Christianisme et philosophie dans l’Antiquité Présentation des relations entre

Christianisme et philosophie dans l’Antiquité Présentation des relations entre le christianisme et la philosophie dans l’Antiquité grecque et romaine. https://www.edx.org/course/christianisme-et-philosophie-dans-lantiquite profesor Sébastien Morlet http://lettres.sorbonne-universite.fr/MORLET-Sebastien?lettre=m https://youtu.be/NF3ParktsIw Les philosophes de l’Antiquité se sont-ils inspirés du christianisme ? Nous nous trouvons dans la Chapelle de la Sorbonne, qui est le seul vestige de la vieille Sorbonne. Elle date du XVIIe s., c’est-à-dire d’une époque où la Sorbonne était encore un collège de théologie. Ce fait explique la présence, dans cette chapelle, de quatre médaillons, qui représentent les quatre Docteurs de l’Église latine : Ambroise de Milan, Jérôme, Augustin, et Grégoire le Grand, et de cette fresque, qui date du XIXe s., et qui représente justement la théologie. Dans la partie inférieure de la fresque sont donnés des noms de théologiens, anciens et médiévaux, et de philosophes. Les uns et les autres sont mis sur le même plan. On voit que, dans cette fresque, la philosophie est associée à la théologie. On peut même dire qu’elle fait partie intégrante de la théologie. Cette présence de la philosophie dans une chapelle n’est pas quelque chose dont on est coutumier. En principe, dans une Église, on trouve avant tout des représentations des événements de la vie de Jésus, des évangélistes ou des prophètes, mais beaucoup plus rarement des représentations de philosophes ou comme ici de la philosophie. Ce fait s’explique parce que nous sommes dans un lieu d’enseignement dévolu à l’origine à l’étude de la théologie. Mais pourquoi la philosophie est-elle ici associée à la théologie ? Cela ne va pas de soi. La philosophie est une recherche rationnelle de la vérité alors que la théologie est, en principe, une méditation sur Dieu fondée sur les Écritures, sur le texte biblique, et non sur l’exercice de la raison. Cette fresque nous invite à nous interroger sur une question fondamentale dans l’histoire culturelle : celle des rapports entre la philosophie et le christianisme, la philosophie, inventée par les Grecs, plusieurs siècles avant la naissance de Jésus et le christianisme, cette religion nouvelle qui apparaît dans l’Empire romain et qui, en moins de quatre siècles devient la religion officielle de l’Empire. Ce cours a pour but de vous aider à comprendre quelles sont les relations entre la philosophie et le christianisme dans l’Antiquité. Que disent les philosophes sur les chrétiens ? Que disent les chrétiens des philosophes ? Les philosophes de l’Antiquité se sont-ils inspirés du christianisme ? Les chrétiens se sont-ils inspirés de la philosophie ? Ce questionnement est important pour corriger un certain nombre d’idées reçues. On oppose souvent religion et philosophie comme si les deux notions étaient incompatibles. On a, depuis les Lumières, accusé le christianisme d’avoir fait sombrer le monde antique dans l’intolérance : le dogme religieux se serait substitué à l’exercice libre de la raison. On imagine parfois les chrétiens comme des fanatiques détruisant, brûlant des livres et mettant fin à la culture issue du monde grec classique. Ce que vous allez comprendre avec ce cours, c’est qu’il faut avoir une compréhension plus nuancée des choses. Les chrétiens, dans l’Antiquité, sont pour une part hostiles à la philosophie, mais certains d’entre eux lui sont favorables. En quelques séances, vous disposerez des clefs essentielles pour comprendre ce qu’est le christianisme antique, comment la littérature chrétienne s’est constituée, quelles sont les attitudes des chrétiens à l’égard de la philosophie, mais quelles sont également les attitudes des philosophes vis-à-vis des chrétiens. Au fond, le fil que nous allons suivre ensemble est celui qui explique et qui mène à cette fresque. Nous allons explorer quelques-unes des raisons principales qui expliquent pourquoi et comment le christianisme et la philosophie, au départ distincts et antagonistes, ont fini dès l’Antiquité par se rapprocher. Nous évoquerons d’abord la naissance du christianisme et des textes chrétiens. Nous examinerons ensuite les raisons de l’opposition des chrétiens à la philosophie. Nous verrons, inversement, quels sont les arguments des philosophes de l’Antiquité contre les chrétiens. Puis nous évoquerons, à travers les séances 4 et 5, les deux raisons principales qui ont amené les chrétiens à se rapprocher de la philosophie, malgré leur opposition : d’abord, la nécessité de répondre aux critiques des philosophes, qui ont amené les chrétiens à se situer sur le même terrain qu’eux, puis la reconnaissance, chez certains auteurs, qu’il y a dans la philosophie de l’utilité et des vérités, y compris pour le chrétien. Nous nous interrogerons, dans la dernière séance, sur les consequences de ce rapprochement entre christianisme et philosophie dans l’histoire de la philosophie. Au lieu d’opposer christianisme et philosophie en essayant de montrer que la vérité n’est que d’un côté, et que la philosophie est une impasse, ces auteurs essaient au contraire de montrer qu’il existe un accord profond entre les deux. La démonstration de cet accord passe par deux procédés : l’usage de la raison au service de la démonstration, et l’utilisation des auteurs grecs et latins. Voilà donc, à l’issue de cette première séance, le contexte historique et littéraire dans lequel va émerger le dialogue entre le christianisme et la philosophie. Dans les séances qui vont suivre, nous allons essayer de comprendre pourquoi il existe une opposition entre chrétiens et philosophes dans l’Antiquité, et pourquoi finalement les chrétiens vont, malgré leur hostilité, se rapprocher de la philosophie. À la suite du même passage, Justin développe le second type d’argument dont j’ai parlé, c’est-à-dire l’usage des auteurs grecs. Il évoque le cas des philosophes, en l’occurrence les stoïciens, qui ont admis que l’univers s’embrasait régulièrement pour renaître. Il y aurait là, pour Justin, en dépit des différences, un point d’accord fondamental avec la doctrine chrétienne. Les stoïciens, dans l’esprit de Justin, reconnaissent une certaine forme de résurrection. La stratégie des apologistes consiste ou bien à poser la supériorité de la foi par rapport à la raison, ou bien au contraire à démontrer la rationalité de leurs doctrines, en rendant raison de leurs croyances ou bien en démontrant leur accord avec les auteurs grecs et latins. la critique philosophique a encouragé les chrétiens à rendre raison d’un certain nombre d’éléments de leur foi. Ces auteurs sont des humanistes avant l’heure. J’utilise à dessein cette notion d’humanisme bien qu’elle soit en partie anachronique pour désigner le courant qui, dans l’Église ancienne, cherche à réconcilier christianisme et culture grecque. Du côté chrétien, il faut compter pour commencer avec Clément d’Alexandrie, mort vers 215. Lecteur de Philon, Clément est un maître chrétien auteur de plusieurs œuvres, un Protreptique, un Pédagogue et surtout des Stromates, terme qui signifie « tapisseries », qui constituent la première tentative d’envergure de défense de la culture grecque de la part d’un chrétien. La réflexion de Clément a été poursuivie par Origène, natif’Alexandrie vers 185, installé à Césarée de Palestine à partir de 233, et mort en 254. Origène est un auteur d’une importance considérable. Il a marqué également celle des auteurs que nous appelons « les pères cappadociens » : Basile de Césarée, son frère Grégoire de Nysse, et leur ami, Grégoire de Nazianze. Ces auteurs, actifs dans la seconde moitié du IVe s., ont tous joué un rôle dans l’histoire du rapprochement entre christianisme et culture grecque. "La philosophie vient combler les silences de l’Écriture." Toute cette réflexion de Philon puis des auteurs chrétiens aura une importance capitale dans l’histoire des relations entre philosophie et christianisme. Elle impose l’idée que la philosophie est bonne, mais seulement si on la met au service de la vraie sagesse, la théologie. On est ici au point de départ de l’idée médiévale de la philosophie comme ancilla theologiae, servante de la théologie, qui explique que, dans les universités médiévales, la philosophie sera longtemps enseignée uniquement comme discipline préparatoire à la théologie. On se souvient que, dans la Chapelle de la Sorbonne, la fresque représentant la Théologie associe les théologiens au sens propre et les philosophes. On ne peut pas comprendre cette association sans avoir à l’esprit cette idée médiévale, mais en réalité déjà patristique, de la philosophie comme introduction au christianisme. Origène exposait à ses élèves tous les systèmes philosophiques, à l’exception de ceux qui niaient la providence, c’est-à-dire avant tout l’épicurisme. Il s’agissait, écrit Grégoire, de « s’exercer », c’est-à-dire d’affûter son esprit, mais également de récolter de tous ces saviors ce qui pourrait être utile à l’étude des Écritures. Justin expose déjà cette idée dans son Apologie. Les vérités de la philosophie seraient celles du logos séminal, c’est-à-dire du logos répandu en tout homme sous la forme de la raison individuelle. Mais ce logos, que les Grecs ont connu de façon séminale, serait le même que celui que les chrétiens ont connu en personne, à travers l’Incarnation. On comprend donc qu’avec une telle théorie, largement partagée par les auteurs chrétiens de l’Antiquité, l’intégration de la philosophie au discours chrétien ne posait plus aucun problème. Il est donc clair que le christianisme a eu une influence capitale dans l’histoire de la philosophie. Il a transmis une partie très importante de la philosophie grecque mais l’a subordonnée à la pratique de la théologie. Mais une question qu’on peut légitimement uploads/Philosophie/ christianisme-et-philosophie-dans-l-x27-antiquite.pdf

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