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Final draft version for personal use ; please cite from the published version Circularité et causalité dans le Cosmos de Charles de Koninck Eric Trelut Professeur de philosophie Lycée de la Sauque (La Brède, France) « Il n’y a pas de vraie sagesse sans un peu de folie. » Maritain, 168 – de Jacques Maritain. Kolbsheim 11 août 1966 Mon bien-aimé Henry « Knowledge is not only necessary ; it is most noble pursuit, inducing happiness of the Highest kind – provided the knowledge be also wisdom. Meantime it is essential to the wisdom we can achieve in this life that web e aware of the limitations of knowledge, that we dispel darkness wherever we can, and yet realize the frailty of the wisdom we may come to possess. But we bear wisely in mind the limitations of our knowledge is not the same as to rest in them. To the lively intellect, its own limitations are a constant challenge ; to shrink from this challenge would be the very opposite of wisdom – like the attitude of the foolish virgins who failed to provide themselves with oil for their lamps. I say to tou as Chancellor of a Catholic University. » Charles de Koninck, Words and Wisdom, 1960.1 Introduction Charles de Koninck (29 Juillet 1906 -13 Février 1965) affirme tout au long de son œuvre, dès 19362 jusqu’en 19643, peu avant sa mort, que la philosophie de la nature est science et sagesse. Cette sagesse, qui de tous les savoirs, est peut-être celui, dit-il, que nos oublions le plus imperceptiblement4. Pour deux raisons principales ou une double illusion : soit parce que nous prenons si aisément pour acquis les principes ou éléments les plus simples et communs, soit parce que nous tirons la science dans le domaine de l’art. Double illusion, en effet, car 1 Charles de Koninck, Words and Wisdom, http://www.scribd.com/doc/7808241/folder-13-part-4 p. 19. 2 Charles De Koninck, « La philosophie des sciences, fonction sapientiale de la philosophie de la nature », Acta Pont. Acad. Romanae S. Thomae Aq., Acta secundi congressus thomistici internationalis, 1936, 3 (1937) : 359– 62, at 360. 3 Charles De Koninck, « La métaphysique comme philosophie des sciences », La Presse, March 7, 1964, 5–6. 4 Charles De Koninck, « Introduction à l’étude de l’âme », Laval théologique et philosophique 3, no. 1 (1947) : 9–65. « Mais à s’en tenir à ce contexte, on risque de s’aveugler, d’oublier que le but est avant tout de voir qualiter se habet veritas rerum. L’oubli, lui aussi, fait de l’histoire. Sous prétexte que depuis des siècles ils ont été réglés (comme on pourrait le voir dans tel ou tel livre si seulement le progrès nous en permettait le loisir) on laisse dormir les problèmes élémentaires, les couvrant de poussière surtout par certaine manière d’en faire l’histoire ; alors qu’au contraire nous devons les ranimer sans cesse en les posant de nouveau, car nos idées ne sont pas innées ; et si même elles l’étaient, néanmoins faudrait-il l’effort de la réminiscence. On doit y revenir toujours, fût-ce gauchement, de peur que la sagesse, qui de tous les savoirs est peut-être celui que l’ on oublie le plus imperceptiblement – et d’ailleurs aux yeux du monde avec le moins de regret – du fait que l’ on prend si aisément pour acquis les principes ou éléments les plus simples et communs ; crainte, dis-je, qu’elle ne continue de se laisser emporter par le mouvement de l’histoire, c’est-à-dire par le temps qui tient davantage de l’ oubli. » https://doi.org/10.7202/1019779ar. 1 d’un côté nous identifions le plus connaissable pour nous avec le plus intelligible en soi, et d’autre part, nous attribuons aux choses elles-mêmes la potentialité de notre intelligence. Au fond, c’est la source première de la connaissance qui est oubliée, à savoir l’étonnement que les choses mêmes sont ce qu’elles sont. Une admiration mal placée5 ! Car, bien qu’elle ne soit pas la première, la philosophie de la nature est une sorte de sagesse en tant qu’elle participe de la fonction proprement sapientiale de la métaphysique. Pour Charles de Koninck, les savoirs de la nature sont multiples. En effet, à elle seule la science démonstrative de la nature n’épuise pas toute la réalité naturelle ; elle n’atteint que l’aspect nécessaire des êtres naturels. De là, pour Charles de Koninck, la nécessité des sciences expérimentales pour étudier ce qui est contingent dans la nature et qui échappe à la science « cognitio certa per causas ». Pourtant cela ne signifie pas que la nature est morcelée. Dans sa fonction sapientiale la philosophie de la nature surmonte cette division et rétablit l’unité. La philosophie de la nature peut ainsi réfléchir sur ce qui est connu par les sciences expérimentales sans sortir de son domaine propre car l’être mobile qui est son objet comporte ces deux aspects, l’un nécessaire, l’autre contingent. Elle n’est donc sagesse que relative aux sciences expérimentales qu’elle peut juger, défendre et utiliser. Selon le philosophe Jacques Maritain (18 Novembre 1882 - 28 Avril 1973), la métaphysique est pleinement sagesse car elle ne demande pas à être compléter par les sciences expérimentales de la nature, elle les domine, elle est libre d’elles. En ce sens la philosophie de la nature est fondamentalement distincte de la métaphysique. Certes, elle demande à se compléter6 par les sciences expérimentales, comme les sciences expérimentales demandent à se compléter par elle. Mais, pour Maritain, la philosophie de la nature est déjà sagesse en tant 5 « L'admiration du vulgaire moderne n'est pas pour la nature mais pour la science expérimentale de la nature ; non pas en tant qu'elle nous fait connaître le monde pour le connaître tel qu'il est en lui-même mais en tant qu'elle manifeste la puissance de l'homme. Cela même explique le culte dont les savants sont aujourd'hui l'objet. Ce serait pour la philosophie une chose fort désastreuse que d'être l'objet d'un semblable culte. L'histoire de la philosophie moderne nous a donné la preuve. On parle souvent du culte d'Aristote au moyen-âge alors qu'on estimait Aristote pour la lumière qu'ils jetaient sur les choses. Le culte des philosophes (au pluriel) est au contraire une chose tout à fait moderne, les philosophes ayant abandonné la philosophie pour faire œuvres d'artiste. L'on croit aujourd'hui que la philosophie est un synonyme de philosophie. L’ont fait des philosophies comme on fait des tableaux. Il est véritable que la science expérimentale fait sentir au vulgaire d'une manière très frappante l'ingéniosité et l'astuce de l'homme. Mais il faudrait être fort naïf pour croire cette vénération de la masse pour la science moderne différente de la vénération des peuples sauvages pour l'art magique de leurs féticheurs. » Extrait d’un cours donné par Charles de Koninck et que l’on peut trouver sur le site des Archives en ligne : https://fr.scribd.com/doc/13715395/20081019-150023-2013. Et, « Je disais le monde est obscur mais il n'est pas facile de le voir. Les animaux ne savent pas que le monde est obscur : l'ignorance ne les torture pas ; c'est qu'ils n'ont pas de terme de comparaison. L’appréciation de l'obscurité suppose la lumière. L'étonnement principe de science suppose une certaine connaissance de l'inconnu ; il suppose que l'on sait ce qu'il y a ce que l'on ne sait pas ; l'étonnement est une connaissance de l'ignorance. Il n'est pas facile de voir l'obscurité du monde parce que cette connaissance suppose la distinction entre ce qui est le plus connaissable pour nous est ce qu'il est en soi. Le particulier est le plus connaissable pour nous par le sens : surtout le sensible propre ; parmi les sensibles communs : le mouvement ; les deux comme choc les sens : leur combinaison donne le sensible plus parfait ; le mouvement donne aux couleurs une sorte de vie (pour le sens lui-même, le confus plus connaissable). De même l'universel confus, générique, la classe, est plus connaissable pour nous. Si nous nous arrêtons à cet ordre de cognoscibilité nous vivons dans un univers très connaissable ; nous ne dépassons pas la potentialité de l'intelligence. Et comme sur ce plan il existe une infinité de problèmes, l'humanité peut y trouver une éternité de recherche et l'on trouvera toujours du nouveau. Quand l'intelligence est satisfaite de ce degré de connaissance on n’y perd rien Or tel est le cas de l'immense majorité des hommes. Elle n'est sensible qu’aux difficultés qui sont de l'ordre de la cognoscibilité qu’elle estime unique. Quand une intelligence n'est pas apte à s'étonner de ce que les choses sont ce qu'elles sont, les solutions des problèmes et les tentatives de solutions doivent nécessairement lui paraître absurde. » https://fr.scribd.com/doc/7797751/Folder-2-Part-3 2 que savoir de type ontologique, car elle est séparée7 (libre) de l’explication de détails des phénomènes, même si ce savoir, elle l’a tiré des sens8. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, selon Maritain, la métaphysique est sagesse simpliciter, car elle est libre parfaitement de toutes les sciences des phénomènes. Ne demandant pas à être complétée par les sciences expérimentales, la métaphysique les domine9. En ce sens la uploads/Philosophie/ circularite-et-causalite-dans-le-cosmos-de-charles-de-koninck.pdf

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