15/3/2019 Correspondances morphologiques entre le français et la langue des sig

15/3/2019 Correspondances morphologiques entre le français et la langue des signes française : https://journals.openedition.org/tipa/2473 1/14 TIPA. Travaux interdisciplinaires sur la parole et le langage 34 | 2018 : La langue des signes, c’est comme ça Correspondances morphologiques entre le français et la langue des signes française : la question de la conscience morphologique chez les enfants sourds Morphological relationships between French and French Sign Language: The Morphological awareness issue in Deaf Children ALIENOR GIRETTE AND HÉLÈNE GIRAUDO Abstracts Français English Dans le cadre de la problématique de l’apprentissage de la lecture par des enfants sourds, nous proposons d’étudier la nature des relations morphologiques lexicales entre la Langue des Signes Français (LSF) et le français écrit au travers d’une étude linguistique comparative de 62 familles morphologiques portant sur les différences et les similarités structurelles et distributionnelles des mots de ces deux langues. La construction d’un tel corpus nécessite d’une part la sélection des familles morphologiques les plus représentatives du français (notamment en termes de fréquences d’usage et de familiarité pour les enfants de CP-CE1), l’analyse de leurs propriétés distributionnelles et structurelles (i. e. taille de la famille, fréquences cumulées, nature morphologique des membres et nature de leurs relations paradigmatiques) et d’autre part, l’analyse de la structure morphologique de leurs correspondants en LSF parmi lesquels on peut distinguer une part importante de mots composés mais également de mots que l’on peut considérer comme dérivés (e. g. Aronoff et al., 2005). L’hypothèse que nous formulons à l’égard de la comparaison des différentes caractéristiques de ces deux langues en contact chez l’apprenti lecteur sourd, est liée à la notion de conscience morphologique (selon 15/3/2019 Correspondances morphologiques entre le français et la langue des signes française : https://journals.openedition.org/tipa/2473 2/14 Carlisle, 1995). Le corpus présenté se donne pour objectif de constituer une base de données pour l’étude de la conscience morphologique chez ces apprentis lecteurs particuliers qui ne disposent pas – ou dans une très faible proportion – d’accès à la conscience phonologique (e. g. Izzo, 2002). Several studies showed a role for phonology in reading acquisition in deaf children (Transler, 2005) but few focused on the role of morphology and even less so when talking about sign language’s speakers, taught in sign language from the early age of school (Daigle & al., 2006). The structural characteristics of the sign language suggest however that phonology is highly related to morphology. More precisely, some signs systematically share together a common element and this can be attributed to morphological relationships (as suggested by Aronoff & al., 2005). The role of morphology in reading acquisition in hearing children is nowadays clearly established (see Colé et al., 2004), especially in an early age of acquisition (Carlisle, 2003) but still not in signed language. A thorough examination of French Sign Language (LSF) suggests however that some signs may correspond to morphological composition (Bauer, 2004). Morphological awarness refers to ‘conscious awareness of the morphemic structure of words and their ability to reflect on and manipulate that structure’ (Carlisle, 1995, p. 194) and accordingly, we postulate that abstract morphemic units could stand as bases for making correspondences between signing and reading, facilitating reading acquisition in deaf children. In the present paper we aimed to study the nature of the morphological relationships between written French and French Sign Language (LSF) through a comparative linguistic analysis of morphological families. More precisely, we examined the distributional and structural similarities and differences of the words shared by these two languages. The construction of such a lexical database required on one hand the selection of the most representative morphological families (in terms of the frequency of use and their familiarity for second grade children), the analyses of their structural and distributional properties (i.e. family size, cumulated frequencies, morphological nature of the family members and of their paradigmatic relationships) and on the other hand, the morphological analysis of the morphological structure of the words of their corresponding words in LSF among which one can distinguish a majority of composed words (i.e. the combination of two lexically independent signs) and some words that can be considered as derived (i.e., a sign + a modifier, as Aronoff (2005) suggested). We first selected the 100 most representative families of French in Grade 2 (CE1 in French) from EDUSCOL lexical database, proposed by the French Educational Ministry (http://eduscol.education.fr). Then we kept nouns, verbs and adjectives and rejected other grammatical forms. Then we used a second database (MANULEX: database created with scholar books, Lété et al., 2004) to extend our corpus to 62 morphological families, representing 1140 words (whose mean frequency= 330 occ./million). We spread the data according to their morphological structure that is derivative or compound. We observed that 79% of the 1140 words were derived (896 words) and 21% were compound (244 words). Among the 1140 words extracted in written, only 504 were related to LSF. Moreover, the ratio between derivatives and compounds showed that this distribution was more homogeneous in LSF than in written French: 75 % of the analyzed corpus we obtained a distribution composed with 47 % of derived signs and 53 % of compound signs. The distribution of Nfam was nevertheless different with a range of {4-22} and a mean of 11 members. Finally on a total of 1594 studied words (FR= 1140, LSF= 504), 47% shared morphological relationships. In LSF, correspondences can therefore be established for the majority of the words belonging to the morphological families we selected. Accordingly, common linguistic units can be found between LSF and written French, offering the possibility of use of this overlaps during the process of reading acquisition in deaf children. The present constitutes a first step for studying the role of morphological awareness in these particular reading learners who do not, or for a very few part, have access to phonological awareness (see Izzo, 2002). The second step gives rise to the question: if deaf children do have morphological awareness of their mother tong and if so, are they able to perceive the relationships between signs and written words? As a matter of fact, morphological awareness has been studied in the general context of reading acquisition but need to be explored in various reading learners, from hearing children to deaf children in order to establish if morphological awareness has to be explicitly taught or not to those children. Index terms Mots-clés : LSF, morphologie lexicale, apprentissage de la lecture Keywords : LSF, lexical morphology, reading acquisition, deaf children Full text 15/3/2019 Correspondances morphologiques entre le français et la langue des signes française : https://journals.openedition.org/tipa/2473 3/14 Introduction 1. Conscience morphologique et lecture Notre intérêt se porte sur l’acquisition de la lecture d’enfants sourds signeurs par le prisme de la langue des signes (Strong & Prinz, 1997 ; Goldin-Meadows & Mayberry, 2001 ; Chamberlain, 2002 ; Niederberger & Prinz, 2005). Dans cette contribution, nous présentons une étude comparative des caractéristiques de la morphologie lexicale du français écrit et de la LSF. En effet, l’apprentissage de la lecture passe en premier par la reconnaissance visuelle de mots écrits que l’enfant va devoir mettre en correspondance avec les représentations lexicales stockées en mémoire à long terme. Chez les enfants sourds ces représentations renvoient non pas à des formes phonologiques de mots mais à des mots signés. De ce fait, la comparaison entre langue parlée et langue écrite nécessite l’étude des correspondances structurelles qui peuvent être dégagées d’un corpus de mots signés. Nous avons construit une telle base de données en nous appuyant sur les signes de la LSF et ses correspondances écrites du français que nous avons extraites de la base de données lexicales Lexique 3.55 (New et al., 2001)1. Nous nous interrogerons dans un premier temps sur le rôle de la conscience morphologique2 et de son impact chez les enfants entendants en lecture. Celle-ci devrait d’autant plus concerner les enfants sourds pour lesquels elle pourrait servir de base unique à une mise en correspondance entre les signes et les lexèmes. Nous introduirons ensuite une analyse de la morphologie de la LSF comme point de départ pour la construction de notre corpus de familles morphologiques. Pour finir, nous présenterons l’analyse quantitative et qualitative de 62 familles morphologiques et nous tracerons les perspectives de recherches expérimentales permises par ce matériel. 1 Au cours des vingt dernières années, les chercheurs en littératie ont centré leurs études sur la conscience morphologique. La conscience morphologique est définie par Carlisle (1995) comme la conscience de la structure morphémique des mots et de la capacité à réfléchir sur cette structure et à la manipuler. L’importance de la conscience morphologique et des connaissances est largement reconnue en lecture. Pour devenir des lecteurs experts, les enfants utilisent un traitement morphologique (Casalis & Louis- Alexandre, 2000). Spécialement en français dont la langue est composée à 80 % de mots morphologiquement complexes (Rey-Debove, 1984). Cette connaissance de la morphologie se développe d’abord dans la connaissance de la langue orale (Tyler & Nagy, 1989) et ensuite avec le contact de la langue écrite et des règles explicites apprises à l’école (Gombert, 2003). Même les jeunes uploads/Philosophie/ correspondances-morphologiques-entre-le-francais-et-la-langue-des-signes-francaise.pdf

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