1 UNIVERSITE DE LUBUMBASHI MITUNDA Revue des Cultures Africaines • Justin BANZA

1 UNIVERSITE DE LUBUMBASHI MITUNDA Revue des Cultures Africaines • Justin BANZA Bwanga Wa Banza Editorial • BANZA Mwepu Mulundwe La philosophie pour quoi faire à l’aube du 21ème siècle ? Essai de justification (1-13) • BANZA Mwepu Mulundwe et MUHOTA Tshahwa Mythe, mythologie et philosophie africaine (14-24) • Corneille NGOY Kalulwa Kasongo Le marketing de la connaissance médiatisée par les nouvelles technologies de l′information et de la communication dans l′enseignement supérieur et universitaire en RDC. Regard sur l′Université de Lubumbashi (25-35) • Daniel CANDA Kishala Le visage d’un texte : Essai d’une lecture sémiostylistique. Réflexions sur les braderies évoquées dans les littératures africaines francophones d’Amuri Mpala L (36-50) • IPO Abelela Structure et techniques de l′argumentation publicitaire : cas de la publicité audio visuelle en RDC (51-63) • Jean Paul BIRURU Rucinagiza et Joseph KASONGO Tshinzela La pertinence du chant « NGENDELA PENYE » dans le rite de Mbombo (64-73) • Joseph KASONGO Tshinzela Mbombo : une génération métaphysique (74-86) • MPALA Mbabula Sur la conception de l′au-dela dans l′Egypte antique (87-103) • MUTONKOLE Lunda- wa-Ngoyi Linguistique, culture et écologie : plaidoyer pour le plurilinguisme (104-119) • NSENGA Kapole Wampala Le discours social dans l’Empereur Ntambo wa Tubonge de Kiluba Mwika Mulanda (120-130) • NSENGA Kapole Wampala et Daniel CANDA Kishala Qu’est-ce que le théâtre ? (131-137) • Sébastien SHINDANO Mpoyo – E – Tambwe Le phénomène enfants de la rue et les mass média : considérations éthiques (138-150) • Sébastien SHINDANO Mpoyo – E – Tambwe et Simon KAYEMBE Malindha Tshikuta Le roman philosophique dans la littérature congolaise : un effort à fournir (151-158) • Simon KAYEMBE Malindha Tshikuta La socialité d’un conte merveilleux cokwe : cishimu ca kamulya (159-175) 2 • Simplice ILUNGA Monga et Toussaint MUSHID Kaur La spiritualité dans les sectes en République Démocratique du Congo : regard critique (176- 191) • Toussaint MUSHID Kaur Le congolais et le devenir de la République Démocratique du Congo : considérations psychosociologiques (192-206) • Vincent KABUYA Kitabi L’humanisme senghorien face à la construction de l’universel (207-215) PRESSES UNIVERSITAIRES DE LUBUMBASHI Presses Universitaires de Lubumbashi B.P. 1825, LUBUMBASHI, R.D. CONGO 3 EDITORIAL Après plusieurs années d’interruption, revoici la revue Mitunda, tel le Phénix qui renaît de ses cendres. Cette reparution ne peut que constituer un soulagement, car elle offre une tribune pour l’étude des lettres et des civilisations africaines, et particulièrement des lettres et civilisations congolaises. Ainsi ce numéro spécial se veut le carrefour, la confluence de certains paradigmes que manifeste la métissité des thèmes développés. Le lecteur trouvera donc des articles qui sont aux confins de la linguistique et de la littérature, des articles de littérature, de linguistique, de psychologie, de communication et enfin des articles de philosophie diversement traités. Il ne reste plus qu’à souhaiter une longue vie à la revue Mitunda. Puisse-t-elle servir encore longtemps de forum aux cultures africaines et congolaises. Le Secrétaire de rédaction Justin BANZA BWANGA WA BANZA Professeur Associé 4 LA PHILOSOPHIE POUR QUOI FAIRE À L’AUBE DU 21ème SIÈCLE ? Essai de justification Par BANZA Mwepu Mulundwe Assistant à l’Université de Lubumbashi. 0. INTRODUCTION La philosophie est aujourd’hui mal vue et mal comprise en R.D. Congo et cela pour la simple raison que l’on n’a pas interrogé l’histoire au sujet de cette noble discipline. Contrairement à l’opinion erronée que l’on se fait de la philosophie et du philosophe aujourd’hui en effet, en Grèce archaïque, des origines, donc depuis Charops (-1200), Orphée, Homère et Hésiode (-100/-900), jusqu’à Pythagore de Samos (-580/-500), se disait sage (aujourd’hui philosophe) tout homme versé dans la spéculation sur les origines et les causes des phénomènes physiques, sur les choses divines et humaines. C’est la période cosmologique caractérisée par la création des mythes d’origine, à savoir les mythes cosmogoniques et théogoniques1. C’est dans ce même sens que les tout premiers penseurs de la Grèce , dits aèdes, se sont appelés eux-mêmes sages, c’est-à-dire savants, hommes habiles doués d’un jugement équilibré, d’une connaissance éprouvée et supposés responsables de leurs actes 2. Tel est le cas des Sept Sages de la Grèce parmi lesquels on compte toutes les sortes de compétences, c’est-à-dire des savants (mathématiciens, astronomes, géomètres), des hommes des lettres ( juristes, politiciens et hommes d’Etat), des révolutionnaires, mais aussi des hommes de métiers (techniciens, artisans et artistes) et même des magiciens (prêtres, guérisseurs et mystiques divers)3 Et par sage ou sophiste, il fallait alors entendre tout homme habile ou savant dans un domaine donné ou une discipline quelconque, mais d’abord et surtout dans un domaine technique. Bref, le sage, le sophiste, est l’homme qui enseigne la sagesse, l’habileté orale et manuelle. Et la sophistique, elle se disait de l’art de former des hommes performants. Au sens classique donc, le sophiste est un homme de science, un homme doté d’une culture formelle orientée vers la pratique, capable de discuter et parler en vue des ambitions politiques. Et, de ce fait, il fait profession de science et d’habileté et se sent capable de discourir sur n'importe quoi et surtout de tout enseigner 4, de tout démontrer. Ainsi, en son temps, le mot sage ou sophiste servit à désigner tout homme expert dans son domaine qu’il soit théorique ou pratique, social, scientifique, politique, religieux, culturel, et ou technique. Cela étant pour les Anciens, le sage est surtout un homme réfléchi, un homme modéré, maîtrisant ses passions. Ainsi, à l’origine, sagesse et philosophie se confondent. Et 5 l’une comme l’autre, au sens de l’unité du savoir, se propose de donner solution à tous les problèmes sur Dieu, l’homme, la nature, l’organisation sociale et politique. La sagesse ou la philosophie ainsi conçue concerne aussi bien la prudence dans la conduite des affaires publiques et privées que la parfaite maîtrise des règles du savoir-vivre, de la connaissance parfaite des choses et de la dextérité manuelle, technique. Par sagesse, enfin, il faut entendre la parfaite maîtrise des principes de tout le savoir, art de bien raisonner et de bien juger, art d’inventer des vérités inconnues des autres et de bien les appliquer, art également de se servir de sa connaissance à point nommé5. Pour mener jusqu’au bout notre article, nous nous sommes proposé le schéma logique ci- dessus : - Dans un premier moment, nous présenterons l’évolution sémantique du concept de philosophie depuis l’Antiquité grecque archaïque et classique jusqu’à nos jours - Dans un deuxième et dernier moment, enfin, nous parlerons de la Philosophie opératoire. I. EVOLUTION HISTORIQUE ET SEMANTIQUE DU CONCEPT DE « PHILOSOPHIE » Cependant, notons que Pythagore de Samos fut le premier qui, contre la prétention des autres sophistes à l’omniscience, fut le premier, par modestie, à se dire Philosophe6. La philosophie recouvre depuis lors cette prise de conscience de la finitude humaine, des limites de la raison. Et, sur ce, Pythagore affirme : « Je suis philosophe pour la simple raison que je ne prétends point posséder la sagesse, mais dans la mesure où j’aspire vers elle. Car, il n’y a pas d’autre sage que les dieux » 7. Sur le plan historique, le mot sage se mit d’abord à désigner les tout premiers connaisseurs, savants de la Grèce archaïque. C’est ainsi que, chez Homère (-100/-900) , le mot sage se référa à une supériorité dans la pratique, la technique, l’habileté manuelle (artisanale ou artistique). Et le sage ne fut alors qu’une sorte d’artisan ou d’expert en travaux manuels. Mais, par la suite, le mot de sage connota l’idée ‘une supériorité basée sur un savoir total, le plus étendu possible. Et c’est ainsi que naquit en Grèce un nouveau type d’homme imbu d’omniscience, le sophiste. C’est ce qui fait qu’à l’origine, sages et sophistes eurent tous cette même et unique prétention à l’omniscience, ne divergeant que sur les moyens requis à cette fin. Raison pour laquelle, le sage ne fut au départ qu’une sorte de savant ou d’homme habile. Car, alors sagesse, on entendit toute sorte de performances en paroles et en actes. Et, par sophiste, toute sorte de professionnel de la sagesse 8 6 Ainsi entendu, le sophiste, véritable savant pour son époque, est un type spécial d’intellectuel enseignant à prix fort, qui s’illustra dans le monde grec méditerranéen sous le siècle de Périclès (-499/-429). Artisans habiles, hommes savants et modérés dans leur conduite, les sophistes, premiers intellectuels et premiers professeurs de métier, véritables virtuoses, voyagent de ville en ville, présentant des conférences et dispensant des enseignements qui soulèvent l’enthousiasme des foules et leur attirent un nombreux auditoire. Ils se disent maîtres de la parole et de la vertu sociale (politique), c’est-à-dire d’une forme d’excellence dans la parole en vue d’atteindre un objectif sociopolitique visé. Mais, en plus, ils mettent un accent particulier sur la valeur de l’action pratique au détriment de la spéculation pure et simple en vogue dans la pensée grecque classique. Une telle philosophie, c’est pour nous la Philosophie opératoire ou la pensée pour l’action. Ainsi donc, maîtres de l’éloquence, les sophistes enseignent le civisme, vertu politique qui est l’art de conduire avec habileté et intelligence, donc avec sagesse. Pour ce faire, ils utilisent la verve oratoire uploads/Philosophie/ banza-mwepu-mulundwe-et-mohota-tashahwa-mythe-mythologie-et-philosophie-africaine.pdf

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