L’ANTIPHILOSOPHIE DE NIETZSCHE PAR ALAIN BADIOU (1992-1993) (Notes d’Aimé Thiau

L’ANTIPHILOSOPHIE DE NIETZSCHE PAR ALAIN BADIOU (1992-1993) (Notes d’Aimé Thiault et transcription de François Duvert) 1er cours 3 un triple objectif 3 comment questionner le texte de Nietzsche ? 5 statut des énoncés de la folie 8 l’interprétation de Heidegger 12 l’interprétation de Deleuze 15 2ème cours 18 la fonction des noms propres 20 le « contre » 21 l’acte comme événement : casser en 2 l’histoire du monde 23 la question de la révolution 25 complications : l’éternité 27 l’Antéchrist 28 3ème cours 30 rappels 30 le coup de dés : Nietzsche et Mallarmé 32 l’acte, surimposition de la brisure et de l’éternité 33 l’exécration du christianisme 34 la loi contre le christianisme de l’Antéchrist 36 le chien de feu et l’événement silencieux 41 4ème cours 44 Nietzsche et la politique 44 l’équivoque du mot vie 45 Dithyrambes à Dionysos 47 le cercle 48 monde et langage : sophistique historialisée et poétique anti-théâtrale 49 a) le monde.........................................................................................................................49 b) le langage.......................................................................................................................50 4 questions adressées à Nietzsche 51 la question de l’être en 6 propositions (début) 53 a) 1ère proposition : le il y a chez Nietzsche a pour nom le devenir ou la vie. ...................53 b) 2ème proposition : l’être est une désignation fictive : il ne faut pas nommer le il y a.....57 5ème cours 60 l’Etat, la nouvelle idole 60 a) 1ère thèse : disjonction entre peuple et Etat ....................................................................60 b) 2ème thèse : mort de Dieu, mort de l’Etat .......................................................................61 c) 3ème thèse : l’Etat est corruption.....................................................................................62 d) 4ème thèse : l’Etat change l’art, la science et la philosophie en un magma culturel.......62 e) 5ème thèse : l’humanité est toujours au-delà de l’Etat.....................................................63 l’ontologie de Nietzsche en 6 propositions 64 6ème cours 74 rappel : les 6 propositions ontologiques anti-philosophiques de Nietzsche 74 les 6 énoncés ontologiques philosophiques d’Alain Badiou 75 - 1er énoncé : le nom du il y a est multiplicité ou multiple pur. .........................................75 - 2nd énoncé : nommer être multiple le il y a peut être innocent si on coupe cette désignation, ie si on coupe être et vérité de toute continuité avec le sens..............................................75 - 3ème énoncé : la logique est ce que la philosophie retrace en elle-même comme effet de la mathématique.....................................................................................................................76 - 4ème énoncé : puisque le il y a est multiplicité pure, il n’y a pas de rapport. ...................76 - 5ème énoncé : les moyens de la pensée philosophique vont superposer ou combiner ou articuler l’idéal du langage adéquat et celui de la fiction intense. .....................................76 - 6ème énoncé : l’élément de fiction intense dans chaque philosophie est, en vérité, ce qui se retrace dans la philosophie de sa condition artistique........................................................77 acte et nihilisme 77 a) introduction....................................................................................................................77 b) rejet de 3 orientations (Hegel, Heidegger et Deleuze)...................................................79 1ère interprétation : l’acte aurait pour essence de créer de nouvelles valeurs contre les valeurs réactives nihilistes..............................................................................................................80 2ème interprétation : l’acte est de faire valoir dans tout ce qui est l’intensité maximale. ...81 c) 3ème interprétation...........................................................................................................83 Nietzsche par Foucault : la question de l’interprétation 84 a) exposition de la thèse de Foucault .................................................................................84 b) critique de la thèse Foucault ..........................................................................................85 les 3 métamorphoses 88 Nouveau Cours 90 Nouveau cours (Badiou, Nietzsche, l’art) 98 Nouveau cours 104 Nouveau cours 116 Dernier cours 128 Nouveau cours 137 1 ER COURS un triple objectif Aujourd’hui, je voudrais vous parler de ce qu’on pourrait appeler la stratégie de ce séminaire à la fois en termes d’enjeux, de problèmes, et à vrai dire, de difficultés, ainsi qu’en termes de méthode. Comme ce qui a été annoncé, en ce qui nous concerne, le vecteur de ce séminaire va être Nietzsche. Mais dire que nous allons parler de Nietzsche est en soi assez indifférencié. Ce qu’il faut voir tout de suite, c’est qu’il y a une complexité de la visée, ie que cet examen de Nietzsche, cette traversée de Nietzsche a elle-même au moins 3 objectifs, qui ne sont pas immédiatement superposables. - le 1er objectif est de tenter une qualification du texte nietzschéen. Quel est le statut exact du texte de Nietzsche ? Evidemment, ceci sera mesuré en partie par la question de la philosophie et des éventuelles définitions de la philosophie prenant pour guide la question : en quel sens Nietzsche est-il philosophe ? Et l’est-il ? on peut d’ailleurs poser la question dans l’autre sens, ie que doit être la philosophie pour qu’on puisse dire que Nietzsche est un philosophe ? Ou encore : si Nietzsche est un philosophe, quelles conséquences s’en tirent pour la philosophie ? Du point de vue du texte immédiat nietzschéen, cette question est extrêmement complexe, parce que, à la fois, Nietzsche revendique une identité de philosophe dans de nombreux passages et dans de nombreux autres passages s’en distancie radicalement. Par exemple, il soutiendra qu’en réalité, le philosophe a toujours été un prêtre masqué, caché. Mais à l’opposé des formules de ce genre, on en trouve d’autres, qui indiquent à ses yeux ce qu’est le vrai philosophe. Mais il emploiera aussi quantité d’autres noms. Il est loin de désigner son entreprise par le nom de philosophie. Ainsi, l’immoraliste sera un des noms du vrai philosophe. C’est donc ce que j’appellerais l’interrogation topique : de quel lieu procède, d’où s’énonce le texte nietzschéen ? - la 2ème question pourrait s’intituler : dans quelle mesure le siècle a-t-il été nietzschéen ? Après l’interrogation topique, nous aurions l’interrogation historique. Y a-t-il eu de manière essentielle quelque chose de nietzschéen dans le siècle ? Récemment, un certain nombre de gens se sont rassemblés pour écrire un livre intitulé : pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens. Un livre qui a fait un bruit léger. Compte de ce qu’ils sont, c’est une question que personne ne leur posait ! Mais enfin, ils ont trouvé nécessaire d’y répondre, et de dire, avec un certain fracas, pourquoi ils n’étaient pas nietzschéens. Ce qui, évidemment, s’enlevait sur la supposition d’un nietzschéisme général auquel ils faisaient une glorieuse et collective exception. On peut donc dire que la question de savoir ce que signifie être nietzschéen, ne pas être nietzschéen, est comprise un peu comme une question qui, en effet, interroge le siècle. Je voudrais que lorsqu’on voit avec une pareille fermeté le groupe en question énoncer pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens, la 1ère idée qu’on a, c’est que peut-être on doit l’être. C’est pour moi, d’ailleurs, une relative surprise de me découvrir, nolens volens, nietzschéen. Cela a activé, je dois le dire, mon rapport à Nietzsche, que de toute façon j’avais anticipé, puisque j’avais annoncé cette traversée de Nietzsche avant la parution de cet ouvrage, mais cela a accéléré la nécessité d’aller voir de près en quel sens peut-être, en effet, quelque chose du siècle et de la pensée avait reçu une touche nietzschéenne. A l’autre extrême, et puisque nous sommes dans l’investigation de situations, je voudrais signaler le beau livre de Sarah Kofman : Explosion I, qui est un examen extraordinairement attentif de Ecce Homo, presque un commentaire perpétuel de ce livre, paragraphe par paragraphe, et presque ligne à ligne. Livre que nous aurons à croiser plusieurs fois. Explosion I n’est d’ailleurs que la 1ère partie de cette entreprise, qui, à sa manière, elle aussi, restitue ou institue la question de Nietzsche comme une question immédiatement essentielle et contemporaine. Donc l’interrogation historique serait : que peut-on penser ou que se laisse-t-il penser sous l’idée que quelque chose du siècle a été nietzschéen, et qu’il serait nécessaire soit de reformuler cette disposition, soit de s’y opposer d’une manière ou d’une autre ? En vérité, dans le cheminement que je vous proposerai, nous trouverons 2 interrogations essentielles concernant cette question qui sont l’interrogation de Heidegger et celle de Deleuze sur : dans quelle mesure ce siècle a-t-il été nietzschéen ? Heidegger, vous le savez, le texte référentiel ce sont les 2 gros volumes parus chez Gallimard : Nietzsche I et II, et qui restituent, sans doute refaçonnent, les cours donnés par Heidegger entre 1936 et 1946 – époque particulière. Il y a naturellement quantité d’autres allusions dans les textes de Heidegger sur Nietzsche, en particulier le texte tout à fait remarquable qui a pour titre : Qui est le Zarathoustra de Nietzsche ? Mais le corpus massif de l’examen heideggerien de Nietzsche se trouve dans les 2 gros volumes. Pour Deleuze, le livre principal est Nietzsche et la Philosophie. Et comme nous le verrons, chemin faisant, je pense que l’interprétation de Heidegger et la reconstruction de Deleuze dessinent une sorte d’écart maximal autour de la question de la contemporanéité de Nietzsche. - la 3ème visée concernera la détermination du rapport de la philosophie à l’art comme je l’ai annoncé à la fin de l’année dernière, ie prendre Nietzsche comme support d’une détermination active ou actuelle que la philosophie, pour autant qu’elle persiste ou insiste, entretient avec l’activité artistique. A très gros traits, que s’est-il passé dans l’ordre propre de la philosophie à cet égard ? Vous savez que Hegel annonçait la fin de l’intérêt spéculatif pour l’art, disons la fin de l’intérêt philosophique uploads/Philosophie/ badiou-nietzsche.pdf

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