Apprendre a philosopher avec Arendt Guillaume de Vaulx professeur agrégé de phi
Apprendre a philosopher avec Arendt Guillaume de Vaulx professeur agrégé de philosophie enseignant au Lycée français du Caire , Dans la même collection Apprendre à philosopher avec Alain Apprendre à philosopher avec Bergson Apprendre à philosopher avec Camus Apprendre à philosopher avec Confucius Apprendre à philosopher avec Deleuze Apprendre à philosopher avec Descartes Apprendre à philosopher avec Épicure Apprendre à philosopher avec Hegel Apprendre à philosopher avec Hume Apprendre à philosopher avec Machiavel Apprendre à philosopher avec Merleau-Ponty Apprendre à philosopher avec Nietzsche Apprendre à philosopher avec Pascal Apprendre à philosopher avec Rousseau Apprendre à philosopher avec Schopenhauer ISBN 978-2-7298-7712-5 © Ellipses Édition Marketing S.A., 2013 32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15 Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5.2° et 3°a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. www.editions-ellipses.fr 3 Table des matières Introduction........................................................7 Bio-bibliographie. .............................................. 1 1 Le monde initial et les traditions de pensée d’Arendt. . 12 Le traumatisme. La destruction du monde................ 17 Remarque critique sur la valeur de la pensée d’Arendt. ........................................ 21 La réconciliation comme engagement dans le monde.................................................. 24 L’interprète de son temps. ..................................... 27 Première partie. La destruction du monde ancien. Analyse du totalitarisme Fiche 1. L’événement que constitue le système totalitaire. .......32 Le système totalitaire........................................... 36 La mobilisation des masses.................................. 37 Le mouvement totalitaire. ...................................... 39 L’ennemi objectif et les fabriques de la mort. ............ 41 Totalitarisme et autoritarisme................................. 42 Texte. Extermination et superfluité des hommes. ........45 Fiche 2 Les origines modernes du totalitarisme...................51 Origine idéologique (1) : du « tout est permis » au « tout est possible ». .................................................... 52 Origine idéologique (2) : l’antisémitisme.................54 Origine économique : l’expansion impérialiste......... 58 Origine politique : le dépérissement de l’État-nation. . 58 Texte. L’expansion, idée centrale de la modernité..... 63 4 Deuxième partie. La tendance profonde à l’aliénation au monde Fiche 3 L’aliénation au monde. ........................................70 De l’aliénation à son pays…................................ 71 Qu’est-ce que le monde ?. ................................... 74 … à l’aliénation au monde.................................. 78 L’émigration intellectuelle. .....................................80 La perte du monde commun. ................................ 81 Texte. Le paradigme de la fuite de la Terre. .............84 Fiche 4 Le renfermement en soi : l’animal laborans. .............89 L’activité laborieuse. ............................................90 Production du consommable. ................................ 92 L’asservissement à la nécessité.............................. 94 L’animal laborans............................................... 95 La politique de l’animal laborans. .......................... 97 La rédemption du travail...................................... 98 Texte. La société de consommation. .......................99 Troisième partie. L’habitation du monde Fiche 5 L’édification du monde : l’Homo faber. ................108 L’instrument et l’édification du monde................... 108 Une morale du producteur..................................1 10 L’instrumentalité, logique de l’Homo faber..............1 13 Texte. Le sens des œuvres. ..................................1 15 Au-delà du bien de consommation et de l’outil de travail, l’œuvre immortelle.............................................1 18 La futilité des actions humaines. ........................... 120 L’œuvre d’art, lieu de la tradition......................... 122 5 Fiche 6 L’apparition de l’homme dans le monde : la vita activa. .................................................. 123 L’action et la liberté humaine...............................123 L’action et la parole.......................................... 127 Action et monde commun.................................. 130 Action et natalité. ............................................. 132 Action et contemplation. .................................... 133 Texte. La puissance politique contre la force tyrannique. ...................... 135 Quatrième partie. La restauration du monde commun. Révolutions politiques et révolution de la politique Fiche 7 « La pluralité est la loi de la terre »......................144 Totalitarisme et genre humain. ............................. 146 Critique juridique des droits de l’homme............... 149 Critique de l’uniformisation humaine. .....................151 La pluri-humanité.............................................. 152 L’alternative juridique : égalité ou privilège............ 155 Texte. Pour une humanité différenciée................... 157 Fiche 8 L’autorité politique............................................ 162 Qu’est-ce que l’autorité ?................................... 162 La critique de la souveraineté............................. 166 La trinité romaine. ............................................. 169 Le dépassement de la souveraineté : autorité ou responsabilité ?........................................... 171 Texte. Le gouvernement autoritaire........................174 6 Fiche 9 La renaissance à la politique. Révolution et conseils. ....................................... 179 La natalité. ...................................................... 180 Révolution, sens antique et sens moderne. ............. 183 Les deux paradigmes. ....................................... 187 Révolution et restauration de la politique............... 189 La fondation. ................................................... 192 L’action permanente : les conseils populaires......... 193 Texte. Système des partis et système des conseils... 195 Cinquième partie. L’action de l’intellectuel : l’interprétation des évènements Fiche 10 Méditations sur le cas Eichmann. ........................202 Rapport sur la banalité du mal. ........................... 206 La légitimité du procès de Jérusalem. .....................214 Les coopérations avec Eichmann. .........................218 Texte. Les négationnismes...................................219 Lexique. .........................................................223 7 Introduction J’ai commencé si tard, à peine il y a quelques années à aimer vraiment le monde. Par gratitude, je voudrais appeler mon livre de théorie politique « amor mundi ». C’est là ce qu’écrivait Hannah Arendt à Karl Jaspers dans une lettre datée du 6 août 1955, soit à l’époque de l’écriture de la Condition de l’homme moderne, projet présenté donc sous l’hospice d’une louange du monde. Notons que le chant d’allégresse que lance Arendt fait écho à l’amor dei d’Augustin et à l’amor fati de Nietzsche. De ces trois cris d’amour, le premier est à gloire de Dieu, le deuxième à la gloire de la vie dans toute la fatalité qu’elle contient et le troisième à la gloire du monde, que leur infinie grandeur soit exaltée ! Ils sont lancés par les trois penseurs pour signifier une réconciliation à chaque fois biographique et intellectuelle. Quand il lance « Amor dei ! », Augustin, longtemps manichéen, salut sa réconciliation avec le Dieu unique : « Deux amours ont bâti deux cités : celle de la terre par l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, celle du ciel par l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi. L’une se glorifie en elle-même, l’autre dans le Seigneur. L’une en effet 8 demande sa gloire aux hommes ; l’autre tire sa plus grande gloire de Dieu, témoin de sa conscience […]. L’une, dans ses puissants, chérit sa propre force ; l’autre dit à son Dieu : “Je t’aimerai, Seigneur, toi ma force1”. » Telle est la grande alternative face à laquelle on est confronté en lisant Augustin. Arendt qui lui consacra sa thèse de doctorat opta résolument en faveur du monde, c’est-à-dire de la terre et des hommes. Nietzsche, lui qui fut éduqué par un Schopenhauer définitivement divorcé d’avec l’existence identifiée à la souffrance, fit personnellement l’expérience de cette souffrance dans la maladie. Il salue pourtant au cœur de l’épreuve sa réconciliation avec la vie : « Je vis encore, je pense encore : il me faut encore vivre, car il me faut encore penser. […] Je veux apprendre de plus en plus à considérer la nécessité dans les choses comme le Beau en soi : – ainsi je serai l’un de ceux qui embellissent les choses. Amor fati : que ceci soit désormais mon amour !2 » Arendt enfin, que l’his- toire a rendu « worldless », que les bouleversements politiques ont privé du monde dans lequel elle était née, annonce donc en août 1955 ses retrouvailles avec le monde. Contre l’enfermement nietzschéen dans la vie et la perspective individuelle en deçà de l’ouverture au monde que cela implique et contre la fuite augustinienne vers la cité de Dieu, dans un au-delà céleste, Arendt réaffirme un attachement au monde qui n’avait en son temps plus rien d’une 1. Cité de Dieu. (XIV, 28). Voir aussi pour sa conversion du manichéisme au christianisme, Confessions, III,10. 2. Gai savoir, § 276. 9 évidence. Face à l’alternative Augustin/Nietzsche, la vie céleste sublime mais incertaine / la vie terrestre immédiate mais absurde, Arendt invente une voie nouvelle, celle qui révoque la transcendance et la vie pour ne se soucier que du monde. On peut suivre quasiment au jour le jour les étapes de cette réconciliation chez Arendt. Quand elle écrit en août à Jaspers : « J’ai commencé si tard à aimer vraiment le monde », on peut la croire puisque son Journal de pensée contient au mois de mars de la même année la remarque suivante : « Amor mundi – pourquoi est-il si difficile d’aimer le monde ? » Il faut alors se donner une représentation quasi médicale de la situation, considérer Arendt en patiente luttant contre une maladie existentielle causée par la destruction de l’Allemagne de sa jeunesse, s’efforçant d’apaiser son mal par le travail continuel de la raison sans voir encore d’amélioration à son mal-être au monde et traversant alors une période de doute. Mais voilà qu’en juillet 1955 elle écrit enfin : « Amor mundi : traite du monde qui se forme comme espace-temps dès lors que les hommes sont au pluriel – non pas avec les autres, non pas les uns-près-des-autres, la pluralité suffit ! (le pur entre-deux). » Comme un eurêka, « la pluralité suffit ! uploads/Philosophie/ de-vaulx-arendt-1.pdf
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- Publié le Mai 18, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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