Jean-François Revel Né à Marseille en 1924, ancien élève de l’École normale sup
Jean-François Revel Né à Marseille en 1924, ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de philosophie, Jean-François Revel a enseigné la philosophie aux instituts français de Mexico et de Florence, puis à Lille et à Paris. Menant une double carrière littéraire et journalistique, il a été directeur de L’Express de 1978 à 1981. Plusieurs de ses livres ont eu un très grand retentissement, notamment Pourquoi des philosophes ? (1957), La cabale des dévots (1962), La connaissance inutile (1988), ainsi que deux ouvrages de philosophie politique, La tentation totalitaire (1975) et Le regain démocratique (1992). Membre de l’Académie française, Jean-François Revel a reçu pour l’ensemble de son œuvre le prix Chateaubriand (1988). Matthieu Ricard Né en 1946, fils de Jean-François Revel, docteur en biologie moléculaire à l’institut Pasteur sous la direction de François Jacob, Matthieu Ricard a abandonné sa brillante carrière scientifique pour se convertir au bouddhisme qu’il a découvert à la fin des années soixante. Ordonné moine en 1978, il est devenu l’un des spécialistes mondiaux du bouddhisme et accompagne fréquemment le Dalaï Lama dans ses voyages, en qualité d’interprète. Il a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels L’esprit du Tibet (1996) et L’infini dans la paume de la main (2000), ainsi que de nombreuses traductions de textes tibétains. Établi depuis 1972 dans les Himalayas, il vit au monastère de Shétchen au Népal. JEAN-FRANÇOIS REVEL de l’Académie française MATTHIEU RICARD LE MOINE et le PHILOSOPHE Le bouddhisme aujourd’hui Édition revue et corrigée NIL éditions À propos de la deuxième édition À l’occasion de la sortie de cette édition de poche, nous avons revu certains passages de nos dialogues, corrigé des erreurs et éclairci quelques points en réponse à des questions de lecteurs. Nos réflexions nous ont en particulier conduits à refondre une partie du chapitre « Le fantôme dans la boîte noire » qui traite des rapports entre le cerveau et la conscience, ainsi qu’à mettre à jour le chapitre « Drapeau rouge sur le Toit du Monde » à la lumière de l’évolution récente de la situation au Tibet. J.-F.R. et M.R. Table des matières Introduction par jean-François Revel De la recherche scientifique à la quête spirituelle Religion ou philosophie ? Le fantôme dans la boîte noire Une science de l’esprit ? De la métaphysique bouddhiste Bouddhisme et Occident Spiritualité religieuse et spiritualité laïque D’où naît la violence ? Sagesse, science et politique Drapeau rouge sur le toit du monde Action sur le monde et action sur soi Le bouddhisme : déclin et renaissance Foi, rituel et superstition Le bouddhisme et la mort L’individu roi Le bouddhisme et la psychanalyse Influences culturelles et tradition spirituelle Du progrès et de la nouveauté Le moine interroge le philosophe Conclusion du philosophe Conclusion du moine Notes et Bibliographie Introduction De la recherche scientifique à la quête spirituelle Religion ou philosophie ? Le fantôme dans la boîte noire Une science de l’esprit ? De la métaphysique bouddhiste Bouddhisme et Occident Spiritualité religieuse et spiritualité laïque Drapeau rouge sur le toit du monde Le bouddhisme et la mort Le moine interroge le philosophe Conclusion du philosophe Introduction par jean-François Revel Comment est née l’idée de ce livre? D’où nous est venu le besoin de le faire? Et à quelques bons esprits celui, comme on dit en politique, de nous presser amicalement d’y songer ? Si je rédige seul cette introduction, c’est par commodité syntaxique. Il est très difficile de consigner, sans de lourdes et laborieuses circonlocutions, un thème qui traduit un intérêt commun à deux personnes, mais part chez elles de motivations divergentes. Cette réalité intellectuelle complexe et double, les entretiens qui vont suivre ont précisément pour objet de la dégager, de la cerner peu à peu. Mais si je suis le rédacteur de ce préambule, Matthieu en est le coauteur, puisque nous en avons parlé ensemble au préalable et qu’il l’a relu et corrigé, ou complété, en fonction de sa propre manière de voir. Sans anticiper, au prix d’indésirables redondances, sur ce qui sera amplement développé dans les entretiens, résumons la rencontre de deux histoires spirituelles et personnelles d’où a jailli l’étincelle incitatrice. Mon fils Matthieu Ricard, né en 1946, a fait, après ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly, de brillantes études scientifiques en biologie moléculaire. Elles l’ont conduit jusqu’au doctorat d’Etat en 1972. Le président de son jury de thèse était François Jacob, le célèbre prix Nobel de biologie, sous la direction duquel il avait entrepris ses recherches et travaillé pendant plusieurs années à l’Institut Pasteur. Après quoi Matthieu fit part à son maître et à moi- même, tous deux fortement perturbés par cette nouvelle, de son intention d’abandonner la recherche scientifique et de s’installer en Asie pour y suivre les enseignements de rinpotchés bouddhistes tibétains. Changement total de son existence, qui devait le conduire à devenir lui-même moine bouddhiste. Pour ma part, j’avais suivi une carrière universitaire essentiellement littéraire et philosophique. J’avais, pendant plusieurs années, enseigné la philosophie, puis quitté en 1963 l’université pour me consacrer entièrement à ma nouvelle profession d’écrivain et d’éditorialiste. Je ne délaissai pas, pour autant, la philosophie, sur laquelle portent plusieurs de mes livres1. Et j’ai, par conséquent, contrairement à nombre de philosophes, toujours éprouvé un grand intérêt pour le développement de la science. D’où ma satisfaction d’avoir un fils chercheur de haut niveau et d’où ma déception de le voir mettre un terme abrupt à une activité dans laquelle il avait fait des débuts plus que prometteurs. En outre, mes positions personnelles, tout à fait irréligieuses et athées, ne me portaient pas à prendre très au sérieux le bouddhisme, sans que je le méprise, cela va de soi, puisqu’il occupe une place épurée dans les doctrines spirituelles, ce qui lui a du reste valu l’estime de certains des plus exigeants philosophes occidentaux. C’est pourquoi, malgré ma contrariété momentanée, je n’ai jamais été « brouillé » avec Matthieu, ni même en froid avec lui. Je fournis cette précision anecdotique parce que en 1996, lorsque plusieurs émissions de télévision et articles de journaux furent consacrés au bouddhisme et à Matthieu, soit à l’occasion de la publication d’un livre de ce dernier sur son maître spirituel Dilgo Khyentsé2, soit à l’occasion d’un des passages en France du Dalaï-lama qu’il accompagnait, on répéta un peu partout que nous ne nous étions pas vus depuis vingt ans et que notre projet de livre marquait nos retrouvailles, pour ne pas dire notre réconciliation. C’est là un produit de l’imagination et non de l’information. Nous n’avons jamais cessé de nous voir, autant que la distance et le coût des voyages le permettaient. Je me suis rendu dès 1973 à Darjeeling, en Inde, où il s’était fixé alors auprès de son maître spirituel, puis, ultérieurement, au Bhoutan, au Népal, etc. Les seuls nuages qui aient jamais plané sur nos têtes furent ceux de la mousson asiatique. Le temps passant, Matthieu put d’ailleurs venir en Europe assez régulièrement, dans le cadre des voyages chaque année plus fréquents qui l’amenèrent à participer en Occident à la diffusion croissante du bouddhisme. Son propre rôle d’accompagnateur-interprète auprès du Dalaï-lama, surtout après que celui-ci eut reçu le prix Nobel de la Paix, accrut encore le nombre de ses déplacements. Cette diffusion du bouddhisme constitue justement le phénomène imprévu qui a contribué à nous suggérer l’idée d’un entretien sur « le bouddhisme et l’Occident ». Tel est d’ailleurs le titre que nous comptions donner à notre dialogue, jusqu’à ce que notre éditrice, Nicole Lattès, eut trouvé un titre bien meilleur : Le moine et le philosophe. En quoi consiste exactement le bouddhisme ? Telle est la question d’ensemble à laquelle il incombait plus particulièrement à Matthieu de répondre. Pourquoi le bouddhisme fait-il aujourd’hui tant d’adeptes et suscite-t-il tant de curiosité en Occident ? C’est à moi qu’il revenait plutôt de proposer des hypothèses explicatives à cette expansion spirituelle. Découle-t-elle des évolutions récentes, peut- être décevantes, des religions et des philosophies occidentales, ainsi que de nos systèmes politiques ? Il va de soi que la teneur de nos échanges acquiert une valeur spéciale du fait qu’ils ne se déroulent pas entre un philosophe occidental et un sage oriental, mais plutôt entre un philosophe occidental et un moine occidental de formation orientale, qui est en outre, à l’origine, un scientifique, capable, par lui- même et en lui-même, de confronter les deux cultures au plus haut niveau. En effet, Matthieu a transposé, en quelque sorte, sa rigueur scientifique dans l’étude de la langue et de la tradition tibétaines, il a établi, édité et traduit pendant vingt ans les textes sacrés fondamentaux, anciens et modernes, du bouddhisme tibétain. Du moins les textes qui subsistent. Car, nul ne l’ignore plus, les communistes chinois en ont détruit des bibliothèques entières, en même temps que quelque six mille des monastères qui les abritaient. Ces massacres et ces destructions commencèrent avec l’invasion du Tibet par la Chine en 1950, son annexion en 1951 et s’intensifièrent durant la répression qui suivit le soulèvement populaire tibétain en 1959 et son écrasement, puis durant la Révolution culturelle. C’est en 1959 que uploads/Philosophie/ le-moine-et-le-philosophe-matthieu-ricard.pdf
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- Publié le Nov 15, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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