Heidegger et la tradition de la pensée occidentale februari 11, 2013 · door adm

Heidegger et la tradition de la pensée occidentale februari 11, 2013 · door admin · in Artikels heideggerComme bien dautres penseur s traditionaliste s dOccident, et bien quil se réfère volontiers à une vision hyperboréenne de la Tradition primordiale, Julius Evola nnse pas moins que la lumière vient surtout de lOrient: ex Oriente lux, en estimant qu e les vestiges de cette Tradition ont été le mieux conservés entre autres dans les Védas et dans lAvesta. Pour lui, comme pour bien dautres penseurs traditionalistes, la décadence de notre monde commence au moins quelque sept ou huit siècles avant notre èr e (1), de sorte que depuis lors nous sommes entrés dans le cycle du Kali-yuga ou Age de Fer et que tout, depuis lors, va de mal en pis, cependant que tout ce qui fa it notre civilisation occidentale ne procéderait que de cette décadence. Prendre ple inement conscience de cette décadence conduit dès lors lhomme traditionnel, cest-à-dire rituel, pour réprendre une formule un peu simpliste, à faire résolument face aux problème s de notre temps, en dénonçant avec force lincohérence et le nihilisme du monde qui est le nôtre. Cest à cette tâche que sont voués nombre décrits dEvola et plus particulièremen ouvrage capital Révolte contre le monde moderne, ainsi que deux livres plus modeste s, parus en français sous les titres de Lhomme au milieu des ruines et Chevaucher le t igre. Cest dans ce dernier livre, quanalysant les divers aspects du nihilisme européen, Ev ola sen prend entre autres au nihilisme actif de Nietzsche, et dénonce par ailleurs, dune manière bien superficielle et inadéquate, nous semble-t-il, limpasse de lexistentia lisme, en concluant finalement à la débâcle de celui-ci. Laissons à Evola sa manière de décortiquer la pensée, certainement décadente et perpétuellem ent gauchiste, de Jean-Paul Sartre, mais nous nous permettons de nous insurger con tre tout ce quil affirme quant à laspect décadent et non traditionaliste de la pensée de artin Heidegger, qui est incontestablement le plus grand philosophe de ce siècle. A la page 101, Evola écrit ainsi: les existentialistes philosophes (car il vient de parler des snobs qui hantaient alors les parages de Saint-Germain-des-Prés) se tr ouvent dans une situation analogue à celle de Nietzsche: eux aussi sont des hommes modernes, cest-à-dire des hommes détachés du monde de la Tradition, dépourvus de toute c onnaissance et de toute intelligence de ce monde. Ils utilisent les catégories de la pensée occidentale, ce qui revient presque à dire profane, abstraite et déracinée. Sans vouloir entrer dans une discussion philosophique, nous pouvons toutefois af firmer quil doit sagir ici de la part dEvola dune incompréhension totale devant la pen sée profonde de Heidegger. Il se trouve incontestablement sur une autre longueur do nde que lermite, le bûcheron de la Forêt Noire, comme ses disciples se plaisent à appel er Martin Heidegger. Mais ne loublions pas: Julius Evola est avant tout un Romain, c-à-d. un Latin, et i l a beau être le dernier des Gibelins, il se trouve devant une sylve obscure, et pro bablement impénétrable pour lui, dès quil se trouve devant une pensée aussi spécifiquement ermanique que celle de Heidegger. Disons le franchement, il est vraiment absurde de i vouloir placer sous le même bo nnet des philosophes de la qualité dun Jaspers ou dun Heidegger et le philosophe gauch issant des bistrots de Saint Germain-des-Prés. Mais Evola ignorait peut-être que Hei degger, dans une interview accordée à un collaborateur du Figaro littéraire (4 novembre 1950), avait pris ses distances quant à l'existentialisme de Sartre en déclarant: Sartr e? Un bon écrivain, mais pas un philosophe. Par ailleurs, si dans tous les abrégés dhistoire de la philosophie, la philosophie de Heidegger passe pour une variante de l'existentialisme athée on peut affirmer que sa démarche philosophique refuse a priori létiquette existentialiste qui ne lui a été donnée e par besoin de vulgarisation (et qui dit vulgarisation dit vulgaire!) de même quil e st tout à fait inadéquat de parler à son propos d'athéisme, alors que tout dans la démarche de Heidegger est plein du sens du sacré. Certes, ce sens du sacré ne veut pas dire s ens religieux et encore moins adhésion à quelque religion que ce soit. Julius Evola nous semble par trop aveuglé par les mirages de la Tradition, dune Tradit ion que nous ne pouvons finalement adopter que comme un mythe mobilisateur qui peut expliquer bien des quant au monde en crise qui st le nôtre, mais qui ne peut pas tout expliquer et qui, surtout, ne peut pas tout résoudre. Ce qui nous choque surt out, cest le mirage de l'ex Oriente lux qui vient, par exemple, de conduire certain s jeunes traditionalistes à saluer les récents bouleversements politiques de lIran comm e une victoire de la Tradition sur les néfastes effets de loccidentalisation de ce pay s, alors quen réalité il ne doit sagir que dune subversion à caractère régressifBien plus au fait des réalités de la décadence de lOccident que Julius Evola, Martin He idegger pour autant quil se soit aventuré sur les sentiers dune révolte contre le monde moderne na pas hésité à affirmer: ma conviction est que cest seulement à partir du mêm mondial où le monde technique moderne est né quune conversion peut se préparer, quelle n e peut pas se produire par ladoption du bouddhisme Zen ou dautres expériences du mon de faites en Orient. La conversion de le pensée a besoin de laide de la tradition e uropéenne et de son nouvel acquis. La pensée nest transformée que par la pensée qui a les mêmes provenance et destination. (Martin Heidegger interrogé par Der Spiegel du 31 mai 1976, trad. française de Jean Launay; Ed. Mercure de France, Paris 1977). Comme on le voit, à lencontre dEvola, Heidegger fait ici un appel à la tradition occid entale, et pour lui cette tradition nest pas une simple vue de lesprit, un mythe mo bilisateur qui se perd dans des lointains inde-européens, mais une réa lité tangible do nt il a pu suivre les méandres depuis laurore de la philosophie grecque des penseur s présocratiques. Certes, selon Evola, cette aurore coïnciderait à peu près avec les pre miers syndromes du cycle décadent dont nous vivons à présent les ultimes soubresauts e t dont la Philosophie de Heidegger ne serait quun des épiphénomènes sur le plan de la p ensée. Rappelons à ce propos que la philosophie est une discipline de penser l'être propre à lO dent. Quelle est née en Grèce et na pas déquivalent dans le monde oriental, tout au moins dans le sens où lentend la tradition métaphysique occidentale. Certes, au moyen-âge de s penseurs arabes et juifs ont transmis la tradition philosophique grecque aux p enseurs du monde médiéval occidental, mais eux-mêmes nont livré que des commentaires sur les uvres des philosophes grecs, sans créer de nouveaux systèmes philosophiques à propr ement parler, tandis que beaucoup plus tard un Spinoza et un Bergson sinséreront lun et lautre dans la tradition philosophique occidentale, tout en y introduisant un e note quelque peu discordante. Dans son discours rectoral, Heidegger na pas hésité à parler des trois fonctions fondam entales inde-européennes telles que nous les trouvons formulées dans luvre de Georges Dumézil, mais dans ce discours il sagit des trois fonctions fondamentales telles que lles sinséraient dans le contexte allemand de lépoque sous la forme de lArbeitsdienst, du Wehrdienstet du Wissendienst, c-à-d. du Service du Travail, du Service des Arme s et du Service du Savoir. Ces trois services ne senracinaient pas seulement au s ein de la nation allemande, mais aussi au sein de loccident tout entier. Qui se c onsacre à lun de ces trois services, ajoutait Heidegger,et cela à ladresse de ses étudia nts, se consacre non seulement au destin de sa patrie allemande, mais aussi à celu i dé lOccident tout entier, celui-ci alors compris dans son essence métaphysique. Et Heidegger de rappeler que cet Occident vacillait alors en son fondement le plus p rofond, alors que tout exige que tous se consacrent à sa sauvegarde et à son salut. Nous empruntons ces quelques données au livre de Jean-Michel Palmier qui cite enco re à ce propos telle phrase de ce discours, où Heidegger dit: Mais personne ne nous d emande si nous allons vouloir, ne pas vouloir, au moment où 1a force spirituelle d e lOccident se dérobe et où son édifice chancelle, quand lapparence morte de la culture sécroule tout entière et laisse toutes les énergies sombrer dans le désordre et la démence. Commentant ce passage, Palmier ajoute: LOccident désigne pour Heidegger le lieu orig inel à partir duquel surgit la philosophie des Grecs. Cest en tant que nous sommes toujours régis par cette philosophie que la question du destin de lOccident sidentif ie avec le destin de la métaphysique. Et Palmier de mettre en note de bas de page: V oir Introduction à la Métaphysique, 1935. Toute tentative pour comprendre autrement le sens du mot OCCIDENT chez Heidegger, est uploads/Philosophie/ eemans-marc-heidegger-et-la-tradition-de-la-pensee-occidentale 1 .pdf

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