1 SYLLABUS DU COURS LICENCE 2 UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY UFR SCIENCES DE

1 SYLLABUS DU COURS LICENCE 2 UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY UFR SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE ………………… UE : Philosophie de la technique ECUE : TECHNOLOGIE ET BIOÉTHIQUE Titulaire du cours : Professeur Abou KARAMOKO ASSISTANTS : Dr CAMARA Issouf / Dr YAO Kouamé / Dr TIENE Baboua Année universitaire : 2019-2020 2 FICHE PÉDAGOGIQUE L’intérêt de ce cours est de mettre en lumière ce que traduit le concept de technologie, son progrès et montrer son impact sur la vie afin de justifier son rapport à la bioéthique. I- Problématique La notion de technologie énonce une certaine cohérence dans la démarche de production et d’emploi des objets techniques. Cette cohérence rend la démarche technologique efficiente. Mais, en même temps elle porte atteinte à de nombreuses valeurs de l’existence. Il est donc besoin d’une réflexion portant sur les enjeux du développement des technologies, un besoin qui est, en même temps, une convocation de la bioéthique.  Comment traduire cette intimité fondamentale entre la technologie et la bioéthique ?  Quelles particularités sémantique et ontologique renferme le concept de technologie ?  Quels sont les écueils essentiels du déploiement technologique qui rendent nécessaire l’appel à la bioéthique ?  Quels sont les principes bioéthiques sur lesquels toute décision devrait être fondée ? II- Objectifs du cours  Objectif principal : Faire comprendre aux étudiants que la bioéthique est aujourd’hui la réponse la plus adéquate aux différents défis éthiques liés au progrès des sciences et des technologies.  Objectif secondaire 1 : Délimiter le sens du concept de technologie par rapport à celui de technique et de biotechnologie.  Objectif secondaire 2 : Identifier certaines questions fondamentales que pose la technologie qui ont justifié la formulation des principes de la bioéthique et des droits de l’homme. III- Résultats attendus 1- Les étudiants savent distinguer les significations des concepts de technique, technologie et biotechnologie. 2- Les étudiants savent plus clairement que c’est l’intrusion de la technologie au cœur du processus vital qui justifie l’existence de la bioéthique. 3- Les étudiants ont une meilleure lisibilité des principes de la bioéthique ainsi que la méthode sur laquelle repose son opérationnalité. IV- Déroulement de l’ECUE : Un cours magistral (CM) qui est suivi de Travaux Dirigés (TD). Les notes d’examen comptent pour 60% et celles de TD, 40%. V- Évaluation finale devra se faire sous la forme de dissertation ou de questions-réponses. 3 INTRODUCTION À la fin de la seconde guerre mondiale, un procès de Nuremberg a été intenté contre des scientifiques, des médecins, militaires et politiques nazis à qui il était reproché des faits de guerre en général. Cependant, le point le plus fondamental soulevé au cours de ce procès était la mise à contribution des sciences et techniques, surtout médicales pour porter atteinte aux droits les plus fondamentaux de la personne humaine. Les scientifiques et autres médecins ont été accusés, d’une part d’avoir fait un usage an-éthique des découvertes scientifiques et des innovations technologiques afin de participer à l’élimination des personnes considérées comme indésirables. Plusieurs critères ont été mis en avant par les nazis afin de procéder à la sélection de ces personnes indésirables. Soit elles avaient des tares physiques ou psychiques, soit elles appartenaient à la mauvaise catégorie sociale comme celle des juifs, des métis et des Tziganes. Les voies utilisées à cet effet sont : l’euthanasie, les camps de concentration, la stérilisation. Ils ont été accusés, d’autre part d’avoir fait de l’expérimentation sur ces catégories citées à des fins de perfectionnement d’armements militaires ou simplement pour des raisons discriminatoires soutenues par une idéologie de classification des hommes. Le procès était essentiellement celui du progrès des technologies mises au service de l’art médical, sous la forme d’instrument de guerre. Cet usage, en mettant en jeu le rapport entre le praticien et la gestion de la vie humaine, a été à la base de nombreuses interrogations à caractères éthiques et juridiques. Ces interrogations, aux enjeux multiples, se regroupent sous la problématique de la prise de décision en matière de gestion de la vie et des droits de la personne humaine. Autrement dit, ce qui est questionné, c’est bien le traitement qui est réservé aux droits des personnes et les finalités des progrès dans les sciences et techniques. Le procès a abouti à l’élaboration d’un code dit de Nuremberg1 (1946). Il a défini, pour l’occasion, surtout à partir de cette occasion, les conditions requises pour traiter et/ou faire de l’expérimentation sur la personne humaine. Il faut noter que ces conditions sont inscrites dans les normes de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948). Le code de Nuremberg repose sur quatre points résumant les dix (10) principes formulés à la suite du procès, des principes qui seront enrichis en 2005, à l’adoption, par l’UNESCO, de la Déclaration Universelle sur la Bioéthique et les Droits de l’Homme par le Comité International de Bioéthique. Ces points sont les suivants : - Le consentement éclairé du patient ; - Le respect de la méthodologie scientifique la plus avancée ; - La visée d’une finalité bénéfique par l’évaluation des risques ; - La réversibilité des dommages éventuels. 1 Ville allemande, Nuremberg tient sa popularité du procès intenté par les alliées contre vingt-quatre hauts responsables nazis. Le procès (20 novembre 1945 au 1er octobre 1946) est placé sous l’autorité du Tribunal militaire international instauré par les accords de Londres du 8 août 1945. Les accusés comparaissent pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. L’eugénisme pratiqué sur la population juive fait partie de cette liste de chefs d’accusation. 4 C’est dire que la bioéthique est tributaire du code de Nuremberg. Mais, c’est précisément le développement des technologies qui est au cœur des problèmes qui ont conduit à l’émergence et au développement de la Bioéthique. Que donc renferme le concept de technologie ? Chapitre I : TECHNOLOGIE : ENTRE PERCEPTION INSTRUMENTALE DE LA TECHNIQUE ET AUDACE THÉORICO-PRATIQUE DES BIOTECHNOLOGIES Le progrès technique peut être décrit par une sériographie de concepts qui, par le fait même de leur émergence, prouve un dynamisme immanent au fait technique. La mutation conceptuelle qui fait passer la désignation d’un fait (technique) par la notion de technique à celle de technologie et technoscience (selon les termes utilisés par Gilbert Hottois), n’est rien moins que l’aveu de la transformation de la nature des objets et des pratiques devant servir à soulager l’homme des efforts qu’il fournit en vue de résultats jugés utiles. Autrement dit, il y a un dépassement-enrichissement de la notion de technique par celle de technologie, puis de technosciences. Aujourd’hui, une des déclinaisons de la technologie, apportant la preuve de son progrès et sa ramification est la biotechnologie. Celle-ci allie le pointillisme de la connaissance en biologie et le niveau élevé de précision des pratiques technologiques. La biotechnologie manifeste précisément l’intérêt de la technologie pour les constituants primaires de la vie, c’est-à-dire les couches les plus fondamentales de l’existence biophysique. I- De la perception instrumentale de la technique « La technique apparaît dans ses manifestations comme l’ensemble des moyens produits par les hommes pour donner plus d’efficacité à leurs gestes, efficacité qu’ils n’auraient pas s’ils en étaient réduits à la mise en œuvre des prises naturelles qu’ils ont sur les choses » (S. Diakité. 1994. p.79) Il faut retenir du propos de Sidiki Diakité, emprunté à Oswald Spengler, deux considérations complémentaires qui traduisent le sens et l’intention relevant de la nature de la technique : le caractère artificiel de l’objet technique et la recherche de l’efficacité. D’une part, la technique désigne un ensemble de moyens artificiels que l’homme se donne à l’effet d’atteindre des objectifs voulus. Cet aspect met l’accent sur l’inefficacité première des dispositions naturelles servant ordinairement à résoudre les difficultés que l’homme rencontre dans son quotidien. D’autre part, l’efficacité est posée comme la visée fondamentale de ce que l’on appelle technique. Cette perspective est pensée à partir des limites fonctionnelles des organes naturels. Par conséquent, la technique a pour finalité de compenser les insuffisances dans l’organisation et le fonctionnement de ces organes naturels. On peut ajouter à cela la traduction d’un isolement ontologique de chaque moyen technique, car dans leur différence les objets techniques ne sont pas considérés comme formant un système. Pour Sidiki Diakité, il y a un caractère réducteur de cette définition qui concerne la limitation de son sens à celui d’instrument. Il note alors que c’est un aspect réductionniste qui se limite à voir « la technique comme un ensemble d’outils et de moyens de production » (Sidiki Diakité, 1994, p.79). Les outils ainsi soumis 5 au choix de l’homme dans le cadre de l’exécution d’une tâche spécifique, peuvent être recombinés ou utilisés simultanément et/ou parallèlement en cas de besoin. La relation entre les différents instruments est strictement celle voulue par l’homme. Les instruments techniques ne constituent qu’un moyen de médiation entre l’homme et l’objet auquel s’applique son effort. Sous ce rapport, la technicité désigne la performance dans l’usage que l’homme fait des instruments mis à son service. Elle se distingue ici de uploads/Philosophie/ cours-technologie-et-bioethique-2019-2020-1.pdf

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