1 Cours de philosophie Séries technologiques Eric Delassus 1. Qu'est-ce que la

1 Cours de philosophie Séries technologiques Eric Delassus 1. Qu'est-ce que la philosophie? 1.1 Introduction : La question de savoir ce qu'est la philosophie est une question difficile dans la mesure où il s'a - git déjà d'une question philosophique au sujet de laquelle les avis des philosophes eux-mêmes sont divergents. Cependant, il semble difficile également de débuter son éducation philosophique sans avoir une idée, même vague, de ce que peut être la philosophie. C'est pourquoi, avant d'a- border la philosophie d'un point de vue purement philosophique, nous l'aborderons selon un angle à la fois historique et étymologique. 1.2 Analyse étymologique du terme même de philosophie L'acte de naissance de la philosophie se situe dans la Grèce antique au V° siècle avant Jésus Christ avec Socrate, personnage énigmatique et fascinant dont nous reparlerons bientôt. Cela dit, avant Socrate il y avait déjà des penseurs qui grâce à leurs talents et à la profondeur de leur ré - flexion avait acquis une célébrité et une notoriété incontestable. C'est d'ailleurs l'un de ces pen - seurs, Pythagore qui appela ` ` philosophoï'' (amis de la sagesse), ceux qui s'intéressaient à la nature des choses. Et, en effet, le mot philosophie lui-même vient du grec ancien, de ` ` philosophia'' qui se compose de ` ` philein'' (aimer) et de ` ` sophia'' (sagesse), la philosophie est donc l'amour de la sagesse. La question est donc maintenant de savoir ce que signifie ces termes. Le terme d'amour dé- signe ici un désir, une aspiration à quelque chose et donc si le philosophe aspire à la sagesse c'est que celle-ci lui manque, qu'il ne la possède pas, le philosophe n'est donc pas un sage. Mais qu'est-ce que la sagesse ? Le mot sagesse ne signifie pas seulement ici la vertu propre à qui fait preuve de mesure et de modération dans ses actes, il ne s'agit pas simplement de la sa - gesse pratique propre à celui qui par expérience sait comment s'orienter dans l'existence. La sagesse pour les grecs anciens désigne principalement la science, c'est-à-dire le savoir en gé - néral, cependant ce savoir n'est pas étranger à la notion de vertu telle que nous l'employons à présent, dans une certaine mesure la sophia désigne une science qui nous rend meilleurs, et qui donc en conséquence nous rend plus sage, c'est-à-dire plus savant et plus vertueux. Le philosophe est donc, non pas le possesseur de la science et de la vertu, mais un homme en quête de vérité qui cherche à mieux comprendre ce que sont les choses pour devenir meilleur, plus vertueux, au sens où la connaissance de la vérité nous permettrait de mieux nous réaliser en tant qu'être doué de conscience et de raison. 2 C'est d'ailleurs ce que rechercher Socrate, celui que l'on considère comme le père fondateur de la philosophie et dont nous allons maintenant parler en abordant la philosophie d'un point de vue plus historique. 1.3 Les origines historiques de la philosophies. Si donc, c'est Pythagore qui le premier employa le terme de philosophie, c'est un autre person- nage tout aussi mystérieux et mythique qui fut l'initiateur de la démarche qui inspire jusqu'à nos jours la philosophie occidentale. Si ce personnage, Socrate (-469, -399), est mystérieux, c'est qu'il n'a laissé aucun écrit, il n'est connu que par ses détracteurs (ceux qui le critiquaient) ou par ses disciples (ceux qui ont suivi son enseignement et ont pris modèle sur lui dans leur vie). Parmi ses détracteurs ont trouve par exemple Aristophane qui dans une comédie intitulée ` ` Les Nuées'' présente Socrate comme une être ridicule et préoccupée par des questions de peu d'inté- rêt. Parmi ses disciples on trouve principalement Platon qui en fit le personnage centrale de tous ses ouvrages composés sous forme de dialogues. • L'apologie de Socrate • Le Criton • Le Phédon Dans ces trois dialogues philosophiques de Platon, nous pouvons trouver des renseignements concernant la vie et la mort de Socrate. 1.3.1 Le personnage de Socrate L'image de Socrate laissée par les différents témoignages favorables ou hostiles de ses contem- porains est celle d'un homme d'apparence étrange et originale qui parcourait les rues d'Athènes vêtu grossièrement à la différence de tous ceux de ses contemporains qui avaient la prétention d'enseigner un quelconque savoir. Au gré de ses rencontres, Socrate discutait avec ceux de ses concitoyens qui était curieux de connaître son avis sur différents sujets qui touchaient le plus sou - vent les valeurs morales. De ses idées, nous ne connaissons que très peu de choses, il ne nous reste que l'exemple d'une méthode de réflexion fondée sur le dialogue et ayant pour but, non pas d'inculquer telle ou telle idée, mais de faire en sorte que chacun devienne son propre juge. Ainsi Socrate examine les thèses de ses interlocuteurs et met en évidence leurs insuffisances et leurs faiblesse. A la différence des orateurs politique et des sophistes Socrate ne cherche pas à défendre une thèse par tous les moyens, son but n'est pas de convaincre son interlocuteur, mais de susciter en lui interrogation et réflexion1.1 La philosophie telle que Socrate la cultive n'est donc pas tout d'abord expression d'une pensée achevée, elle est d'abord examen par soi-même de ses propres pensées, et mise à l'épreuve de ce que l'on pense ou de ce que l'on croit penser, afin de juger si le contenu des thèses auxquelles on adhère est conforme ou non au principe même de la raison et ne contient aucune contradiction. De ce point de vue la philosophie se caractérise par un effort de cohérence de la pensée avec elle-même. Cet effort Socrate l'accomplit dans la cité avec ses concitoyens par la discussion, le dialogue dont les thèmes principaux étaient les notions morales dont il fallait rechercher la définition afin 3 d'en déterminer le sens et l'essence1.2 . L'une des formules les plus célèbres de Socrate est celle dans laquelle il affirme ` ` Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien ; tandis que les autres croient savoir ce qu'ils ne savent pas.'' Cette formule paradoxale s'adresse surtout au conformisme intellectuel 1.3 de la grande majorité des hommes qui se satisfait d'opinions1.4 sans fondement et aux sophistes qui dans la Grèce antique et plus particulièrement à Athènes, prétendaient tout savoir. Ainsi pour l'homme du commun comme pour le sophiste qui le flatte et cultive les opinions tout est toujours objet de certitude, pourtant si l'on tente d'approfondir le contenu de l'opinion celle-ci se trouve confrontée à ses faiblesses et à sa fragilité. Aussi à force de toujours remettre en question les opinions bien établies, Socrate finit par dé - ranger ses contemporains au point qu'ils lancèrent contre lui des accusation qui donnèrent lieu à un procès à l'issue duquel il fut condamné à mort. L'apologie de Socrate est un ouvrage dans le - quel Platon présente la plaidoirie que prononça Socrate pour sa défense. Ainsi en -399 Socrate meurt âgé de 71 ans condamné par ses concitoyens qui l'accusaient d'im- piété1.5, il n'aurait pas honoré les dieux de la cité et aurait voulu en introduire de nouveaux, et d'être un corrupteur1.6 de la jeunesse. 1.4 La philosophie comme discipline de réflexion et comme méthode. Plutôt qu'une matière (un savoir constitué) la philosophie est une discipline de réflexion. 1.4.1 Discipline Ce terme de discipline peut en effet se comprendre en deux sens. • comme un domaine du savoir (discipline scolaire) • comme une règle de conduite, une direction à suivre. La philosophie est une discipline au sens où elle est recherche d'un savoir, interrogation mé- thodique de la pensée sur elle-même, réflexion nécessitant une stricte rigueur intellectuelle. 1.4.2 Réflexion Étymologiquement ce terme désigne l'action de se tourner en arrière. Dans le domaine intellectuel, il s'agit du retour de la pensée sur elle-même, d'une interrogation de l'esprit sur le contenu de ses pensées, d'un examen de ses propres pensées par le sujet : sont- elles cohérentes ? ne contiennent-elles pas quelques contradictions cachées ? Il s'agit donc en quelque sorte d'un dialogue avec soi-même. La philosophie n'est donc pas un savoir, mais un cheminement vers le savoir, une aspiration au savoir qui ne peut être satisfaite que par le respect d'une méthode. 4 1.4.3 Méthode Étymologie : méta = vers et odos = chemin Une méthode est donc un cheminement orienté vers un but. Il s'agit donc, dans le domaine de la recherche, d'un ensemble de procédés et de règles qu'il faut suivre avec ordre et rigueur pour parvenir au résultat que l'on s'est fixé (la connaissance de la vérité). Cela dit une méthode n'est pas une recette, un ensemble de règles qu'il faudrait suivre mécani - quement et qui permettraient de faire l'économie de la pensée personnelle. Un effort de ré - flexion, de jugement est toujours nécessaire et fondamental pour bien appliquer cette méthode, pour l'adapter aux problèmes spécifiques que l'on doit traiter. 1.5 Conclusion La philosophie ne se définit donc pas comme un savoir constitué, mais comme la recherche du savoir, on ne peut donc uploads/Philosophie/ cours-philo-serie-techno-eric-delassus 1 .pdf

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