Contrôler sa mémorisation MIEUX CONNAÎTRE LE FONCTIONNEMENT DE LA MÉMOIRE HUMAI

Contrôler sa mémorisation MIEUX CONNAÎTRE LE FONCTIONNEMENT DE LA MÉMOIRE HUMAINE Où se perd l'intérêt se perd aussi la mémoire. (Goethe [1749-1832], Maximes et Réflexions.) Qui apprend et oublie est comme une femme qui conçoit et avorte. (Hébreu, Le Talmud, Sanhédrin, 5e siècle) Le puits où l'on tire souvent a l'eau la plus claire. (Proverbe hébreu) La mémoire c’est la vie Nous sommes mémoire: l’absence de mémoire, c’est la mort. La mémoire est aussi essentielle à la survie des organismes que l'air, l'eau ou la nourriture. Les organismes les plus simples se passent de génération en génération, sous la forme d'un code génétique, ce que l'espèce a acquis au cours de l’évolution. Les individus des espèces plus évoluées, outre leur code génétique, apprennent de nouvelles choses au cours de leur vie, c'est-à-dire qu'ils mémorisent des informations sur leur environnement et s'en servent par la suite pour ajuster leurs comportements: autrement dit, l’apprentissage, c’est un changement plus ou moins permanent de notre structure mnémonique. De toutes les espèces vivantes sur terre, l'espèce humaine a développé cette capacité d'apprentissage à un point tel qu'il est quasi impossible d'en connaître les limites. Cette énorme capacité de rétention et de modulation des connaissances et des savoir-faire est liée, chez l'être humain, à l'extension formidable et récente du néocortex, cette mince couche de plusieurs dizaines de milliards de cellules nerveuses qui tapisse la surface externe de notre cerveau. Chez l'être humain cette fonction de mémorisation a pris des proportions fantastiques. Si nous partageons avec notre parent le plus proche, le chimpanzé, 99% de la mémoire génétique, le 1% restant est responsable du développement de ce cerveau qui nous permet d'emmagasiner virtuellement sans limites tout ce qui peut être d'un intérêt quelconque pour nous. Entre autres, les milliers de visages, d'objets, de situations, d'événements qui nous permettent de reconnaître et de comprendre ce qui se passe autour de nous, les milliers de pensées, de gestes et de comportements qui nous permettent d'exercer nos activités quotidiennes les plus simples (se laver les dents, manger avec une fourchette, s'habiller) comme les plus compliquées (exercer un métier, faire de la bicyclette, réfléchir à son avenir, se préparer à une activité). La mémoire, c’est aussi un fait de société Cependant, si notre capacité d'apprentissage, donc de mémorisation, s'est accrue au point d'en être virtuellement illimitée, les connaissances et les techniques des sociétés modernes connaissent également une véritable explosion logarithmique. Le langage joue un rôle capital (mais pas exclusif) dans le développement de la mémoire et de la pensée en nous permettant de coder avec un ensemble limité de sons (les syllabes) et de signes (les lettres de l'alphabet) la presque totalité de nos expériences vécues et de consigner le produit de nos réflexions dans un troisième type de mémoire, extérieure à nous cette fois. Ces nouvelles connaissances sont donc stockées à l’extérieur des individus, dans des lieux et sur des supports divers (livres, vidéo, mémoires électroniques). Les conséquences les plus directes de cet accroissement explosif des connaissances humaines se font sentir au niveau de l’éducation. Non seulement le volume des savoirs à apprendre augmente considérablement, mais, en outre, ils deviennent plus rapidement périmés. L’expertise dans un domaine tient donc au maintien et à l’accroissement incessant des informations stockées dans une mémoire individuelle et aux habiletés à retrouver rapidement des informations dans une mémoire collective. La mémoire joue un rôle central dans toute pensée Notre mémoire est tout à la fois un réservoir d'informations et un outil nécessaire à la compréhension de notre environnement et des situations auxquelles nous avons à faire face. À chaque instant de notre vie, nous recevons des millions de stimulations par le biais de nos yeux, de nos oreilles, de notre langue, de nos narines, de notre peau, de nos mains, de nos muscles, de nos viscères. C'est à l'aide de ce que nous avons construit et reconstruit dans notre mémoire depuis la petite enfance, voire dans le ventre de notre mère, que nous analysons, intégrons, reconnaissons, interprétons, comprenons, sélectionnons et utilisons à notre profit ce qui nous vient de notre monde intérieur et extérieur. C’est aussi un outil nécessaire à l'imagination, à la prévision, à la prévention et à l'invention. C'est à l'aide de cette même mémoire que nous pouvons nous rappeler notre passé (en partie) et que nous pouvons imaginer notre futur immédiat ou lointain, réfléchir à celui-ci, estimer les conséquences de nos actions et prendre des décisions en vue de le contrôler (un peu) à notre avantage. C'est notre mémoire qui fait que nous sommes, chacun d'entre nous, un être unique, sans nul autre semblable. En résumé la mémoire c'est :  La capacité à acquérir de nouvelles connaissances et habiletés.  La capacité à rappeler les connaissances et habiletés acquises de façon appropriée quand le besoin s’en fait sentir.  Un modèle réduit plus ou moins organisé et plus ou moins cohérent du monde, que nous réajustons et raffinons régulièrement et avec lequel nous interprétons et donnons du sens à la profusion de stimulations qui bombardent sans cesse nos sens.  Une banque de données considérable sur une variété tout aussi considérable de sujets et de techniques. La mémoire est une fonction capitale pour la réussite des études La réussite des études dépend de plus en plus des habiletés intellectuelles et sociales sous-jacentes à l'acquisition, à la rétention et au rappel des connaissances. Au niveau des études secondaires, puis supérieures, la mémorisation n'est plus un processus facile et automatique. Elle exige au contraire une intention délibérée d'apprendre quelque chose de précis, un effort intellectuel, un niveau d'attention et de concentration suffisant et la connaissance pratique de stratégies et de techniques de mise en mémoire et de récupération. L'habileté à contrôler l'esprit et l'attitude avec lesquelles on étudie une matière fait alors la différence entre un apprentissage pénible et infructueux et un apprentissage efficient et agréable. Les avantages de contrôler sa mémorisation • Enregistrer plus facilement et retenir mieux • Pouvoir se rappeler ce dont on a besoin au moment opportun • Réduire le stress et l'anxiété des examens • Favoriser une construction durable des connaissances • Éprouver du plaisir à apprendre ORIGINE DES PROBLÈMES DE MÉMORISATION Qui n'a pas connu durant ses années d'étude cette frustration d'avoir passé de longues heures à étudier une matière et d'en avoir oublié la majeure partie le lendemain, et la presque totalité quelques jours ou quelques semaines plus tard. Les problèmes typiques reliés au manque de contrôle de sa mémorisation sont les oublis et les erreurs, les difficultés à enregistrer et à se rappeler la matière apprise, l’évaporation des connaissances acquises avant ou après les examens, le sentiment d’étudier pour rien, l’impression de réapprendre du déjà vu, de la confusion, le constat d’avoir dérivé hors du sujet imposé en produisant un travail, l’oubli d’une partie des consignes ou des données du problème posé, le sentiment qu’il y a trop d’informations à gérer, etc. La mémoire est-elle une capacité immuable héritée de nos gènes? Est-elle une habileté qu'on peut développer à l'aide d'exercices appropriés? Faut-il que quelqu'un d'autre nous fasse découvrir comment utiliser notre propre potentiel de mémoire? Apprenons-nous tous de la même façon? Tous les apprentissages s’inscrivent-ils en mémoire selon un même processus? Autant de questions pour lesquelles les spécialistes de la mémoire humaine et de l’apprentissage cherchent des réponses. Les sources des problèmes de mémoire sont multiples. Si l’on exclue les difficultés d’origine neurologique, comme une lésion cérébrale ou une maladie dégénérative, l’origine d’une difficulté récurrente peut être d’ordre affectif et motivationnel, comme un manque d’intérêt ou de conviction, une croyance erronée sur sa capacité ou des objectifs irréalistes. Elle peut aussi être d’ordre cognitif et stratégique, comme l’absence ou des connaissances erronées sur le fonctionnement de la mémoire et des stratégies de mémorisation inadéquates. En ce qui concerne les stratégies, citons les déficits d’observation et d’organisation des informations, de sélection de ce qui est essentiel et de synthèse, l’apprentissage mécanique d’une matière qu’on ne comprend pas, la croyance qu’il suffit d’avoir compris pour retenir, le manque d’exemples concrets et personnels, etc. On trouve aussi des déficits dans les habiletés ou les habitudes d’enregistrement, de consolidation et de maintien des traces mnémoniques, comme l’absence de rappels et de révisions, des révisions trop peu fréquentes et trop tard. Sur le plan de la réalisation d’une tâche ou de la résolution d’un problème scolaire, l’ignorance des limites en temps et capacité de la mémoire de travail amène des élèves à vouloir tout traiter mentalement au lieu d’utiliser des notes et des modes de représentation adéquats des données pour soutenir la pensée et le raisonnement, etc. Être en mesure d'enregistrer et de se rappeler au moment opportun les connaissances ou les savoirs faire étudiés et pratiqués est fondamental. Sans mémorisation, il n'y a pas d'apprentissage, pas de progrès, pas de développement personnel. L'expérience ne devient apprentissage que si elle enrichit ou modifie notre représentation du monde, notre comportement, nos habiletés intellectuelles, sociales, motrices, et ce de façon quasi irréversible et permanente. La mémoire s’apprend et ses déficits sont uploads/Philosophie/ controler-sa-memorisation 2 .pdf

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