ANNEE UNIVERSITAIRE 2019-2020 Licence 3 UFR : Langues, Littératures et Civilisa
ANNEE UNIVERSITAIRE 2019-2020 Licence 3 UFR : Langues, Littératures et Civilisations Département des Sciences du Langage EU ISF 6305 : INITIATION A LA SEMANTIQUE FORMELLE ECUE ISF 6305-1: SEMANTIQUE VERICONDITIONNELLE ET LOGIQUE DES PREDICATS Responsable du cours : Pr Joseph Yapo BOGNY Maitre de Conférences Objectif du cours : A la fin de ce cours, les étudiants doivent acquérir les bases de la vériconditionnalité et de la notion de logique des prédicats. 0. INTRODUCTION La sémantique se définit comme l’étude du sens. Elle se distingue de la morphologie qui a pour objet les procédés de création des mots ou de la syntaxe qui s’intéresse aux relations structurelles par lesquelles ces mots sont disposés en énoncés acceptables dans les langues. De plus, alors que les analyses morphologiques et syntaxiques portent sur le signifiant, c’est-à-dire l’aspect concret de la langue (mots, syntagmes, phrases, textes), la sémantique semble être marquée par l’abstrait : le signifié. En effet, quoique déterminant les relations entre le signifiant et le signifié, le sens lui-même est difficilement saisissable. Dès lors, il est abordé selon plusieurs courants qui peuvent être organisés en trois grandes catégories : les théories psychologiques ou mentalistes, les théories pragmatiques dites de la signification et les théories référentielles ou dénotationnelles. Ces familles théoriques ont en commun le même objet (l’étude du sens), mais avec des approches analytiques différentes. La première part de l’idée qu’une communication authentique et objective ne peut se faire qu’à partir d’une représentation interne ou mentale adéquate et commune entre les interlocuteurs. Ainsi, elle propose que l’étude du sens s’appuie sur cette représentation psychologique du locuteur. Le second courant théorique assigne au signifiant une fonction sociale. Il est le stimulus qui suscite et dirige la réaction de l’interlocuteur. En conséquence, tout énoncé obtient, non un sens, mais une signification selon le contexte dans lequel il est produit. Dans des contextes différents, il s’interprète différemment. Le troisième courant a trait à la logique. Il est question de concevoir la sémantique des langues naturelles comme une relation entre le signe linguistique et ce qu’il représente. Il ne s’agit pas d’une représentation individuelle ou contextuelle, mais celle admise par la langue, dans sa logique. Précisons que ces différentes approches théoriques sont complémentaires, ce qui permet quelques fois de les utiliser conjointement dans certaines analyses. Dans ce cours, nous allons parcourir les concepts de la vériconditionnalité et de la logique des prédicats développés dans le cadre des courants référentiels ou dénotationnels. 1. QUELQUES NOTIONS DE BASE 1.1. La sémantique formelle La sémantique formelle s’inscrit dans le cadre de la linguistique formelle, à coté de la syntaxe. Moeschler et Auchlin (2013 : 112) la définissent comme « la partie de la sémantique qui utilise les langages formels (logiques) pour décrire la signification ». Les théoriciens situent son origine avec les travaux du philosophe et logicien Richard Montague. D’où l’appellation « Grammaire de Montague ». Ce dernier s’est inspiré du programme de Frege et Russell qui introduit dans la philosophie du langage, un raisonnement mathématique. Ainsi, empruntant les outils de la logique, la sémantique formelle permet de formaliser le sens sous forme de règles, de formules, de fonctions. En tant que courant dénotationnel, cette théorie sémantique considère comme signification d’une expression (mot ou phrase), sa dénotation. Cette valeur lui (l’expression) est attribuée par une fonction sur la base d’un ensemble d’individus appartenant à un champ commun. C’est ce que l’on appelle « modèle ». Cela retire au sens son trait purement abstrait, pour lui donner une forme, pour travailler ce qu’il a de concret. 1.2. La valeur de vérité La sémantique vériconditionnelle ou sémantique formelle bâtit le sens d’une phrase sur les conditions dans lesquelles elle est jugée vraie ou fausse. Cette méthode est connue sous l’appellation de Conditions de Vérité. Roussarie (2016 : 45) l’explique en ces termes : Connaitre le sens d’une phrase (déclarative) c’est savoir comment doit, ou devrait, être le monde pour que cette phrase soit vraie. Il faut comprendre par cette affirmation que pour déterminer la signification d’une phrase, il faut réunir les différentes conditions qui permettent de la déclarer vraie ou fausse. Le point focal de la théorie se situe donc dans la réalité des éléments du monde, de l’univers, et de l’environnement qui attestent de la véracité de ce que déclare la phrase. Considérons le proverbe suivant. (1) sɷ ́ nɷ ́ tím nɩ̰́́ ɲɟé /éléphant/pouvoir/3sg.Gén/dent/ « L’éléphant supporte ses dents (ivoires). » Pour que cette phrase soit vraie, il faut qu’il existe quelque part dans le monde, un être animé appelé sɷ ́ nɷ ́ dans la langue, que cet être ait une propriété que la langue nomme ɲɟé, et que ce sɷ ́ nɷ ́ soit capable de porter cette propriété (ɲɟé). Or tout cela existe. Ce qui sous- entend alors que (1) est vraie. Par conséquent, pour déclarer une phrase vraie ou fausse, on s’appuie aussi bien sur les dénotations des expressions qui la composent que sur la dénotation, les inférences, la compositionnalité et bien d’autres paramètres qu’il convient de visiter. 1.3. Le sens et la dénotation Roussarie (2016), se servant essentiellement de Frege (1892b), établit la différence notionnelle entre sens et dénotation. Elle se résume comme suit : La dénotation d’une expression linguistique est l’objet du monde que cette expression désigne, c’est-à-dire la notion qui incarne directement la relation entre les éléments linguistiques et les entités de la réalité, alors que le sens d’une expression est ce qui permet de connaitre la dénotation de cette expression, c’est-à-dire le mécanisme ‘‘d’attribution’’ d’objets à des expressions de la langue. (Roussarie 2016 : 41-42). Dit de cette manière, le sens se distingue nettement de la dénotation, et vice-versa. De plus, le sens se présente comme l’interface abstraite de l’interprétation, tandis que la dénotation est arborée comme son interface concrète. Soit l’exemple en (2). (2) Livre Sens : Ouvrage de l’esprit, en prose ou en vers, d’assez grande étendue pour faire au moins un volume Dénotation : Toutefois, il arrive que certaines expressions soient dépourvues de dénotation bien que pourvues de sens. Ces mots désignent une réalité essentiellement abstraite. Par exemple : (3) La linguistique Sens : La science qui étudie le fonctionnement des langues naturelles. Dénotation : Ø Pour ainsi dire, on consulte un dictionnaire pour avoir le sens d’une phrase. Mais on sollicite un livre d’histoire ou on scrute l’environnement, le monde pour en avoir la dénotation. Avec un dictionnaire illustré, on peut obtenir les deux. Aussi, une phrase est vraie si notre monde vérifie les conditions de vérité et fausse dans le cas contraire. Etant donné que sens et dénotation sont deux interfaces d’une même pièce de monnaie dans le processus d’interprétation d’un énoncé et que le sens peut être multiforme, certains critères entrent en compte pour la détermination de sa construction. Ces critères sont les conducteurs des conditions de vérité. Ce sont les inférences et les présupposés. 1.4. Les inférences Les inférences sont définies comme des phrases par défaut tirées à partir de phrases génériques. Il en ressort que certaines phrases de la langue sont considérées comme des archétypiques, car elles permettent de générer une multitude d’autres ayant des sens et/ou dénotations plus ou moins similaires. On peut les considérer comme des conclusions, des résumés, des reformulations, des qualifications, des comparaisons et des oppositions plausibles, déductibles d’une phrase. Nous relevons ici trois formes d’inférences, notamment la conséquence logique, les équivalences logiques et les présuppositions sémantiques. 1.4.1. La conséquence logique La conséquence logique est une relation de conclusion entre une phrase A et une autre B. Dans cette relation, il peut y avoir plusieurs B pour une même phrase A, c’est-à-dire qu’on peut en tirer plusieurs conclusions. De ce fait, la conséquence logique d’une phrase A renvoie à toute déduction B qu’on peut logiquement en faire ou tout B que A entraine. (4) A : Il pleut. B1 : Le commerçant range ses articles. B2 : Le commerçant installe son parasol. … On la note ainsi : A╞B et cela se lit : A entraine B1 / B2 /… La conséquence logique est une inférence logique. Dans une phrase hypothétique (HypP) par exemple, on distingue les prémisses de la conclusion. Cette conclusion représente la conséquence logique des prémisses. Dans ces syntagmes, la valeur de vérité de la phrase dépend de la vérité de la conséquence logique. C’est pourquoi Moeschler et Auchlin (2013 : 162) diront ceci « On dira qu’un raisonnement est valide lorsque ses prémisses ont comme conséquence la conclusion ». Reformulons (4) sous forme hypothétique : (5) S’il pleut, ou le commerçant rangera ses articles, ou il installera son parasol. On obtient ceci : (6) Si A, alors B1 ou B2 A╞ B1 / B2 S’il pleut, A et vérifié, mais l’énoncé ne l’est toujours pas. Il ne le sera que lorsque B1 ou B2 sera vrai. 1.4.2. Les équivalences logiques L’équivalence logique est quelque peu similaire à la conséquence logique, à la différence que cette fois, la conséquence logique se caractérise par la réciprocité. Autrement dit, deux phrases A et B sont dites (logiquement) équivalentes uploads/Philosophie/ cm-l3-semantique-vericonditionnelle-et-logique-des-predicats-1.pdf
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- Publié le Aoû 20, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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