PLAN DU COURS DE CRIMINOLOGIE : ASPECTS SOCIOLOGIQUES TITRE 1 : DE LA SOCIOLOGI
PLAN DU COURS DE CRIMINOLOGIE : ASPECTS SOCIOLOGIQUES TITRE 1 : DE LA SOCIOLOGIE CRIMINELLE A LA SOCIOLOGIE PENALE Section 1 : Définition de la criminologie I. L'objet de la criminologie II. La criminologie : une criminogénèse ou une étude de la normativité pénale ? Section 2 : Le champ du savoir criminologique La criminologie : un champ de connaissance à géométrie variable II. Criminologie et droit pénal III. Criminologie et pénologie IV. Criminologie et criminalistique Section 3 : La criminologie est-elle une science ? TITRE 2 : LES GRANDES THEORIES SOCIOLOGIQUES DU PHENOMENE CRIMINEL Introduction : De l'anthropologie à la sociologie criminelle Section 1 : L'anthropologie criminelle Section 2 : La théorie de Lombroso Section 3 : Les critiques de la théorie de Lombroso Chapitre 1 : La criminologie comme criminogénèse Section 1 : Une analyse sociale du phénomène criminel Section 2 : Une analyse sociologique du phénomène criminel Section 3 : Les travaux anglo-saxons : les études de criminologie sociologique Chapitre 2 : Une rupture épistémologique : la sociologie pénale Section 1 : Le paradigme du contrôle social Section 2 : L'étude de la normativité pénale TITRE 3 : L'INVESTIGATION SOCIOLOGIQUE EN CRIMINOLOGIE Introduction : Les exigences de la recherche Section 1 : Les étapes de la recherche Section 2 : Les niveaux de la recherche Chapitre 1 : Les techniques de recherche quantitatives Section 1 : Les statistiques criminelles Section 2 : Que mesurent les statistiques ? Chapitre 2 : Les techniques de recherche qualitatives Section 1 : Le questionnaire Section 2 : L'entretien TITRE 1: DE LA SOCIOLOGIE CRIMINELLE A LA SOCIOLOGIE PENALE Au contraire du droit ou de la médecine, la criminologie, surtout dans ses aspects sociologiques, est une discipline relativement jeune. Et pourtant, elle a déjà une histoire assez mouvementée et assez compliquée. Il est presque toujours arbitraire de vouloir fixer une date de naissance à l'apparition d'une nouvelle discipline. Le mot de "criminologie" a été employé semble-t- il pour la première fois par un français, Paul TOPINARD dans un livre paru en 1887, qui s'intitule "L'anthropologie criminelle". De leur côté, les auteurs de manuels de criminologie nous enseignent que les fondateurs de la criminologie ont été trois savants italiens : - Cesare LOMBROSO (1835-1909), médecin militaire, dont l'ouvrage "l'Uomo delinquente", paru en 1876 sous le titre "L'homme criminel", constituerait, en quelque sorte, l'acte de naissance de la criminologie - Enrico FERRI (1856-1929), professeur de droit et sociologue, auteur d'un livre intitulé "Sociologie criminelle", paru en 1881 sous le titre "Les nouveaux horizons du droit pénal" - Raffaele GAROFALO (1851-1934), magistrat qui publia en 1885, un livre intitulé "Criminologie". En réalité, nous verrons que ces grandes figures de la criminologie ont été des héritiers plus que véritablement des fondateurs. Ce que l'on peut dire, pour l'instant, c'est que la criminologie, en tant que discipline distincte, est née, il y a donc à peine plus d'un siècle. En fait, elle apparaît avec la constitution de l'Ecole positiviste italienne à laquelle appartiennent d'ailleurs Lombroso ou Ferri. L'Ecole positiviste italienne proclame la nécessité d'étudier, à côté du délit légal -domaine réservé des juristes-, l'homme délinquant (d'où l'anthropologie criminelle de Lombroso) et les conditions sociales de la délinquance (d'où la sociologie criminelle de Ferri), ces deux orientations complémentaires se fondant dans une discipline nouvelle : la criminologie (Garofalo). La criminologie est donc née d'une révolte : il s'agit de s'insurger à la fois contre la science pénale traditionnelle qui ne veut connaître que de l'infraction -entité juridique- et contre la réaction classique contre le crime qui s'enferme dans une conception rétributive de la peine-châtiment. Pour les positivistes, la peine doit d'abord protéger la société (mesures de sûreté). Ainsi, comme le note M. FOUCAULT, dans son livre "Surveiller et punir" (1975), "la criminologie naît quand l'homme criminel devient un nouveau champ de connaissance scientifique", autrement dit, quand l'homme peut être considéré, non plus comme objet juridique, mais comme objet livré à l'analyse des sciences sociales.. Toutefois, la constitution de cette discipline ne s'est pas effectuée simplement. Bien au contraire, sa courte histoire est marquée de ruptures, de recompositions, de conflits, bref "d'histoires de familles". 2 Le crime "interpelle" : d'où des tentatives répétées d'explications données par les criminologues, parce que rationnaliser, ça rassure ! Nous allons donc voir, dans ce cours, que l'histoire de la criminologie peut être découpée en deux grandes périodes : - du XIXè à 1970, environ, où l'on pose finalement la question "pourquoi" le crime ? - à partir de 1970, où l'on va poser une nouvelle question : "qu'est-ce que "le crime ? A l'origine donc, la criminologie classique n'a cessé d'être un discours sur le pourquoi ? Quelles sont les causes de la délinquance ? Pourquoi devient-on délinquant ? La criminologie s'est alors inlassablement interrogée sur les raisons qui conduisaient certains individus à passer à l'acte criminel, donc sur les différences entre délinquants et non-délinquants. Bien sûr, la réponse avancée s'est modifiée au cours du temps, mais la question, elle, est demeurée toujours la même. Nous allons voir que 3 types de réponses ont été proposé à cette question : pourquoi devient-on délinquant. 1. La première solution qui vint à l'esprit a consisté à chercher le siège de cette différence dans la personne même du délinquant, sur le thème "ils ont le crime dans le sang". Ainsi, à l'origine, on a crû trouver la cause du crime dans la constitution bio- anthropologique de l'individu (c'est, au moins au départ, l'idée de Lombroso avec le thème du "criminel-né"). Aujourd'hui, on préfère parler de personnalité criminelle dont les traits sont considérés, selon les écoles, comme innés ou comme acquis, comme stables ou relativement labiles Cette conception de la criminologie, conçue comme science du délinquant, est encore très vivace. Elle s'exprime aujourd'hui dans différents courants et, notamment, le courant de la criminologie bio-psychologique. Bien sûr, l'idée lombrosienne d'un "criminel-né" a fait long feu quoique l'on se soit interrogé dans les années 1970 sur l'existence d'un chromosome du crime. Toutefois, dans l'explication du phénomène criminel, ce courant privilégie aujourd'hui l'étude des facteurs psychologiques, qui seraient spécifiques à la personne du délinquant. Les théories qui relèvent de cette orientation sont assez nombreuses : théorie de l'inadaptation biologique du suédois Olaf Kinberg ("Problèmes fondamentaux de la criminologie" Cujas, 1959), théorie de la constitution délinquantielle de l'italien Bénigno Di Tullio ("Manuel d'anthropologie criminelle" Payot, 1951), ou encore théorie du passage à l'acte du psychiatre belge Etienne De Greef ("Introduction à la criminologie", Louvain, 1937) ou théorie de la personnalité criminelle du français Jean Pinatel ("La criminologie", Spes, 1960). Ces théories, qui vous seront sans doute présentées dans le cours de criminologie - aspect psychologique, si l'on peut dire -, ont donc toutes en commun d'étudier et d'expliquer la délinquance à partir de la personnalité du délinquant. 2. Dans l'histoire des idées criminologiques, à ce premier courant est venu s'ajouter un autre type d'explication du phénomène criminel. Ce deuxième courant, à la question pourquoi devient-on délinquant, répond "parce que le père boit et que la mère fait le trottoir", "parce qu'on est pauvre et sans instruction", bref on devient délinquant à cause des conditions de vie. Le projecteur se déplace donc de la personne du délinquant à l'étude de ses conditions de vie : le délinquant est alors considéré comme différent, non plus par ce qu'il est, mais en tant que cas social : à cause de ses conditions de vie, il pose un problème à la société. 3 L'explication devient alors de nature sociale : on ne naît pas délinquant, on le devient parce que l'on vit dans tel milieu social ou urbain, ou encore à la suite d'un apprentissage culturel. La célèbre théorie de Alexandre LACASSAGNE, médecin du début du siècle, chef de file de l'Ecole du Milieu Social, se résume dans deux formules, qui illustrent bien ce mouvement : Lacassagne disait, en effet : "Les sociétés n'ont que les criminels qu'elles méritent" et "Le milieu social est le bouillon de culture de la criminalité, le microbe, c'est le criminel, un élément qui n'a d'importance que le jour où il trouve le bouillon qui le fait fermenter". Explication sociale du crime, mais pas encore explication sociologique : pour Lacassagne, la société, le milieu social ne fait que révéler ou non la nature criminelle de certains individus, nature intégralement déterminée à l'avance par leur hérédité. Là encore, l'explication est de type causaliste: on devient délinquant à cause de la société. Nous verrons que jusque dans les années 1960, l'application des grandes théories sociologiques classiques à la criminologie s'est constamment opérée dans une telle perspective. 3. L'ébranlement de cette grande tradition étiologique (la recherche des causes de la délinquance) vint, au début des années 1960, de l'irruption progressive de la notion de réaction sociale dans le champ des préoccupations criminologiques. L'idée est que l'on devient criminel à cause de la "réaction sociale". Le terme de réaction sociale, comme son nom l'indique d'ailleurs, peut être défini, pour l'instant, comme l'ensemble des moyens - ici, les institutions pénales - que la société va uploads/Philosophie/ criminologie 1 .pdf
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- Publié le Sep 27, 2021
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