Analphabète et débutant à l’oral : questions d’apprentissages Analphabète et dé
Analphabète et débutant à l’oral : questions d’apprentissages Analphabète et débutant à l’oral : questions d’apprentissages Abécédaire du formateur Une publication de Lire et Ecrire 2014 * notes : 1 Intro Pourquoi cet ouvrage ? 2 2 Abécédaire Absence de scolarité 6 Apprendre une langue 8 Apprendre à parler 10 Apprendre : Une théorie, le socioconstructivisme 12 Apprendre : Comment faire? 14 Apprendre : Situations d’apprentissages 18 Apprendre : Démarches d’auto-socio-construction des savoirs 20 Apprendre : Séquence pédagogique 24 Apprendre : Méthodes et manuels 26 Consignes 29 Documents authentiques 32 Etre formateur d’oral en alphabétisation 35 Evaluer : une étape incontournable, même dans un groupe d’alphabétisation débutant à l’oral 39 Gestion mentale et dialogue pédagogique 43 Groupes – Hétérogénéité dans un groupe oral 45 Groupes – Constituer des groupes 47 Groupes – Travailler en groupe 49 Interculturalité 51 L’éducation populaire est-elle possible avec un groupe oral débutant ? 54 Le temps de l’arrivée en formation 57 Le temps de la formation 59 Mémoire et mémorisation 62 Motivations 66 Multilinguisme 68 Observer, oui. Mais observer quoi ? 71 Prosodie – La langue en mouvements 73 Quelle place pour l’écrit dans l’apprentissage d’une langue seconde lorsque l’on est analphabète dans la langue première ? 75 Questionner 79 3 Biblio Ressources pour d’autres réflexions et pratiques 84 * L’Oral 85 * Maitrise de la langue et intégration 87 * Pratiques théâtrales 88 * L’alpha en chantant – L’alpha en chansons 90 * Ciné-alpha. Le cinéma comme pratique culturelle en alphabétisation 92 * Débat et argumentation 94 Ouvrages et ressources en ligne classés par ordre alphabétique 96 Sites 103 1 Intro 1 Pourquoi cet ouvrage ? 2 L a question de l’alphabétisation en français des personnes migrantes non francophones, pas ou peu scolarisées, est au cœur du travail des associations d’alphabétisation qui, depuis leur création, accueillent très majoritairement, voire exclusivement, ce public. C’est pourquoi, Lire et Ecrire, avec le soutien du Fonds Social Européen, a mis en place un groupe de travail, composé de formateurs et de conseillers pédagogiques, chargé de réfléchir aux questions de l’apprentissage du « français oral » par des personnes analpha- bètes non francophones1 et de proposer des pistes d’actions. Un premier tour de la question nous a permis de constater à quel point nous étions démunis face à ces personnes débutantes à l’oral et à l’écrit : pas de méthodes spéci- fiques vraiment satisfaisantes et beaucoup trop peu d’ouvrages réflexifs et théoriques. Nous disposions juste de quelques outils pour nous lancer dans l’aventure et pouvions nous appuyer sur la volonté de chacun de bien faire son métier. Nous avons d’abord réalisé une première étude2 portant sur les caractéristiques des personnes que nous accueillons dans nos groupes d’alphabétisation et sur les modalités d’organisation des formations. Plusieurs numéros du Journal de l’alpha, rassemblant analyses, pratiques et bibliogra- phies, ont ensuite été consacrés aux questions de l’apprentissage de la langue orale, des liens entre langues et intégration, de l’apport des pratiques culturelles : théâtre, chant et chanson, cinéma, …3 Dès nos premières rencontres nous avons constaté combien nos discours et nos pra- tiques pouvaient être diversifiés et contradictoires. Nous nous sommes alors attachés à nous comprendre, à confronter nos multiples expériences, à les croiser, les questionner, les analyser, de manière à définir un cadre commun de réflexion. 1 Notre objectif initial était de traiter de cette question tant pour les personnes non francophones que pour les personnes francophones. En effet, les personnes francophones en difficulté avec l’écrit peuvent également éprouver des difficultés à s’exprimer et à communiquer à l’oral. Cependant, face à l’ampleur des difficultés et questionnements des formateurs confrontés à un public non francophone analphabète et débutant à l’oral, l’essentiel des travaux – dont cet ouvrage – a porté sur cette problématique. 2 CONSTANT Jean, Analphabètes et débutants à l’oral: Quelles spécificités ?, Edition Lire et Ecrire Communauté française, Décembre 2010, téléchargeable : communaute-francaise.lire-et-ecrire.be/images/ documents/pdf/analyses2010/analphabetes_et_debutants_oral.pdf 3 Voir notamment les Journaux de l’alpha n° 171, 172, 177, 181, 196 présentés plus en détails dans notre bibliographie. 3 Pour vous présenter les résultats de nos discussions, nous avons choisi la forme de l’abé- cédaire. Vous invitant ainsi à voyager entre les mots au gré de vos envies. Ce document se veut outil de partage, de questionnement et de discussion. Il n’est pas une fin en soi mais bien une invitation à chacun à (re)penser sa manière de concevoir l’apprentissage de la langue orale lorsqu’il s’adresse à un public analphabète non fran- cophone. Nous aimerions mettre en évidence la multitude des réponses qu’il est possible d’appor- ter aux questions de l’apprentissage de la langue orale en raison des nombreux facteurs qu’il faut prendre en compte : l’apprenant - son âge, son histoire, ses représentations de l’apprentissage, son insertion et ses interactions avec la langue, …, le formateur – ses méthodes, sa formation, ses représentations de l’apprentissage, …, les conditions dans lesquelles ont lieu la formation – horaire, local, matériel, … Certes ce travail apporte une contribution à la réflexion sur la question de l’apprentis- sage de la langue orale pour un public analphabète non francophone. Mais il nous semble impératif de poursuivre la recherche pour développer des approches d’alphabétisation qui prennent davantage en compte les questions de l’expression et de la communication orale. Il nous semble aussi important d’instaurer des lieux de rencontre, de confrontation, de discussion et de mettre en place des formations qui permettront aux formateurs de travailler leurs représentations, de les confronter et de s’en construire de nouvelles plus fortes et plus pertinentes. Cet ouvrage est sans aucun doute incomplet et sujet à discussion. Mais s’il peut provo- quer réactions, écriture, changements, recherches, nous aurons réussi à faire un pas en avant. Jean Constant, animateur du groupe de travail Participants au groupe de travail : Vinciane Annet, Véronique Antonutti, Séverine Colson, Sabine Denghien, Christine Drossart, Slimane Dqaichi, Agnes Habimana, Laurent Hannecart, Perihan Isil, Victoria Juanis, Etienne Kalisa, Anne Lucas, Fabien Masse, Evelyne Oztulski, Francine Uwineza, Gisèle Volkaerts, Jamila Zeamari. 2 Abécédaire 5 6 Absence de Scolarité * notes : 7 A u niveau de l’apprentissage, il y a une différence fondamentale entre les personnes qui n’ont aucune scolarité et les personnes qui ont une faible scolarité et ce, même si celles-ci n’ont aucun acquis ou peu de maîtrise des savoirs de base. Tenir compte de cet aspect nous semble donc extrêmement important. * La scolarisation entraîne une structuration de la pensée basée sur le cognitif, l’abs- trait, l’universel et l’écrit au détriment de l’affectif, du concret, du particulier et de l’oral.4 * Passer d’une culture orale à une culture écrite quand on est issu de milieux popu- laires n’est pas une simple question linguistique. Cela met en jeu de très nombreux facteurs, dont des questions identitaires et de rapport à l’apprentissage. A leur entrée en formation, les apprenants ne possèdent pas le profil et les stratégies du « bon apprenant » en langue tel que défini par les chercheurs.5 * La scolarité, si faible soit-elle, induit des comportements spécifiques face à l’appren- tissage, ne serait-ce que dans l’utilisation concrète des instruments de scolarisation (ciseaux, crayon, bic, colle,….) et l’habitude de comprendre certaines consignes scolaires. * Une personne qui maîtrise une langue écrite pourra s’appuyer sur l’écrit et deman- dera rapidement des traces écrites de l’apprentissage (plus on est scolarisé, plus on fait appel à cette norme écrite). Au contraire, une personne analphabète utilisera d’autres stratégies et tactiques d’apprentissage. * Les apprenants bien scolarisés pourront recourir à des outils comme le dictionnaire ou les manuels pour renforcer, structurer ou développer leurs acquis.6 * Plus une personne est scolarisée, plus elle a une connaissance explicite de sa langue maternelle qu’elle peut décomposer et comparer à la langue d’apprentissage. On estime généralement qu’elle est capable de mettre en place des aptitudes métalin- guistiques étrangères à une personne analphabète. Si d’autres recherches7 nuancent ce dernier point, ce qui est en tout cas certain, c’est qu’il est impossible pour nous de nous appuyer sur les pratiques et méthodes d’appren- tissage des langues qui considèrent comme acquises une langue écrite ainsi qu’une maîtrise scolaire de la grammaire. 4 Collectif alpha, L’analphabétisme et ses conséquences cognitives, Document de travail, Bruxelles, 2014 5 DEFAYS Jean-Marc, Enseigner et apprendre une langue étrangère, Université de Liège, Power point de la Conférence donnée à Lire et Ecrire en mars 2009 6 ADAMI Hervé, La formation linguistique des migrants, Intégration, littératie, Alphabétisation, 2009, Clé international, coll. Didactique des langues étrangères, p. 39 7 VERGARA LOPEZ Alejandra, Stratégies de l'apprentissage d'une deuxième langue chez les analphabètes, Université Lumière Lyon 2, 2011 8 * notes : Apprendre une langue A vant d’aller plus loin, mettons les choses au clair : si nous savions parfaitement comment faire pour apprendre, et dans le cas qui nous occupe pour apprendre une langue étrangère, nous serions tous de grands érudits et de parfaits polyglottes. Ce n’est assurément pas le cas. Non que nous soyons incapables d’apprendre, mais bien parce que nos motivations et nos méca- nismes d’apprentissage dépendent de très nom- breux facteurs qui nous dépassent parfois et dont uploads/Philosophie/ abecedaire-du-formateur-pdf.pdf
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- Publié le Aoû 08, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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