2021. 1. 22. Dans le labyrinthe : nécessité, contingence et liberté chez Leibni
2021. 1. 22. Dans le labyrinthe : nécessité, contingence et liberté chez Leibniz - Cours 7. La liberté de Dieu et la nôtre - Collège de France https://books.openedition.org/cdf/1842 1/16 1 Collège de France Dans le labyrinthe : nécessité, contingence et liberté chez Leibniz | Jacques Bouveresse Cours 7. La liberté de Dieu et la nôtre Entrées d'index Mots-clés : finalité, déterminisme, intuitionnisme, liberté, meilleur des mondes possibles, nécessité, volonté, Robert Adams, Leibniz, Nietzsche, Spinoza, Jules Vuillemin Texte intégral Ce qu’écrit Leibniz dans un des derniers extraits que j’ai cités a de quoi surprendre à plus d’un titre. Il semble dire, en effet, que, si la volonté qu’a eue Dieu de choisir le meilleur pouvait être expliquée par des raisons, alors la décision qu’il a prise ne serait plus libre. Mais il est le premier à souligner, par ailleurs, qu’une action peut être déterminée complètement – et, par conséquent, être explicable par des raisons ou des causes – et rester néanmoins tout à fait libre. D’autre part, il est clair que, pour lui, on doit pouvoir dire de la Ce site utilise des cookies et collecte des informations personnelles vous concernant. Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018). En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies. Fermer 2021. 1. 22. Dans le labyrinthe : nécessité, contingence et liberté chez Leibniz - Cours 7. La liberté de Dieu et la nôtre - Collège de France https://books.openedition.org/cdf/1842 2/16 2 volonté de Dieu à la fois qu’elle est absolument souveraine et qu’elle ne comporte absolument rien d’arbitraire (autrement dit, qu’elle est parfaitement motivée). On peut cependant comprendre sans trop de difficulté pourquoi il y a ici un problème. Une fois que l’on a admis que Dieu a voulu et choisi le meilleur, on peut en principe rendre compte de tout ce qui arrive, en montrant que rien d’autre n’aurait été compatible avec le meilleur. Le principe du meilleur est donc le principe explicatif suprême et le fondement ultime de toute explication, pour toutes les choses qui appartiennent au domaine de la contingence. Dans ces conditions, quelle réponse peut-on espérer être en mesure de donner à quelqu’un qui demande une explication ou une justification de ce principe lui-même ? Cela ne nous avancerait évidemment à rien d’utiliser le principe du meilleur pour sa propre explication et de dire que le meilleur a été choisi parce qu’il était meilleur de le choisir (autrement dit, de choisir le meilleur), puisqu’on n’échapperait pas à la question de savoir pourquoi ce choix était meilleur et pourquoi c’est celui que Dieu a fait. Toute tentative d’explication nous condamne, en fait, à une régression à l’infini de l’espèce suivante : (1) Dieu a voulu créer le monde que nous connaissons parce qu’il était le meilleur ; (2) il a voulu cela parce qu’il a voulu vouloir créer le meilleur (autrement dit, vouloir ce qu’il était meilleur de vouloir) ; (3) il a voulu vouloir créer le meilleur parce qu’il a voulu ce qu’il était meilleur de vouloir vouloir. Et ainsi de suite à l’infini. Le seul moyen de se sortir de cette difficulté est celui qui consiste à conférer à la proposition qui affirme que Dieu a voulu choisir le plus parfait le statut d’un axiome ou d’une proposition primitive indémontrable. Il pourrait sembler, malgré tout, surprenant de proposer, comme le fait Leibniz, de comparer cette proposition à une identité formelle ou explicite comme « A est A ». Car elles n’ont apparemment rien en commun ni en ce qui concerne la forme ni en ce qui concerne le contenu. La proposition « A est A » est une proposition nécessaire et son contraire implique contradiction. La proposition « Dieu a voulu choisir le plus parfait » est une proposition contingente et on ne pourrait pas déduire une contradiction de sa négation : il n’aurait pas été contradictoire que Dieu fasse un autre choix que celui du meilleur. Ce qui rapproche l’une de l’autre ces deux propositions, dans l’esprit de Leibniz, c’est essentiellement le fait qu’elles ont l’une et l’autre le statut de Ce site utilise des cookies et collecte des informations personnelles vous concernant. Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018). En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies. Fermer 2021. 1. 22. Dans le labyrinthe : nécessité, contingence et liberté chez Leibniz - Cours 7. La liberté de Dieu et la nôtre - Collège de France https://books.openedition.org/cdf/1842 3/16 3 « [La volonté de Dieu choisit] Dieu veut le plus parfait ». Cette proposition est l’origine du passage de la possibilité à l’existence des créatures. Mais tu demanderas si le contraire implique contradiction, à savoir que Dieu choisit ce qui n’est pas le plus parfait. Je dis que cela n’implique pas contradiction, à moins d’avoir déjà posé la volonté de Dieu. Dieu, en effet, veut vouloir choisir le plus parfait, et il veut la volonté de vouloir, et ainsi de suite à l’infini, car ces réflexions infinies s’accordent avec Dieu, mais elles ne s’accordent pas avec la créature. Tout le secret consiste donc en ceci que Dieu a non seulement décrété de faire le plus parfait, mais encore a décrété de décréter. Et par conséquent on ne peut imaginer aucun signe, par rapport auquel ne soit pas donné un autre signe antérieur par nature dans lequel il y a déjà un décret. De façon générale, en effet, il faut statuer qu’il n’y a pas de décret que Dieu n’ait pas décrété par un décret antérieur par nature, <de par la nature de la liberté parfaite>. Et cela permettra de répondre parfaitement à tous ceux qui ruinent la liberté de Dieu, et à la place du cercle Vasquezien (Vasquez a cru, en effet, que Dieu veut une chose parce qu’elle aura lieu, et que la chose aura lieu parce que Dieu la veut), on a un processus qui va à l’infini1. Leibniz écrit également : Si toutes les propositions même contingentes se résolvent en propositions identiques, ne sont-elles pas toutes nécessaires ? Je réponds, pas vraiment, car bien qu’il soit certain qu’existera ce qui est le plus parfait, cependant, le moins parfait est malgré tout possible. Dans les propositions de fait est enveloppée l’existence. propositions vraies par soi et indémontrables. Les identités formelles ou explicites constituent les vérités logiques primitives auxquelles toutes les propositions nécessaires peuvent être ramenées en dernier ressort par la procédure de la démonstration. Le principe selon lequel Dieu a voulu choisir le meilleur – qui est, pour sa part, une vérité factuelle, et non pas logique – constitue le principe premier auquel toutes les vérités de fait peuvent être ramenées en fin de compte, au moins par Dieu, qui est en mesure de les démontrer, elles aussi, a priori, bien que nous ne puissions pas le faire nous-mêmes parce que cela impliquerait l’effectuation une analyse infinie. Ces quelques éclaircissements nous permettront, je l’espère, de comprendre un peu mieux le développement un peu déconcertant et énigmatique qui figure immédiatement après un des passages que j’ai cités : Ce site utilise des cookies et collecte des informations personnelles vous concernant. 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C’est incontestablement la nature même ou la perfection divines, et il faut dire que dans les contingents le prédicat ne peut certes pas être démontré à partir du sujet, mais on peut seulement en rendre une raison qui ne nécessite pas, mais incline. L’homme agit librement toutes les fois que quelque chose résulte de son choix. Or ce qui dans l’homme se fait librement se fait dans le corps par une nécessité physique sous l’hypothèse d’un décret divin. Les choses que dit Descartes comme quoi l’esprit pourrait déterminer le cours des esprits animaux sont vides. Il est nécessaire, en effet, que [le mouvement] la détermination d’un corps soit modifiée par un autre mouvement. Et il faut savoir que non seulement la même quantité de mouvement, mais également la même détermination au total est conservée dans le monde2. Il ressort donc de tout uploads/Philosophie/ dans-le-labyrinthe-necessite-contingence-et-liberte-chez-leibniz-cours-7-la-liberte-de-dieu-et-la-notre-college-de-france.pdf
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- Publié le Apv 24, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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