Texte Après ces préliminaires (…), il nous faut considérer ce que représente la
Texte Après ces préliminaires (…), il nous faut considérer ce que représente la personne ; c’est, je pense, un être pensant et intelligent, doué de raison et de réflexion, et qui peut se considérer soi -même comme soi-même, une même chose pensante en différents temps et lieux (lignes 1 à 3). Ce qui provient uniquement de cette conscience qui est inséparable de la pensée, et lui est essentielle à ce qu’il me semble : car il est impossible à quelqu’un de percevoir sans percevoir aussi qu’il perçoit. Quand nous voyons, entendons, sentons par l’odorat ou le toucher, éprouvons, méditons ou voulons quelque chose, nous savons que nous le faisons. Il en va toujours ainsi de nos sensations et de nos perceptions présentes : ce par quoi chacun est pour lui-même précisément ce qu’il appelle soi, laissant pour l’instant de côté la question de savoir si le même soi continue d’exister dans la même substance ou dans plusieurs. Car la conscience accompagne toujours la pensée, elle est ce qui fait que chacun est ce qu’il appelle soi et qu’il se distingue de toutes les autres choses pensantes (lignes 3 à 12). Mais l’identité personnelle, autrement dit la mêmeté ou le fait pour un être rationnel d’être le même, ne consiste en rien d’autre que cela. L’identité de telle personne s’étend aussi loin que cette conscience peut atteindre rétrospectivement toute action ou pensée passée ; c’est le même soi maintenant qu’alors, et le soi qui a exécuté cette action est le même que celui qui, à présent, réfléchit sur elle. Corrigé Introduction Ce texte de Locke traite de la notion de personne, qu’il met en rapport avec deux autres notions centrales : celles de conscience, et d’identité personnelle. Quand on s’interroge sur cette notion d’identité personnelle, on veut savoir ce qui peut bien fonder la conscience qu’a un être humain d’être, d’un bout à l’autre de sa vie, la même personne (une et même), d’être, pour reprendre les termes du texte, « le même que soi », d’être un « soi-même ». Qu’est-ce qui fonde l’identité personnelle et donc la personne ? A cette question, Locke répond : la conscience suffit à elle seule à fonder l’identité personnelle et donc la personne elle-même. Ce qui veut dire que la personne ne suppose pas un « être » caché au-delà des apparences, comme par exemple une âme, qui servirait à unifier tout ce qui nous modifie au cours de notre existence (unité subjective et non objective) Il démontre sa thèse en partant dans un premier temps d’une définition très générale de la personne : est une personne un être pensant et donc conscient, et qui se rapporte à lui-même comme étant un seul et même être (lignes 1 à 3). Dans un second temps, il en déduit que par conséquent pour se considérer (pas « être » ! c’est important !) comme la même personne en différents temps et différents lieux on n’a besoin que de ça : inutile de recourir à quoi que ce soit d’autre (cf. « substance ») (lignes 3 à 12). Enfin, il pose nettement, en conclusion, sa thèse concernant le fondement de la notion de personne (et il la précise, cf., en plus de conscience, mémoire). I- lignes 1 à 3 : réponse à la question : qu’est-ce qu’une personne ? (définition très générale ; définition ontologique et non juridique) a) Comment la définit-il ? deux idées dans sa définition : il la définit par la conscience et l’identité personnelle vous pouvez ici vous contenter, dans un premier temps, de citer les deux points qui selon Locke vont permettre de définir la notion de personne. - être conscient et raisonnable : (cf., et ne pas hésiter à citer, « être pensant et intelligent, doué de raison et de réflexion ») : - « pouvoir se considérer soi-même comme soi-même, une même chose pensante en différents temps et lieux » (notion d’identité personnelle : se considérer comme un être unique, et qui a une unité = notion subjective de l’identité du soi = « ipséité », rien à voir avec notion objective de l’identité comme par exemple avoir un même patrimoine génétique, l’identité sociale, ou même l’identité d’un corps, etc. = tout ça c’est objectif au sens où ça n’a rien à voir avec un rapport que j’entretiens, de l’intérieur, avec moi-même –mes pensées, mes sensations, etc.) b) Le sens commun du mot de « personne » s’il faut développer les définitions qu’on trouve ici, et dire alors ce que ça veut dire que la personne est (ou plus précisément est représentée par) une conscience, et l’identité personnelle, dire d'abord à quoi ça s'oppose (« avant de développer cette définition, arrêtons-nous un instant sur définition ou registre habituel de la notion de personne = juridique … »), mais aussi en quoi justement ce qu’il dit permet de mieux comprendre quel genre d’être il faut être, pour être une personne : Sens le plus courant du mot personne, registre habituel = domaine juridique et moral : s’étonner du fait que la personne n’est pas ici définie de façon morale et/ ou juridique : normalement, quand on parle de personne, on entend par là un individu, mais surtout un individu qui est porteur de droits et de devoirs, et qui est considéré comme auteur de ses actes, donc, comme responsable de ce qu’il fait ; Locke se demande donc ce qui peut permettre de fonder cette notion morale et juridique de personne : pour être considéré comme responsable de ses actes, que doit-on supposé être ? quel genre d’être ? (question métaphysique ou plus précisément ontologique). c) une personne (juridique) est donc nécessairement un être doué de raison, conscient de soi, et doté d’une identité personnelle Maintenant, vous pouvez expliquer les deux caractères essentiels de la personne selon Locke, en mettant en rapport ces caractères avec la notion juridique de personne; vous pouvez passer à ce point explicatif en posant la question suivante : « On comprend maintenant pourquoi Locke va recourir au registre de la conscience, et de l’identité personnelle, pour définir la notion de personne. Ne faut-il pas être conscient de soi, être capable de raison, et pouvoir se considérer comme un seul et même être, pour être une personne ? ». En effet, pour être responsable moralement et juridiquement, - (première idée) : - il faut être capable de se rendre compte qu’on agit, de rapporter ce qu’on fait à nous-mêmes ; - pour cela (ici je développe ce qui est contenu implicitement dans le vocabulaire mis en œuvre) il faut aussi être capable de jugement, d’intelligence, bref, de « raison » en un sens très large. On ne peut être tenu pour responsable que d’une véritable action, c’est-à-dire, de quelque chose qui est supposé naître d’une décision réfléchie, non pas d’une pulsion ou d’un instinct, c’est-à-dire, de quelque chose qui arrive en vous plutôt que de quelque chose dont vous êtes la véritable initiative –cf. ici notion de liberté- Ce registre premier de la conscience ou de l’être pensant, raisonnable, et intelligent, renvoie donc à la thèse selon laquelle seul l’homme peut être considéré comme une personne. Un animal n’ayant pas conscience de ses actes et ne les assumant pas, ne peut être une personne ; afin d’être une personne juridique, il faut donc aussi qu’on soit un certain genre d’être et c’est à cette question que répond Locke (c’est la finalité de sa définition de la personne). - (seconde idée) : il découle de là qu’une personne doit également pouvoir être identifiée comme un seul et même être , donc, comme ayant une identité personnelle. Qu’est-ce exactement que l’identité personnelle ? D’abord, on trouve l’idée d’unité et d’unicité. Mais il ne s’agit pas ici de savoir si vous êtes un seul et même être en un sens objectif et donc bien repérable (ce qui ne poserait aucun problème) : cf. identité numérique (avoir un même corps repérable dans l’espace) ; avoir une identité sociale (un même nom, un n° de sécu, etc.) ; un patrimoine génétique, etc. Quand on parle d’identité personnelle, on se place sur le terrain de la subjectivité (on développe ici ce qui a été signalé plus haut). Ainsi, quand Locke dit que être une personne c’est « se considérer soi-même… », il ne dit pas que la personne serait un seul et même ETRE ! (Dans ce cas par exemple, deux jumeaux ayant un patrimoine génétique identique et exactement le même corps, seraient une seule et même personne ; cela pose un véritable problème moral car on peut imaginer par exemple qu’un de ces jumeaux commette une action répréhensible en se faisant passer pour l’autre…) Il s’agit ici d’un rapport à soi : quand je me rapporte à moi-même, j’ai besoin de me sentir intérieurement le même qu’hier. C’est une identité (unité et unicité) toute subjective, qui est vécue de l’intérieur (même l’unicité, qui désigne le corps : cf. fait que le corps vécu n’a rien à voir avec le corps objectif uploads/Philosophie/ commentaire-philosophique.pdf
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- Publié le Apv 18, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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