KANT .~ ESSAI POUR INTRODUIRE B 2794 V414 EN PHILOSOPHIE LI3: CONCEPT DE GRANDE

KANT .~ ESSAI POUR INTRODUIRE B 2794 V414 EN PHILOSOPHIE LI3: CONCEPT DE GRANDEUR NÉGATIVE 1~~~3 LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN " OO'7/Yjb BIBLIOTHÈQUE DES TEXTES PHILOSOPHIQUES Fondateur: Henri GOUHIER Directeur: Jean-François COURTINE Emmanuel KANT ESSAI POUR INTRODUIRE EN PHILOSOPHIE LE CONCEPT DE GRANDEUR NÉGATIVE Traduction et notes par R. KEMPF Préface de G. Canguilhem Seconde édition Troisième tirage Paris LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la Sorbonne, Ve 1991 La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que « les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite» (alinéa 1" de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, consti- tuerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal. © Librairie Philosophique J. VRIN, 1991 Printed in France ISBN 2-7116-0419-5 PRÉFACE Lorsque, pour la premlere fois en 1949, a été publiée par M. Roger Kempf sa traduction de l'Essai pour introduire en philosophie le concept de gran- deur négative, j'avais accepté, à la demande de Jean Hyppolite, dont M. Kempf avait été l'étudiant, en même temps que de moi-même, à la Faculté des Lettres de Strasbourg, de présenter sommairement cette traduction, précédée d'une étude qui avait été élaborée comme mémoire pour le diplôme d'études supérieures. Depuis 1949, la multiplication des études kan- tiennes en France et la traduction de nombreux traités ou opuscules kantiens, dont la Librairie Joseph Vrin a assuré la publication pour le profit certain des études philosophiques en France, font que ne s'impose pas la même obligation qu'autre- fois d'introduire le texte de Kant par une étude dont l'intérêt, signalé dans ma préface à la première édition, n'est pas diminué par la nécessité qu'il y aurait aujourd'hui de la reprendre sur certains points. C'est la raison pour laquelle l'auteur et l'éditeur ont convenu de publier, dans une nouvelle édition, . le texte de Kant comme se suffisant à lui-même. Georges CANGUILHEM. INTRODUCTION il JFA.X-PA.TTL ARON L'Essai pour introduire en philosophie le concept de grandeur négative, dont nous donnons ici la tra- duction, parut en 1763 ". Il appartient, ainsi que l'Unique fondement possible d'une démonstration de Dieu (1763) et la Recherche sur l'évidence des prin- cipes de la théologie naturelle et de la morale (1763) 2, à la deuxième moitié de la période pré-critique. Il importe peu de connaître dans quel ordre ont été composés ces trois ouvrages; V. Delbos estime qu'ils datent de la même époque, et qu'il serait assez arbi- traire de supposer que chacun d'eux marque un moment particulier et distinct dans le développement de la pensée de Kant. Nous inclinons cependant il situer l'Essai entre la Recherche sur l'évidence ... et l'Unique fondement... (telle est la classification admise par H. Cohen) :;. L'Essai sur les grandeurs négatives est assurément le plus remarquable des ouvrages de la période pré-critique. Les plus constantes préoccu- pations de Kant s'y précisent déjà. A la lumière de la 1. Chez J. Kanter, à Kônigsberg. Les Actes de la Faculté de Philosophie de Kônigsberg men- tionnent, à la date du 3 jui-n 1763, l'Essai d'E. Kant pour intro- duire en philosophie le concept de grandeur négative, avec un supplément sur l'Hydrodynamique. (On n'a jamais trouvé trace du supplément susdit.) J. TrssoT avait déjà donné, en 1862 (dans sès Mélanges de Logique) une traduction de l'Essai ... 2. Untersùchung über die Deullichkeit der Grundsatze der natürlichen Theologie und der Moral. 3. Kuno FISCHER adopte l'ordre suivant : Essai, Unique Fon- dement, Recherche sur l'évidence ... , et ERDMANN-AmcIŒs : Unique Fondement, Recherche Sllr l'évidence ... , Essai. 10 INTRODUCTION physique dc Newton, déplorant la stérili[(' oc ln méthode cartésio-wolfienllc, il signifie aux fondateurs d'une ontologie que les concepts les plus subtils n'abo- lissent ou n'engendrent jamai.s un existant, et que depuis Newton l'espace, le temps, le mouvement, ne peuvent plus être ce qu'ils étaient pour Descartes, savoir « des notions pleines qui fournissent immédia- tement au monde leur contenu» (Brunschvicg). Hares sont, parmi les philosophes, ceux qui ont lu ou appré- cité l'Essai. Delbos, Brunschvicg, Mouy, Gilson, Gué- rouit, Jankélévitch en France, ont été les plus perspi- caces, malgré ce phénomène trop français que J. Beau- fret baptise : le retard à la traduction. Nous userons pour plus de commodité dans notre commen- taire des abréviations suivantes : Essai pour introduire en philosophie ... : Essai. Unique fondement possible d'une démonstration de l'existpnce de Dieu (traduction de Paul Festugière) : U. F. Recherche sur l'évidence des principes de la théologie natu- relle et de la morale : Recherche sur l'évidence ... Critique de la' Raison Pure (traduction de A. Tremesaygues et B. Pacaud) : C. R. Pure. Critique de la Raison Pratique (traduction de F. Picavet) : C. R. Pratique. ESSAI POUH INTRODUIRE EN PHILOSOPHIE LE CONCEPT DE GRANDEUR NÉGATIVE AVANT-PROPOS L'utilisalion que l'on peut faire ùes mathéma- tiques en philosophie consiste soit dans l'imitation de leurs méthodes, soit dans l'application réelle de leurs propositions aux objets de la philosophie. Quelque grand avantage que l'on se soit promis d'aboI·d d'en tirer, il ne paraît pas que la première manière d'en user ait été jusqu'ici de quelque utilité; la philosophie, jalouse de la géométrie, décora ses propositions de titres pompeux et pro- metteurs, mais qui peu à peu s'écroulèrent, car l'on se rendit modestement compte qu'il ne convient pas de se comporter avec morgue dans des circonstances ordinaires et que le fâcheux « non liquet » ne voulait point céder à tout cet apparat (1). Par contre, la seconde manière d'en user a été d'autant plus féconde pour les parties de la philo- sophie qu'elle a atteintes que. en retournant à leur profit les leçons des mathématiques, elles se sont élevées à une hauteur à laquelle sans cela elles n'auraient pu prétendre (2). Mais si ces vues ne regardent que la physique, l'on devrait donc ratta- cher à la philosophie la logique des événements fortuits. Pour ce qui est de la métaphysique, au lieu de profiter de certains des concepts ou des théories des mathématiques, cette science s'est au contraire, et le plus souvent, armée contre elles, et où elle eût pu peut-être emprunter de sûrs fonde- ments pour y asseoir ses réflexions, on la voit 14 ESSAI s'efforcer de n'utiliser les concepts du mathéma- ticien que pour la fabrication de subtiles fictions qui en dehors de son champ sont d'une mince vérité. II est facile de deviner de quel côté sera l'avantage dans le conflit de deux sciences dont l'une l'emporte sur toutes à la fois en certitude et en clarté et dont l'autre s'efforce d'abord d'y atteindre. La métaphy- . sique cherche, par exemple, à trouver la nature de l'espace et la raison souveraine qui permet d'en comprendre la possibilité. Hien assurément ne pourrait être plus profitable à cet effet que d'em- prunter à une discipline quelconque des données sûrement démontrées, afin de les prendre pour fondement de notre étude. La géométrie' en livre certaines qui concernent les propriétés les plus générales de l'espace (3) : par exemple, l'espace n'est pas du tout composé de parties simples; mais on n'en tient pas compte et l'on se fie uniquement à la conscience ambiguë de ce concept en le pensant d'une manière tout ù fait abstraite. Dès lors que la spéculation ainsi conduite ne veut pas s'accorder avec les propositions des mathématiques, on cherche à sauver son concept artificiel par le blâme que l'on adresse à cette science, comme si les concepts qu'elle prend pour fondement n'étaient pas déduits de la nature véritable de l'espace, mais arbitrairement inventés. L'étude mathématique du mouv~ment, .liée à la connaissance de l'espace, fourmt pareIllement de nombreuses données qui permettent de maintenir dans la voie de la vérité l'étude métaphysique du. temps. Le célèbre Euler (4) en a donné le prétexte (a), mais, s'attarder sur des abstractions obscures et diHiciles à examiner (q) Histoire de l'Académie Royale des scieuces et ht·!I.,s lettres, l'année 1748. ESSAI 15 semble plus commode que d'entrer en relations avec une science qui ne participe qu'à des vues intelligibles et évidentes. Le concept de l'infiniment petit, sur lequel les mathématiques reviennent si souvent, est audacieu- sement rejeté comme un pur produit de l'imagi- nation; mieux vaudrait présumer que l'on n'en a pas encore une connaissance suffisante pour y porter un jugement (5). La nature elle-même cependant semble nous donner des preuves point obscures de la vérité de ce concept. Car s'il est vrai qu'il existe des forces qui agissent durant un certain temps pour engendrer des mouvements, telle est suivant toute apparence la pesanteur, alors la force que celle-ci exerce dans l'instant initial de mouve- ment ou au repos doit être infiniment petite au regard de l'énergie qu'elle communique pendant un certain uploads/Philosophie/ bibliotheque-des-philosophies-kant-essai-pour-introduire-en-philosophie-le-concept-de-grandeur-negative-2000-librairie-philosophique-vrin.pdf

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