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Like 96 Like 96 Facebook Auteurs Soumettre un article Partenariats Agenda Qui sommes nous ? Rechercher sur le site Société » » Éthique et politique » » Epistémologie » » Langage et esthétique » » Ateliers » » Recensions Varia » » Deleuze et le cinéma comme art critique La phosphorescence des choses Ce que peut une surface Publié le 9 mai 2016 Marie Bardet – chercheuse indépendante Buenos-Aires/Paris Parier sur la surface. Chercher le sens de quelque chose cesse d’être en chercher la profondeur, le « sens profond », caché sous les apparences visibles. Telle est l’une des affirmations qui traversent fortement la Logique du Sens que Gilles Deleuze publie en 1969, un an après Différence et Répétition. Le présent texte propose de retraverser aujourd’hui quelques séries de Logique du sens, pour voir comment opère une tension permanente dans le texte Deleuze entre une inversion de l’essence profonde et de la superficie et une redistribution complète du sens à la surface. Qu’est-ce que cette tension produit à la surface si l’on prend au sérieux en particulier la référence à la phrase « le plus profond c’est la peau » de Valéry ? Un univers de peau, membrane, limite, qui redistribue le sens à la surface, sans superficie, selon des tendances sans directions ni distance, selon une topologie tirée de Simondon. Et alors lorsque cette Logique du sens suivant les incorporels stoïciens convoque une peau, une corporéité quasi contradictoire, on peut croiser des arpentages de la peau et des modalités de toucher proposées par des pratiques somatiques et des expériences en danse pour penser une certaine épaisseur touchante sans épaisseur profonde, et peut-être esquisser un matérialisme des incorporels depuis la peau. Du sens sans profondeur L’idée d’une essence profonde comme puissance ontologique va de pair avec celle d’une profondeur essentielle comme garantie du sens : si l’être se situe essentiellement dans la profondeur, tout signe de surface ne peut être qu’interprété comme une remontée de la profondeur. Rendre le superficiel toujours redevable d’une essence profonde, d’une profondeur essentielle, voilà ce qui est insupportable, pour Deleuze. Détacher ce qui lie, par leur opposition, superficie et profondeur était déjà le projet de Deleuze dans Différence et Répétition, mais dans le sens d’une indépendance du fond qui retrouve sa potentialité de fond sensible informe et irreprésentable. Il montre comment l’éternel retour nous faisait assister à un « effondement ». Par effondement, il faut entendre cette liberté du fond non médiatisée, cette découverte d’un fond derrière tout autre fond, ce rapport du sans- fond avec le non-fondé, cette réflexion immédiate de l’informel et de la forme supérieure qui constitue l’éternel retour. »[1] Nietzsche ne lutte pas contre les simulacres de la fausse superficie, mais s’enfonce dans une autre caverne, « toujours une autre où s’enfouir »[2], « chargé de l’humanité et des animaux même » écrit Deleuze avec les mots de Rimbaud. De l’enfouissement de Nietzsche à l’enfouissement d’Alice dans Logique du sens, un même agacement pour l’opposition/dépendance entre superficie et profondeur, mais la profondeur ne va pas y jouer le même rôle. Un an après Différence et Répétition, la non opposition entre fond et superficie, Deleuze la cherche en repartant des Stoïciens, pour établir une « logique du sens » qui parie sur la surface, une surface qui ne doit rien à la profondeur. Cette logique du sens démarre avec la pensée de l’événement à partir des incorporels stoïciens : « Voilà maintenant que tout remonte à la surface. C’est le résultat de l’opération stoïcienne : l’illimité remonte. Le devenir-fou, le devenir-illimité n’est plus un fond qui gronde, il monte à la surface des choses, et devient impassible. Il ne s’agit plus de simulacres qui se dérobent au fond et s’insinuent partout, mais d’effets qui se manifestent et jouent en leur lieu. Effets au sens causal, mais aussi « effets » sonores, optiques ou de langage – et moins encore, ou beaucoup plus, puisqu’ils n’ont plus rien de corporel et sont maintenant toute l’idée… Ce qui se dérobait à l’Idée est monté à la surface, limite incorporelle, et représente maintenant toute l’idéalité possible, celle-ci destituée de son efficacité causale et spirituelle. Les Stoïciens ont découvert les effets de surface. »[3] On l’aura compris, cette logique du sens entend se dégager de l’opposition entre superficialité et profondeur, opposition qui les rend dépendantes l’une de l’autre. Ce qui garantit que quelque chose fasse sens, ait du sens, ou prenne sens, ce n’est pas sa participation à une profondeur. Le pas que Deleuze effectue dans les pas des Stoïciens est donc forcément double : si l’essence d’une chose ne tient pas à sa profondeur, c’est dans la mesure où en saisir le sens ne consiste pas à distinguer entre la fausse superficialité sans importance et la profondeur pleinement signifiante. Pas effectué dans les pas des Stoïciens, certes, mais pour mieux retrouver les démarches d’autres philosophes voisins de la pensée deleuzienne, et ceux de Nietzsche en particulier : « Dans sa propre découverte, Nietzsche a entrevu comme dans un rêve le moyen de fouler la terre, de l’effleurer, de danser et de ramener à la surface ce qui restait des monstres du fond et des figures du ciel. »[4] Ça remonte à la surface, mais surtout ça en dessine une autre, de surface : celle de la terre effleurée par les pas de danse, celle d’une peau hantée par des événements. A la surface de la terre, sur la peau du sol, le long des couches dermiques, une invitation à un arpentage intensif le long de la surface où émerge quelque chose, un pas, un sens. Et tout indique que cette démarche est autre chose qu’une simple inversion de valeurs entre superficiel et profond[5] : si la profondeur cesse de jouer contre la surface, ce n’est pas en devenant superficielle et en cédant son rôle de garant du sens profond aux aspects superficiels, c’est bien plutôt en se redistribuant contre, tout-contre la superficie. Ça n’est donc pas tant une revalorisation des aspects superficiels comme étant, au fond, les plus profonds, dans une sorte de révélation du renversement, qu’une redistribution des manières de faire sens. Si quelque chose fait sens sans que cela soit en référence exclusive à sa profondeur, c’est que toute une série de ‘comportements’ du sens se redistribuent à la surface : glisser latéralement, croitre sur les bords, émerger à la surface en ne venant d’aucune profondeur… Par émergence, glissement et pas de côté, le sens est produit par, et produit, une redistribution à la surface, plus qu’une inversion des superficialités et des fonds, (les fonds peuvent bien être charnels ou célestes, psychologiques ou organiques ils restent fonds). Trixi Skywalker – Creative commons Une logique des événements: un contexte historique Ce qui prend sens par glissement, par série d’émergence et dispersion à la surface, ce sont les événements. Il faut noter que la thématique, et la référence, même implicite, aux incorporels stoïciens pour penser une « philosophie de l’événement » n’est pas exclusivement deleuzienne… elle est prise dans un contexte historique où le projet de comprendre les choses historiques, sociales, politiques, en terme d’événements semblent crucial: Michel Foucault dans sa leçon inaugurale au Collège de France le 2 décembre 1970 dit: « Bien sûr, l’histoire depuis longtemps ne cherche plus à comprendre les événements par un jeu de causes et d’effets dans l’unité informe d’un grand devenir, vaguement homogène ou durement hiérarchisé ; mais ce n’est pas pour retrouver des structures antérieures, étrangères, hostiles à l’événement. C’est pour établir les séries diverses, entrecroisées, divergentes souvent mais non autonomes, qui permettent de circonscrire le «lieu» de l’événement, les marges de son aléa, les conditions de son apparition. Les notions fondamentales qui s’imposent maintenant ne sont plus celles de la conscience et de la continuité (avec les problèmes qui leur sont corrélatifs de la liberté et de la causalité), ce ne sont pas celles non plus du signe et de la structure. Ce sont celles de l’événement et de la série, avec le jeu des notions qui leur sont liées ; régularité, aléa, discontinuité, dépendance, transformation ; c’est par un tel ensemble que cette analyse des discours à laquelle je songe s’articule non point certes sur la thématique traditionnelle que les philosophes d’hier prennent encore pour l’histoire «vivante» mais sur le travail effectif des historiens. Mais c’est par là aussi que cette analyse pose des problèmes philosophiques, ou théoriques, vraisemblablement redoutables. Si les discours doivent être traités d’abord comme des ensembles d’événements discursifs, quel statut faut-il donner à cette notion d’événement qui fut si rarement prise en considération par les philosophes ? Bien sûr l’événement n’est ni substance ni accident, ni qualité ni processus ; l’événement n’est pas de l’ordre des corps. Et pourtant il n’est point immatériel ; c’est toujours au niveau de la matérialité qu’il prend effet, qu’il est effet ; il a son lieu et il consiste dans la relation, la coexistence, la dispersion, le recoupement, l’accumulation, la sélection d’éléments matériels ; il n’est point l’acte ni la propriété d’un corps ; il se uploads/Philosophie/ ce-que-peut-une-surface-implications-philosophiques.pdf

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