Ce texte est extrait de la fin de Ménon qui est un dialogue platonicien qui tra

Ce texte est extrait de la fin de Ménon qui est un dialogue platonicien qui traite de la vertu (entendue au sens grec d'excellence) et qui tente d'en donner une définition et de savoir si elle s'enseigne. Les personnages du texte commenté sont Ménon et Socrate mais le dialogue fait aussi intervenir un esclave et Anytos. Ce passage fait suite à l'identification de la vertu à la science (episteme) et à l'argument selon lequel seule la raison est apte à normer la bonne action entendue comme bonne conduite des affaires humaines. L'opinion (doxa) a d'abord été disqualifiée comme étant trompeuse. Il est ici question de l'opinion droite et de son rapport avec la connaissance. Il s'agit ici de poser à nouveau frais la question de la distinction et des rapports entre connaissance et opinion à partir d'un questionnement sur la valeur d'une opinion droite : doit on vraiment disqualifier toutes les opinions ou pouvons-nous accorder à certaines opinions, qui seraient des opinions justes, des qualités pratiques voire épistémiques ? Platon procède alors, dans ce texte, à l'examen de l'opinion droite. En effet, dès lors que l'on reconnaît à l'opinion droite des qualités qu'elle peut avoir en commun avec la science (notamment une capacité à normer adéquatement l'action) qu'est ce qui distingue alors la science de l'opinion droite et qu'est ce qui fait la supériorité de la première sur la seconde ? Ainsi posées, les questions qui traversent le texte (quelle qualité doit on reconnaître à l'opinion droite ? Comment cela remet en question la distinction et la supériorité auparavant établie entre la science et l'opinion droite ? Qu'est ce qui fonde une telle distinction et une telle supériorité ?) reviennent à aborder le problème de la possibilité d'une pensée de la pensée. En effet, si, d'une part, l'opinion et la connaissance sont deux facultés de penser dont l'une procède par impression, réputation et apparence et l'autre par savoir, contemplation du vrai et évidence, et si, d'autre part, cette distinction se retouve chamboulée par la concession d'une valeur à l'opinion vraie il est nécessaire de savoir ce qui permet de faire la distinction entre opinion droite et connaissance. Platon résoud le problème en défendant la thèse selon laquelle l'opinion vraie est incapable de fonder la distinction et la supériorité de la connaissance par rapport à l'opinion mais que seule la connaissance, apte à fournir une explication à cette incapacité, permet de fonder cette distinction et cette supériorité. On peut alors se demander quelle est la valeur de l'opinion droite ? Quelles en sont les limites et quelles sont celles de la connaissance ? Comment fonctionnent-elles ? Comment interagissent-elles ? Dans quelle mesure sont-elles précieuses ? Les enjeux de cette réflexion sont d'ordre épistémiques, éthiques et pédagogiques. Il s'agit en effet de circonscrire le domaine d'activité propre à l'opinion droite et à la connaissance ainsi que leur mode d'action respectifs et pour montrer la manière dont nous pensons. Ils sont aussi éthiques dans la mesure où le texte prend place dans une réflexion sur la vertu et qu'il tend à démontrer que l'opinion droite peut être un modèle de vertu. Ils sont enfin pédagogiques dans la mesure où elles permettent de répondre la démonstration de la vertu de l'opinion droite peut tendre à montrer que la vertu s'enseigne. Le texte peut se décomposer en trois parties Dans un première partie (l.1-l.22), Socrate montre que l'opinion droite est tout aussi utile que la science. Dans une deuxième partie, (l.22-35) détourne la question que lui pose Ménon qui en vient à douter de la différence et de la supériorité de la connaissance vis-à-vis de l'opinion vraie en la caractérisant l'opinion droite comme fuyante mais belle en elle-même à condition qu'elle soit attachée. Dans la troisième partie(l35-fin) Socrate répond à l'objection que lui a fait Ménon en montrant que seule la connaissance est capable d'appréhender la différence et la hiérarchie entre opinion et connaissance. * Dans la première partie du texte (l.1 →l.22) l'auteur montre que l'opinion correcte (qu'il appelle aussi opinion vraie et opinion droite) est aussi utile que la raison en ce qu'elle est apte à normer l'action. Pour développer cette idée il procède en trois temps: il commence tout d'abord par construire un raisonnement logique qui montre la précipitation dont il a fait preuve en attribuant à la raison un monopole sur la capacité à assurer la bonne conduite des affaires humaines, ce qui le conduit à vérifier à partir d'un cas qu'il imagine que ce qu'il appelle l'opinion correcte est aussi apte à guider correctement l'action que la raison puis à déduire de cela l'égale utilité de l'opinion droite vis-à-vis de la science. Dans les premières lignes du texte, Platon met en lumière une erreur de raisonnement qu'ont fait les deux interlocuteurs et qui les a conduit à ne pas considérer l'opinion correcte. Il expose sous la forme d'un raisonnement logique ce en quoi ils ont fait preuve de précipitation. Ainsi il pose deux prémisses qui lui serviront de montrer que l'opinion droite est utile. La première (l.1) pourrait être reformulée de la manière suivant : « tout être bon est également utile » ; la deuxième pourrait l'être de la manière suivante : « un être est utile si et seulement si il assure la bonne conduite de nos affaires ». Par la suite, Socrate propose qu'ils sont « convenus à tort » que la raison est seule apte à assurer cette bonne conduite car de l'utilité de la raison on ne peut conclure que seule la raison est utile. En procédant ainsi, Socrate ouvre la réflexion à une casuistique qui lui permet d'inférer à partir de ce qu'une autre chose que la raison peut assurer la bonne conduite des affaires humaines que cette chose est utile. En revanche, il ne suffit pas de montrer que l'opinion droite est utile pour montrer qu'elle est bonne. Il imagine alors un contrexemple à l'idée selon laquelle seule la raison peut assurer la bonne conduite des affaires humaines et c'est à la faveur de la réfutation d'un monopole de la raison sur la capacité de normer l'action qu'est mentionnée pour la première fois dans le texte la notion d' « opinion droite » (l.9). A ce moment là du texte, il s'agit pour Platon, semble-t-il, d'être plus rigoureux et plus précis qu'auparavant en montrant que le postulat que seule la raison norme bien l'action ne se vérifie pas dans la pratique. C'est alors de la démonstration de l'utilité d'une chose qu'on peut éventuellement en déduire la vertu ou bonté (« les être bons » l.1) de celle-ci plutôt que de partir de la bonté d'un être pour en déduire que cet être est nécessairement bon. Cela invite donc à constater la vertu plutôt qu'à la postuler ou à en faire une qualité occulte, un don ou une essence qui garantirait la droiture de ce qui en procède. On peut donc souligner une attention accrue au domaine pratique. Dans la suite du texte Socrate s'adonne à une étude de cas qui l'amène à conclure qu'aussi longtemps que l'opinion correcte est correcte elle est apte à normer adéquatement l'action. Il imagine la situation d'un homme qui doit conduire d'autres personnes sur la route de Larisse ou d'un autre lieu et il compare deux cas : dans le premier il s'agit d'un homme qui connait la route dans l'autre d'un homme qui ne la connait pas et qui ne l'a jamais prise mais qui en a « une opinion vrai ». Puisque les deux hommes arrivent en fin de compte au lieu où ils emmenaient les autres personnes on doit dire que les deux sont de bons guides. Cela apparaît notamment dans les questions rhétorique que Socrate adresse à Ménon et dont les réponses servent de point d'appui au déroulement du raisonnement (l.8 et l.11). Toutefois on observe que l'attention est portée dans le cas de l'homme qui connait la route sur la manière juste et bonne dont il emmène les autres personnes et qu'elle est portée sur la qualité de la personne qui a emmené les autres dans le cas de l'homme qui a une opinon droite. En outre la métaphore prise par Socrate ne semble pas dénuée de dimension métaphorique. Le terme de guide employé aux lignes 11, 13 et 14 ainsi que le cas fictifs que choisis Socrate peut peut-être se lire comme une métaphore du domaine politique. Cela inviterait à relativiser la doctrine platonicienne des philosophes-roi présenté dans La République et selon laquelle seul les philosophes sont apte à gouverner parce qu'eux seuls sont aptes à comprendre la justice. Cette interprétation est corroborée par la notion d' « affaires humaines » (l.18) et par la généralisation de la conclusion concernant la qualité du guide qui a une opinion vraie à l'ensemble du domaine de l'action (l.14-15). Enfin, ces conclusions sont d'abord soumises à certaines clauses ou, disons, à certaines précaution : le guide qui ne connait pas la route et n'y est jamais allé n'est pas moins bon guide que celui qui uploads/Philosophie/ bonne-copie-sur-menon.pdf

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