Cours de M. Didier LAPEYRONNIE, Sociologie Générale, Licence 3 année universita
Cours de M. Didier LAPEYRONNIE, Sociologie Générale, Licence 3 année universitaire 2005-2006 Université Victor Segalen Bordeaux 2 Faculté des Sciences de l'Homme Département de Sociologie LICENCE DE SOCIOLOGIE ANNÉE UNIVERSITAIRE : 2005-2006 SOCIOLOGIE GÉNÉRALE DIDIER LAPEYRONNIE SOCIOLOGIE GÉNÉRALE Sociologie Générale, Licence 3, 2005-2006 M. Didier Lapeyronnie -2- SOMMAIRE Introduction I - LE SOCIOLOGUE, LA SOCIOLOGIE ET LA VIE SOCIALE II – LA THÉORIE SOCIOLOGIQUE a. Qu’est-ce que la théorie ? b. Les spécificités de la théorie III. LA CONDITION MODERNE a. deux formes d’existence sociale b. la rupture entre l’objet et le sujet c. l’ambivalence de la vie sociale moderne IV. LES DÉBATS SOCIOLOGIQUES CONTEMPORAINS Première Partie : Les Institutions 1. LA SOCIÉTÉ ENTRE LA NATION ET LES INDIVIDUS a. La formation des sociétés nationales b. Les sociétés modernes et l’émergence de l’individu 2. L'INTÉGRATION a. l'anomie permanente b. l'institution de l'ordre social c. la morale, l'éducation et l'intégration 3. LA SOCIOLOGIE DE LA SOCIÉTÉ : LA SYNTHÈSE FONCTIONNALISTE a. les rôles sociaux b. culture, personnalité et société c. la socialisation d. du modèle à la complexité sociale Sociologie Générale, Licence 3, 2005-2006 M. Didier Lapeyronnie -3- Deuxième partie : Les classes sociales 1. LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE ET CAPITALISTE a. la « tragédie » de la modernité b. la société industrielle et la question sociale 2. CLASSES ET LUTTES DE CLASSES a. le travail aliéné b. les classes sociales 3. LA SOCIOLOGIE DES CLASSES ET DES CONFLITS DE CLASSES a. les inégalités de classes et leur reproduction b. existe-t-il encore des classes ? c. les luttes de classes et les mouvements sociaux d. conflits de classes et conflits sociaux Troisième partie : Les structures du pouvoir 1. SOCIALISATION ET INDIVIDUALISME a. La conception classique de la socialisation b. La conception structurale 2. LE STRUCTURALISME DE LÉVI-STRAUSS À BOURDIEU a. L'analyse structurale b. Les principes du structuralisme c. Le structuralisme génétique de Pierre Bourdieu Sociologie Générale, Licence 3, 2005-2006 M. Didier Lapeyronnie -4- Bibliographie Pour une approche générale de la sociologie contemporaine vous pouvez utiliser : Danilo Martuccelli, Sociologies de la modernité, l’itinéraire du XXème siècle, Paris, Gallimard, 1999. Raymond Aron, Les étapes de la pensée sociologique, Paris, Gallimard, 1967 Pour une vue de la sociologie française contemporaine : Pierre Ansart, Les sociologies contemporaines, Paris, Le Seuil, 1990. Dans la littérature américaine récente : Jeffrey Alexander, Twenty Lectures, Sociological Theory Since World War II, New York, Columbia University Press, 1987. Randall Collins, Four Sociological Traditions, New York, Oxford University Press, 1994. Jonathan H. Turner, The Structure of Sociological Theory, (6ème édition), Belmont, CA, Wadsworth Publishing Company, 1998 Sociologie Générale, Licence 3, 2005-2006 M. Didier Lapeyronnie -5- Introduction I. LE SOCIOLOGUE, LA SOCIOLOGIE ET LA VIE SOCIALE L'objet de ce cours est de présenter un état de certains des débats théoriques contemporains en sociologie et d'introduire à une réflexion critique sur la pensée sociale. Il trouve son origine dans une insatisfaction de chercheur, dans une obligation professorale et dans une impatience de citoyen : le chercheur est dominé par le sentiment d'une inadéquation entre les catégories classiques des sciences sociales, notamment de la sociologie, et les observations qu'il effectue sur divers terrains. Le professeur est confronté à la redoutable tâche d'enseigner une « théorie » sociologique éclatée et hétérogène à ses étudiants, théorie sociologique qui lui paraît bien souvent très loin de notre réalité sociale. Enfin, le citoyen peine à relier les préoccupations du sociologue aux engagements politiques et moraux qui sont les siens. Après tout, il n'y a ici rien de très nouveau. A la fin des années soixante, le sociologue américain Alvin W. Gouldner (1920-1980) notait déjà que la sociologie disponible n'était guère à même de rendre compte de façon satisfaisante des évolutions culturelles et des questions sociales de l'heure. Il dénonçait des théoriciens qui élaboraient leurs systèmes avec du coton dans les oreilles, sourds aux clameurs portées par les mouvements sociaux et par les émeutes raciales et urbaines. Il en appelait à une sociologie réflexive dans laquelle on n'oublierait pas que le sociologue appartient à une société et qu'il y joue un rôle social. La sociologie ne saurait être comprise et pratiquée (cela devrait aller de soi) en dehors de son contexte historique et social. Qu'il le veuille ou non, qu'il s'en défende ou qu'il le revendique, les analyses et les propos du sociologue s'inscrivent pleinement dans la vie sociale et politique. Ils sont autant destinés aux spécialistes qu'aux citoyens. L'enseignant chercheur ne peut pas oublier qu'il est aussi un citoyen. Il s'adresse à des individus qui sont autant des étudiants en sociologie que des citoyens actifs d'un pays particulier. Pourquoi pratique-t-on ou étudie-t-on la sociologie si ce n'est pour comprendre le monde qui nous entoure et plus particulièrement la vie sociale dans laquelle nous sommes plongés ? Prétendre que la sociologie est une activité scientifique « pure » qui peut se dégager des contingences historiques et politiques est une stupidité dans le meilleur des cas, un mensonge le plus souvent. Le sociologue n'a pas un point de vue « transcendant » et universel sur la vie sociale. Il n'est pas en dehors de la caverne pour reprendre une image célèbre. Il est à l'intérieur. Il ne peut donc voir que ce que sa position lui permet de voir. Et souvent il ne peut guère voir plus que ce que ses concitoyens voient. C’est pourquoi « les sciences sociales ne font pas de Sociologie Générale, Licence 3, 2005-2006 M. Didier Lapeyronnie -6- découverte à proprement parler ». Pour le sociologue américain Anselm Strauss, « la sociologie bien comprise vise plutôt à approfondir la compréhension de phénomènes que beaucoup connaissent déjà ». Plus pessimiste et plus radical, le philosophe américain, Stanley Cavell, pense que les sciences sociales et psychologiques nous « en disent moins que ce que nous savons déjà », engendrant toujours un sentiment de déception. Il ne s’agit pas d’un manque de précision, mais du « fait de ne pas savoir comment faire usage de ce que nous savons déjà sur les sujets » que les sciences sociales traitent. Dès que nous parlons de la vie sociale, même de la manière la plus banale, nous mettons en œuvre des catégories générales et des représentations plus ou moins conscientes et spontanées de la vie sociale dans lesquelles nous nous engageons. La sociologie « scientifique » n'est pas fondamentalement différente : il s'agit toujours d'une représentation de la vie sociale, mais d'une représentation qui se veut explicite et contrôlée. La particularité du travail de sociologue tient au fait qu'il s'agit d'abord d'une démarche réflexive. La sociologie est une réflexion en situation sur la place du sociologue dans la société, sur le métier de sociologue, sur ses méthodes et ses engagements, bref sur les relations qu'il entretien avec sa société. Le sociologue travaille toujours à « objectiver » autant qu'il le peut son point de vue pour permettre à ses auditeurs ou à ses lecteurs de construire le leur et il leur fournit des critères de validité autorisant un jugement de son travail. Même s’il est plus pauvre que la connaissance pratique et implicite que ses concitoyens ont de la vie sociale, le savoir qu’il produit se veut ainsi ordonné et raisonné, doté d’une valeur scientifique. Il n’existe donc pas une présentation de la sociologie contemporaine et de ses débats. Il y a bientôt trente ans, Robert Merton faisait observer que la sociologie a été en crise tout au long de son histoire et que chaque génération de sociologues a pensé que son époque était décisive pour le développement de la discipline. Il ajoutait avec humour que les sociologues ont tendance à prescrire un médicament unique pour soigner la crise : « voyez les choses comme moi et faites comme moi ! » Chaque sociologue, en fonction de son « contexte » intellectuel et social, des courants ou du courant auquel il appartient, raconte une histoire et met en scène des débats à partir d’un point de vue. Chaque cours, chaque manuel, est ainsi une sorte « d’autobiographie » dans laquelle est construite et reconstruite la biographie de la sociologie. Ce cours n’échappe pas à cette règle : il est donné à partir d’un contexte bien particulier, celui de l’Europe et plus particulièrement de la France du début du XXIème siècle. Ce n’est pas le lieu ici de porter un diagnostic sur une « époque ». Mais nous ne pouvons faire l’économie d’une observation simple et rapide concernant la vie intellectuelle et les évolutions récentes de la sociologie. Dans le domaine de la réflexion sur la vie sociale, une interrogation domine : comment retrouver un Sociologie Générale, Licence 3, 2005-2006 M. Didier Lapeyronnie -7- ordre social après l’effondrement du monde industriel et la fragilisation des institutions républicaines ? La plus grande partie des sociologues ont repris les préoccupations morales et politiques des pères fondateurs qui se posaient une question similaire à la fin du XIXème siècle : comment retrouver de la stabilité sociale, remettre de l’ordre dans le changement ? L’affirmation qu’il est aujourd’hui urgent de « refaire le lien social uploads/Philosophie/ cours-complet-de-sociologie-gle.pdf
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- Publié le Oct 07, 2021
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