BIBLIOTHÈQUE D'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE HEIDEGGER ----- ET LES PAROLES DE L'O

BIBLIOTHÈQUE D'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE HEIDEGGER ----- ET LES PAROLES DE L'ORIGINE PAR MarlèneCARADER Préface de Emmanuel LÉVINAS PAR 1S LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE r . VRIN 6, Place de la Sorbonne, Ve 1986 kfe-fky 13 ~2-f-9 ~litt'7 231 lit:' La loi du Il mars 1957 n'autorisant, aUll termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que « les copies ou reproductions strictement réservées' l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective ~ et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, cc toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de 5es ayants droit ou ayants cause, est illicite »alinéa 1er de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, consti- tuerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 42S et suivants du Code Pénal. © Librairie Philosophique J. VRIN, 1986 ISBN 2-7116-0899-9 PRÉF4cE 1. D'une clarté pleine et d'une langue à la/ois précise et aussi simple que possible, évitant le danger du mimétisme heideggerien auquel on risque de céder en parlant de Heidegger, d'une intelligence assuréede ses pouvoirs et très calme, cet ouvrage se lit d'un bout à l'autre avec un intérêt soutenu comme un récit à intrigue, à suspens, à surprises. Sur l'œuvre de Heidegger dans son ensemble,on (J rarementécrit,à mon sens, quelque chose d'aussi achevé, j'allais dire de parfait,faisant ressortir dans leur unité les divers mouvements de cette pensée toujours surprenante. Tous ses rythmes deviennentperceptibles et se mettent en place, si l'on peut dire, depuis Sein und Zeit tr: le plus systématique des traités- jusqu'à Zeit und Sein et la notion d'Ereignis, à travers les méandres- ou ce qui peut sem- bler tel - se dessinant chez le philosophe dans une multiplicité, en apparence dissonante, d'essais courts dont l'accordparaissaitparfois ne tenir qu'à l'em- preinte, évidemment inimùable et géniale, qui leur est commune ou à l'unitédes recueilsqui les rassemblent. Marlène Zaraderen montre très bien la nécessité dans ce qu'elle arrive à dégager comme le destin de cette pensée. Ces méan- dres - et leurs significations dans l'œuvre par lesquelles ce destin se dessine et se destine - constituent I'objetprincipal>- et qu'on appréciera beaucoup- du présent ouvrage. Il devient, par delà l'exposé de la pensée heideggerienne dans son achê- vement et sa cohérencede discours, une nouvellephilosophie de l'histoire, la remontée à son matin dans un Andenken rétrospectif; il déchiffre, dans des mots grecs fondamentaux, l'impensé des originesqui seront déjà un Vorden- ken, l'ouverture d'un avenir inouï. A venir qui,peut-être, ne seraplus -une his- toire, qui ne seraplus un temps compris. à partir de l'Anwesen et de la pré- sence. Horizon d'une sagesse ultime par rapport à laquelle le sens de toutes choses se détermine.Même si - et nous tenons à ce que celasoit dit - tout le monde n'est pas porté à chercher.dans l'œuvre du grandphilosophe allemand des consolations après les malheurs de notre siècle, ni la bonne nouvelle de leurs lendemains. 8 PR~FACE La lecture de Heidegger et la beauté qu'en découvre le travail de Mar- lène Zarader, en éclairant précisément les publications postérieures à Sein und Zeit, reste une brillante et précieuse leçon de phénoménologie qui n'est pas vouée à une simple analyse de l'existence humaine - quelque médiocre que puisse paraitre aux yeux de l'auteur la curiosité qui sy limiterait, à en croire la page 271 de son /ivre. Son exégèse si lucidepartout - et si ingé- nieuse- est particulièrement frappante là où elle arrive, dans le déchiffre- ment heideggerien de l'impensé, à/aire entrevoirtout l'éclatde son gestephé- noménologique: penser en faisant un ~ pas en arrière JI derrière le sens qui, entendu dans un vocable, tendrait déjà à s'appauvriren abstraction dans son concept. L'analyse, bien qu'attachée au mot grec et prétendument suggérée par son étymologie, ny a peut-être trouvé qu'un prétexte. Très remarquable parait, dans le commentaire de Marlène Zarader, la signification même du retournement heideggerien, de la Kehre, où la mécon- naissance par la tradition philosophique du sens verbal de l'être, confondu avec l'étant - méconnaissance ou oubli que Sein und Zeit attribuait à la dé- chéance(au Verfallen) du Dasein - se révèlecomme appartenant à l'essence même ou au mystère de cet -être qui serait, de soi, retrait ou occultation et épochè : et qui, dès lors, n'est plus recherché comme sol etfondement, mais comme provenance à partir d'un Abgrund -' d'un sans-fondou d'une trace. D'où le grand intérêt de tout ce qui, à partir de la page 67, est dit sur la Lichtung - et qui étonnaitdans le texte heideggerien lu aux Journées Kierke- gaard de l'Unesco en 1964. Est essentielà l'entrée même dans lapensée heideggerienne de l'être- et à son approfondissement - tout ce qui, dans l'analyse des motsfondamen- taux, se dit et se répète, avec une impressionnante clartéet rigueur, au cha- pitre premier de la premièrepartie du livre (pp. 33-47): sur la 'OOIÇ, sur le dévoilement- au sein même de l'apparaltre de l'étant - du non-dévoilement, sur la nuit ou l'absence elle-même àpartir de laquelle laprésencesurgit- sur la nuit dévoiléeen quelquefaçon dans un dévoilementsans lumière- sur la nuit ou l'absencecomme mystère.Structure qui se retrouve dans l'analysede tous les secteurs d'une' circonférence " et qui tranchesur l'oppositionpure et simple - ou opposition abstraite- entreprésence et absence. Est particu- lièrement suggestive, à partir de la page 91, la description de laprésence du présent comme d'un durcissement à l'égard des autres dimensions du temps - justifiant l'emploi de mots qui ont déjà une allure éthique : ~"(,, et à~lI({a ; durcissementsurprenant dans l'dl''8e,a et qui ressemble au conatus perseverandi avec son ~ manque d'égards, pour ~ les autres J) - premier in- dice de violence. Ambiguïté qui se retrouve dans le (O,leiv comme lien entre éclosionet occultation.Ne peut-onpas, malgréles dénégations heideggerien- nes, y pressentir de l'éthique? Insistons aussi sur lafaçon dont - dans toute la deuxième section du chapitre 2 de la deuxièmepartie (pp. 131-151) et dans le chapitresur Héra- clite(pp. 153-206)- se concilient, pour Heidegger - dans leurdualitémême et sans donner lieu à un concept où ils seraient aufgehoben- le Même et l'Autre ,. bien qu'il/aille se demandersi laphénoménologieheideggerienne ne comporte pas jusqu'à un certain point une dialectique au sens hégélien du PR~FACE 9 terme. Ce problème est mentionné dans une note de la page 248. Enfin, ilfaut admirer la façon dont les formules souvent répétées comme lieux communs par tant de lecteurs de Heidegger - sur le langage qui est la (f maison de l'être ~ ou sur l'homme qui en est (f le gardien J) - reçoivent dans les analyses de Marlêne Zarader une signification suggestive, mais aussi rigoureuse. 2. ce n'est pas là un inventaire complet de toutes les qualités de ce li- vre. On est obligé, en le présentant, de s'astreindre à quelques points. Que peut-on reprocher à une œuvre où J'attention n'est jamais en défaut, où la clarté ne se trouble jamais, où la raison ne se perd jamais? Dans une préoccupation de clarté et de netteté, Heidegger est présenté presque en dehors des heideggeriens. Werner Marx, Vattimo, Beaufret et un peu Derrida sont les seuls interlocuteurs de l'auteur. Celui-ci s'abstient égaIe- ment de multiplier les renvois à ~ l'histoire de la philosophie» - laquelle, tout entière, est si souvent invoquée aujourd'hui sous le titre (qui résonne d'une façon quelque peu péjorative) de métaphysique. On se demande si cette tacite référence à lafin de la métaphysique et aux présupposés de l'onto-théologie attribués à la réflexion dite métaphysique, ne risque pas de devenir un lieu commun aussi ouvert à tous les vents, aussi à jamais impenséet aussi facile à glisser dans les écrits d'aujourd'hui - que ces (f évidences immédiates» que l'auteur ne cesse de dénoncer. Est-on véritablement sorti de la métaphysique quand on continue à s'exprimer en un langage universitaire? Et peul-on ne pas parler le langage universitaire? Et Heidegger lui-même ne parle.:t-ilpas ce langage quand il interprète les mots fondamentaux ou quand il commente en prose Hôlderlin, Trakl et Rilke? Et quand Marlène Zarader elle-même parle de processus, de mouvement, de déploiement? Ne sont-ce pas là des termes ontiques ? L'au-delà de leur sens méta-phorique est-il plus autorisé que l'au-delà du métaphysique ? Tout serait donc permis à la poésie, rien ne serait permis au concept! Langage métaphysique qui est" celui de l'exégèse, de l'herméneutique - prose essentielle que la poésie même revendique. Lan- gage qui sait dire et éclairer même la pensée poétique - même la pensée sau- vage ; langage qui remonte aussi à la Grèce -- à la Grècepost-socratique où la métaphysique aurait déjà été installée. ' 3. Mais si l'absence des autres philosophes et des interprètes deHeideg- ger clarifie un exposé qui peut rester si proche de Heidegger lui-même et de ses textes -j'aimerais ajouter ici quelques références à ceux qui, d'une façon quasi-immédiate, ont rendu Heidegger possible et qui, dans un sens courant du terme, ont été la cr provenance» de Heidegger. Je pense à Husserl men- tionné une seule fois à propos de l'intentionnalité, et je pense à Bergson qui uploads/Philosophie/ bibliothe-que-d-x27-histoire-de-la-philosophie-zarader-marlene-heidegger-et-les-paroles-de-l-x27-origine-librairie-philosophique-j-vrin-1990-pdf.pdf

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