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Chapitre 2 Les auteurs : Durkheim, Marx, Tocqueville Introduction Qu’est ce qu’

Chapitre 2 Les auteurs : Durkheim, Marx, Tocqueville Introduction Qu’est ce qu’une théorie sociologique ? De quelle façon comprend-on le monde? Pour certains, il s'agit d'enregistrer ce qu'on observe: l'objet existe en dehors de l'observateur. Pour d'autres, l'objet observé est construit, c'est-à-dire qu’on reconnaît à l'esprit humain un rôle dans la construction de l’objet de sa connaissance. Pour s'inscrire dans une démarche scientifique, la sociologie utilise un ensemble de concepts interreliés pour décrire et comprendre la réalité. Les théories sociologiques et l'usage de concepts précis sont au sociologue ce que le microscope est au biologiste. Toute théorie, selon M. Grawitz (1990, p. 47), formule des questions sous la forme d'hypothèses, tente d'y répondre en fournissant une explication du phénomène observé et dégage des lois qui permettent de généraliser les observations à d'autres phénomènes. Une théorie présente Une caractéristique importante : elle n’est pas éternelle (elle dépend des façons de considérer et d’énoncer les problèmes de son époque). L’importance des niveaux d’analyse en sociologie Une théorie se caractérise aussi par sa portée ou son degré de généralité. Une théorie peut être partielle et limitée si elle porte sur un ensemble de situations sociales très précises; elle peut être générale si elle propose des explications portant sur la société dans sa totalité. Les théories sociologiques se classent selon trois niveaux d'analyse. Le premier niveau présente l'individu dans le cadre restreint de la vie quotidienne où il entre en interaction avec d'autres individus. Il s'agit de la microsociologie. Microsociologie= ordre d'analyse qui s'attache à l'interaction entre les individus et entre les petits groupes constituant la base de la société. Un deuxième niveau, la mésosociologie, touche particulièrement tous les groupements partiels auxquels l’individu appartient: la famille, l'école, les groupes d'amis et le milieu de travail. Mésosociologie= ordre d'analyse dont l'objet se situe entre I’individu et la société. C’est l'étude des institutions et des groupes sociaux de dimension importante. Enfin, le troisième niveau, la macrosociologie, présente des théories qui visent à formuler un ensemble de propositions très générales. Comme cet ensemble de 1 propositions est en constante évolution, ce troisième niveau concerne l’évolution de l'organisation générale de la société. Macrosociologie= ordre d'analyse qui porte sur les grandes institutions de la société : les classes, la culture, l'enseignement, etc. A quoi servent les théories sociologiques ? La théorie sociologique permet au chercheur : — d'interpréter et de donner un sens aux données empiriques d'une recherche. (Les théories sociologiques sont donc plus détaillées et raffinées que les modèles sociologiques.) — de lier entre elles différentes recherches empiriques souvent menées séparément — de constituer un programme de recherche à long terme dans le cadre duquel des énoncés théoriques feraient l'objet d'une vérification sur le terrain. La théorie sociologique n'est pas seulement utile aux chercheurs ; elle peut également l'être pour les sociétés où elle s'élabore. Dans ce sens, elle permet : — de participer à la culture scientifique et à sa diffusion ; — d'appliquer des propositions de recherche: la théorie sociologique peut être utilisée par les gouvernements, les organismes et les mouvements sociaux dans la formulation des politiques, la réforme des institutions ou la transformation d'une partie de la société; — d'alimenter les débats idéologiques d'une société. Selon Smelser (1994, p. 11), une « [...] théorie sociologique a une dimension idéologique». La théorie doit toujours être replacée dans le contexte socioculturel et idéologique de son époque. Les premiers pas de la sociologie : Contexte économique, politique et social La sociologie cherche à déterminer les facteurs sociaux qui expliquent le comportement humain en tant que groupe, ensemble, organisation,… Elle s’est développée au 19ème siècle, en Europe en plein bouleversement économique (l’industrialisation massive), politique (la Révolution de 1789) et social (l’appauvrissement d’une partie de la population). 2 La crise économique Au XIXe siècle, la révolution industrielle, issue des innovations techniques qui ont transformé le monde du travail, est au cœur des réflexions des premiers sociologues. On passe du travail exécuté à la maison à la production en série faite à l'usine. Les industries prennent de l'expansion dans le cadre d'un capitalisme prometteur et puissant. La nouvelle bourgeoisie propriétaire des moyens de production (usines) utilise toutes les sources d'énergie disponibles (charbon et vapeur) pour développer les économies nationales. Le recours aux nouvelles technologies de production bouleverse les façons ancestrales de travailler. La crise politique Le déclenchement de la Révolution française de 1789 visait à résoudre des problèmes d'ordre politique, entre autres. La monarchie concentrait tous les pouvoirs entre les mains d'un roi, des aristocrates (propriétaires terriens) et du clergé. Ainsi, la nouvelle classe, la bourgeoisie (banquiers, industriels, riches commerçants, médecins et avocats), ne pouvait participer au gouvernement. L'affirmation des droits individuels en France, grâce à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (1789), est un héritage extrêmement important de la fin du XVIIIe siècle. On y affirme que la première liberté est celle de l'individu, qui possède des « droits inaliénables et imprescriptibles de liberté, de propriété, de sûreté et de résistance à l'oppression » (Angrignon et Ruelland, 1995, p. 50). La crise sociale La création d’une nouvelle classe de travailleurs (prolétariat) et ses conditions de travail (la semaine de travail de 75h, les bas salaires, l’embauche des enfants, l’interdiction de créer des associations visant à améliorer ces conditions) et de vie (logements insalubres, absence de normes d’hygiène sociale, … d’où taux de mortalité infantile élevé) constitueront un champ d’intervention des premiers sociologues. Pendant un siècle, la sociologie «a consisté à chercher pourquoi, nous, les gens d'Europe occidentale, qui n'étions pas tellement nombreux, avons créé ce qu'on appelle le monde moderne, c'est-à-dire l'industrie, l'État moderne, la guerre moderne; pourquoi nous avons pris une avance telle qu'en trois ou quatre siècles, nous avons dominé le monde sous forme de colonisation, sous forme de culture, sous forme du meilleur et du pire». Une révolution en sciences humaines Jusqu’à la fin du Moyen-Âge, les problèmes humains s’expliquaient par des facteurs surnaturels et s’inscrivaient dans un grand plan conçu par Dieu. Par après on a recouru à l’explication biologique (le déterminisme biologique succède au déterminisme religieux). Enfin, l’explication des sciences humaines démontra que les phénomènes sociaux possèdent leur propre explication. 3 L’explication religieuse Avant le XVIIIe siècle, la connaissance religieuse servait à expliquer les comportements humains. L'ordre social était fondé sur le divin, et les comportements humains faisaient partie de la nature humaine telle qu'elle était voulue par Dieu. Ainsi, naître ouvrier était voulu par Dieu, et le travailleur devait accepter sa condition sans critiquer celle des mieux nantis. Les rapports entre les classes sociales étaient régis par Dieu et devaient être acceptés comme tels. L’explication biologique Au XIXe siècle, la pensée sociale était largement dominée par le modèle biologique. D'une part, la biologie, par l'étude de la race et de l'hérédité, explique les comportements humains. D'autre part, l'anthropologie, encore dépendante de la biologie développe un domaine physique de l'être humain. Elle vise à « déduire des caractères raciaux l'intelligence et les mœurs des populations» (Mucchielli, 1994, p. 51). Ainsi, l'hérédité et la race, en permettant de comparer l'évolution et la supériorité de certaines sociétés sur d'autres, réduisaient la pensée et la liberté humaine à un déterminisme absolu. Les comportements sociaux ont un fondement social Durkheim minimise la place et le rôle de la biologie et de la psychologie dans l’étude des comportements humains. 1) « La biologie n’explique pas tout l’homme, la race et l’hérédité ne déterminent plus chez lui que des attitudes assez vagues » 2) « L’évolution se caractérise par l’importance croissante du facteur psychique, de sorte que chez les humains, ce sont les croyances qui fondent le lien social. » (Mucchielli, 1994, p. 51) Le milieu social influe sur le comportement humain. La méthode d’enquête sociale Au 19ème siècle, c’est le début des grandes enquêtes sociales. L’objectif est d’observer directement les sociétés à l’aide de la méthode scientifique, qui consiste à recueillir l’information par l’expérimentation pratique sur le terrain et à analyser les causes des phénomènes en élaborant des théories. Certains auteurs (dont Durkheim) veulent faire de la sociologie une science qui étudie de façon objective les phénomènes comme s’il s’agissait d’objets inanimés. D’autres pensent qu’il faut approcher l’objet de la connaissance de façon subjective en se concentrant sur l’interprétation que chacun des acteurs sociaux donne aux gestes. 4 Emile Durkheim (1858-1917)  Durkheim peut être considéré comme le véritable père fondateur de la sociologie française. Le père fondateur de la sociologie mais pas le plus ancien. Avant lui : Auguste Comte (père du courant positiviste en sociologie) Alexis Tocqueville Karl Marx Durkheim va formaliser avec beaucoup de rigueur les acquis de la sociologie. Il crée la Chaire de Sociologie à la Sorbonne, à la fin du19ème siècle. parce qu’il était porteur d'un projet sociologique : toute sa vie durant, il n'a eu de cesse de vouloir faire de la sociologie une science à part entière en lui donnant un objet et une démarche. Son but : élever la sociologie au rang de discipline scientifique, créer une SCIENCE DU SOCIAL. Les sciences humaines sont différentes par nature. L’objet uploads/Philosophie/ cwxvc 1 .pdf