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Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org Compte rendu Ouvrage recensé : HEIDEGGER, Martin, Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie par René Bolduc Laval théologique et philosophique, vol. 41, n° 3, 1985, p. 454-456. Pour citer ce compte rendu, utiliser l'adresse suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/400206ar DOI: 10.7202/400206ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Document téléchargé le 25 July 2015 04:51 RECENSIONS dossier d'analyses et de faits dont l'utilité et la portée scientifiques dépassent largement ce que laisserait entendre le titre de l'ouvrage. Paul-Hubert POIRIER Marie-Dominique CHENU, Une école de théologie : le Saulchoir. Collection «Théologies», Paris, Éditions du Cerf, 1985 (14.5 x 23 cm), 182 pages. Ce livre réédite le célèbre manifeste Père Chenu, publié « hors commerce » en 1937 et mis à l'index en 1942 pour ses idées sur les relations entre histoire et théologie. Le texte de Chenu est précédé de quatre études qui retracent les circonstances de sa condamnation et qui montrent la permanente actualité de l'objet du litige. Sous le titre de Christianisme en tant qu'histoire et «théologie confessante», Giuseppe Alberigo situe les thèses alors controversées par rapport à l'itinéraire théologique de leur auteur et par rapport à la réaction romaine qu'elles ont suscitée. Sa proposition d'une « théologie confessante» où « la confession priante de la foi... constitue la seule forme légitime de théologie» (p. 32) nous semble abusive pour incarner aujourd'hui les intuitions de Chenu. Autre chose est de considérer, comme Chenu, la théologie comme la foi in statu scientiae, autre chose est d'en faire une forme primaire d'expression de la foi. L'étude suivante, d'Etienne Fouilloux sur Le Saulchoir en procès (1937-1942), nous invite à resituer la condamna- tion de Chenu dans le contexte du débat entre deux thomismes : celui de la scolastique sèchement spéculative et deductive de l'Angelicum où s'illus- trait Garrigou-Lagrange et celui d'une ouverture à l'historicité de toute théologie, défendu par la théologie thomiste cisalpine. Jean Ladrière pro- pose ensuite quelques réflexions sur l'historicité de la théologie dans ses rapports avec la philo- sophie. Enfin, Jean-Pierre Jossua nous dit com- ment il ressent aujourd'hui ces grandes options de Chenu que furent son sens de l'humain, de l'intel- ligence de la foi, de l'histoire, de la philosophie vivante et de la liberté. Le texte de Chenu est une pièce majeure de l'histoire de la théologie du XXe siècle. En même temps qu'il nous révèle l'état lamentable de la théologie officielle de l'époque, il nous fait con- naître l'inspiration des pionniers de la nouvelle théologie d'alors. Les intuitions maîtresses de Chenu valent encore aujourd'hui, même si elles appelleraient d'autres formulations. Ainsi, même si la théologie s'exprime maintenant à travers la rationalité des sciences humaines, elle reste incarna- tion de la foi dans l'intelligence. Comme le Christ est tout aussi homme que Dieu, la théologie est tout autant savoir humain autonome que foi vécue. Aujourd'hui, on insisterait peut-être davan- tage pour dire que la théologie répond d'abord à une initiative de la raison ; il s'agit cependant toujours de la raison croyante, assez croyante dans le mystère de la Parole de Dieu devenant parole humaine pour prendre au sérieux tout questionnement humain sans perdre sa visée fonda- mentale. Chenu était alors et est toujours resté un grand serviteur de la foi vécue. C'est comme cela qu'il a toujours conçu son métier de théologien. Voilà pourquoi sa théologie n'a jamais vieilli, à la différence hélas de celle de trop d'artisans de Vatican IL R.-Michel ROBERGE Martin HEIDEGGER, Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie, trad, de l'allemand par J.-F. Courtine, Gallimard, (Bibliothèque de philosophie). Paris, 1985, 410 p. La publication de ce cours vient préciser le projet initial d'Être et temps où l'« explication du temps comme horizon transcendantal de l'être • > n'a pu être menée à terme, suite à l'interprétation du Dasein sur la base de la temporalité. Pour l'appro- fondissement de cette question, Heidegger nous renvoyait cependant, dans une note marginale de son exemplaire personnel de Sein und Zeit, à ce cours du semestre d'été de 1927, disponible en allemand depuis 1975. Dès la première phrase des Problèmes fondamentaux de la phénoménologie, Heidegger note en bas de page qu'il s'agit en fait d'une «nouvelle élaboration de la troisième sec- tion de la première partie de Sein und Zeit ». Cette élaboration est beaucoup plus historique et ne saurait constituer une simple suite d'Être et temps (dont la traduction intégrale en français ne devrait plus tarder). Un point commun, parmi d'autres, entre le livre et le cours de 1927 : tous les deux demeureront inachevés. L'A. abordera donc à peine la «question ontologique du sens de l'être en général» et ne pourra entamer la discussion sur « la méthode scientifique de l'ontologie et l'idée de phénoménologie » (voir plan, p. 42). Que 454 RECENSIONS nous réserve donc ce cours? S'agira-t-il de remettre en cause la validité d'une discipline philosophique à laquelle Heidegger doit beau- coup, malgré les critiques qu'il formule à son endroit ? Cela n'est pas le but de ce cours puisque l'A. nous prévient dès le début que « nous ne traiterons pas de phénoménologie mais de ce dont traite la phénoménologie» (17), afin, écrivait ailleurs le philosophe, d'en «saisir les possibi- lités ». Heidegger ne se gêne donc pas pour rap- peler à la phénoménologie son caractère métho- dique ; si sa devise est bien le « retour aux choses mêmes », il importe alors de ne pas se cantonner dans des considérations sur le mode d'accès mais de parvenir véritablement à ce que sont ces choses. La phénoménologie demeure ainsi la méthode privilégiée de l'ontologie bien que, comme toute méthode, elle devienne « nécessairement caduque en raison même des résultats obtenus» (393). Alors que dans Être et temps l'analytique existen- tiale devait procurer le moyen d'accéder au cœur de la question du sens de l'être, ce cours nous convie à dialoguer immédiatement avec les repré- sentants de la philosophie classique avec, pour fil conducteur, le problème de la différence onto- logique. Le cours est divisé en deux parties (au lieu des trois prévues et ne traite que du premier point de la deuxième). La première division propose « une discussion phénoménologique de quelques thèses [quatre] traditionnelles sur l'être » et la deuxième amorce une «analyse de la question ontologique fondamentale du sens de l'être en général » et des « structures fondamentales et des modes fonda- mentaux de l'être». Première partie, première thèse : la thèse kantienne : l'être n'est pas un prédicat réel. Kant avait montré dans la Critique de la raison pure que le prédicat d'existence (d'être) n'est pas une détermination réelle qui vient rajouter un supplément à la chose. Réalité, pour Kant, n'est pas synonyme d'effectivité (réa- lité objective) mais indique la détermination pos- sible d'une chose. Ainsi « être » acquiert le sens de simple position tandis que l'effectivité (position absolue) relève plutôt de la perception. L'A. démontre que l'intentionnalité, structure essen- tielle de la perception, n'est pas d'abord une relation des choses effectives à la faculté de connaître mais un comportement existential du Dasein. Deuxième thèse : la thèse de l'ontologie médiévale. Lorsque l'effectivité de l'étant se lie essentiellement à l'idée de création (= production), la distinction onto-théologique essence-existence (127) devient nécessaire, laquelle ne recouvre que partiellement la différence ontologique être-étant. Quant aux différentes approches de la première distinction, les thèses de Thomas d'Aquin (dis- tinctio realis), de Duns Scot (distinctio formalis) et de Suarez (distinctio rationis) sont minutieu- sement étudiées et intégrées dans l'histoire de la métaphysique, quoique l'idée de l'étant créé « condamne et rende impossible toute problé- matique ontologique» (128). Troisième thèse: l'ontologie moderne : res extensa-res cogitans. Toute ontologie (même celle de l'Antiquité avec ses notions de logos, psyché, nous, âme, vie...) exige une interprétation de l'étant humain, d'après l'A., sans nécessairement constituer celui-ci en fondement absolu à la façon cartésienne. Mais l'orientation décisive sur l'ego et sa subjectivité régulatrice manque inexorablement son but quand elle cherche à déterminer le sujet à l'aide de concepts inappropriés à son mode d'être (en particulier celui de subsistance). La différence ontologique qui se transpose (se dégrade) en distinction sujet-objet caractérise la modernité. Kant est, selon Heidegger, celui qui a développé le plus loin la dimension propre de la sphère du sujet. Parmi les distinctions kantiennes entre le moi transcendantal (aperception), le moi psycho- logique (empirique) et le moi moral (responsable), ce dernier s'avère la « véritable détermination kantienne centrale du moi et de la subjectivité» (164), cependant que Kant en est demeuré à la position uploads/Philosophie/ bolduc-1985-recension-de-heidegger-les-problemes-fondamentaux-de-la-phenomenologie.pdf

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