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iPhilo - la philosophie en poche La première application de philosophie pour iPhone http://iphilo.fr Comment naissent les idées ? Author : Bruno Jarrosson Categories : Philo Contemporaine Date : 16 octobre 2013 Un petit miracle Il existait jadis deux Allemagne, une République fédérale allemande et une République démocratique allemande. Entre la démocratie dans les faits et la démocratie dans les mots, il y avait tout de même l’épaisseur d’un mur. L’Allemagne de l’Ouest n’avait aucun besoin de se dire démocratique puisque chacun pouvait constater qu’elle l’était. Ce qui se voit, ce qui a la force de l’évidence n’a pas besoin d’être dit. Le langage qui porte l’idée est souvent utilisé pour dire ce qui n’est pas. Car, quand le langage dit le faux, il n’en reste pas moins vrai qu’il le dit. Le langage donne accès à l’irréel mais il est lui- même réel. Il constitue le pont entre le réel et l’irréel. Je dis ce qui n’est pas pour changer ce qui est. Voilà pourquoi les idées, qui ne sont que des idées, sont aussi puissance et acte dans le monde. Les idées mènent le monde tout autant que les réalités matérielles. Et voilà pourquoi l’homme, seule espèce détentrice d’un langage abstrait, gouverne et transforme le monde matériel. Mais avoir une idée, c’est tout de même un petit miracle. Cela nous arrive si souvent que nous n’y prenons pas garde. C’est comme un enfant en bonne santé : penser qu’il y a un petit cœur qui bat, des poumons qui s’emplissent d’air, un estomac qui digère, des milliards d’échanges chimiques à chaque seconde, un cerveau qui déclenche exactement les bonnes instructions quand il le faut, des muscles qui se tendent et se détendent, etc. Si notre cerveau pouvait seulement stocker et retrouver des informations, cela serait déjà assez extraordinaire. Mais il peut en plus les combiner, les transformer, les malaxer, parfois même générer des idées qui semblent venues de nulle part. Nous allons nous intéresser au rendement de ce miraculeux générateur d’idées, à ce qui le rend plus miraculeux encore. Est-il possible de canaliser cette production ? Est-il possible d’avoir des idées sur commande ? Est-il possible de n’avoir que des bonnes idées ? Tout le monde peut-il avoir des idées ? Peut-on avoir des idées sur n’importe quel sujet ? Quelles sont les conditions à remplir pour avoir des idées ? Les obstacles La naissance des idées rencontre sur sa route des obstacles spécifiques. À la question : “ Comment naissent les idées ? ” nous serions tentés de répondre qu’elles naissent d’elles-mêmes – par entrechoquement – pour peu qu’on les laisse naître, qu’on ne leur oppose pas d’obstacle. Nous allons identifier ces obstacles. © 2016 iPhilo et ses auteurs, tous droits réservés. L'ensemble des articles publiés dans le journal est accessible gratuitement sur le site iPhilo.fr. iPhilo - la philosophie en poche La première application de philosophie pour iPhone http://iphilo.fr L’éducation Une balle de ping-pong est introduite par mégarde dans un tube de même diamètre, scellé dans le sol. Impossible de l’atteindre en enfonçant ses doigts. Comment la récupérer quand on n’a sur soi qu’un dé à coudre, un mouchoir et un ticket de métro ? Pause. Pose. Oui, on pose la lecture et on cherche un moment. Vous y êtes. Non. Allez, encore un petit effort. Réponse : à vous de jouer (cf. commentaire n°2) ! Le système scolaire favorise ceux qui savent retrouver, à des problèmes bien posés, la solution du professeur. Dans le monde réel, les choses sont bien différentes : On ne sait pas si la question est bien posée. Bien souvent, nous essayons de résoudre de fausses questions et nous ne voyons pas quelle est la bonne question. Ce n’est qu’à la fin du processus que nous comprenons la vraie nature du problème. La question n’est presque jamais bien posée. C’est au sujet de l’élaborer. Seule la solution mise en œuvre peut être jugée. Nous ne saurons jamais ce qu’auraient donné les solutions qui n’ont pas été essayées. Les résultats, bons ou mauvais, peuvent être retournés par le temps. Il n’y a pas de solution bonne pour l’éternité. La bonne solution ne l’est que par rapport à un objectif limité dans un délai lui-même limité. Mais le temps continue de passer une fois le délai échu. Il y a toujours du temps derrière le temps. Et ce temps peut rendre mauvaises les bonnes idées et bonne les mauvaises idées. La réussite ne dépend pas seulement de la solution choisie mais aussi de l’énergie dépensée dans la mise en œuvre. Ces phénomènes montrent que l’éducation ne nous prépare pas généreusement à résoudre les problèmes de la vie. Si bien que les réussites dans la vie et dans les affaires sont souvent le fait de personnes qui n’ont pas brillé dans le système scolaire. M. François Pinault, devenu l’homme le plus riche de France en partant de presque rien, n’a pas le bac, paraît-il. Cela ne plaide pas en faveur de ce mode d’éducation scolaire de constater que les diplômés, quand ils ne sont plus cooptés par leurs diplômes mais se trouvent dans une vraie concurrence avec les non diplômés – une concurrence fondée sur la créativité – ne retirent pas toujours d’avantage déterminant de leur éducation scolaire. Les habitudes Une fois étudiés les trajets entre son habitation et son bureau, il est rare que l’on revérifie qu’il n’en existe pas de plus court. Or les sens interdits ont pu changer, de nouvelles lignes de bus se créer, etc. Les habitudes, qui nous font croire après examen que l’on connaît le monde qui nous entoure, bloquent la production d’idées. © 2016 iPhilo et ses auteurs, tous droits réservés. L'ensemble des articles publiés dans le journal est accessible gratuitement sur le site iPhilo.fr. iPhilo - la philosophie en poche La première application de philosophie pour iPhone http://iphilo.fr L’habitude consiste à utiliser de façon inconsciente une connexion neuronale déjà existante. Elle est donc un redoutable facteur d’efficacité puisqu’elle permet de résoudre la plupart des problèmes de façon rapide et sans s’encombrer l’esprit. Cette efficacité et le caractère inconscient de l’efficacité en font un obstacle sournois à l’émergence d’idées nouvelles et fécondes. Même si on ne peut pas le faire tout le temps, il faut donc questionner les habitudes. Pourquoi continuer à faire comme ceci ou comme cela ? Un train traverse la forêt landaise et sa vitesse maximum est de 80 km/h. Un gigantesque feu de forêt s’est déclaré derrière le train et se déplace dans le même sens que lui, poussé par le vent à la vitesse de 150 km/h. Le feu va rattraper le train. Quelle décision prendre pour éviter d’être carbonisé ? Les réponses vont faire apparaître que la plupart des contraintes sont en fait implicites. “ Je m’enfuis du train sur le côté. ” “ Ah non, vous répondra-t-on. La forêt s’étend de chaque côté et il y a aussi le feu. ” Bon, bon, il fallait le dire. “ Je déverse l’eau contenue par le train derrière lui. ” “ Il n’y en a pas assez. ” Dommage. “ J’allume un contre-feu devant le train. ” “ Oui mais pour le faire il faut arrêter le train et on ne sait pas si on en a le temps. ” “ Je suis en fait un oiseau et je m’envole. ” “ Non, parce que… ” Etc. En fait, chaque réponse renvoie à une définition plus précise du cadre. Ce qui montre qu’une partie du cadre est implicite. L’habitude définit ce cadre implicite sans le remettre en question. Danger. L’expertise “ Les experts sont ceux qui se trompent dans les règles. ” Paul Valéry Le savoir est formalisé par des connexions neuronales qui sont activées en cas de sollicitations. Ces connexions sont donc utilisées de préférence à d’autres chemins neuronaux qui seraient pertinents par rapport au problème mais qui restent à établir. Une conséquence de ce point est qu’il est souvent plus difficile à un expert d’imaginer une nouvelle méthode pour résoudre un problème dont il est spécialiste qu’à celui qui sait ne rien connaître du sujet et qui n’a donc pas besoin de remettre en question ses pratiques antérieures. Le travail créatif inconscient puise son matériau dans la mémoire, dans le savoir. En ce sens, le savoir est le principal allié de la création. Mais, dans le même temps, le savoir encombre, le savoir ferme, bref le savoir en sait trop de choses pour désirer savoir davantage. Le savoir est désir repus quand la création nécessite un désir intact. Le jugement Pour arriver à destination – une bonne idée – il est courant de passer par des étapes © 2016 iPhilo et ses auteurs, tous droits réservés. L'ensemble des articles publiés dans le journal est accessible gratuitement sur le site iPhilo.fr. iPhilo - la philosophie en poche La première application de philosophie pour iPhone http://iphilo.fr intermédiaires, qui ne sont pas pertinentes comme solutions au problème posé. Ces étapes intermédiaires sont fragiles, il n’est pas difficile de démontrer, par la déduction, leur uploads/Philosophie/ comment-naissent-les-idees.pdf
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- Publié le Apv 09, 2021
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