Derrida en castellano Derrida en francés Nietzsche Heidegger Principal En franc

Derrida en castellano Derrida en francés Nietzsche Heidegger Principal En francés Textos Comentarios Restos Fotos Cronología Bibliografía Links LA STRUCTURE, LE SIGNE ET LE JEU DANS LE DISCOURS DES SCIENCES HUMAINES Jacques Derrida Conférence prononcée au Colloque international de l’Université Johns Hopkins (Baltimore) sur Les langages critiques et les sciences de l’homme, le 21 octobre 1966. Texto en castellano Il y a plus affaire à interpréter les interprétations qu’à interpréter les choses. (MONTAIGNE.) Peut-être s’est-il produit dans l’histoire du concept de-structure quelque chose qu’on pourrait appeler un «événement» si ce mot n’importait avec lui une charge de sens que l’exigence structurale — ou structuraliste — a justement pour fonction de réduire ou de suspecter. Disons néanmoins un «événement» et prenons ce mot avec précautions entre des guillemets. Quel serait donc cet événement? Il aurait la forme extérieure d’une rupture et d’un redoublement. Il serait facile de montrer que le concept de structure et même le mot de structure ont l’âge de l’epistémè, c’est-à-dire à la fois de la science et de la philosophie occidentales, et qu’ils plongent leurs racines dans le sol du langage ordinaire, au fond duquel l’epistémè va les recueillir pour les amener à soi dans un déplacement métaphorique. Néanmoins, jusqu’à l’événement que je voudrais repérer, la structure, ou plutôt la structuralité de la structure, bien qu’elle ait toujours été à l’œuvre, s’est toujours trouvée neutralisée, réduite: par un geste qui consistait à lui donner un centre, à la rapporter à un point de présence, à une origine fixe. Ce centre avait pour fonction non seulement d’orienter Derrida en castellano - La structure, le signe et le jeu dans le discours d... http://www.jacquesderrida.com.ar/frances/structure.htm 1 de 15 10/03/2014 15:20 et d’équilibrer, d’organiser la structure — on ne peut en effet penser une structure inorganisée — mais de faire surtout que le principe d’organisation de la structure limite ce que nous pourrions appeler le Jeu de la structure. Sans doute le centre d’une structure, en orientant et en organisant la cohérence du système, permet-il le jeu des éléments à l’intérieur de la forme totale. Et aujourd’hui encore une structure privée de tout centre représente l’impensable lui-même. Pourtant le centre ferme aussi le jeu qu’il ouvre et rend possible. En tant que centre, il est le point où la substitution des contenus, des éléments, des termes, n’est plus possible. Au centre, la permutation ou la transformation des éléments (qui peuvent d’ailleurs être des structures comprises dans une structure) est interdite. Du moins est-elle toujours restée interdite (et j’utilise ce mot à dessein). On a donc toujours pensé que le centre, qui par définition est unique, constituait, dans une structure, cela même qui, commandant la structure, échappe à la structuralité. C’est pourquoi, pour une pensée classique de la structure, le centre peut être dit, paradoxalement, dans la structure et hors de la structure. Il est au centre de la totalité et pourtant, puisque le centre ne lui appartient pas, la totalité a son centre ailleurs. Le centre n’est pas le centre. Le concept de structure centrée — bien qu’il représente la cohérence elle-même, la condition de l’epistémè comme philosophie ou comme science — est contradictoirement cohérent. Et comme toujours, la cohérence dans la contradiction exprime la force d’un désir. Le concept de structure centrée est en effet le concept d’un jeu fondé, constitué depuis une immobilité fondatrice et une certitude rassurante, elle-même soustraite au jeu. Depuis cette certitude, l’angoisse peut être maîtrisée, qui naît toujours d’une certaine manière d’être impliqué dans le jeu, d’être pris au jeu, d’être comme être d’entrée de jeu dans le jeu. A partir de ce que nous appelons donc le centre et qui, à pouvoir être aussi bien dehors que dedans, reçoit indifféremment les noms d’origine ou de fin, d’archè ou de telos, les répétitions, les substitutions, les -transformations, les permutations sont toujours prises dans une histoire du sens — c’est-à-dire une histoire tout court — dont on peut toujours réveiller l’origine ou anticiper la fin dans la forme de la présence. C’est pourquoi on pourrait peut-être dire que le mouvement de toute archéologie, comme celui de toute eschatologie, est complice de cette réduction de la structuralité de la structure et tente toujours de penser cette dernière depuis une présence pleine et hors jeu. S’il en est bien ainsi, toute l’histoire du concept de structure, avant la rupture dont nous parlons, doit être pensée comme une Série de substitutions de centre à centre, un enchaînement de déterminations du centre. Le centre reçoit, successivement et de manière réglée, des formes ou des noms différents. L’histoire de la métaphysique, comme l’histoire de l’Occident, serait l’histoire de ces métaphores et de ces métonymies. La forme matricielle en serait — qu’on me pardonne d’être aussi peu démonstratif et aussi elliptique, c’est pour en venir plus vite à mon thème principal — la détermination de l’être comme présence à tous les sens de ce mot. On pourrait montrer que tous les Derrida en castellano - La structure, le signe et le jeu dans le discours d... http://www.jacquesderrida.com.ar/frances/structure.htm 2 de 15 10/03/2014 15:20 noms du fondement, du principe ou du centre ont toujours désigné l’invariant d’une présence (eidos, archè, telos, energeia, ousia (essence, existence, substance, sujet) aletheia, transcendantalité, conscience, Dieu, homme, etc.). L’événement de rupture, la disruption à laquelle je faisais allusion en commençant, se serait peut-être produite au moment où la structuralité de la structure a dû commencer à être pensée, c’est-à-dire répétée, et c’est pourquoi je disais que cette disruption était répétition, à tous les sens de ce mot. Dès lors a dû être pensée la loi qui commandait en quelque sorte le désir du centre dans la constitution de la «structure, et le procès de la signification ordonnant ses déplacements et ses substitutions à cette loi de la présence centrale; mais d’une présence centrale qui n’a jamais été elle-même, qui a toujours déjà été déportée hors de soi dans son substitut. Le substitut ne se substitue à rien qui lui ait en quelque sorte pré-existé. Dès lors on a dû sans doute commencer à penser qu’il n’y avait pas de centre, que le centre ne pouvait être pensé dans la forme d’un étant-présent, que le centre n’avait pas de lieu naturel, qu’il n’était pas un lieu fixe mais une fonction, une sorte de non-lieu dans lequel se jouaient à l’infini des substitutions de signes. C’est alors le moment où le langage envahit le champ problématique universel; c’est alors le moment où, en l’absence de centre ou d’origine, tout devient discours — à condition de s’entendre sur ce mot — c’est- à-dire système dans lequel le signifié central, originaire ou transcendantal, n’est jamais absolument présent hors d’un système de différences. L’absence de signifié transcendantal étend à l’infini le champ et le jeu de la signification. Où et comment se produit ce décentrement comme pensée de la structuralité de la structure? Pour désigner cette production, il y aurait quelque naïveté à se référer à un événement, à une doctrine ou au nom d’un auteur. Cette production appartient sans doute à la totalité d’une époque, qui est la nôtre, mais elle a toujours déjà commencé à s’annoncer et à travailler. Si l’on voulait néanmoins, à titre indicatif, choisir quelques «noms propres» et évoquer les auteurs des discours dans lesquels cette production s’est tenue au plus près de sa formulation la plus radicale, il faudrait sans doute citer la critique nietzschéenne de la métaphysique, des concepts d’être et de vérité auxquels sont substitués les concepts de jeu, d’interprétation et de signe (de signe sans vérité présente); la critique freudienne de la présence à soi, c’est-à-dire de la conscience, du sujet, de l’identité à soi, de la proximité ou de la propriété à soi; et, plus radicalement, la destruction heideggerienne de la métaphysique, de l’onto-théologie, de la détermination de l’être comme présence. Or tous ces discours destructeurs et tous leurs analogues sont pris dans une sorte de cercle. Ce cercle est unique et il décrit la forme du rapport entre l’histoire de la métaphysique et la destruction de l’histoire de la métaphysique : il n’y a aucun sens à se passer des concepts de la métaphysique pour ébranler la métaphysique; nous ne disposons d’aucun langage — d’aucune syntaxe et d’aucun lexique — qui soit étranger à cette histoire; nous ne pouvons énoncer aucune proposition destructrice qui n’ait déjà dû se glisser dans la Derrida en castellano - La structure, le signe et le jeu dans le discours d... http://www.jacquesderrida.com.ar/frances/structure.htm 3 de 15 10/03/2014 15:20 forme, dans la logique et les postulations implicites de cela même qu’elle voudrait contester. Pour prendre un exemple parmi tant d’autres: c’est à l’aide du concept de signe qu’on ébranle la métaphysique de la présence. Mais à partir du moment où l’on veut ainsi montrer, comme je l’ai suggéré tout à l’heure, qu’il n’y avait pas de signifié transcendantal ou privilégié et que le champ ou le jeu de la signification n’avait, dès lors, plus de limite, on devrait — mais c’est ce qu’on ne peut pas faire — refuser jusqu’au uploads/Philosophie/ derrida-en-castellano-la-structure-le-signe-et-le-jeu-dans-le-discours-des-sciences-humaines.pdf

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