appelle Victor Lazarus Giraud. Il était le fils de l’écrivain Natacha Michel et du penseur de la politique Sylvain Lazarus, et il avait 20 ans. Pour des raisons à la fois directes et indirectes il m’était extrêmement cher. Pour qu’il y ait symbole public, puisqu’une mort de ce genre est, on le sait, consciemment ou inconsciemment une affection pour tous, je voudrais simplement en prologue à cette années lire la fin de la 1ère Elégie de Duino de Rainer Maria Rilke. …Maintenant monte une rumeur vers toi, qui vient de tous ces jeunes morts. Partout où tu entras, la parole silencieuse de leur destin, dans ces églises De Rome ou de Naples, ne s’adressa-t-elle pas à toi ? Ou bien, sublime, une inscription s’imposait à toi comme sur cette dalle, l’autre jour, à Santa Maria Formosa… - Ce qu’ils attendent de moi ? que doucement j’enlève cette apparence d’injustice, quelquefois, qui gêne un peu leurs âmes, en leur mouvement pur. Il est étrange, sans doute, de ne plus habiter la terre ; de ne plus suivre ces coutumes, qu’on vient d’apprendre à peine ; et de ne plus donner aux roses, à d’autres choses en pro- messe, la signification du devenir humain ; de n’être plus ce qu’on avait été dans l’angoisse infinie des mains, et puis d’abandonner jusqu’à son propre nom, tel un jouet brisé. Etrange, de ne désirer plus les désirs. Etrange, de voir tout ce que des rapports tenaient lié ensemble, flottant si librement dans l’espace. Etre mort est un état pénible et plein de recommencements, jusqu’à ce qu’on parvienne et qu’on pénètre un peu l’éternité. Mais les vivants, tous commettent la faute de faire trop grandes leurs différences. Les Anges (dit-on) souvent ne savent pas s’ils passent parmi des vivants ou des morts. Le courant de l’éternité à travers les deux règnes entraîne tous les âges avec moi, toujours, et les confond chacun Ils n’ont donc plus besoin de nous, ceux qu’enleva la mort précoce : doucement du terrestre on se déshabitue, ainsi que douce- ment on passe l’âge où l’on a besoin du sein de la mère. Mais nous, à qui sont nécessaires d’aussi graves secrets, nous pour qui le bienheureux progrès naît si souvent du deuil : - pourrions-nous exister sans eux ? La légende est-elle vaine, où jadis ce fut pour pleurer Linos Que la première audacieuse musique osa forcer l’aridité du néant ? et qu’alors, dans l’espace effrayé d’où le jeune héros – presque un dieu – soudain et pour toujours se détachait, le vide entra en vibra- tion et connut l’harmonie qui maintenant nous ravit, nous console et nous aide. _____________________ Entrons dans la considération de cette œuvre singulière. En novembre 1914, Wittgenstein est en pleine guerre. Conformément à sa pratique constante et tourmentée de refus des privilèges, il n’est pas officier, ni abrité, comme il pouvait l’être, il est soldat, bien que l’environnement par la soldatesque lui répugne, mais il assume cette répugnance. Il a déjà connu le feu et il s’occupe plus particulièrement d’un projecteur sur une canonière fluviale qui descend la Vistule. Un peu plus tard, quand il deviendra finalement officier, parce que la bureaucratie rattrape toujours les destins sociaux, il sera un formateur pour diriger les cours d’artillerie. Si on y réfléchit, il est assez singulier que Wittgenstein ait traversé la guerre soit dans la fonction d’éclaireur au sens strict de responsable d’un projecteur, soit comme conducteur de tir. Rappelons, ici, la proposition 4.112 du Tractatus : « … ce qui résulte de la philosophie, ce ne sont pas des « propositions philosophiques », c’est la clarification des propositions… ». Eh bien disons que pendant la guerre de 14-18, Wittgenstein a été préposé non point au tir, mais à la clarification du tir. Et sa vie est tissée de telles analogies. La base arrière de Wittgenstein dans cet épisode des premières séquences de la guerre 14-18 est la ville de Cracovie. Il se replie périodiquement à Cracovie, en particulier lors des reculs de l’armée autrichienne et, à ce moment là, donc en novembre 1914, il trouve dans cette ville les œuvres terminales de Nietzsche. Ce sont les « délices » des intervalles de la guerre. Très précisément, il trouve les œuvres écrites en 1888, celles-là mêmes que nous avons étudiées plus singulièrement l’année dernière. Il les lit. Ce qu’il en lit nous ne le savons pas, la question des lectures de Wittgenstein reste assez secrète, mais en tout cas, il semble bien lire l’Antéchrist, livre qui le frappe sérieusement, et Wittgenstein écrit alors ceci dans son journal. C’est ce texte du journal qui va nous servir de plan d’envol : « je suis gravement affecté par son hostilité envers le christianisme, parce que uploads/Philosophie/ badiou-l-x27-antiphilosophie-de-wittgenstein.pdf
Documents similaires
-
22
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 18, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 1.7982MB