Sujet : l’erreur constitue-t-elle un obstacle dans la recherche de la vérité ?

Sujet : l’erreur constitue-t-elle un obstacle dans la recherche de la vérité ? (exemple de travail préparatoire au brouillon) ANALYSE DES TERMES DU SUJET : Les principaux concepts à définir sont l’erreur et la vérité. Erreur : Trois sens : 1. une erreur, c’est une assertion fausse, c’est-à-dire une idée ou affirmation qui n’est pas conforme à la réalité (exemples: « le soleil tourne autour de la Terre », « 5+5=13 ») 2. l’état d’esprit qui partage cette assertion fausse (« être dans l’erreur ») 3. c’est l’acte de celui qui se trompe (« faire une erreur »). Faire une erreur, c’est croire que ce qui est faux est vrai, c’est prendre le vrai pour le faux ou le faux pour le vrai. Notions associées : faux ou fausseté, ignorance… De plus, le terme « erreur » vient du latin errare qui veut également dire « errer ». Donc étymologiquement, faire erreur, c’est se perdre, s’égarer, s’écarter du chemin qui mène à la vérité… N.B. : cette notion appartient au domaine logique ou théorique ; elle se distingue ainsi de la « faute » (sens moral) et du « crime » ou « délit » (sens juridique). Même si le langage courant tend à brouiller ses distinctions (« erreurs de jeunesse », « réparer ses erreurs »…). Vérité : Adéquation entre ma pensée et la réalité, entre ma représentation et la réalité. Ici, ce terme n’est pas synonyme d’honnêteté et de sincérité. Cette question ne relève donc pas du domaine moral (problème du mensonge : peut-on mentir ? Faut-il toujours dire la vérité ?) mais du domaine épistémologique (problème de la connaissance : comment parvenir à une connaissance vraie ?). ATTENTION : il ne faut pas simplement limiter son analyse aux notions explicitement philosophiques, il faut aussi prêter attention aux termes qui n’ont pas de signification immédiatement philosophiques mais qui nous permettent néanmoins de saisir le sens et l’enjeu de la question posée. Ici, le terme d’obstacle… Obstacle : Étymologiquement, « ce qui est posé devant » (latin, obstare) et qui, par conséquent, empêche de passer. Ce qui empêche qu’une personne n’arrive à son but, ne parvienne à ses fins ou qu’une chose ne se fasse, ne réussisse. Notions associées : barrière, entrave, empêchement, opposition… Notions contraires : progrès, aide, appui, soutien qui facilite la réalisation d’une action… Constitue-t-elle : Synonymes : être, former… Le sujet nous invite donc à donner une définition de l’erreur. Reformulation de la question : peut-on définir l’erreur comme un obstacle ? Peut-on dire de l’erreur qu’elle empêche de connaître la vérité ? Recherche de la vérité : Cette expression désigne le parcours qui conduit un esprit désireux de savoir à la vérité. Attention aux contresens sur le sujet qui conduisent inévitablement à des développements hors-sujets : si la question porte bien sur la recherche de la vérité, il ne s’agit pas de rabattre le sujet sur la question : « comment peut-on atteindre la vérité ? ». Cette question est importante, mais le sujet est précis : l’interrogation porte sur la place et le rôle de l’erreur dans la recherche de la vérité et non pas sur la recherche de la vérité en général ! Présupposé du sujet : Le sujet nous invite à remettre en question l’opposition que l’on établit entre la vérité et l’erreur. En effet, on définit ordinairement l’erreur en l’opposant à la vérité : l’erreur est une affirmation fausse ou non-conforme à la réalité. Mais peut-être faut-il faire des erreurs pour parvenir à une vérité… Il s’agirait alors de procéder à une sorte de réhabilitation de l’erreur en insistant sur le rôle moteur qu’elle peut jouer dans la recherche de la vérité. Problèmes du sujet : - Le problème est alors de savoir en quel sens l’erreur constitue un obstacle : est-ce en un sens relatif ou absolu ? Autrement dit, s’agit-il d’un obstacle insurmontable et indépassable ou au contraire d’un obstacle par-dessus lequel on peut sauter ou que l’on peut contourner ? L’erreur constitue-t-elle un arrêt temporaire ou définitif de la recherche ? - Mais si l’erreur constitue un obstacle relatif (c’est-à-dire surmontable), alors comment peut-on la surmonter ? Pour pouvoir réfléchir ses propres erreurs, encore faut-il ne pas être totalement dans l’erreur… Or, l’esprit est-il capable de prendre du recul vis-à-vis de ce qu’il pense ? - D’autre part, enjeu concernant la définition de la vérité : si l’erreur est un obstacle qui peut et doit être dépassé afin de parvenir une vérité, cela veut dire que la vérité ne se donne jamais à nous de manière immédiate mais ne peut être atteinte qu’au terme d’une lutte de l’esprit contre lui- même. INTRODUCTION : On définit ordinairement l’erreur en l’opposant à la notion de vérité : « faire erreur » consiste pour l’esprit à prendre le faux pour le vrai et le vrai pour le faux. Mais, en même temps, on reconnaît volontiers que c’est « en faisant des erreurs qu’on apprend ». Dès lors, doit-on considérer l’erreur comme un élément positif ou négatif dans la recherche de la vérité ? Doit-on définir l’erreur comme un « obstacle » dans la recherche de la vérité ou est-elle au contraire pour l’esprit un moyen d’avancer vers la vérité ? Le terme d’ « obstacle » semble suggérer que l’erreur est ce qui bloque l’accès vers la vérité. Mais il s’avère parfois possible de contourner ou même de surmonter un obstacle. L’erreur est-elle un obstacle que l’on peut dépasser ? Pour répondre à ces questions, nous pouvons adopter la problématique suivante : l’erreur empêche-t-elle réellement l’esprit de parvenir à une vérité ? Nous nous demanderons ainsi dans quelle mesure l’erreur empêche l’esprit d’accéder à la vérité, puis nous essaierons de savoir si l’erreur peut cesser d’être un obstacle dans la recherche de la vérité. Enfin, nous verrons que l’erreur constitue un obstacle paradoxal. PLAN DÉTAILLÉ (ne sont ici formulées que les idées-forces et les principaux moments de l’argumentation): I. L’erreur apparaît comme un obstacle dans la recherche de la vérité. 1) L’erreur est synonyme de fausseté : faire erreur consiste à produire un énoncé faux, c’est-à-dire qui n’est pas conforme à la réalité. Par définition, en tant qu’elle conduit à dire quelque chose de faux, l’erreur s’oppose radicalement à la vérité. C’est parce que l’erreur – synonyme de fausseté - s’oppose à la vérité qu’elle constitue un obstacle pour l’esprit désireux de savoir. 2) D’autre part, contrairement au mensonge qui est conscient et volontaire (donc coupable), l’erreur est inconsciente et involontaire (donc innocente : « l’erreur est humaine »). Autrement dit, celui qui se trompe ne sait pas qu’il se trompe ; il ne sait pas que ce qu’il prend pour une vérité est faux. En ce sens, l’erreur joue le rôle d’obstacle dans la mesure où l’esprit qui se trompe n’est pas conscient d’être dans l’erreur. Mais pourquoi l’esprit n’a-t-il pas immédiatement conscience des erreurs qu’il commet ? Peut-être du fait de sa trop grande proximité avec elles (ce qu’évoque l’expression « être dans l’erreur »). 3) L’erreur est un type particulier d’obstacle : ce n’est pas un obstacle extérieur ou physique mais un obstacle intérieur à l’esprit. Autrement dit, l’erreur est un obstacle d’autant plus insurmontable qu’elle est engendrée par l’esprit lui-même. (cf. la définition que Bachelard donne des « obstacles épistémologiques » comme entraves ou résistances immanentes à l’esprit scientifique). Transition : L’erreur est un obstacle pour l’esprit dans la mesure où celui-ci n’a pas réellement conscience d’être dans l’erreur lorsqu’il se trompe. En effet, il ne peut pas sortir de l’erreur tant qu’il ne sait pas qu’il fait erreur. Mais doit-on pour autant considérer l’erreur comme une barrière infranchissable ? Autrement dit, à quelles conditions l’erreur peut-elle cesser d’être un obstacle pour l’esprit ? II. À quelles conditions l’erreur peut-elle cesser d’être un obstacle ? 1) L’erreur cesse d’être un obstacle lorsque l’esprit en prend conscience. En effet, nous avons vu que l’erreur est un obstacle dans la mesure où l’esprit n’en a pas conscience. Dès lors, la réflexion pourrait être un moyen pour l’esprit de dépasser l’erreur. Selon Alain, cette aptitude à la réflexion (ou réflexivité) est la marque de « l’esprit juste » (Vigiles de l’esprit, chapitre VI : Lire) : la « justesse » de l’esprit réside dans sa capacité à faire retour sur ses propres opérations de pensée afin de saisir la cause de ses erreurs. Si l’esprit qui cherche la vérité « commence toujours par se tromper », « l’esprit juste » est capable de comprendre pourquoi il se trompe. Autrement dit, nous ne sommes jamais contemporains de nos propres erreurs. L’erreur est une notion rétrospective, forgée par l’esprit à l’occasion d’une réflexion. Mais cette prise de conscience de l’erreur suffit-elle à nous conduire à la vérité ? Suffit-il d’avoir conscience de ses erreurs pour ne plus se tromper ? 2) Il faut non seulement prendre conscience de ses erreurs mais veiller également à ne plus les reproduire. Descartes considère ainsi que le doute (lorsqu’il est radical et méthodique) permet de uploads/Philosophie/ devoir-philosophie.pdf

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