Cléa Swennen Année 2020 - 2021 Introduction à la victimologie Informations prat

Cléa Swennen Année 2020 - 2021 Introduction à la victimologie Informations pratiques Objectifs de l’enseignement : Il faut être capable d’associer et de réorganiser les connaissances dans un lecture transversale et interdisciplinaire et les restituer dans une approche synthétique et intégrative. Il faut être capable de situer la question victimologique dans une perspective historique, philosophique, idéologique et sociologique. A l’examen, il faut être capable de questionner la construction des savoirs scientifiques en victimologie dans une perspective épistémologique. Modalités d’évaluation : L’’évaluation est constituée en janvier d’un examen écrit sous la forme de questions à choix multiples sur la matière dispensée en présentiel ou à distance sur e-campus selon l’évolution de la situation sanitaire. L’évaluation de septembre est un examen écrit sous la forme de questions à choix multiples sur la matière dispensée en présentiel ou à distance sur e-campus selon l’évolution de la situation sanitaire. Partie 1 – Considérations actuelles autour des enjeux sociaux associés à la victime 1. La place de la victime dans la société : de l’émergence de la victimologie à la tentation victimaire La victimologie a longtemps été considérée hors de la criminologie. L’étude de la victime est relativement récente puisqu’elle est née après la deuxième guerre mondiale. Définition de la victime La victime est une valeur fondatrice de nos sociétés. Il faut faire la différence entre la victime singulière (c’est-à-dire la personne traumatisée, qui souffre) et la victime invoquée. (l’image véhiculée par la société, le symbole, la construction sociale). La définition peut varier. Tous les auteurs ont proposé leur propre définition. Nous retrouvons dans la construction des ces définitions le recours aux notions suivantes : • La Loi et le caractère infractionnel de l’acte qui engendre la victimisation. 1 Cléa Swennen Année 2020 - 2021 • Le regard social sur la souffrance ou la compassion que l’on éprouve vis-à-vis des victimes. • La nature de la victimisation, criminelle, naturelle, individuelle, collective. Il y a des victimes d’actes criminels mais également des victimes de tremblement de terre, de tsunami, … Ici, le cours se penchera sur la victimisation suite à un acte criminel. • La perception subjective de l’injustice et de la victimisation : le développement d’une posture victimaire. Définition générale : « Toute personne, qui, du fait de l’action (intentionnelle ou non) d’une autre personne, ou d’un groupe de personnes, ou du fait d’un évènement non causé par une personne (catastrophe naturelle ou accident sans auteur), a subi une atteinte à son intégrité physique ou mentale, ou à ses droits fondamentaux, ou une perte matérielle, ou tout autre préjudice (scolaire, professionnel, d’agrément, moral, etc.). » Dans le cadre du cours, nous limiterons nos réflexions aux victime définies comme « Toute personne et ses proches ayant subi un dommage matériel, corporel et/ou moral d’un acte puni par la législation pénale. ». La définition de la victime adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies définit le concept de victimes de la criminalité et d’abus de pouvoir : « On entend par « victimes » des personnes qui, individuellement ou collectivement, ont subi un préjudice, notamment une atteinte à leur intégrité physique ou morale, une souffrance morale, une perte matérielle, ou une atteinte grave à leurs droits fondamentaux, en raison d’actes ou d’omissions qui enfreignent les lois pénales en vigueur das un État membre, y compris celles qui proscrivent les abus criminels de pouvoir. Un personne peut être considérée comme « victime », dans le cadre de la présente Déclaration, que l’auteur soit ou non identifié, arrêté, poursuivi ou déclaré coupable, et quels que soient ses liens de parenté avec la victime. Le terme « victime » inclut aussi, le cas échéant, la famille proche ou les personnes à la charge de la victime directe et les personnes qui ont subi un préjudice en intervenant pour venir en aide aux victimes en détresse ou pour empêcher la victimisation. » Types de victimisations : primaire et secondaire La victimisation est un processus. Le fait de subir une victimisation entraîne un ensemble de conséquences pour la personne. Il y a d’abord l’acte lui-même (l’agression, le vol, l’accident,…) qui peut occasionner des conséquences immédiates telles que des lésions, un traumatisme psychique ou une perte matérielle. La victimisation est subjective. Ce qui peut nous paraître banal va parfois en ébranler un autre. Pour certains, la mort d’un chien peut être sans réel impact mais tout dépend du symbole qu’il y a peut- être derrière (dernier souvenir d’un être perdu,…). 2 Cléa Swennen Année 2020 - 2021 Dans le cadre du cours, nous ne verrons que la victimologie pénale. Victimisation primaire : On parle de victimisation primaire lorsqu’on envisage les conséquences directes immédiates ou différées de l’évènement à la source de la victimisation. Une personne qui se fait agresser une fois par un agent de police par exemple, est de nouveau agressé par après. On se demande quelle est la part imputable de la première agression et la part imputable de la deuxième agression. C’est le travail notamment des experts en assurance. La personne qui subit directement dans son corps et son psychisme le traumatisme est appelée victime directe. Les badauds peuvent aussi subir une victimisation primaire étant directement impliqués dans la situation à l’origine de la victimisation même s’ils n’en sont que les témoins. Ils peuvent être sujets à une victimisation parce qu’ils ont été témoins de la victimisation de la victime directe. On parle d’impliqués directs, car ils sont sur l’évènement en tant que tel. Plus largement, les proches que sont la famille, les amis, les collègues, les sauveteurs mais aussi les professionnels de deuxième ligne auront également à faire face aux conséquences de la victimisation et pourront être par ricochets affectés à leur tour. Les sauveteurs peuvent aussi être très affectés, comme les urgentistes, ils sont confrontés à des choses horribles. Ils vont évidemment être aussi impactés par ces évènements pourtant ils ne l’ont pas vécu en direct, ils sont arrivés dans les minutes qui ont suivies. Pour rendre compte de ces impliqués indirects, on parle de victimes secondaires (famille, amis proches, collègues, sauveteurs) qui subissent un traumatisme indirect. Il ne faut pas négliger ces personnes-là, on considère que l’état de stress post-traumatique peut être présent chez les professionnels. On parle de victimes tertiaires pour les professionnels de deuxième ligne qui subissent un traumatisme vicariant qui désigne la transformation de la vision du monde (cognitions) par les professionnels au contact régulier avec des personnes ayant vécu un événement traumatique, qui a menacé leur vie ou leur intégrité physique ou psychique. La victime primaire est une personne singulière qui fait l’objet d’une victimisation tandis que la victimisation est un processus. 3 Cléa Swennen Année 2020 - 2021 Victimisation secondaire : D’autres conséquences négatives peuvent prendre naissance dans le manque de soutien et d’accompagnement auxquels s’attend la victime de la part de son entourage ou de la société dans son ensemble suite à sa victimisation. Il y a ensuite les conséquences qui découlent directement de l’acte qui peuvent aussi être différées dans le temps comme la perte de revenus suite à l’incapacité de travailler, stress post- traumatique,... La famille, les proches, les amis et les professionnels au contact de la souffrance de la victime seront aussi concernés par ces conséquences de la victimisation en raison de leur proximité avec les victimes. Au départ, les proches sont empathiques mais avec le temps cette empathie est remplacée parfois par l’impatience, l’indifférence,… C’est la nouvelle victime, s’il y en a une, qui intéresse. Exemple : il y a beaucoup de divorces quand une des deux personnes du couple est atteinte de stress post-traumatique. Ensuite, on peut tomber en dépression, devenir alcoolique, perdre son emploi,… Nous parlons de victimisation secondaire lorsque nous envisageons les conséquences négatives sur la victime du traitement inapproprié et non respectueux de son état dont elle fait l’objet par les autorités et les institutions judiciaires, policières, médiatiques ( on perd un proche et on voit notre nom ou le nom de l’autre sur les réseaux sociaux ou à la télévision), médicales, éducatives, mais aussi par les proches et les intervenants des réseaux d’aide et de soins. (cf. Loi Franchimont). Les personnes peuvent rester avec une victimisation secondaire pendant des années, le temps de voir des experts, de voir le procès se finir bien après les faits,… Un problème majeur des victimes est qu’elles ne se sentent pas reconnues par l’institution judiciaire. La justice n’est pas là pour prendre en compte la victime, le procès se tient entre la société et l’auteur dans les juridictions pénales. Il y a des victimes des attentats de Zaventem qui n’ont toujours pas touché d’indemnisations alors qu’ils ont dû payer beaucoup en frais hospitaliers. La victimisation secondaire est toujours une sur-victimisation qui ajoute aux conséquences directes de la victimisation primaire. La victimisation secondaire est très présente et on a souvent du mal à l’envisager. Ce sont des blessures secondaires essentiellement psychologiques et morales suite à la prise en compte inadéquate des attentes et des demandes de la victime. Les victimes ont parfois des attentes irréalistes et il uploads/Philosophie/ introduction-a-la-victimologie-notes.pdf

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